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Dès le commencement du XIIe siècle, les seigneurs
de Castets-en-Dorthe tenaient un certain rang parmi la noblesse du pays.
L'un d'eux fait des donations considérables à l'abbaye de Fontguillem. Sa
fille, nommée Guiraude, les confirma vers 1130. A la fin du même siècle, le
chevalier et les prudhommes de Castets avaient fait quelques torts à la
ville de La Réole. Après avoir indemnisé les habitants, ils firent, le 7
février 1201, alliance avec le maire et les jurats de cette ville. Ils
jurèrent réciproquement de se porter secours en toute occasion, excepté
cependant contre le roi d'Angleterre, qui le 11 septembre 1242, écrivit au
seigneur de Castets-en-Dorthe de venir le rejoindre, bien monté et bien
armé, à Sainte-Bazeille, dans l'octave de l'Exaltation de la Sainte-Croix,
et d'amener avec lui tous les hommes qu'il pourra se procurer. Le 12
novembre 1242, il lui écrivit de nouveau de se rendre dans la même ville, le
vendredi après l'octave de Saint-Martin. Il paraît qu'à cette époque, la
seigneurie de Castets était divisée, car le roi s'adresse non au seigneur,
mais aux seigneurs de Castets. Elle l'était également en 1275, puisqu'à
cette époque Guillaume Seguin, IVe du nom, en était coseigneur. Il devait
exister alors quelques petits châteaux dans la paroisse, peut-être dans le
bourg de Castets; mais la forteresse qui joua un si grand rôle pendant les
guerres de religion n'existait pas encore. Raymond-Guillaume de Goth,
chevalier, neveu du pape Clément V, étant seigneur coseigneur peut-être de
Castets-en-Dorthe, le roi lui donna, le 1 5 novembre 1313-14, l'autorisation
d'y construire une maison forte. Alors fut fondé le château de Castets. Le
24 mai 1316-17, le roi paraît l'avoir donné à Raymond-Guillaume en toute
propriété, avec sept paroisses, en échange d'un manoir que ce seigneur
possédait dans le diocèse d'Agen. Le marché était probablement fort
avantageux pour le seigneur de Castets; mais alors Édouard II était en
guerre avec les Écossais et avait besoin d'argent; il est probable que
Raymond-Guillaumede Goth lui en fit passer, comme le firent d'autres
seigneurs, villes et cités de la Guienne, et que le roi reconnut de cette
manière les bons offices de son vassal.
Mais Raymond-Guillaume ne fut pas toujours fidèle à la couronne
d'Angleterre. Après la mort de Charles le Bel, il prit parti pour Philippe
de Valois contre Édouard III, et mourut pendant la guerre que le roi de
France fit, en Guienne, à celui d'Angleterre. Philippe VI, ayant eu pendant
quelque temps le dessus, voulut récompenser les seigneurs gascons qui
l'avaient servi: les seigneurs de Castets étaient de ce nombre; aussi, à la
prière de Jean, évêque de Beauvais, son lieutenant en Languedoc, il donna au
mois de mars 1341, à Bertrand de Goth, damoiseau, coseigneur de
Castets-en-Dorthe, fils de Raymond Guillaume de Goth, chevalier, la haute
justice de cette localité, qui lui appartenait par suite, dit sa lettre, de
la révolte du roi d'Angleterre, et la moitié de la basse justice dudit lieu,
qui avait été confisquée pour la même cause, à Pierre du Solers et à
d'autres rebelles. Ce droit valait annuellement 80 livres tournois environ.
Tous ces dons étaient octroyés à cause des services gratuits que Bertrand et
son père lui avaient rendus pendant la guerre de Gascogne, et des pertes
qu'ils avaient éprouvées (plus de 1,000 livres de rente par an), et en
outre, pour les indemniser d'une somme de 2,060 livres de gages dont ils
l'avaient tenu quitte. Cependant, le comte de Derby étant arrivé en Guienne
en 1345, reprit aux Français tout ce qu'ils avaient conquis. Le roi
d'Angleterre dut confisquer à Raymond-Guillaume de Goth et à son fils la
terre de Castets. Nous trouvons, en effet, qu'il la donna à Jean de Grailly,
et que Jean l'ayant abandonnée, elle rentra au pouvoir du roi, qui en fit
don à Bernard de Puch, auquel elle appartenait en 1416. D'un autre côté, on
trouve que le château de Castets-en Dorthe fut restitué au seigneur d'Albret
le 1 4 juillet 1355; on trouve plus tard, le 2 juin 1358, que le roi
d'Angleterre le garde sous sa main; et enfin qu'un Raymond-Guillaume,
seigneur de Castets, fit hommage au prince de Galles le 9 juillet 1363.
Est-ce Raymond-Guillaume de Goth, ou Guillaume-Raymond Monadey qui était à
cette époque coseigneur de Castets, ainsi qu'on le voit par une
reconnaissance, en sa faveur, datée du 9 janvier 1367? En 1383, Gaillard de
La Mote est, à son tour, qualifié seigneur de Castets-en-Dorthe. Il est vrai
que cette seigneurie avait été de tout temps divisée; néanmoins, tout cela
est fort obscur, et l'histoire suivie de ce château pendant le XIVe siècle
ne peut se faire qu'imparfaitement avec le petit nombre de documents connus.
En 1377, il fut pris parles Français commandés par le duc d'Anjou et
Bertrand Du Guesclin. Le 11 décembre 1442, il fut pris de nouveau par les
Anglais commandés par Roos, régent de la sénéchaussée de Guienne, et messire
Hull, qui étaient partis de Bordeaux, le 10 novembre, à la tête de 300
hommes d'armes et d'autant d'archers, pour secourir La Réole assiégée par le
roi de France. Nous avons vu plus haut qu'un Guillaume-Raymond Monadey était
au milieu du XIVe siècle coseigneur de Castets. Deux cents ans plus tard,
nous voyons qu'une Nicole de l'Isle, fille et héritière de Jean de l'Isle,
chevalier, seigneur de Castets-en-Dorthe, des Jauberthes et de Monadey, fut
mariée à Pierre III de Lur, qui devint ainsi coseigneur de Castets. Il est
probable que Nicole de l'Isle, qui possédait une terre du nom de Monadey,
descendait de Guillaume-Raymond Monadey et que la seigneurie de Castets ne
vint pas aux de Lur par une alliance avec les Montferrand, comme l'avance M.
l'abbé O'Reilly dans son Histoire de Bazas. En outre, nous trouvons en même
temps quelques autres coseigneurs de Castets: d'abord, vers 1550, messire
Geoffrey de La Chassaigne, qui possédait le château et la moitié de la
juridiction dudit lieu; Gaston d'Arsac, seigneur de Castets, qui épousa
Louise de La Chassaigne, fille de Geoffroy et de sa seconde femme Jeanne de
Favier; M. de Minvielle, qui, en 1573, acheta la portion de Louis de Lur,
fils de Pierre de Lur et de Nicole de l'Isle.
Louise de La Chassaigne devint bientôt veuve, et se remaria, le 27 janvier 1
572, avec Jean de Fabas, fils de Jean de Roux de Fabas, seigneur d'Arriès et
de Castets, et de Marie d'Arriès. Par ce mariage, Fabas devint seigneur du
château de Castets-en-Dorthe. Lors de son mariage, Jean de Fabas était
catholique; mais cinq ans plus tard, il se fit protestant. A peine Jean de
Fabas eut-il passé dans les rangs des protestants, qu'il escalada La Réole,
et se mit ensuite à ravager les environs de Bordeaux, et commit toutes
sortes d'excès jusqu'à la paix de Fleix, le 26 novembre 1581. Henri IV, à
peine affermi sur le trône de France, voulut reconnaître les services d'un
de ses plus zélés serviteurs; il nomma Jean de Fabas gentilhomme ordinaire
de la chambre, maréchal de camp, capitaine de 50 hommes d'armes des
ordonnances, gouverneur du Condofnois et du pays d'Albret. En 1605, il
érigea la terre de Castets en vicomté. Cette vicomté se composait alors des
paroisses de Saint-Loubert, Mazerac, Bieujac et Saint-Pardon. En 1604, M. de
Minvielle céda sa portion de la seigneurie à Jean de Fabas, qui devint ainsi
seigneur en totalité de la seigneurie de Castets-en-Dorthe. Fabas mourut
dans le courant de l'année 1614. De son mariage, il avait eu un fils qui
porta le même nom que lui. La vie de Jean III de Fabas se passa en intrigues
de toutes sortes en faveur de la religion réformée, et surtout en sa propre
faveur. Il fut nommé lieutenant de La Rochelle. Pendant qu'il occupait cette
place (1621), il avait promis aux Rochelais de retenir pendant deux mois
l'armée royale devant son château de Castets, si on consentait à le faire
participer aux indemnités accordées à ceux de la religion réformée dont les
châteaux avaient été ruinés. L'assemblée (de La Rochelle) accueillit
favorablement cette proposition, lui demanda seulement un mois de
résistance, et lui envoya aussitôt l'acte d'indemnité.
Quand Fabas eut ce titre entre les mains, il prétendit qu'il n'était pas
conçu en termes convenables, et en biffa la plus grande partie, ne laissant
subsister que la promesse d'argent. Peu après, on apprit que Castets et
Casteljaloux s'étaient rendus sans résistance; on assurait même que Fabas
avait donné l'ordre d'en agir ainsi à son fils qui commandait ces deux
places, éloignées de 12 à 15 lieues de la route que suivait le roi. Ce fait
mécontenta fort l'assemblée de La Rochelle; cependant, le conseil de la
ville le nomma général des églises de la basse Guienne. En cette qualité, il
se mit à ravager le Médoc; battu deux fois par les troupes royales, il fut
rappelé à La Rochelle, où, à la suite de contestations violentes qu'il eut
avec le Conseil de cette ville à propos de l'indemnité qui lui avait été
promise lors de la reddition de son château, il fut obligé de donner sa
démission de lieutenant. Il ne pouvait rentrer dans son château de Castets,
car lors de son irruption dans le Médoc, tous ses biens avaient été
confisqués par le Parlement de Bordeaux, qui, en même temps, rendit un arrêt
le dégradant de sa noblesse et le condamnant à avoir la tête tranchée. Peu
après, Fabas se retira des affaires publiques, obtint sa grâce du Parlement
de Bordeaux, et rentra dans ses terres, où il mourut le 29 juillet 1654. Son
fils était mort déjà depuis longtemps. A la suite de ses excès commis dans
le Médoc, ses propriétés avaient été confisquées par le Parlement de
Bordeaux. Charles du Hamel, chevalier, fils de Nicolas du Hamel et de Jeanne
de Toussaint, les acheta le 3 septembre 1697. Il était également baron de
Barie et de Lados. Depuis cette époque, le château de Castets-en-Dorthe n'a
cessé d'appartenir à la famille du Hamel, dont tous les membres, sans
exception, ont joué un rôle important et honorable dans l'histoire de la
province. Trois d'entre eux furent présidents au Parlement de Guienne; un,
maire de Bordeaux, et un autre, préfet de la Gironde. (1)
Le château de Castets-en-Dorthe est bâti sur la rive gauche de la Gironde, à
l'extrémité d'un plateau élevé de 30 mètres au dessus des eaux du fleuve; il
est séparé du bourg qu'il domine par un profond ravin, au bas duquel jaillit
une belle source. Jadis les fortifications du bourg étaient réunies à celles
du château par un mur dont on ne trouve plus que de faibles restes. De ce
qui fut fait au XIVe siècle il reste peu de chose, subsiste la base du
donjon sur la face est, conservée à l'intérieur sous forme d'une salle
heptagonale voûtée d'ogive. De nombreuses modifications y ont été réalisées
à la fin du XVIe siècle, par Jean de Fabas, à qui l'on doit probablement les
différents bastions triangulaires tournés vers le bourg. Ceux qui devaient
protéger les autres côtés de la forteresse ont été rasés; et à la fin du
XVIIe siècle, un membre de la famille du Hamel a donné au château l'aspect
que nous lui voyons actuellement, et en fit ainsi une des plus belles
habitations de la Guienne. Il présente aujourd'hui trois bâtiments en U,
dont les deux corps latéraux sont moins élevés que le corps de logis
principal. Le quatrième côté de la cour est fermé par les anciennes écuries
au centre desquelles s'ouvre l'ancien porche d'entrée formant pavillon. Les
tourelles d'angle, coiffées d'une toiture en éteignoir, sont ceinturées par
la corniche médiane. L'entrée sud du château présente une porte à
encadrement de pierres à refends. Les chambranles sont renforcés par deux
petites colonnes à tambour qui supportent le tableau surmonté d'un fronton
coupé dont les rampants se terminent en volutes.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château : inscription
par arrêté du 20 juin 1963. (2)
château du Hamel,
16 route de Langon, 33210 Castets-en-Dorthe, propriété privée, se visite sur
rendez-vous ???
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A voir sur cette page "châteaux
de Gironde" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
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