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Dominant la rivière de la Penfeld et la
rade, le château de Brest a été construit au XIIIe siècle sur l'ancien
castellum romain (élevé vers 260 sous le règne de Postumus) sis sur un site
d'éperon rocheux. Durant la période médiévale, le bourg s'étend et sort du
château... Les deux bourgs primitifs devaient se situer l'un du côté de
Recouvrance au pied de l'actuelle tour Tanguy et l'autre plus vaste et clos
devant le château... De 1342 à 1397, les Anglais sont maîtres du château et
par conséquent du site portuaire en Penfeld. Après cet épisode malheureux,
le Duc de Bretagne récupère Brest. Au milieu du XVIe siècle, Philibert de
L'Orme est chargé des fortifications de la Bretagne par Henri, duc de
Bretagne (fils de François 1er et de Claude de France, duc de Bretagne de
1539-1547), mais surtout futur roi de France sous le nom d'Henri II !
(1547-1559). Philibert écrit avoir montré aux bretons de Brest "les bonnes
façons de fortifier" et ce à moindre coût. En 1546 craignant une attaque de
Brest par les Anglais, il rapporte : "par bonne fortune, je me trouvais à
Brest, et fit si grande diligence à faire monter l'artillerie, et encore en
faire de fausses artilleries pour montrer à l'ennemi sur les remparts, faire
faire poudre et amasser à force personnes et femmes, apporter terre et
fascine, à faire remparts et tranchées, et donnait tel ordre, faisant voir
le peuple et faisant plusieurs fausses enseignes et planter à forces piques,
et fit si bonne mine que l'ennemi ne nous assailla point ...".
Vers 1560, Pietro Fredance, ingénieur italien, est chargé de renforcer les
défenses de la ville et du château. Le bastion de Sourdéac situé en avant du
donjon est construit durant cette période. Le plus ancien plan du château de
Brest date de 1640, on peut y voir les vieilles tours romaines rasées à la
demande de Vauban en 1685 (aujourd'hui subsistent encore des traces du mur
en moellon et briques, et d'une tour). Le château affecte la forme d'un
polygone irrégulier flanqué de plusieurs tours : tour de la Madeleine, tour
du Moulin, tour Française, tour de César, tour de Brest, tour Azénor, tour
de la Duchesse Anne et donjon. La porte principale de type châtelet est
protégée par deux tours coiffées en poivrière et dotées de mâchicoulis : les
tours Paradis. Côté mer se trouvent le "parc du Duc" et le bastion
Notre-Dame ainsi qu'une batterie extérieure située au ras de l'eau. En 1592,
le château qui a épousé la cause royaliste est assiégé en vain par les
Ligueurs pro-catholiques. Parallèlement, le colonel espagnol Don Juan del
Aquila fait construire en 1594 un fort appelé "Castilla de Léon" sur
l'actuelle pointe des Espagnols (rade de Brest) par Cristobal de Rojas afin
de se positionner avantageusement face à l'Angleterre. Son but secondaire
est de se rendre maître du château de Brest. Finalement, l'armée royale avec
à sa tête Jean, duc d'Aumont, maréchal de France et dans ses rangs René de
Rieux, sieur de Sourdéac, aidés de la flotte et de la troupe anglaise, fait
le siège du fort espagnol et gagne la bataille en novembre 1594. Près de
4000 hommes moururent au combat et le fort fut rasé. Le toponyme : "pointe
des Espagnols" rappelle cet épisode douloureux dans l'histoire de la
presqu'île de Crozon.
A mesure que l'arsenal et le port prennent de l'ampleur, la question de la
fortification de la ville revient à l'ordre du jour. Les travaux de
l'enceinte urbaine de Brest débutèrent dès 1674. Il s'agissait alors d'une
fortification de campagne en terre composée de simples retranchements et de
redoutes... En 1681, au delà de la défense de l'arsenal, il s'agit de
fédérer les bourgs de Brest et Recouvrance séparés par la Penfeld et de
concevoir une nouvelle ville tournée vers la mer, fonctionnelle, capable
d´accueillir une population importante si nécessaire à la Marine du Roi
Soleil. Le projet de Massiac de Sainte-Colombe qui trouva un début
d'exécution en 1681, est repris et transformé par Vauban en mai 1683.
Intégré dans le plan d'ensemble, le château médiéval est modernisé et adapté
à l'artillerie moderne, il devient "citadelle" surveillant à la fois la
ville, la campagne et le large... Glacis, chemin couvert et demi-lunes
prolongent la fortification du côté de la terre. Les parapets sont
redessinés et dotés d'embrasures plongeantes. Commencés en 1681, les travaux
de l'enceinte urbaine se poursuivent jusqu'en 1705. Sous le règne de Louis
XV, l'enceinte du côté de Recouvrance est renforcée par le front bastionné
de Quéliverzan. Cet ouvrage protège le fond de l'arsenal. Pendant la Guerre
d'Indépendance Américaine (1778-1783), les ingénieurs militaires redoutant
une attaque terrestre après un débarquement anglais, construisent l'ouvrage
fortifié du Bouguen et établissent une ceinture de forts détachés autour de
la ville : fort de Penfeld, Questel, Keranroux, Montbarey, et Portzic
(agrandissements des ouvrages existants). Pierre-Jean de Caux (directeur des
fortifications de Basse-Normandie qui oeuvra à Cherbourg principalement et
au fort de Saint-Père, au sud de Saint-Malo) dresse dès 1777 les premiers
projets de forts détachés pour Brest. Au XIXe siècle, le dispositif est
complété par la redoute de Keroriou et les forts des Fédérés et de Guelmeur
(aujourd'hui détruits). Après la rupture d'Avranches le 31 juillet 1944,
de nombreuses troupes allemandes se replient sur la Forteresse de Brest (la
"Festung"). Ce n'est qu'au prix d´une bataille sanglante : "la bataille de
Brest", que la ville est libérée par les Américains le 18 septembre 1944. La
ville n'est plus qu´un champ de ruines. Outre le château (Musée de la
Marine) et le Cours Dajot qui permettent de se promener sur les remparts
dominant la rade, d'autres sites ont été aménagés pour faire découvrir au
public les vestiges des fortifications et l'histoire de cette ville
maritime. Brest replonge ainsi dans son passé : dans le square Mathon, place
de la Liberté, les vestiges de la demi-lune de Landerneau et de la porte
Saint-Louis sont ressortis de terre ; face au château, la batterie du
Cavalier est devenue un square et belvédère ; le fort Montbarey, un
"mémorial" en 1984 ; l'extraordinaire fort du Questel est ouvert à tous
depuis plus de dix ans ; les fortifications de Quéliverzan récemment
dégagées et débroussaillées sont devenues un parc... En cherchant bien et en
suivant la "ligne bleue" sur les trottoirs, on peut encore voir d'autres
vestiges au Moulin à poudre (mur d'enceinte, galerie et fossé) et non loin
de là, on pourra admirer la porte du Bouguen (détruite puis remontée à 400
mètres environ de sa position initiale)...
Éléments protégés MH : l'enceinte fortifiée : classement par arrêté du 21
mars 1923. (1)
château de Brest, 6 boulevard Jean Moulin, 29200 Brest,
musée de la marine, tél. 02 98 22 12 39, ouvert du 1er avril au 30 septembre
de 10h à 18h30, tous les jours, sauf 1er mai, du 1er octobre au 31 mars de
13h30 à 18h30 tous les jours (sauf le 25 décembre). Fermeture annuelle du
1er au 31 janvier.
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