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On peut commencer la notice sur le château
de Pressac par cette phrase consacrée: L'origine de son histoire se perd
dans la nuit des temps. Et, en effet, deux ou trois faits isolés et
problématiques, c'est tout ce qu'on trouve antérieurement à la fin du XVe
siècle. A la fin du XIe, Bernard de Castillon et Ratier de Daignac
possédaient dans la paroisse de Daignac des terres qu'ils donnèrent à
l'abbaye de La Sauve-Majeure. Le 20 mars 1274, Amanieu de Curton, damoiseau,
et Arnaud-Bernard de Preyssac, aussi damoiseau, reconnaissent tenir en fief
d'Édouard 1er la terre de Lanhac (Danhac, Daignac?). Cette terre doit
fournir un chevalier pour le service militaire: Élie de Lanhac, qui en est
coseigneur, doit en fournir la moitié; mais Amanieu doit se porter garant
pour les deux autres. Ceci paraît prouver qu'au XIIIe siècle, Arnaud-Bernard
de Preyssac, soudan de La Trau, possédait une terre près de Curton, dans la
paroisse de Lanhac (évidemment Daignac). Il est fort probable qu'il y fit
bâtir un château auquel il donna son nom, et qu'il transmit à ses
successeurs le titre de soudan, qu'ils ont porté jusqu'à la Révolution.
Cette terre passa dans la suite entre les mains de la famille de Ségur. On
trouve dans un acte d'inféodation du 20 janvier 1438, qu'elle était alors
entre les mains de Pey de Ségur. A la fin du XVe siècle, Jean de Ségur est
qualifié soudan de Pressac. Dans un bail à fief nouveau du 22 mars 1500,
Guiron de Ségur, chevalier, fils de Jean de Ségur, est qualifié captal de
Puchagut, seigneur de Théobon et de Pressac; dans un autre bail de 1501, il
porte en outre le titre de seigneur de Landerouat. Il avait épousé Yzabeau
de Meyrac, dame de Théobon de Landerouat et de Cantenac, qui lui donna deux
fils, Gaston et Guillot, et une fille nommée Catherine. Il mourut avant la
majorité de ses enfants, ainsi que le prouvent deux reconnaissances, l'une
du 25 août et l'autre du 16 octobre 1507 faites en faveur d'Yzabeau de
Meyrac, mère et tutrice de ses enfants.
Dans une reconnaissance datée de 1509, Gaston de Ségur est qualifié seigneur
de Puchagut, de Théobon et de Pressac. En 1512, il termina un procès qui
durait depuis cent quatre-vingt-deux ans entre les seigneurs de Pressac et
de Curton. Édouard III avait donné à Arnaud de Curton la justice haute et
basse de la paroisse de Daignac. Il est probable que le roi d'Angleterre
avait fait cette concession à Arnaud, dont il avait à se louer, sans se
préoccuper du seigneur de Pressac, dont le château est, comme celui de
Curton, dans la paroisse de Daignac; de là des contestations, qui, à la
longue, se terminèrent à l'amiable. Voici le résumé de la transaction qui
fut passée, le 13 novembre 1512, entre Jean de Chabannes, seigneur de Curton,
et Gaston de Ségur, et qui fixe les limites des deux juridictions: "L'étang
qui est au dessous du château de Pressac demeurera à Gaston, ainsi que la
chaussée dudit étang; les villages de Larmavaille, de Peyrefite et du
Temple; le parc et le domaine de Pressac, les maisonnettes qui sont au pied
du parc dudit château de Pressac, et la moitié de l'église de Daignac. A
partir du milieu de cette église, on tracera vers l'est une ligne, et tout
ce qui se trouvera au sud de celte ligne appartiendra à Gaston, et tout ce
qui se trouvera au nord appartiendra à Jean de Chabannes. Les villages de
Taulemises, es maisons de Boisset, de Bonnet et de Bouchet, seront dans la
juridiction du seigneur de Curton. Ainsi, depuis la chaussée de l'étang
jusqu'au carrefour de La Loze, de là tirant vers le sud jusqu'au porche de
l'église, et la moitié de l'église, telles sont les limites pour cette
partie du territoire. De l'église, les limites seront tracées par le chemin
qui va à Peyrefit jusqu'au carrefour, où il y a un chemin qui va de Dardenac
à la croix de Guillac, laissant ledit chemin et tournant à main gauche, et
suivant icelui chemin qui vient de Dardenac et va à la croix, laquelle est
assise sur le chemin par lequel l'on va de Guillac à Curton. Tout le sud de
cette ligne sera de la juridiction de Pressac, qui aura justice haute, basse
et moyenne".
Si l'on en croit R. Guinodie, Gaston de Ségur aurait épousé Jeanne, fille de
Michel de Chassaigne, seigneur de Génissac, de laquelle il aurait eu Isabeau
de Ségur, dame de Génissac, mariée à Louis de Pierre Buffière. D'un autre
côté, je trouve dans deux reconnaissances, l'une datée du 7 et l'autre du 23
mars 1530, et dans un arrêt du Parlement de Bordeaux du 27 mars de la même
année, que la seigneurie de Pressac appartenait à messire François de Pierre
Buffière, chevalier, baron de Château-Neuf, captal de Puchagut, soudan de
Pressac, seigneur de Théobon et de Landerouat, mari de Catherine de Ségur,
fille de Giron de Ségur et sœur de Gaston. Enfin, Geoffroy de La Chassaigne,
qui fit son testament le 28 octobre 1 564, est qualifié dans tous les actes
de soudan de Pressac. De là, on peut conclure que la famille de La
Chassaigne s'est établie dans le Bordelais plus anciennement que ne l'a
écrit M. O'Gilvy dans la généalogie de cette famille; que Jean de La
Chassaigne ne tenait pas la soldanie de Pressac par suite d'un mariage avec
une demoiselle de la maison de Ségur, puisque François de Pierre Buffière en
fut seigneur après Gaston; mais qu'une parenté très rapprochée existant à
cette époque entre ces trois familles, la terre de Pressac passa par
héritage entre les mains de Geoffroy de La Chassaigne. Il était second
président au Parlement de Bordeaux, seigneur de la maison noble de Gassies,
en Queyries, devant la ville de Bordeaux, du château de Castets-en-Dortheet
autres lieux. Il joua un rôle fort dangereux pendant les troubles de la
gabelle à Bordeaux, en 1548. Depuis cette époque jusqu'en 1809, la soldanie
de Pressac est restée dans cette illustre famille, dont la généalogie a été
publiée par M. O'Gilvy. Je n'ai trouvé pendant ce long espace de temps qu'un
fait digne d'être signalé.
Geoffroy de La Chassaigne, fils aîné de François de La
Chassaigne, avait avec le sieur de Puiredon un procès au sujet des
possessions substituées à sa famille. Il paraît que ce dernier, trouvant que
la justice n'était pas assez expéditive en suivant les voies ordinaires,
voulut se la faire lui-même. Il prit avec lui un nommé Falzar, soldat de
garde du maréchal de Schomberg, gouverneur du Languedoc, et plusieurs autres
personnages, et, se servant de l'autorité et du nom de ce seigneur, il
s'empara du château de Pressac, en chassa les domestiques, brisa les portes
et les fenêtres, dégrada les bois des environs, et commit toutes sortes
d'excès. Geoffroy se plaignit au Parlement, et, par suite d'une ordonnance
royale datée du 20 décembre 1641, on fit une enquête pour punir les
coupables. Le dernier seigneur de Pressac, Jacques-Christophe de La
Chassaigne, mort en 1809, avait légué la terre de Pressac à M. Benazet,
avoué. M. le général vicomte Darmagnac en devint acquéreur quelque temps
après. Son fils l'a vendue à M. Bessières, à qui elle appartenait encore à
la fn du XIXe siècle.
Le château de Pressac est situé sur un promontoire rocheux faisant partie
des coteaux qui bordent la rive droite de la vallée. Au lieu de bâtir le
château sur la pointe du promontoire, on l'a construit un peu en arrière de
façon à permettre de le défendre encore de ce côté par un fossé, dont la
terre et les pierres rejetées en dehors ont formé un vallum dont la crête
est fort étroite et le talus très rapide. D'après la disposition de son
plan, le château peut se diviser en deux parties séparées par les coupures.
Pour arriver dans la première partie, qui forme une langue de terre qui
occupe toute la largeur du promontoire, il faut traverser la coupure sur un
pont, au bout duquel on trouve une porte ogivale défendue par un moucharabys
sur trois consoles, mais dont les assommoirs sont bouchés par une pierre
plate percée d'une petite embrasure ronde pour armes à feu. Les abords de
cette porte étaient défendus par des courtines percées d'embrasures dans le
bas et couronnées de mâchicoulis sur consoles à trois assises surmontés d'un
parapet pointillé de petites meurtrières rondes pour arquebuses. De distance
en distance, des échauguettes perchées sur des culs-de-lampe pyramidaux et
coiffées d'une calotte sphérique interrompent le chemin de ronde. Leurs
petites embrasures circulaires prennent la courtine en flanc et la coupure
en enfilade. On monte sur ce chemin de ronde par un escalier à vis placé
dans une tour circulaire engagée dans le mur, près de la porte. Dans le
dernier palier, on a pratiqué des meurtrières qui battent le chemin de ronde
lui-même et la campagne par dessus les parapets. Le bastion et la courtine
sont fortifiés de la même façon, sauf qu'ils n'ont jamais eu d'échauguettes
ni de mâchicoulis; il est vrai que les abords étaient plus difficiles de ce
côté que de celui du plateau. Cette courtine se relie aux grosses tours du
château et ferme 'extrémité de la coupure, clôturée aussi par un mur à
l'autre bout.
Toute cette partie du château de Pressac est du XVe siècle et disposée pour
l'usage des armes à feu; elle conserve d'ailleurs toutes les autres
dispositions des siècles précédents; il n'y a que les embrasures et les
meurtrières de changées. La forme des consoles des mâchicoulis, leur
espacement, leur grandeur, sont en tout conformes à ceux des siècles
précédents; seulement, le parapet est continu au lieu d'être crénelé. A
droite de la porte, on rencontre une vaste salle à deux travées, voûtée à la
française et surmontée d'appartements: c'était, dit-on, la chapelle; elle
est, je crois, du XVIe siècle. Le château proprement dit a la forme d'un
hexagone irrégulier, contre les courtines duquel s'appuient des bâtiments
dont il est fort difficile de découvrir la date, parce qu'ils sont
badigeonné du haut en bas et que toutes leurs ouvertures ont été refaites;
seule, la portion qui borde la coupure n'avait qu'un mur surmonté d'un
chemin de ronde. Les bases de cette portion du château sont du commencement
du XIVe siècle. Au XVe siècle, il a été entièrement modifié, et enfin, au
commencement du XIXe siècle, Mme la vicomtesse Darmagnac l'a presque
totalement transformé; mais on paraît ne s'être pas écarté du plan primitif
ou des modifications du XVe siècle. En résumé, ce château, qui, comme
disposition du plan, ressemble à celui de Malengin, doit avoir été fondé
dans le premier tiers du XIVe siècle. Il existe de cette époque la base de
tous les murs du château proprement dit, les deux premiers étages des tours
de la porte, et une partie de la tour octogone. Cent ans plus tard, on
sentit la nécessité de modifier les forteresses pour résister aux armes à
feu. A la même époque, on en fit autant à celui de Pressac; on métamorphosa
les anciennes meurtrières en embrasures disposées pour un tir rasant. On
enveloppa la barbacane, réservée entre les deux coupures, d'un mur épais
garni d'embrasures et d'un chemin de ronde mâchicoulisé, destinés à défendre
le château du côté du plateau, le seul accessible. Enfin, au milieu du XIXe
siècle, de grandes réparations ont fait de ce vieux manoir une habitation
des plus confortables. (1)
Éléments protégés MH : le château y compris le pigeonnier : inscription par
arrêté du 15 juin 1951. (2)
château de Pressac 33420 Daignac, tel. 06 31 81 60 99, propriété
viticole, le vignoble s’étend sur 16 hectares sur la commune de Daignac, en
plein cœur de l’Entre Deux Mers entre Dordogne et Garonne et à 33 km de
Bordeaux. La vigne est cultivée sur un sol argilo calcaire : le calcaire
permet aux racines de la vigne d’aller puiser l’eau qui est restituée par
l’argile petit à petit avec régularité…. Cela donne des vins fins avec un
fruit dominant et une belle puissance. Se visite également aux journées du
patrimoine.
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constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
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illustrer cette page, merci. Le seigneur n’est pas propriétaire de son
château. Il ne l’a pas acheté. Il l’a reçu en dépôt et doit le transmettre
après lui. Il a le devoir de s’en occuper, de le faire fructifier et de
veiller aux gens qui y vivent…
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