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Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1946, le
château de Pratulo, appartenant au Comte du Laz, était la proie des flammes.
Construit en 1905, il dressait, face à la pittoresque et verdoyante vallée
de l’Aulne, son architecture moderne aux lignes sobres. Ceci, bien entendu,
ne concorde pas avec l’affirmation suivante relevée dans l’Inventaire du
canton de Carhaix-Plouguer de la Commission régionale des Monuments et
Richesses artistiques "un second logis est en ruines depuis 1944", ce qui
laisse, à tort, supposer que le bâtiment a été détruit à la Libération. Le
château était alors habité par M. Le Comte Alain du Laz et Madame, née
d’Estampes, et leurs trois enfants, François, Paul et Clotilde. Mme et M.
d’Estampes, parents de Mme du Laz, âgés de quatre-vingts ans passés, y
résidaient depuis que leur château avait été détruit en Normandie, lors du
débarquement de juin 1944. L'ancien château existe toujours, non loin des
ruines. C’est un logis rectangulaire flanqué de deux ailes et dominé par
deux tourelles coiffées d’ardoises. L'ensemble manque d’unité, ayant été
réalisé à des époques différentes. Au sud du manoir, s’élève le colombier
terminé par un toit en poivrière, et à l’est, c’est la chapelle Sainte-Anne.
Le 20 juillet 1662, Monseigneur du Louet y baptisa Renée de Musuillac, fille
de Jacques et Marguerite Capitaine. Elle eut pour parrain Ollivier du Louet,
abbé de La Rive, archidiacre du Poher et chanoine de Quimper, et pour
marraine, Marie Quemper, épouse de Jean du Louet. Son clocher porte une date
1723. A l’intérieur, on peut voir une statue de saint Nicolas, en évêque,
ressuscitant les trois enfants et une sainte Suzanne.
Le vieux château de Pratulo appartenait naguère à une famille Le Glaz,
d’origine écossaise et qui se prétendait descendante des Douglas, lesquels
comptaient un certain Archambault Douglas venu conduire, au roi de France,
Charles VII, un contingent de 7.000 soldats écossais, et tué à la bataille
de Verneuil en 1420. Son fils cadet, Guillaume, vient s'établir dans la
région de Châteauneuf-du-Faou, à la suite de son mariage avec Marguerite,
dame de Pratuloch. En 1540, Jean du Glas, sieur de Pratulo, habite le
château. A la montre de 1562, il est présent "en état d’arquebusier à
cheval", et, huit ans plus tard, nous le trouvons bailli et juge à la cour
royale de Châteaulin. Sa fille Catherine, épouse, après 1602, Georges de
Musuillac, sieur de Kerdréan. Le 14 mars 1779, Jacques de Musuillac,
chevalier, sieur de Querdréau, Timeur et Pratuloch est signalé comme
résidant dans ce dernier manoir. En 1719, Jeanne de Trégoazec, veuve de René
de Musuillac, chevalier, héberge le fameux marquis de Pontcallec, en fuite.
M. de Musuillac l'accompagne même un certain soir de l’été 1720, au château
de Trévarez en Saint-Goazec où ils dînent chez le jeune marquis de La Roche.
A cette époque, Pratulo, qui vient d’être nouvellement reconstruit, est
évalué à 3.000 livres de rente. Ce chiffre ne dit évidemment pas
grand-chose, mais, qu’on le compare avec les chiffres de Tymeur en
Poullaouen (10.000 livres), de Kergoat en Saint-Hernin (10.000 livres aussi)
et du Boisgarin en Spézet (4.000 livres) et l’on aura une idée de
l’importance du manoir à l’époque.
A la veille de la Révolution, le châtelain est le comte
François-Gabriel-César de Mizillac ou Musuillac, capitaine des Vaisseaux du
Roi, chevalier de Saint-Louis. Arrêté comme suspect par le district de
Carhaix, on le garde emprisonné pendant plus d’un an. Vers 1806, le comte
Joseph-François Jégou du Laz achète le château et les terres et, depuis
lors, c’est la même famille qui y réside. L'on pouvait voir, il y a quelques
années, dans le petit cimetière de Cléden-Poher, les dix tombes de la
famille du Laz rangées derrière le beau calvaire et frappées de leur écu
"d’argent au huchet de sable, accompagné de trois banniers d’azur chargées
d’une croisette pommetée d’or". Mais aujourd’hui elles sont dans la chapelle
Sainte-Anne. La popularité de Joseph Jégou du Laz était immense chez les
rudes habitants du Poher et il en donna la preuve lorsqu'il apaisa, en 1824,
le soulèvement des domaniers de Spézet et Saint-Hernin qui pouvait être le
prélude d’une nouvelle Révolte des bonnets rouges. La famille Jégou du Laz
se mêla à la vie du pays. En 1908, le Comte Adolphe Jégou du Laz, fut
parrain d’une cloche baptisée Marthe-Adolphine; en 1931, c'était au tour de
la Comtesse du Laz, née d’Estampes, d’être la marraine de la cloche Marie. À
la tête de la municipalité, nous retrouvons fréquemment un Jégou du Laz. En
1884, le comte Adolphe du Laz devient maire. Il le reste jusqu’en septembre
1902. Il est alors suspendu, mais retrouve son fauteuil en 1904 et jusqu’en
décembre 1919. Le Comte Alain du Laz lui succède de 1919 à octobre 1944. (1)
château de Pratulo 29270 Carhaix-Plouguer,
propriété privée, ne se visite pas.
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