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Château de Vernon dit tour des Archives
 
 

 Le donjon de l'ancien château de Vernon, connu de nos jours, sous le nom de Tour des Archives, domine, de plus de la moitie de sa hauteur, le vieux mur d'enceinte de la ville, dans lequel il est encastré. Il faut monter cent deux marches pour arriver sur ses créneaux. Comme les donjons de Domfront et de Falaise, celui de Vernon a été attribué au XIe siècle; mais la chronique de Robert du Mont rapporte qu'en 1123, Henri 1er, roi d'Angleterre, fit refaire ce donjon et les murs d'enceinte du château. D'un autre côté, un historien anglais, Raoul de Diceto, a donné la liste des châteaux que le roi Henri fit reconstruire sur les frontières de Normandie, et celui de Vernon n'y figure pas. Quant à nous, nous serions assez porté à croire que ce donjon fut construit par Guy de Bourgogne, aussitôt après que Guillaume-le-Batard lui eut donné les villes de Brionne et de Vernon. Il n'y a dans ce donjon que deux pièces placées l'une au-dessus de l'autre. La différence existant dans le diamètre des deux salles s'explique par l'épaisseur du mur qui va en décroissant graduellement de bas en haut. Au premier étage de la tour, le mur a une épaisseur de trois mètres. Sans plus rechercher la date à laquelle le donjon fut construit, nous rapporterons qu'en 1254, Louis le Jeune, roi de France, investit Vernon, et qu'il fit tout ce qu'il put pour prendre le château. Robert du Mont dit, à ce sujet, qu'il avait attiré de tout son royaume une puissante armée et qu'il assiégea le château pendant quinze jours. Il tenta plusieurs assauts et employa sans succès des machines de toute espèce. Enfin, découragé par tant d'échecs, et le comte de Flandre, sur les nombreuses bandes duquel il comptait, étant désireux de se retirer, le roi, ne voulant pas décamper sans gloire, convint, par une convention secrète et promesses faites à Richard de Vernon, fils de Guillaume II, seigneur châtelain de la ville, que son étendard serait arboré sur le donjon dont la garde serait commise à Goël de Baudemont, fils de Baudri, qui, en raison de sa tenure, fut soumis au roi de France et à Richard.
Jusqu'au mois d'août suivant, le château de Vernon reste l'autorité du roi; puis il fut restitué avec Neufmarché à Henri d'Angleterre. En 1193, sur l'ordre et avec le consentement du roi d'Angleterre, Richard de Vernon, alors châtelain, renonça, en faveur de Philippe, roi de France, à tous ses droits sur Vernon qui devint ville française. Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, guerroyaient constamment l'un contre l'autre. Après la mort de Richard, il en fut de même avec son successeur Jean sans Terre. Le roi de France résidait souvent au château de Vernon. C'est là, qu'en 1195, il reçut le serment de fidélité de Baudouin VI, comte de Flandre et, en 1198, celui de Thibaut III, comte de Troyes, au nom du comte de Blois. Vers le commencement du mois de juin de l'an 1200, Philippe-Auguste, Jean sans Terre, et le jeune et malheureux Arthur de Bretagne, étaient réunis à Vernon, où ce dernier fit hommage a son oncle, roi d'Angleterre, pour son duché de Bretagne. Philippe-Auguste fut nommé tuteur du jeune prince, avec le consentement de son oncle Jean. Avant d'arriver au château de Vernon, ces trois personnages avaient assisté, à Portmort, au mariage de Louis, fils de Philippe-Auguste, avec Blanche de Castille, fille d'Alphonse Sanchez, dit le Bon, l'un des plus grands rois d'Espagne. Saint Louis fit aussi de fréquents séjours au château de Vernon et il dut monter souvent sur le donjon pour admirer le beau paysage qu'on y découvre. Un enfant du pays, connu seulement aujourd'hui sous son nom de religion, le pénitent Jean-Marie de Vernon, a écrit et publié, en 1662, une Vie de saint Louis. Dans cet ouvrage Jean-Marie énumère tous les bienfaits dont son pays est redevable à Louis IX. Il ne peut croire que le saint roi eût été attiré à Vernon par la beauté du paysage, la pureté de l'air, les commodités de la vie ou les plaisirs de la chasse, "ce qui se trouve en ce pays plus qu'en tous autres".
Le château était assez vaste pour le loger commodément avec sa cour; cette résidence renfermait, en outre, tout ce qui est nécessaire à la subsistance d'un grand nombre de princes et de seigneurs; mais, selon Jean-Marie, cette ville n'était agréable à Louis IX qu'à "cause des lieux de dévotion qui sanctifiaient son territoire et les environs". En 1231, Louis IX, pendant un séjour qu'il fit à Vernon, manda, au château de cette ville, Thibaut d'Amiens, archevêque de Rouen, qui s'était refusé à comparaître, en matière civile, devant l'échiquier de Normandie. Le prélat déclina l'autorité du roi, comme ne tenant pas de fief de la couronne, et ne voulut répondre à aucun grief du ressort spirituel. Il retourna ensuite dans son palais de Rouen. Un des plus austères prélats de ce temps-là, Eudes Rigaud, archevêque de Rouen, eut de fréquents entretiens avec Louis IX, dans le château de Vernon. Tous deux voulaient réformer les abus que repoussaient leurs sentiments religieux et rétablir la discipline ecclésiastique qui s'était beaucoup relâchée. En 1305, le mariage de Louis, fils de Philippe IV, avec Marguerite de Bourgogne, fut célébré à Vernon dans la chapelle des Cordeliers, qui attenait au château. Ce jour-là, il dut y avoir des cris de joie dans le donjon et dans la ville. Dix ans après, en avril 1315, la pauvre Marguerite, accusée, peut-être à tort, d'adultère, fut, sur l'ordre de son mari, étranglée dans le château Gaillard, où elle était renfermée depuis deux années, et son corps était inhumé, selon son désir, chez les Cordeliers de Vernon. Un an après, Philippe-le-Bel se trouvait encore au château de Vernon. Il était accompagné de son premier ministre, Enguerrand de Marigny, lequel, avant d'arriver à ce poste, avait été chambellan du roi, comte de Longueville, châtelain du Louvre et surintendant des finances. En regardant du donjon le lieu patibulaire de la ville, et en songeant aux inimitiés que ses hautes fonctions lui avaient suscitées de la part des grands du royaume, jaloux de son pouvoir, l'esprit d'Enguerrand n'eut-il pas la perception qu'un jour, après la mort du roi Philippe, il serait jugé iniquement, condamné à mort, et pendu au gibet de Montfaucon qu'il avait lui-même fait construire?
En 1349, Philippe VI réunit au château de Vernon la noblesse de France, pour obtenir son concours dans la lutte qu'il était sur le point d'engager avec les Anglais. Le 19 mars 1352, le roi Jean donna, au château de Vernon, un mandement pour le mariage de sa fille Jeanne de France, avec Charles-le-Mauvais, comte d'Évreux et roi de Navarre. Le roi Jean II mourut le 16 mai 1360. Le dauphin, Charles, apprit cette nouvelle au Goulet, où il se trouvait. Il vint aussitôt à Vernon et prit le nom de Charles V. Ce prince paraissait attacher une grande importance à la possession de Vernon. Le 16 mai 1364, jour où Duguesclin gagna la célèbre bataille de Cocherel, le captal de Buch, chef de l'armée navarraise, fut amené captif au donjon de Vernon. Il y passa la nuit, et, le lendemain, on le conduisit à Rouen, avec les autres prisonniers. Au mois de juillet, même année, a le chastel de Vernon avait pour capitaine Jehan de la Rivière, chambellan du roi, et Hue de Chastillon, maître des arbalétriers, en remplacement de Beaudouin d'Ennequin, tué à la bataille de Cocherel. En 1369, le capitaine du château était Guy du Bus, puis Hase de Chambly, et Lancelot de Bière. Le 24 mars 1370, Charles V était au château de Vernon. L'année suivante, au mois de mars, il s'y rendit encore. Le roi de Navarre devait y venir aussi pour traiter avec lui. Le 25 du même mois, Duguesclin, alors connétable de France, sortit de Vernon, accompagné de trois cents hommes d'armes, et se dirigea vers Évreux où se trouvait le roi de Navarre. Il amenait avec lui les otages qui devaient rester à Evreux pendant le séjour de Charles-le-Mauvais à Vernon. Ces deux monarques s'inspiraient réciproquement bien peu de confiance. Les otages étaient: Guillaume de Melun, archevêque de Sens, l'évêque de Laon, le sire de Montmorency, le comte de Pouthiers, le sire de Garencières, Guillaume de Dormans, seigneur de Blainville, maréchal de France, le sire de Blaru, Robert de Châtillon, Robert, fils du comte de Saint-Pol, Jehan de Vienne, Claudin de Harenvillers, chevalier, huit bourgeois de Paris et quatre de Rouen.
Le roi de Navarre fit bon accueil aux otages qui, tous, furent logés au château. Aussitôt après, il partit avec le connétable et arriva à Vernon un peu avant la nuit, accompagné de son cousin, le comte d'Etampes. Il se rendit auprès du roi. Dès qu'il l'aperçut, il s'inclina et mit presque un genou à terre; puis s'étant approché de Charles V, il s'agenouilla à ses pieds. Alors le roi le prit par le bras et lui dit qu'il était le bienvenu, mais il ne le baisa pas. On apporta des torches, du vin et des épices. Après avoir bu et mangé, le roi prit Charles-le-Mauvais par la main et l'emmena dans sa chambre où le souper était servi. Le roi de Navarre ne soupa pas ce jour-la, et se retira avec le comte d'Étampes, dans la chambre qu'on lui avait préparée. Lorsque Charles V quitta la table, il alla le rejoindre et ils restèrent seuls ensemble. Le roi de Navarre s'agenouilla plusieurs fois pendant leur conversation, et ceux qui le voyaient ne savaient pourquoi il se prosternait ainsi. Le mercredi et les jours suivants, ils eurent de longues conférences. Le lundi, le roi de Navarre rendit à Charles V hommages pour toutes les terres qu'il possédait en France et lui promit "foi, loyauté et obéissance envers tous et contre tous, en l'assurant qu'avec lui voulait vivre et mourir". Depuis l'avènement de Charles V au trône, c'était la première fois qu il lui rendait hommage. La nouvelle en fut bien accueillie dans le pays. Le même jour, Charles-le-Mauvais quitta le cnâteau de Vernon et le connétable l'escorta, comme il avait fait en l'y amenant, et ramena les otages restés à Evreux. Le onzième jour d'avril 1371, Charles V étant au château de Vernon, il lui fut livré deux pièces de drap d'or en champ blanc qu'il donna à Notre-Dame de Paris.
Hue de Villers, chevalier, était capitaine de Vernon en septembre 1372. A cette époque le donjon et le château avaient, parait-il, grand besoin d'être restaurés. Charles V avait mandé au vicomte de Rouen de se transporter à Vernon et de faire hâtivement les réparations nécessaires. Au lieu d'obéir, le vicomte s'excusa en disant que l'argent lui faisait défaut, et, de là, grande colère du roi qui, le 18 janvier 1374, écrit au dit vicomte: "Si vous mandons et recommandons de rechief, tant expressément et tant estroitement comme nous pouvons, que, tantost ces lettres reçues, vous aliez au dit lieu Vernon et très hastivement et diligemment, faites réparer le dit chastel, tèlement qu'il ne nous en conviègne a vous en plus récrire. Et voulons que vous sachier que si aucun défaut y a, nous nous en prandrons à vous et non à autre: car, quelque fiance que vous en doiez faire, soit nostre ou vostre, nous voulons commant qu'il soit, que le dit chastel soit tantost et sanz plus de délay très bien réparé. Et ce faites par l'ordonnance de notre amé varlet tranchant Jehannet d'Estouteville, capitaine au dit chastel, auquel nous avons sur ce pleinement dit nostre voulonté, et pour que vous sachiez que nous avons très grand désir et affection à la réparacion d'iceluy chastel, nous avons signé ces lettres de notre propre main. Donné à Paris le XIIIe jour de janvier. Charles". Et au-dessous de la signature, ce post-scriptum de la main du roi: "Gardez que il n'y ait defautay". Le 20 mars 1875, Charles V était à Vernon. En considération de la pauvreté de l'Hôtel-Dieu de cette ville, et sachant que les religieuses, prieuré et couvent dudit hôtel ne faisaient aucun commerce, exception faite des vins, et qu'elles vendaient pour acheter autres choses et faire tout ce que nécessite le ce gouvernement et l'entretien dudit hôpital et des pauvres qui y étaient hébergés, octroya aux prieuré et religieuses du couvent, par grâce spéciale, pour l'amour de Dieu, et en aumône, que les vins et autres biens qui sont crus et recueillis sur leurs héritages, et qu'elles vendront pour acheter autres choses nécessaires à leur maison ne paieront aucune imposition ou autre subvention quelconque.
Deux jours après, le 22 mars, par une charte datée de Vernon, le même roi donne au même établissement tous les feutres (couvertures) qui "demeureront en ses lits et en ceux de ses successeurs, rois de France, toutes les fois qu'ils partiront de Vernon, pour faire les lits des pauvres et pour qu'ils soient mieux et plus aisément couchés, ou pour autrement faire le profit dudit Hôtel-Dieu". Charles V mourut le 16 septembre 1380, après avoir rendu à la France le rang qu'elle devait occuper parmi les nations. Il eut pour successeur son fils, Charles VI, qui, deux ans à peine après son avènement au trône, tomba en démence. Alors commencèrent les luttes sanglantes des maisons d'Orléans et de Bourgogne. La guerre ayant repris avec les Anglais, la France fut réduite aux dernières extrémités. Henri V, roi d'Angleterre, ayant épousé Catherine de France, fille de Charles VI, conclut le traité de Troyes qui lui assurait la régence du royaume pendant la vie de son beau-père, et, après la mort de ce dernier, la couronne de France. Henri V, maître de Paris, battit plusieurs fois les partisans du dauphin, et s'empara de la Normandie. Le roi d' Angleterre entra dans Rouen le 18 janvier 1419, après un siège de sept mois. Aussitôt après le duc de Clarence marcha sur Vernon qui se rendit à composition. Henri V mourut le 31 août 1422. Cinquante jours après, le malheureux Charles VI rendait le dernier soupir à Paris. Après la mort de Charles, Henri VI, fils de Henri V et de Catherine, fut proclame roi de France et le duc de Bedfort chargé de la régence. De son côté, le dauphin, Charles, fils de Charles VI, s'était fait proclamer roi de France. Jusqu'à l'apparition de Jeanne d'Arc, il n'éprouva que des revers, mais à partir de ce moment les choses changèrent de face et le régent Bedfort qui, après la délivrance d'Orléans, pressentait que les Anglais seraient forcés de quitter la France, s'allia avec le duc de Bourgogne dont il épousa la soeur.
Aussitôt après la célébration de son mariage, il vint au château de Vernon avec sa femme, ou "il fit grand joyes. Et là furent grand quantité de seigneurs et de bourgeois de Rouen". Le 20 août 1449, une armée française, commandée par Dunois, parut devant la ville. Le 30 du même mois, les soldats anglais évacuaient Vernon, dont les Français prenaient possession, à midi. Dès qu'il eut recouvré la place de Vernon, Charles VII en donna les revenus à Dunois, puis il les lui reprit, moyennant une indemnité, et cette châtellenie qui, du temps des Anglais, avait été l'apanage de Catherine de France, veuve de Henri V, fut offerte à la belle Agnès Sorel, "dame de beauté, de Rochessère, d'Issoudun et de Vernon-sur-Seyne". Elle aussi avait poussé Charles VII à la guerre: "Je vais combattre, Agnès l'ordonne, adieu repos, plaisirs adieu ! J'aurai, pour venger ma couronne, des héros, l'amour et mon Dieu", a dit Béranger, notre grand chansonnier national trop oublié de nos jours, mais dont le nom survivra à ceux de certains de ses contemporains, que l'esprit de parti a placés à des hauteurs ou, leur mérite ne saurait atteindre. Louis XI, fils et successeur de Charles VII, vint au donjon de Vernon le 22 octobre 1467, et "demeura illec depuis par certain temps, durant lequel arriva par devers lui monseigneur le connétable, lequel trouva moyen que le roy bailla et donna trève entre lui et monseigneur de Charrolais, jusques à siz mois lors après en suivans, sans en ce y compréandre les villes et pays de Liège, qui déjà estoient mis sus et en armes à l'encontre du seigneur de Charrolais, en espérance d'avoir aide et secours du roi, ainsi que promis leur avoit esté, et à cette cause demourèrent ou tout abandonner. Et puis après ce que dit est ainsi fait, le dit monseigneur le connestable s'en retourna par devers monseigneur de Bourgogne leur porter nouvelles des dites trèves. Et ce fait, maistre Jehan Balue, cardinal d'Évreux, maistre Jehan de Ladriesche, et maistre Jehan Prévost retournèrent devers le roy audit lieu de Vernon, qui est avant alez en Flandres de l'ordonnance du roy par devers ledit de Bourgogne, et tanstôt après ledit retour fait, le roi se partit dudit lieu de Vernon et s'en alla à Chartres".
Vers l'annee 1479, un des plus grands personnages du royaume de France était emprisonné au château de Vernon. Son père, Pierre de Brezé, sous le règne de Charles VII, avait été le plus grand ennemi du dauphin, Louis, et lorsque ce dernier, peu enclin au pardon des injures, fut parvenu au pouvoir suprême, il s'empressa de faire arrêter Pierre, qui fut jeté dans un cachot. La famille de Brezé était très puissante et possédait de grands fiefs en Normandie et dans plusieurs autre parties de la France. Louis XI eut quatre sœurs naturelles, filles de Charles VII et d'Agnès Sorel. L'une d'elles, Charlotte, la cadette, si l'on doit en croire le Père Anselme, était née en 1434. Des difficultés paraissant inhérentes à sa personne, rendaient son mariage difficile. Elle était très aimée du roi qui voulait lui donner un époux riche et de haute lignée. Louis XI trouvant que Jacques de Brezé, fils de Pierre, serait un bon parti pour sa sœur, fit entamer des pourparlers avec son prisonnier, lequel, pour sortir de sa captivité, s'empressa consentir à l'union proposée. Jacques ne parut pas moins heureux que son père. Louis XI lui remit comme dot de Charlotte de France, 40000 écus d'or (environ quatre millions) et peu de temps après, grâce au crédit de sa femme, il obtint la charge de grand sénéchal de Normandie. Quinze années s'écoulèrent, durant lesquelles cinq enfants naquirent. Puis on apprit que des scènes violentes s'élevaient fréquemment entre les deux époux. Jacques, jaloux et non sans raison, obligeait Charlotte à demeurer près de lui, et celle-ci n'avait quelque liberté que quand son mari se voyait forcé de la conduire à la cour...
En 1590, le 14 mars, Henri IV gagna la bataille d'lvry, pendant laquelle, dit Philippe de Mornay dans ses Mémoires, des soldats de la garnison de Vernon harcelèrent l'armée royale et pillèrent les bagages dudit Mornay. Le lendemain, Henri IV entrait à Vernon et couchait au château, où il resta quelques jours. C'est de là qu'il écrivit aux Bordelais pour leur annoncer sa dernière victoire. Le château de Vernon, lorsqu'il se rendit, était occupé par le régiment du marquis de Pienne. Henri y laissa des troupes sous les ordres de Lancelot de la Garenne, seigneur de Mercey. Du 7 au 20 décembre 1593, Henri IV séjourna à Vernon. Il y revint en 1596, et, en 1603, il était au château avec Marie de Médicis et toute la cour. En 1718, les domaines de Gisors, d'Andely et de Vernon, passèrent par échange au maréchal de Belle-Isle, petit-fils du fameux Fouquet, surintendant des finances. En 1721, le maréchal acheta à M. André-Jubert de Bouville le marquisat de Bisy, domaine relevant du roi par foi et hommage. A cette époque, le vieux château de Vernon tombait en ruines. Le 8 juin 1743, il fut convenu entre le maréchal de Belle-Isle et M. de Conches, qu'il serait bâti une maison avec jardin, à frais communs, dans une partie du terrain du château, suivant un plan fait par un sieur de Chèze; que M. de Conches en aurait la jouissance et qu'elle reviendrait, après sa mort, au maréchal. Le 7 septembre 1751, le maréchal de Belle-Isle fieffait à la ville de Vernon un terrain dans le vieux château, pour y faire construire des écuries destinées à loger la brigade de cavalerie des gardes du roi. Le maréchal de Belle-Isle mourut le 26 janvier 1761, âgé de soixante-seize ans. Il fut inhumé dans le choeur de Notre-Dame de Vernon. Avant sa mort, il avait vendu le domaine de Bisy à Louis XV, en s'en réservant la jouissance.
Avant la mort du maréchal, la municipalité de Vernon, avec l'agrément de ce dernier, avait fait ouvrir, sur les terrains du vieux château, une rue de 24 pieds de largeur, que l'on nomma d'abord rue Neuve-du-Chdteau, puis rue des Ecuries-des-Gardes. Elle partageait la cour en deux parties et mettait l'intérieur de la ville en communication avec le dehors. Dans le même temps, le maréchal avait fait déposer dans le donjon du château les archives du domaine. C'est depuis ce moment que le donjon fut nommé Tour des Archives. Cette tour fait partie des monuments historiques de France. Si elle n'y eût pas été classée, elle n'existerait plus depuis longtemps, car toutes les municipalités qui se sont succédé depuis le commencement du XIXe siècle ont paru atteintes de manie destructive. Après la chute du Second Empire, un entrepreneur de bâtisses, enrichi pendant la durée des grands travaux qui s'effectuèrent à Vernon sous l'administration du duc d'Albuféra, et qu'on avait choisi pour remplir les fonctions d'adjoint, répondit à un de ses administrés lui reprochant d'avoir fait abattre une porte de la ville: "Il ne faut pas regretter des vieilleries qui rappellent des temps d'ignorance et de barbarie". Or, ce brave adjoint était complètement illettré. Il savait signer, cependant, mais quelle signature! un hiéroglyphe que Champollion n'aurait pu déchiffrer. (1)

Éléments protégés MH : le donjon (tour des archives) classé par liste de 1840 ; la tour sud de l'ancienne enceinte (tour des farines) inscrite en 1926.

château de Vernon, tour des archives, 27200 Vernon, propriété de la commune, vestiges.

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Château de Vernon  la tour des Archives
 
 
 


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    source: La Normandie Monumentale et Pittoresque, (Eure) Lemale & Cie. Imprimeurs, Éduteurs, achevé d'imprimer le 25 septembre 1897.

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