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Bâti sur le modèle de celui de Pan, à
la limite de la forêt de Laz, couronnant le versant nord des Montagnes
Noires, le château de Trévarez dresse aujourd’hui sa silhouette harmonieuse,
en partie mutilée par une bombe alliée, en 1944. Ses sveltes tourelles roses
coiffées de bleues poivrières, ses toits pyramidaux et ses cheminées
élancées, il les doit à James de Kerjégu qui naquit à Trévarez, en
Saint-Goazec, ancienne trêve de Leuhan, le 27 février 1846, fit une belle
carrière diplomatique et une non moins belle carrière politique. Tout avait
été prévu pour faire jadis de l’ancien château, un séjour aussi agréable que
confortable, puisqu'il possédait boulangerie, four à pain avec fournil,
volière, vivier où s’ébattaient les salmonidés, pressoir, jardin, vaste
cuisine, pavillon pour le carrosse et même bibliothèque. Près du château se
dressait, en 1501, une chapelle sous le vocable de Notre-Dame; elle fut
reconstruite en 1700 et la tradition veut que le clocher soit l’œuvre de
Vauban. Au XIXe siècle, elle fut dédiée au patron des chasseurs, saint
Hubert, et c’est normal dans un pays infesté encore de loups à l’époque. La
baronne Louise du Grégo-Bonté obtint de l'Empereur un décret, signé à
Tilsitt, le 6 août 1807, qui autorisait la chapelle comme oratoire
domestique. Le manoir de Trévarez, arrière fief de Laz, était possession de
Jehan Droniou, en 1486. Il fut saisi féodalement en 1623 sur les héritiers
de Jean de Leinlouet par Anne de Coëtanezre, épouse de Charles. Au début du
XVIIIe siècle, Joseph-Luc de Kernezre, marquis de La Roche, fils de Luc,
décédé en 1699, laissant quatre enfants de son union avec Anne-Françoise de
Robien, s’est fixé à Trévarez, après des études à Paris. Le 21 février 1720,
il était arrêté à Nantes où on l’avait prié de se rendre. Il reconnut avoir
hébergé à Trévarez Pontcallec et Muzillac, propriétaire du château de
Pratulo, en Cléden-Poher, mais se défendit d’avoir conspiré. Il avait,
disait-il, vu à la Foire de La Martyre ou à Rennes, des gentilshommes, mais
vivant très retiré à Trévarez avec sa mère, il n’avait que peu d’occasions
de rencontrer ses pairs.
Tandis que sur la Place du Bouffay, à Nantes, tombaient les têtes de
Pontcallec, Montlouis, Talhouet, Le Moyne et du Couédic, Joseph-Luc de
Kernezre voyait la porte de sa geôle s’ouvrir toute grande, lui rendant sa
liberté. Il mourut à Trévarez, vers 1737, laissant sa veuve, Françoise de
Lescoët, beaucoup plus jeune que lui, aux prises avec le gouvernement
central qui la mena à La Bastille. A sa mort, Trévarez revint à sa
belle-sœur, Anne-Thérèse, décédée sans alliance, et le château passa alors à
Marie-Aude du Châtel, veuve de Hugues-Humbert Huchet de La Bédoyère. Elle
délaissa Trévarez, mais son sénéchal ayant eu des démêlés avec ses vassaux
de Laz, on parla tout bonnement, au Conseil du Roi, d’exiler les habitants
de cette paroisse pour les remplacer par des Canadiens. Depuis lors, dans la
région, le courant a été inversé. En 1768, décédait la comtesse de La
Bédoyère, laissant sa succession à son petit-fils, Charles-François-Jules,
qui partagea son temps entre Quimper, Trévarez et Le Grégo dont il portait
le nom à la suite du mariage de sa mère, Jeanne-Charlotte de La Bédoyère,
avec Thomas du Bot du Grégo. Il devait épouser Jeanne-Françoise-Thomas de La
Caunelaye, qui lui donna une fille, Louise-Exupère-Charlotte, laquelle, en
premières noces, convola avec Antoine-Louis d’Amphernet de Pontbellanger,
tué près de Merdréac, en 1796, au cours des guerres de la Chouannerie, puis
le général Michel-Louis Bonté qui l’aida à élever un fils du premier
mariage, Charles-Félix qui fut décoré par l’empereur sur le champ de
bataille de St-Dizier, en 1814. L’aîné de ses fils vendit, le 25 juillet
1845, Trévarez à la famille Monjaret de Kerjégu.
Si, abandonnant Trévarez, ses azalées, ses rhododendrons que découvrent
aujourd’hui des milliers de promeneurs intéressés, vous vous dirigez vers le
petit cimetière de Saint-Goazec, vous avez la surprise d’y dénicher deux
tombes à l’abandon que le chevalier de Fréminville remarqua, en 1834, à tel
point qu’il releva les inscriptions figurant sur les tombeaux pour les
glisser dans ses "Antiquités du Finistère". Sur l’un d’eux, on peut lire
"Ici repose haute et puissante dame Louise-Exupère-Françoise-Charlotte du
Bot du Grégo, marquise de La Roche, baronne de Laz, comtesse de Gournois,
vicomtesse de Curru, décédée en son château de Trévarez, le 17 janvier
1826". L’époux de cette dame, Michel-Louis-Joseph, baron Bonté, lieutenant
général des Armées du Roi, commandeur de l’ordre de la Légion d'honneur et
de l’ordre impérial de la Couronne de fer d’Autriche, lui a fait élever ce
tombeau qui a été posé en 1830. Sur l’autre, qui fut dressé dix ans plus
tard, le baron Bonté, dans l'intervalle, avait épousé Elisa de Carlotti,
qui, à sa mort, en 1836, dirigea son corps sur Saint-Goazec, on pouvait lire
l’épitaphe grandiloquente "Ici repose Michel-Louis-Joseph, baron Bonté,
commandeur de la Légion d’honneur, chevalier de Saint-Louis, chevalier de
l’ordre de la couronne de fer d’Autriche, né à Coutances, le 25-VII-1766,
décédé à Paris, le 6-3-1836. Son bras servit la Patrie et soutint le
malheur. Sa voix enhardit les bataillons et encouragea le talent. Sa
jeunesse appartint aux braves, son âge mûr au bonheur de tous. Le soldat,
l’artiste, l’ami et surtout l’épouse voudraient tracer ici son éloge, mais
quels accents prendraient leur reconnaissance pour parler aussi haut que ses
bien-faits ?". Avant que la famille Monjaret de Kerjégu n’achète le château,
les deux tombes étaient dans la chapelle voisine. James de Kerjégu les
expulsa et elles trouvèrent asile dans le vieux cimetière ceinturant
l’église. Lorsque celui-ci émigra à son tour, les deux sarcophages de marbre
blanc en firent autant et bientôt ils furent la proie des plantes et du
lierre envahissant.
Au XIXe siècle, Trévarez appartient à Charles-Félix d’Amphernet qui, à Sa
mort, en 1827, le légua à son fils aîné, lequel le vendit à la famille
Monjaret de Kerjégu. Famille originaire de Lanvollon, dans les actuelles
Côtes-du-Nord, lesMonjaret de Kerjégu vinrent résider dans ce coin de
Cornouaille en la personne de François-Marie, négociant à Brest de 1846 à
1870, Président du Tribunal et de la Chambre de Commerce. Il avait, en
effet, épousé, à Scaër, le 30 janvier 1838, Marie-Louise Le Guernalec de
Kéransquer, fille du conseiller général du canton, et lui-même, devait
remplacer celui-ci à son décès. Il fonda alors la ferme expérimentale de
Scaër tout comme il avait créé, à Brest, la banque "le comptoir du
Finistère" qui ne fut pas une réussite. Il mourut à Paris, le 12 février
1882. De son mariage étaient nés quatre enfants, Césaire, épouse de Jules
Rouxel de Villeferon (née à Brest, le 8 novembre 1838), Marie-Françoise, née
à Brest, le 18 mai 1842, François-Louis, né à Brest, le 8 décembre 1843, et
décédé le 8 mars 1845, et James, né à Saint-Goazec, le 27 février 1846.
C’est donc vers cette époque que la famille de Kerjégu s’installe à Trévarez.
Mais c’est vraiment James le fondateur du château. De son union avec Laure
de Habert, veuve du comte Octave de Béhague, il eut, en 1885, une fille,
Françoise. Cette dernière, le 2 février 1906, épousait Henri-Marie-Auguste
Ferron, marquis de La Ferronnays. Et c’est ainsi que Trévarez passa dans
cette dernière famille. En 1940, le château appartient au marquis de La
Ferronnays. Devant le danger des bombardements, on décida de replier à
Trévarez des richesses artistiques et des archives venant, en particulier,
du nord de la France. Le château servit ensuite de ballon d’oxygène aux
sous-mariniers allemands et même japonais, en 1943 lorsqu'ils revenaient de
leurs croisières atlantiques. En août, prévenus par le maquis, les alliés
vinrent bombarder le château qui fut durement touché. Aujourd’hui, grâce au
Conseil général, le château de Trévarez est ouvert au public. (1)
Éléments protégés MH : l'ensemble des éléments constitutifs, bâtis et
paysagers, du domaine de Trévarez, à savoir : les façades et les toitures du
château et la totalité des pièces du rez-de-chaussée et du sous-sol y
compris l'escalier d'honneur ainsi que les escaliers, les rampes et la
balustrade périphérique de la terrasse sud; les façades et les toitures des
communs ainsi que les stalles conservées dans l'extrémité sud-est de l'aile
sud des écuries et la fontaine du Lion y compris le mur de soutènement sur
lequel elle s'adosse, le manoir (ferme expérimentale) : les façades et les
toitures du logis, des deux maisons de fonction, de l'ensemble des communes
(à l'exclusion du hangar ouest) et des chenils ainsi que les anciens jardins
en terrasses, la chapelle et la fontaine Saint-Hubert en totalité, la
pavillon de garde de Cavarno pour ses façades et ses toitures, la maison du
jardinier pour ses façades et ses toitures, y compris la serre attenante en
totalité, les sols et les murs de clôture du verger et du potager, le bassin
central du potager, les serres à savoir les serres adossées au mur nord du
potager en totalité, dans le verger les trois serres froides et la serre
chaude pour leurs façades et leurs toitures, la cressonnière, la parc
paysager et les jardins (régulier, classique, d'inspiration Renaissance
italienne, pittoresque et asiatique) avec les fabriques qu'ils contiennent,
à savoir le bassin de la Chasse et son buffet d'eau du jardin Renaissance,
les deux vasques et le cadran solaire du jardin régulier, les deux statues
des enfants maîtres-chiens, et les infrastructures hydrauliques, à savoir le
réservoir sud-ouest, les canalisations souterraines et dégagées, l'étang,
qui, vannes et vivier, les grilles et les piliers des portails d'accès par
les pavillons de Cavarno et la maison forestière de Vein Roux : inscription
par arrêté du 6 avril 2009.
château de Trévarez 29520 Saint-Goazec, tel. 02 98 26 82 79, ouvert
au public, visites en mars, mercredis, samedis et dimanches de 14h à 17h30.
Avril, mai, juin, septembre tous les jours de 13h à 18h, juillet août tous
les jours de 11h à 18h30.
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