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Château de Maintenon (Eure et Loir)
 
 

        Le seul aspect du château de Maintenon atteste son ancienneté. Ces tours gothiques, ces traces de pont-levis, ces murailles épaisses défendues de fossés, cette irrégularité de construction, cette teinte de vétusté qu’ont les pierres mêmes, offrent bien l’image de ces vieux manoirs, dont la vue retrace à l’esprit l’histoire et le caractère de leurs anciens maîtres. C’est avec regret qu’on voit disparaître chaque jour de dessus notre sol ces antiques demeures, débris vivants des temps passés, qui plaisent à l’imagination par les moeurs, les traditions, les souvenirs quelles rappellent, et qui devraient nous être chers comme de précieux monuments de famille. La description du petit nombre de ceux qui restent encore doit en acquérir plus d’intérêt. On ne peut dire précisément à quelle époque fut construit le corps de bâtiment principal du château de Maintenon, qui est la portion la plus ancienne, et auquel plusieurs constructions ont été successivement ajoutées, comme l’indiquent les différences de style qu’on y remarque. On sait seulement avec certitude que le château existait du temps de Philippe-Auguste, par un acte conservé dans les archives en date de l’an 1223, qui est une reconnaissance pour les seigneurs de Maintenon du droit de fours, moulins, pressoirs bannaux, et par un acte plus ancien encore de l’an 1200, qui porte: "Donation faite par Amaury, seigneur de Maintenon, de l’église sainte Marie de Maintenon, située au-dedans des murs du château, avec la terre qui en dépend, à Dieu, à Saint-Martin de Marmoutiers, et aux religieux dudit monastère, pour y faire bâtir des cellules, y établir leur verger, etc". Le caractère de l’architecture montre d’ailleurs que la construction primitive de ce château a du précéder de beaucoup la renaissance des arts, et semble en fixer la date vers le XIe ou XIIe siècle. Les réparations modernes et les changements qu’on y a faits en ont un peu modifié l’ancien aspect, sans cependant lui faire perdre son vrai caractère. Il fut originairement construit de forme carrée, comme tous les châteaux bâtis dans le même temps et calculés pour la défense.

Entouré de fossés qui existent encore, flanqué aux quatre coins de quatre tours armées de créneaux et de mâchicoulis: il était fermé au midi par une forte muraille qui allait d’une tour à l’autre, et qui a été abattue pour l’agrément de l’habitation. Toute l’aile qui se voit à gauche en entrant dans la première cour, et qui joint une église voisine au corps principal du château, est la partie la plus moderne, et a été bâtie par Louis XIV. Madame de Maintenon a rebâti aussi l’aile de l’ouest, qui est à droite en entrant dans la deuxième cour, pour y faire son appartement, qu’on voit encore. Après avoir passé par plusieurs mains, le château de Maintenon échut en 1503 à Jean Cottreau, trésorier des finances sous François 1er, par un arrêt du parlement qui lui adjugea cette terre comme créancier de l’ancien seigneur. M. Cottreau rebâtit le château en partie. La petite chapelle qui se voit dans le château, ainsi que les ornements qui embellissent la façade et décorent la porte de l’escalier, datent de son temps. On voit d’ailleurs, parleur style élégant et léger, qu’ils appartiennent à cette époque où le goût commençait à renaître. Les lézards et les croissants qui ornent le bas des deux petites tourelles au-dessus de la voûte, et qu’on retrouve dans différents endroits, étaient ses armes. M. Cottreau réunit à la seigneurie de Maintenon plusieurs seigneuries environnantes, et la laissa en héritage à Jacques d’Angènes, seigneur de Rambouillet, son gendre. Les héritiers de celui-ci la vendirent au chevalier marquis de Villeray qui, lui-même, la vendit en 1674, moyennant la somme de 250.000 livres, à Françoise d’Aubigné, depuis marquise de Maintenon. Une fois qu elle eut fait l’acquisition de cette terre, quoique son séjour à la cour ne lui permît point d’y faire de longs établissements, elle y porta cet esprit d’ordre qu'elle savait appliquer à tout.

Elle attira des ouvriers flamands pour y établir des fabriques de dentelle, elle y appela des Normands qui travaillèrent en toilerie, elle y établit des écoles, des manufactures, elle y fit reconstruire des églises, fonda des hôpitaux, et fit tout le bien qu’on pouvait attendre de ses nobles et vertueux sentiments. La seigneurie de Maintenon avait été érigée, en 1594, en baronnie, et en 1641, en marquisat. En 1688, Louis XIV l’érigea en marquisat-pairie. Lorsque Madame de Maintenon maria mademoiselle d’Aubigné, sa nièce, au duc d’Ayen, fils du maréchal de Noailles, elle lui fit don de sa terre, qui, depuis ce temps, est restée en la possession de la maison de Noailles. Les ducs de Noailles l’avaient depuis fort agrandie, en y réunissant le comté de Nogent, le duché d’Épernon, et plusieurs autres seigneuries environnantes. Le nom de Madame de Maintenon suffit pour illustrer cet ancien château. On ne visite pas sans intérêt la demeure d’une femme dont le nom se rattache de si près à celui de Louis XIV, digne d’être remarquée dans ce siècle où tout fut grand, et qui donna au monde le spectacle, unique peut-être, d’avoir porté et conservé presque sur le trône les vertus de sa première condition. Il reste peu de traces de son habitation dans l’intérieur des appartements qui ont été modernisés. Cependant la distribution de celui quelle occupait, est restée exactement la même, bien que la décoration en ait été changée. On montre aussi la pièce qui était la chambre à coucher de Louis XIV, celle qui faisait son cabinet, et la grande galerie par où le roi se rendait, pour assister à l’office, à une tribune qui donnait dans l’église voisine, qui était une collégiale dépendante du château. Il faut compter au nombre des souvenirs attachés au château, celui de Racine, qui y demeura pendant un certain temps, lorsque Madame de Maintenon le chargea de composer pour les élèves de Saint-Cyr les tragédies d’Esther et d’Athalie. C’est là qu’il composa en grande partie ces deux chefs-d’œuvre. Il affectionnait l’allée qu’on voit à la droite du grand canal, et s’y promenait en composant ses beaux vers; depuis ce temps cette allée a conservé son nom.

Mais l’objet qui attire principalement la curiosité des voyageurs, est l’aqueduc qui traverse le parc, et qui était destiné à conduire les eaux de la rivière d’Eure à Versailles. Ce projet, une des plus grandes entreprises du règne de Louis XIV, et dont l’exécutioh aurait égalé tout ce que les Romains ont fait de plus extraordinaire en ce genre, avait été conçu par Vauban et La Hire en 1680. Le résultat des nivellements faits à ce sujet fut que la rivière d’Eure, prise à Pont-Goin, dix lieues au-delà de Chartres, était plus élevée de 110 pieds que la cour de marbre du château de Versailles, et de 68 pieds plus élevée que l’étang de Trappes, dans la longueur de 53,700 toises (environ 25 lieues), jusqu’audit étang. La première partie du canal, dans une longueur de 24,000 toises, depuis la prise d’eau jusqu’à l’aqueduc de Maintenon, devait être à fleur de terre, jusqu’à l’endroit appelé Point-à-Rien de Berchères. Dans cet espace il aurait fallu traverser cinq vallons. Là aurait commencé une levée en terre d’environ 3qoo toises de longueur, dont une partie, aujourd’hui plantée, se voit encore près de Maintenon sur la droite de la route qui conduit à Chartres. Cette levée se serait prolongée jusqu’à l’aqueduc de Maintenon, auquel elle serait venue s’unir, et aurait eu au raccordement 64 pieds d’élévation. Cet aqueduc construit en maçonnerie, sur une longueur d’environ 2300 toises, aurait eu jusqu’à trois rangs d’arcades, posés l’un sur l’autre à l’endroit le plus profond de la vallée. Le remier rang dans le fond du vallon, le seul qui ait été construit, existe encore, et traverse le parc du château. Il est composé de 47 arcades, faisant 500 oises de longueur. Chaque arcade a 40 pieds d’ouverture, 45 pieds de profondeur, et 78 pieds d’élévation sous la voûte, au fond du vallon. Les piles, armées de contre-forts de 6 pieds de saillie, ont 24 pieds d’épaisseur, et l’élévation totale de ce premier étage est de 91 pieds. Le deuxième rang aurait été composé de 195 arcades, faisant 2070 toises de longueur. Celles de ce deuxième rang qui auraient surmonté les 47 du premier, auraient été d’une égale largeur et profondeur, et auraient eu 85 pieds d élévation. Le troisième rang devait être composé, sur 2331 toises de longueur, de 390 arcades, ayant 44 pieds d’élévation, et dont deux pour la largeur auraient répondu à une du rang au-dessous. L’élévation totale de ces trois rangs d’ar cades aurait été de 220 pieds...

Cet aqueduc était le complément nécessaire des grands travaux faits à Versailles, car il y aurait conduit un assez grand volume d’eau pour que les eaux qui ne jouent qu’une ou deux fois l’année, et à grands frais, eussent pu jouer constamment. Les travaux auxiliaires faits pour ce grand ouvrage ne sont pas moins surprenants que l’ouvrage lui-même. Pour faciliter le transport de l’énorme quantité de pierres nécessaires à ces constructions, Vauban imagina de rendre navigables, au moyen d’écluses, la rivière d’Eure, celle d’Epernon et le ruisseau de Gallardon. Il fit creuser deux canaux principaux, dont l’un allait à Gallardon, où sont situées les belles carrières de Germonval, et l’autre à Epernon. Comme l’eau de la petite rivière de Voise, qui descend d’Auneau à Gallardon, n’était pas suffisante pour entretenir le canal en pleine navigation, il dériva, par une rigole d’environ 10,000 toises, une partie suffisante de l’eau de la rivière d’Eure pour la conduire dans le biez supérieur du canal, qui se prolonge jusque dans la carrière de Germonval. Outre le canal de Gallardon, dans lequel il y avait cinq écluses, Vauban rendit navigable la petite rivière de Drouette, qui descend de Rambouillet, et passe à Epernon, en la transformant en canal, au moyen de sept écluses, jusqu’à son confluent avec la rivière d’Eure entre Maintenon et Nogent-le-Roi, espace dans lequel furent bâties cinq écluses encore. Tous ces travaux furent commencés en 1684, et interrompus quatre années après, à cause de la guerre qui survint alors. Ils n’ont point été continués depuis. Quoiqu’ils fussent loin d’être terminés, on avait dépensé des sommes énormes pour cette entreprise qu’on abandonna bientôt. Quant à cet aqueduc, il n’y avait que le premier rang d’achevé.

Le Roi allait visiter par lui-même ces tra vaux. Le château qui n’avait pas une grande étendue ne permettait pas que le Roi y pût mener une suite nombreuse. Madame de Maintenon ne consentit point à ce qu’il fût agrandi ni embelli, quoique le Roi eût donné l’ordre à André Le Notre d’y travailler, voulant, disait-elle, éviter les comparaisons et craignant d’être un sujet de dépense pour le Roi. Le seul agrandissement que fit le Roi fut la construction de l’aile dont il a été parlé, et qui se voit en entrant à gauche dans la première cour, où l’on établit des écuries pour le service, et où l’on fît au premier étage la galerie dont il a été question. L’exécution de ce projet aurait été d’autant plus magnifique qu’il présentait l’avantage de pouvoir donner de l’eau potable non seulement à Versailles, mais encore à Saint-Cloud et à Paris. Les nivellements ont fait connaître que les réservoirs de la butte de Satory auraient été plus élevés que le sol de Notre-Dame de 358 pieds; plus élevés que le sommet des tours de 154 pieds; et enfin plus élevés que l’estrapade de 214 pieds; ce qui prouve que l’eau de la rivière d’Eure, prise aux étangs de Satory, aurait pu être amenée dans les quartiers les plus élevés de Paris; en ayant soin pour qu'elle y parvînt dans toute sa pureté, qu'elle ne traversât aucun des étangs qui se trouvent sur sa route; et l’on y serait parvenu facilement en faisant passer le canal sur les chaussées de ces étangs, dans lesquels lorsqu’il en aurait été besoin on aurait pu verser une partie de son eau sans que la portion destinée pour la ville de Paris cessât jamais de couler.

Quand Louis XI Veut abandonné le projet de conduire la rivière d’Eure à Versailles, voulant indemniser Madame de Maintenon des dommages que lui avaient occasionnés les travaux exécutés sur son terrain, il lui fît don de l’aqueduc qui traversait son parc, ainsi que des digues, des canaux, et autres terrains situés dans le domaine, et acquis des deniers royaux pour la confection des ouvrages. Ces ouvrages sont aujourd’hui presque entièrement détruits, l’aqueduc en maçonnerie est lui-même fort endommagé. Louis XV fut le premier qui commença à le démolir; il fit détruire les trois premières arcades dont il ne reste plus maintenant que les piles, pour construire dans les environs le château de Crécy qu’il destinait à Madame de Pompadour. Plusieurs autres arcades furent successivement détruites pendant la révolution, et ce beau monument n’est plus aujourd’hui qu’une ruine imposante, qui, semblable aux ruines romaines, porte avec elle cet air de grandeur qui caractérise tout ce qui appartient au règne de Louis XIV. (1)

Éléments protégés MH: le château avec ses dépendances, sa chapelle, ses parcs, son canal et ses pavillons : classement par arrêté du 25 juillet 1944. (2)

château de Maintenon 28130 Maintenon, tél. 02 37 23 00 09, ouvert au public, visites du 15 février au 14 mai et du 15 septembre au 14 décembre ouvert tous les jours de 14h à 17h, sauf mardi, et juillet et août tous les jours.


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(1)   Notice historique sur le château de Maintenon, Imprimerie de A. Firmain Dido, Paris (1829)
(2)    source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

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