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On trouve dans l'Histoire de la Grande-Sauve, par M. l'abbé Cirot de La
Ville, qu'un Guillaume de Curton et Richard de Rions voulaient, à la fin du
XIIe siècle, retenir par force les droits de justice sur le bourg de
Corbelac; mais que, appelés à soutenir leurs prétentions par serment, ils se
désistèrent. Comme il existe un Curton à 2 kilomètres de La Sauve, il
pourrait se faire que Guillaume était possesseur de cette localité et non du
château de Curton, car on trouve dans le Gallia Christiana qu'Arnaud était à
cette époque seigneur du château de Curton. Une grande quantité de
possesseurs de cette seigneurie ayant porté le nom d'Arnaud, il est assez
probable que celui-ci était un de leurs ancêtres. En 1299, on trouve un
Amanieu de Curton, damoiseau, qui avait laissé des dettes à Londres; il
devait à Guillaume Dusçhakl la somme de 22 livres 10 sous. Il possédait en
1274 des terres dans les environs de Rions; il possédait aussi à la même
époque, avec Arnaud-Bernard de Preyssac, damoiseau, la terre de Lanhac (Daignac),
dont il devait hommage au roi d'Angleterre avec une lance pour esporle à
chaque changement de seigneur. Il était tenu de faire le serment devant le
sénéchal de Gascogne; il devait aussi fournir un chevalier pour l'armée du
roi; mais Élie de Lanhac, qui était co-seigneur de la même terre, devait la
moitié de ce chevalier. Cet Amanieu était probablement un parent, peut-être
le fils d'Arnaud. Au début du XIVe siècle, on trouve, un Arnaud de Curton
qui reçut, le 23 septembre 1324, une lettre du roi d'Angleterre qui le
priait de lui rester fidèle et de défendre, de concert avec les autres
barons de la Guienne, leur pays que les Français avaient soudainement et
traîtreusement envahi. En 1330, Édouard III était fatigué de la guerre; il
envoya des messagers à la cour de France pour la faire cesser, et en même
temps il fit part de cette démarche à ses fidèles de l'Aquitaine, parmi
lesquels on trouve Arnaud de Curton, auquel, comme récompense des services
qu'il lui avait rendus, il donna, le 27 avril, la justice haute et basse des
paroisses qui entourent le château: Daignac, Espiet, Grésillac et Tizac.
La guerre entre la France et l'Angleterre avait recommencé, ou plutôt avait
été poussée avec plus d'ardeur. Arnaud avait la confiance du roi, car il fut
chargé le 23 juillet 1342, de concert avec Bernard Ézi d'Albret, Guillaume
Amanieu et Gérard du Puy, de ménager un traité d'amitié avec Alphonse, roi
d'Espagne, et de discuter les conditions d'un mariage entre son fils aîné et
l'une des filles de ce roi. La guerre continuait avec un acharnement
toujours croissant; la Guienne était envahie de tous côtés par les armées du
roi de France. En 1356, nous voyons apparaître Petiton de Curton, qui était
probablement fils d'Arnaud. Il était présent partout où il y avait des coups
à donner ou à recevoir, des villes à prendre ou à piller, des aventures à
courir. En 1363, nous trouvons un Senebrun, seigneur de Curton, qui vient
faire hommage au prince de Galles dans l'église Saint-André. En 1377, il
rendit encore hommage à Richard II, qui venait d'être couronné roi
d'Angleterre; ce qui donne à penser que Petiton était frère puîné de ce
Senebrun, peut-être bâtard d'Arnaud. En 1372, nous trouvons Petiton de
Curton en Saintonge. En 1373, il fut de ceux qui, sous les ordres de Thomas
Felton, vinrent au secours de Thouars, assiégé par Du Guesclin. Cette
expédition ne réussit pas. Thomas de Curton, qui lui avait fort probablement
succédé, assistait en 1378 au siége de Saint-Mambert en Médoc. C'était la
dernière place que, pour le moment, les Français tenaient dans le Bordelais.
La place fut prise. Vers 1387, le seigneur de Curton mourut sans enfants
mâles, et la seigneurie de Curton passa, probablement par un mariage,
peut-être par un achat, peut-être aussi par une concession du roi
d'Angleterre, entre les mains de Louis de Beaumont. Henri VI, qui le
comblait de bienfaits, en fut mal récompensé: Louis passa au roi de France.
Henri confisqua le château et la terre de Curton, et en fit don, le 13
novembre 1449, à la ville de Bordeaux.
Après la conquête de la Guienne par Dunois, Charles VII donna, par lettres
patentes du 4 juin 1451, la baronnie de Curton à Jacques de Chabannes,
seigneur de la Palice, qui, dans cette expédition, fit preuve de courage et
de talent. La ville de Bourg fut placée sous ses ordres. Il assistait en
1453 à la bataille de Castillon, où il reçut une blessure dont il mourut
quelque temps après. Depuis cette époque, la seigneurie de Curton est restée
jusqu'à la Révolution dans la famille de Chabannes de la Palice, dont les
membres s'illustrèrent plus ou moins. En 1 563, elle fut érigée en marquisat
en faveur de François de Chabannes. En 1782, "le château de Curton était
composé d'une tour, de plusieurs bâtiments en mauvais état, de chambres sans
plancher, d'écurie, grange et cour. Un bois régnait autour du château. Les
terres contiguës au château, l'emplacement du château, les jardins, le bois,
occupaient une surface de quarante-trois journaux quinze réges. Cinquante
autres pièces de terre, tant en vignes, terres labourables, bois taillis,
prairies, situées dans les paroisses de Espiet, Daignac, Grésillac,
formaient ensemble environ cent 178 journaux, qui furent estimés à 82,640
livres. Les fiefs qui dépendaient du marquisat de Curton, situés dans la
paroisse de Daignac, Tizac, Dardenac, Nérigean, Moulon, produisaient en
cens, rentes ou dimon, 32,360 livres. Les cens, rentes, agrières, lods et
ventes, perçus dans les paroisses de Rions, Cadillac et lieux circonvoisins,
donnaient 22,000 livres; enfin, la haute et moyenne justice sur les
paroisses de Tizac, Espiet et partie de Daignac, produisaient 15,700
livres". Le château de Curton a été vendu, comme bien national, au
commencement de la Révolution; il appartenait à la fin du XIXe siècle à M.
Darvoy, maire de Daignac. (1)
Éléments protégés MH : le château de Curton en totalité : inscription par
arrêté du 7 janvier 1926. (2)
château de Curton 33420 Daignac, tel. 05 57 24 25 42, propriété vinicole,
et un gîte aménagé à l'intérieur du château.
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