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Château de Saint Jean à Nogent-le-Rotrou
 
 

      La charte de fondation de l’abbaye Saint-Denis, fixe à 1031 la date avant laquelle (terminus ante quem) un château est édifié à Nogent. Le château (castrum) appartient à Geoffroy III, vicomte de Châteaudun, premier membre de la famille Rotrou dont la présence est attestée à Nogent. Une seconde charte originale datée de 1080 vient confirmer l’existence du château et de son propriétaire pendant le premier tiers du XIe siècle. En 1080, le site dispose de deux chapelles sous les vocables de Saint-Jean et Saint-Étienne. Le château accueille le palais comtal, le lieu de résidence de la famille et de la curia des Rotrou. La grande salle du château, attestée en 11206, accueille la cour durant les séances plénières. Le tribunal est assorti d’une prison attestée en 1112 lors de l’enfermement de l’évêque du Mans par la mère de Rotrou au château8. Vers 1100, Beatrix et son fils Rotrou fondent un collège de chanoines dans l’église Saint-Étienne. En 1194, le chapitre Saint-Jean est fondé sous l’initiative du comte Geoffroy IV (1191-1202). Le chapitre de Saint-Etienne est alors réuni à celui de Saint-Jean. La collégiale Saint-Jean devient dès lors l’église majeure du château. En 1354, Yolande de Flandres hérite du château de Nogent dans un contexte politique très tendu. En 1356, son mari, Philippe de Navarre, se range aux côtés d’Edouard III, roi d’Angleterre contre Jean II, roi de France. Entre 1356 et 1357, il prend la tête des troupes anglaises lors de la campagne de Normandie. La position de marche du château de Nogent, en fait un point d’intérêt stratégique entre le royaume de France et les terres navarraises en Normandie. En 1357, la place est finalement prise et démolie par la comtesse d’Alençon, avant d’être enlevée et occupée par les troupes anglaises entre 1358 et 1561.
Le Traité de Brétigny (1360) signe le départ des troupes anglaises et la réconciliation de Philippe avec le Roi de France. Le château, d’abord rendu à Pierre II en 1361, est restitué à Robert et Yolande de Flandres en 1362. Le Comte de Longueville s’empresse alors de confier l’administration du site à Henri de Trousseauville, un capitaine Navarrais. La comtesse accorde un intérêt certain au castrum de Nogent, principal symbole de son pouvoir dans le Perche. Entre 1415 et 1424, les troupes anglaises, alors sous le commandement de Thomas Montaigu, reprennent la Normandie. L’église Saint-Etienne est incendiée lors de la prise du château. En 1424, le comte de Salisbury enlève le château de Nogent à Louis Ier de Bar, petit-fils de Yolande de Flandres. La forteresse permet d’une part, de protéger les terres anglaises acquises en Normandie, et d’autre part sert de base avancée en direction du Mans. Cette ville est la prochaine étape de Thomas Montaigu, elle est assiégée en 1425. La prise de l’ancienne capitale des comtes du Perche permet d’asseoir la légitimité de Thomas, nommé à son tour comte du Perche par le roi d’Angleterre. En 1427, le château est pris par Ambroise Loré. Un an plus tard, Salisbury assiège la place et fait pendre la garnison. La seigneurie est finalement libérée entre 1447 et 1449, le château est incendié et le donjon est éventré par la dite "brèche des Anglais". Au sortir de la guerre de Cent ans, la tour maîtresse est ruinée, elle ne fut jamais reconstruite. La remise en état du pôle seigneurial s’accompagne de la refondation du collège Saint-Jean. Elle est effectuée en 1467, sous le consentement de Charles d'Anjou.
Le prince de Condé reprend les armes en 1567. A Nogent-le-Rotrou, Le général Huguenot fait face à une ville ouvertement catholique. L’épicentre des tensions se situe au sein même du château de Nogent, où la garnison du seigneur de Condé s’oppose aux chanoines de la collégiale Saint-Jean. La situation dégénère définitivement en 1568. Les actes font suite aux menaces de la garnison envers les chanoines, la collégiale Saint-Jean et ses archives sont incendiées le 17 mars 1568. La destruction de l’église entraîne le soulèvement de la population Nogentaise, la fuite de la garnison, et la mise en défense de la ville. Nogent-le-Rotrou est ainsi défendue avec succès en 1569 dans une escarmouche opposant les habitants de la ville à une troupe huguenote. Il est ordonné que le château reste en défense, pont-levis fermé. Les tensions religieuses s’apaisent finalement dans le Perche à la fin du XVIe siècle. Charles de Bourbon succède à sa mère au début du XVIIe siècle. Le château fait partie des étapes du Comte entre Soissons et la Normandie, dont Charles est nommé gouverneur par le roi en 1610. L’inventaire de 1607 atteste de la fonction résidentielle du château, ce dernier étant meublé à l’année. Dans un même temps, les chanoines vendent une partie de leurs terres afin de financer la reconstruction de la collégiale Saint-Jean, reconstruite au début du XVIIe siècle. Henri II, prince de Condé, hérite d’Enghien-le-François en 1612. Il effectue plusieurs séjours à Nogent et fait réparer les guérites et le pont du château en 1615. Entre 1616 et 1617, la place est occupée par la garnison du comte d’Auvergne lors de l’emprisonnement du prince de Condé.
Le 18 avril 1624, Sully fait établir un état des lieux à l’occasion de la prise de possession du château. La place est en mauvais état. Les travaux réalisés sont considérables, et concernent l’intégralité du site. Le duc en fait également transformer les abords; les anciens fossés sont ainsi réaménagés en promenade, au bord de laquelle des ormes sont plantés. Le château fait l’objet de nouvelles réparations, plus modestes, en 1641. La présence de cuisines, d’écuries et d’appartements atteste de sa fonction résidentielle, tandis que la présence de prisons, dans la tour de Brunelles rappelle sa fonction judiciaire. François de Béthune succède à son père mort en 1641. Le comte Dorval hérite de la baronnie de Nogent-le-Rotrou et de La Ferrière, Riveray, Montlandon, Montigny et Nonvilliers avant 1648. Quatre ans plus tard, il fait ériger la baronnie au titre de duché-pairie, la lettre ne sera pas enregistrée. En 1648, le château est décrit en trois lots: le château, le jardin et un terrain de jeux composé d’un mail et d’un jeu de boules. Malgré le caractère fortifié du site, la fonction résidentielle prime. Le château n’accueille plus de garnison, les prisons seigneuriales sont toujours attestées sur le site. Maximilien-Alpin de Béthune succède à son père en 1678. En 1688, le duc fait un état des réparations à effectuer au château, ce dernier menaçant ruine. Le comte d’Orval autorise à prendre des baliveaux dans ses bois du Perche pour procéder aux réparations. L’absence de mention de la chapelle Saint-Etienne indique qu’elle est déjà détruite lors de la rédaction du document. La fonction résidentielle est compromise par la ruine du site, la fonction carcérale perdure.
Le 9 mars 1762, les sommes nécessaires à la conservation du château sont trop importantes pour Madeleine Henriette Maximilienne de Béthune. Les scellés sont posés au château le 21 janvier 176832. L’église collégiale Saint-Jean et l’intégralité des bâtiments canoniaux sont détruits en 1793. Le château est reconverti en prison. Longtemps limitée à la tour de Brunelles, cette dernière investit la totalité de l’espace habitable en 1803. Si le devis des travaux ne prévoit pas de construction de nouveau bâtiment, il bouleverse considérablement l’ancien logis pour l’adapter à sa fonction carcérale. A partir de 1812, les ventes successives du château entraînent la dégradation du site. Le château est au mieux laissé à l’abandon, au pire démembré pour la revente de ses matériaux. A l’image de Julien-René-Louis Etiembre qui en 1826 détruit le couronnement des courtines, éventre la tour de Montdoucet, abat la tour de Brunelles et coupe les ormes de la promenade de Sully pour revendre les matériaux. Colette Désirée Thérèse Godefroy achète le château en 1836. La même année, elle fait restaurer le pavillon du jardin. Le château entre en possession de Marc-Anastase-Parfait Œillet des Murs en 1843. Entre 1843 et 1885, il fait restaurer la tour maîtresse et le grand logis. Le Docteur Jousset Bellême achète le château en 1885. De 1885 à 1900, il restaure la tour maîtresse, le châtelet, les cuisines et la tour de Montdoucet. En 1900, l’intérieur du grand logis et la tour maîtresse sont presque intégralement restaurés. En 1952 la ville de Nogent achète le château. Les couvertures sont restaurées en 1977. La tour de Montdoucet fait l’objet de lourdes restaurations afin de rétablir l’intégrité structurelle de l’édifice.
Le château est fondé sur l’extrémité sud-ouest du plateau Saint-Jean. Il domine les vallées de l’Huisne à l’ouest, du val Roquet au nord, de la Rhône et de la Jambette au sud. Au nord, au sud, et à l’ouest, il est bordé par un coteau. Le plateau est constitué dans sa partie ouest de craie blanche à silex, dite "pierre de Nogent" et d’argile à meulière. La pierre de Nogent affleure à l’ouest du coteau sur environ trois kilomètres. A l’est, il est composé de limons et lœss, de colluvions argilo-sableuses et de sable du Perche. Le massif forestier le plus proche, le bois des Perchets, est situé sur le plateau voisin, à moins d’un kilomètre. Le château Saint-Jean prend place au sud-ouest du plateau, dont il est séparé par de profonds fossés secs. A l’ouest, le fossé est bordé par plusieurs petits îlots en relation avec l’ancien quartier canonial de Saint-Jean. La toponymie et la maison de la Chevecerie en sont les seuls vestiges. Le château se développe selon un plan ovale irrégulier. Il est séparé du reste du plateau par un fossé sec. Sa contre-escarpe accueille une promenade arborée. L’enceinte est composée d’une tour maîtresse rectangulaire et de sept tours semi-circulaires dont deux forment le châtelet d’entrée. Les flanquements sont limités à sa partie est, le flanc ouest étant uniquement défendu par ses courtines. L’entrée se situe dans l’axe de la rue du Château. Elle est accessible par un pont dormant menant à un châtelet. Ce dernier est redoublé à l’ouest par un corps de logis sur porche, à l’interface entre l’entrée et la cour haute cour. L’espace interne est organisé autour de deux cours. La haute cour centralise les circulations entre l’entrée, la tour maîtresse et les tours d’enceinte. La basse-cour est situéeen contrebas, bordée au nord par le pavillon Louis XIII se développant au revers de la courtine nord. Elle communique avec la haute cour par deux rampes d’accès.
Les maîtres d’œuvre du château ont favorisé l'emploi de matériaux d’origine locale. Les moellons de silex utilisés sur la tour maîtresse et les courtines sont certainement issus des couches d’argile à silex présentes, soit directement sur le plateau Saint-Jean, soit sur le plateau du bois de la Gélasière au sud de Nogent. Les contreforts de la tour maîtresse sont construits en craie de Rouen. C’est un calcaire siliceux aux grains fins, compact, et parsemé de noyaux siliceux. Une fois l’eau de carrière évacuée, la pierre durcit à l’air. Elle est à la fois facile à tailler et solide. Les noyaux siliceux rendent cependant la craie de Rouen impropre à l’ornementation. Les parties basses et intermédiaires des tours d’enceinte sont construites dans un calcaire jaune à grains très dur, aux grains grossiers et inégaux. Sa provenance est inconnue. En partie haute, les tours sont mises en œuvre dans une craie à silex dite "pierre de Nogent". De couleur jaune à beige, c’est un calcaire tendre aux grains fins, parsemé de rognons de silex. Malgré la présence de rognons de silex, elle est largement utilisée à Nogent dans les sculptures ornementales qui fleurissent sur les toits de Nogent. Plusieurs carrières sont attestées autour du château, notamment la carrière du Moulin de Pseau située à Nogent-le-Rotrou, au pied du plateau Saint-Jean. La provenance des bois de chêne mis en œuvre pour la construction des charpentes est inconnue. Néanmoins, il est probable que le Bois du Perchet, tout proche et encore aujourd’hui composé d’une futaie de chênes adultes, soit à l’origine des bois d’œuvre. Les sites de production d’ardoises les plus proches de Nogent se trouvent en Anjou ou en Mayenne. L’origine des ardoises mises en œuvre en couverture est incertaine. A l’inverse, plusieurs tuileries sont attestées autour de Nogent jusqu’au XXe siècle.
Barrant le plateau Saint-Jean, le castrum de Nogent commande la vallée de l’Huisne en direction de la Normandie et du Maine. Il est situé à proximité de l’ancien axe antique reliant Le Mans à Chartres. Le château permet aux Rotrou d’asseoir leur pouvoir territorial et de contrôler les échanges entre la Normandie, le Maine et la Beauce. C’est un atout de négociation majeur. Ainsi placée, la forteresse peut protéger ou à l’inverse menacer les intérêts des Normands, Angevins et Blésois. Au-delà de l’aspect stratégique, le site se révèle favorable à un développement et à la pérennité d’une implantation castrale. Les ressources en pierres et en bois de construction sont facilement accessibles. Les terres du plateau Saint-Jean sont cultivables (limons et lœss) ou propres à une utilisation en pâturage. L’absence d’un terminus post quem pour le castrum, la topographie du site, et l’existence de deux églises dès le XIe siècle, amènent à considérer l’hypothèse de l’existence d’un château à Nogent, avant Geoffroy III. La mention d’un certain Rotrocus, miliciae, au service du comte Eudes de Blois à la fin du Xe siècle, alimente positivement l’hypothèse d’un château à Nogent aux mains d’un Rotrou, dès la fin du Xe siècle. L’emploi de l’opus spicatum, la modénature des baies en plein-cintre et la typologie de la tour maîtresse amènent à la dater entre 1030-1040. Ce qui fait de la tour (turris), Geoffroy III son commanditaire. La mise au jour d’un fossé sous le porche en 1888 et les dispositions du bâtiment occupant l'interstice entre donjon et châtelet laisse penser que la tour maîtresse disposait d’un avant-corps et d’un fossé.
Si l’on retient la chronologie admise par Joseph Decaen, le château aurait été composé: d’une tour maîtresse maçonnée retranchée derrière un fossé, d’une palissade de bois talutée avec fossés, et peut-être d’une, voire deux églises. La lecture du site, au contraire de ce qu’avance Kathleen Thompson, ne contredit pas son attribution à Geoffroy III. L’assise financière du seigneur de Nogent, plus limitée que celle de son fils, ne peut suffire à l’écarter comme commanditaire. C’est Geoffroy qui fonde l’abbaye de Saint-Denis, s’affirmant ainsi dans la lignée des grands seigneurs. Il est tout à fait probable qu’il fasse construire une turris dans une visée similaire. Le château répond au titre et au caractère belliqueux du personnage. C’est un instrument de conquête et de conservation territoriale d’une part, et une manifestation physique et symbolique des ambitions du vicomte de Châteaudun. L’enceinte annulaire étant contrainte par la position de la tour maîtresse, elle lui est certainement postérieure. La connexion entre courtine et porche a été détruite lors de la construction du châtelet. Néanmoins, la présence d’un appareil en opus spicatum mis en œuvre en plusieurs endroits de la courtine ainsi que la modénature de la voûte en berceau du porche amènent à les dater (au moins pour partie) du XIe siècle. Les deux édifices sont donc potentiellement contemporains. A la fin du XIe siècle, le château est donc composé d’une turris, d’une église castrale et d’une enceinte annulaire dotée d’un porche d’entrée. La résidence comtale est certainement située dans la tour maîtresse. Elle est associée à l’est, à l’église Saint-Etienne, constituant ainsi le pôle seigneurial.
La pétrification de l’enceinte, comme l’apparition du complexe palatial, est attribuée à Rotrou II dont les dates de règne, le titre et l’assise financière concordent avec la réalisation du chantier. Selon Kathleen Thompson48, Rotrou II est le réel fondateur de la fortune de sa maison. Notamment grâce à l’obtention du titre de comte de Mortagne (Orne) vers 1050, et par son alliance avec le Duc-Roi, Guillaume le Conquérant. Il s’inscrit dans la continuité des travaux commencés par son père. Ainsi il augmente la dotation de l’abbaye Saint-Denis, fait achever son abbatiale. Il est donc tout à fait recevable qu’il en soit de même avec le château de Nogent. Ce dernier, comme le précise Joseph Decaen, fait alors partie d’un large dispositif défensif composé de mottes castrales entre Mortagne et Nogent, le long de la rive gauche de l’Huisne. D'abord avec une forte dominante défensive, le palais comtal se pare de plusieurs bâtiments le long des courtines au cours du XIIe siècle. D’abord défensif, avec la dite salle des gardes, et certainement résidentiel avec le pavillon Louis XIII. Les datations sont fondées sur la voûte de plan triangulaire en berceau plein cintre de la salle des gardes, et sur les vestiges des baies géminées sous arcs de décharge visibles sur la face nord du pavillon Louis XIII. Le fait est à mettre en relation avec la personnalité de Rotrou III qui assoit localement sa lignée avec l’obtention du titre de comte du Perche, et au-delà du royaume de France grâce à ses alliances avec le roi d’Aragon et le roi d’Angleterre. Le château doit alors accueillir la cour comtale. C’est le lieu de résidence de la famille et de la curia des Rotrou. La grande salle du château, attestée en 1120, est située, soit comme l'appartement du comte dans la tour maîtresse, soit à l’emplacement du bâtiment longeant la courtine nord.
Les angles de la tour maîtresse sont parés de contreforts tandis que de larges baies géminées viennent supplanter les minces jours en plein cintre de la construction initiale. La recherche de lumière associée à l’ajout de latrines dans le contrefort sud-est et la réfection des cheminées attestent d’une recherche de confort et du caractère résidentiel de la tour, certainement toujours habitée par les comtes du Perche. L’utilisation de baies géminées dotées d’une rose amène Jean Mesqui à dater la reprise des ouvertures de la tour à la fin du XIIe siècle. L’utilisation de la rose reste néanmoins exceptionnelle avant le XIIIe siècle, ce qui rendrait la réfection des ouvertures potentiellement contemporaine de la construction des contreforts d’angles, également datée par Benjamin Mouton de la fin du XIIe siècle. Les travaux effectués sur la tour sont certainement à mettre en relation avec Geoffroy V. C’est également lui qui fonde en 1194 le chapitre de Saint-Jean dans l’église éponyme, en face du château de Nogent. Entre la fin du XIIe siècle et la première moitié du XIIIe siècle, le site fait l’objet d’une restructuration complète de son système défensif. Six tours sont ainsi ajoutées à l’enceinte ovale dans sa moitié ouest, auxquelles s’ajoute une tour d’un diamètre supérieur en avant de la face ouest de la tour maîtresse. Deux de ces tours forment un châtelet en avant du porche afin d’en commander l’entrée. L’adoption de plans circulaires ou en U ainsi qu’une utilisation généralisée de l’archère à rames permettent de dater la construction de l’enceinte à la première moitié du XIIIe siècle.
La typologie de tours de flanquement, comme celle des archères, est à rapprocher de la sphère architecturale Philippienne. Notamment à la personnalité d’Enguerrand de Coucy, dont le château éponyme figure aux côtés de celui de Nogent-le-Rotrou, comme précurseur dans l’utilisation des archères à rames. Le seigneur de Coucy est comte du Perche de 1202 à 1209, pendant la minorité de Thomas 1er. Dès lors deux solutions sont possibles. Soit Enguerrand est à l’origine de la construction de l’enceinte, Nogent-le-Rotrou a donc été réalisé avant le début des travaux de Coucy (1225-1230), le château est alors une première étape avant la réalisation monumentale de Coucy. Soit l’enceinte est réalisée par Thomas 1er ou Guillaume du Perche avant 1226, les comtes du Perche sont alors parmi les premiers à utiliser dans leur château l’archère à rames, inspirant peut être le maître d’œuvre de Coucy. Dans les deux cas, l’utilisation du modèle Philippien est un témoin du basculement du château de Nogent (à la suite du duché de Normandie) de la sphère Plantagenêt au royaume de France. Au sortir de la guerre de cent ans, la tour maîtresse est ruinée. Les travaux de remise en état du site portent sur l’ancien porche, l’avant-corps de la "turris" et les tours du châtelet. Ils sont en partie reconstruits pour accueillir la demeure comtale. Les travaux sont considérables et demandent d’augmenter le châtelet et le porche d’entrée d’un niveau d’élévation, sans compter la pose de nouvelles charpentes. Le couronnement des tours, les rampants à crossettes, et la modénature des croisées à coussièges, permettent de dater les travaux de la seconde moitié du XVe siècle. L’abattage des bois de la charpente des tours et du grand comble est fixé entre 1460 pour les tours, et 1470 pour le logis seigneurial. La remise en état du pôle seigneurial s’accompagne de la refondation du collège Saint-Jean. Elle est effectuée en 1467 sous le consentement de Charles d'Anjou. C’est certainement à cette occasion que la chapelle Saint-Etienne est reconstruite dans la cour du château.
Le comte du Maine attache de l’importance au château de Nogent. Au-delà des travaux qu’il fait effectuer, il obtient également en 1458 le détachement de la seigneurie du duché d’Alençon vers son propre comté. L’obtention de la seigneurie de Nogent et son affranchissement du duché d’Alençon, cristallisent l’opposition, et le pied de nez de Charles sur Jean d’Alençon. Le fait que les travaux de reconstruction débutent peu après 1558, témoigne de sa volonté de célébrer par la pierre sa victoire sur le duc d’Alençon. Malgré des séjours attestés, le site ne fait pas l’objet de campagne de construction sous la maison Bourbon-Condé. Le château de Charles du Maine est certainement jugé comme acceptable pour un lieu séjour secondaire. Ce qui n'empêche ses propriétaires d'y tenir cour et d'y organiser des fêtes. Néanmoins, au-delà de son entretien, il ne justifie pas de nouvelles dépenses dans un contexte marqué par les guerres de religions. Le château n’en apparaît pas moins comme ruiné lors de l’acquisition de la seigneurie par Sully en 1624. Ce fait témoigne du désintérêt de la place par Henri II de Condé et/ou des dégradations infligées au site par la succession des garnisons stationnées à Nogent-le-Rotrou. Les lourdes sommes engagées pour la réparation du château témoignent de l’intérêt de Sully pour le site. S’il est contraint de préférer sa résidence de Villebon, le château n’en revêt pas moins un fort aspect symbolique, il doit donc être maintenu en état, notamment pour légitimer sa position face à une population qui lui est défavorable. Le château est la matérialisation physique des droits de justice (prison du château) et de nomination (Chapitre Saint-Jean, Hôtel-Dieu) entretenue par le Duc sur la seigneurie de Nogent. Le poids de l’entretien ne finit pas de pousser les héritiers de Sully à se séparer du château Saint-Jean. Déconnectée des seigneurs de Nogent, la fonction carcérale du site s’étend pour devenir l’unique usage du site sous la première république. (1)

Éléments protégés MH : le donjon : inscription par arrêté du 23 décembre 1948. Les tours, le châtelet, les murs d'enceinte, la cour intérieure, le bâtiment du XVIIe siècle, le puits et les fossés : inscription par arrêté du 13 janvier 1950. Les façades et les toitures de l'ensemble des bâtiments, le parc boisé : classement par arrêté du 3 mars 1952.

château de Saint Jean, rue du Château, 28400 Nogent-le-Rotrou, tél. 02 37 52 18 02, ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h et de 14h à 18h. Fermé le 1er janvier, le 1er mai, le 1er novembre et le 25 décembre.

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