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Il y a quelques décades, quand le
Brest des Lettres et des Arts, les Mme Perdriel-Vaissière, la délicate
poétesse, Saint-Pol-Roux, toujours magnifique, Erwan Marec qui finit
administrateur général de l’Inscription maritime, Dufau-Pérez que la
caricature a mené à la Cour des Comptes, tout ce Brest était l'hôte de Mme
Magda Tarquis et le château connaissait de somptueuses fêtes bretonnes en
costumes aussi vieux qu’authentiques. Depuis, la guerre a passé là et bien
que les ans soient de "merveilleux embellisseurs" comme disait Ramuz, les
pierres ont continué à se déchausser et à tomber dans les folles herbes,
d’autant plus que le manoir voisin était particulièrement visé, l’état-major
allemand y campant pendant le siège de Brest. Au-dessus du portail arrondi
en berceau, on distingue encore, cependant, les armoiries mi-parti des
Rivoalen et des Barbier "d’argent à deux fasces de sable" entourées d’un
collier de Saint-Michel. Le premier connu des sires de Mesléan, en 1486, fut
François Rivoalen dont le fils Jehan comparut en homme d’armes à la montre
de l’Evêché du Léon, en 1503. Un autre Jan Rivoalen, chevalier de l’ordre
royal, sieur de Mesléan, Lannuzouarn et Pennanech, eut en 1623, des démêlés
avec Tanguy Denys, écuyer, son proche voisin puisque sieur du Bois, en
Gouesnou, "pour lui faire ôter un banc et un escabeau qu'il a fait mettre
depuis peu de temps en l’église paroissiale sans sa permission". En 1638,
Gillette Rivoalen, dame de Mesléan et de Lannuzouarn, épousait Vincent,
baron de Penmarch, gentilhomme ordinaire de la cour du Roi et le château
passait ainsi à la famille de Penmarch de Saint-Frégant.
De leur union naquirent trois enfants, Anne-Louis-Gabrielle, qui épousa
François de Poulpry; Françoise-Gabrielle, qui fut unie à Louis du Louët en
l’église de Saint-Etienne de Rennes par Révérend Père Isaac de Marbeuf, abbé
de Langonnet et Vincent-Gabriel (1655-1717) qui, le 23 mars 1675, devint
l’époux de Anne de Kermenguy, en l’église de Cléder. Le 15 janvier 1720,
François-Gabriel de Penmarch, né justement à Saint-Frégant, en 1684, et
futur commissaire des haras du département du Léon, le vendait, moyennant
115.000 livres à Joachim des Cazeaux du Hallay, conseiller-secrétaire du
Roi. Le 15 février 1771, moyennant 12.000 livres, Jean-François Gilart,
chevalier de Larhantel, seigneur du Boton, Kerferré, le Colombier, Lanrheuc,
le Bois... lieutenant de vaisseau, époux de Josèphe-Louis Thierry, achetait
le château aux six descendants des Cazeaux. Josèphe Thierry était apparentée
à Pierre-Bernardin de Thierry de La Prévalaye, chef d’escadre des armées
navales. Auparavant, le 4 octobre, Gilart de l’Arhantel avait acheté le
manoir du Bois, en Gouesnou, à Catherine-Marthe de Sanzay, dame vicomtesse
héréditaire du Poitou, et à sa sœur Gillette-Anne de Sanzay, dame de Kériber,
demeurant ensemble en leur hôtel de Lesneven, paroisse de Saint-Michel.
Selon l’acte de vente de Mesléan "cette terre consiste en un château très
indigent de réparations, pourpris et lors, fief et seigneurie, rentes et
chef-rentes, rachat, lots et ventes relevant en grande partie du fief de
Gouesnou, amorti, et autre partie du Roi, sous son domaine de Brest".
Mesléan était alors tenu en ferme selon l’usement du Léon, et le fermier
payait, par an, 412 livres. De plus, il devait fournir deux charretées de
paille par an.
De Mesléan dépendaient aussi deux moulins, l’un avec sa chaussée et son
étang était loué annuellement 168 livres, l’autre qui relevait du Roi, le
Moulin l’Evêque, était loué 600 livres. Cette terre était décorée de
différents droits honorifiques, de patronage concernant, entre autres, la
chapelle et chapellenie de Saint-Sauveur et Saint-Pierre, à l’entrée du
bourg de Gouesnou. Elle avait aussi des prééminences et droits en l’église
des Sept-Saints à Brest, et des droits de vitres armoiriées en l’église
Notre-Dame du Folgoët. Le Moulin l’Evêque est dépendant du manoir du Bois,
et en 1899, il appartient à Mme Elisabeth de Brossard, veuve de Gabriel
Boëlle, qui habita aussi le manoir. En 1911, M. Tarquis, père de l’actuel
propriétaire, M. Alexis Tarquis, achetait le château au médecin général de
la marine Eugène Barret, époux de Lucie Barthes. En juillet 1969, les ruines
du château de Mesléan ont revécu, pour un soir, sous les feux ardents des
projecteurs. Et, tandis que les artistes nous ramenaient à l’époque de
Charles Le Téméraire, les vieilles pierres que le lichen farde d’or pâle, la
galerie à créneaux et à mâchicoulis, ainsi que les deux tours basses
flanquant le porche, connaissaient un nouvel éclat. Du château aujourd'hui,
il ne reste d'intéressant que les ruines de la façade d'entrée et des tours,
les courtines semblent avoir été couvertes d'une charpente et d'une
couverture en ardoises dont il ne reste pratiquement plus rien. La courtine
située au-dessus de l'entrée est couverte par des dalles de granit et percée
de fenêtres et meurtrières sur ses deux faces. Seule la face externe possède
des mâchicoulis. L'escalier de la tour d'angle est un escalier circulaire en
granit sur pivot central, l'intérêt de ce château est de montrer une façade
médiévale comportant un système de défense assez exceptionnel qui en fait
une véritable petite place forte. (1)
Éléments protégés MH : le château de Mesléan (ruines) : inscription par
arrêté du 16 avril 1975.
château de Mesléan 29850 Gouesnou, propriété privée, ne se visite pas,
vestiges. Nous remercions chaleureusement le propriétaire du pour l'accueil
qu'il nous a réservé lors de notre passage.
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