|
Des mentions feraient remonter la seigneurie
de Thau au XIVe siècle : l'abbé Baurein évoque un acte du 4 octobre 1363 par
lequel la dame d'Ornon fait un legs de cent écus d'or à "Ayquem de Gauriac
de Taur en Borses (en Bourgez)". Le château médiéval aurait été détruit au
cours de la guerre de Cent Ans. Au XVe et au début du XVIe siècle, J. de
Matas ou Martat apparaît comme seigneur de Thau en Bourgès. Dans la seconde
moitié du XVIe siècle et dans la première moitié du XVIIe siècle, Romain
Sudre est dit sieur de Thau. Les vestiges les plus anciens conservés du
château paraissent dater du XVIe siècle. Les ruines laissent apparaître des
remaniements intervenus au XVIIe siècle, notamment la porte d'accès est du
logis dans l'axe du pont enjambant le fossé. Le colombier date du XVIe ou du
XVIIe siècle. En 1700, la réalisation d'un inventaire du mobilier du château
de La Roque-de-Thau indique qu'il appartenait alors à Louis de Grimard,
président au parlement de Bordeaux, décédé cette même année. Il passe
ensuite entre les mains de la dame Dussault, qui perçoit au nom de sa maison
noble de Thau des droits de péage sur les vins, marchandises et denrées
transitant par les ports des environs (vers 1729-1737). Il s'agit de Marie
Dussault, veuve d'Allain-Joseph de Fayet, conseiller au parlement de
Bordeaux. Elle est la fille de Jean-Louis Dussault et de Marie Le Blanc de
Mauvezin, et la petite-fille de Philibert Dussault et de Jeanne de Grimard.
Sa fille, Marguerite de Fayet, épouse en 1719 Jean-Baptiste Lecomte de La
Tresne (1695-1768): celle-ci, alors veuve, rend aveu en 1772 pour les
château et seigneurie de Thau. A sa mort en 1782, sans descendance directe,
le château de Thau revient à Antoine de Bodin Dussault de Saint-Laurent,
chevalier, seigneur de la baronnie de Thau en Bourgès, de la maison noble de
Boisselat et autres lieux.
Antoine de Bodin Dussault de Saint-Laurent étant guillotiné à la Révolution,
le domaine de Thau comprenant 46 journaux est vendu comme bien national à
Léonard Bouet pour la somme de 48619 francs. Édouard Guillon rapporte
l'expertise qui en est faite en 1795 pour la mise en vente: "Ce lot consiste
en trois journaux de mauvais rochers escarpés sur lesquels sont les ruines
d'un grand bâtiment, cours, arrière-cours, plate-forme et autres ruines. Les
dites ruines où était la maison de maître présentent un ancien château en
grande partie démoli et le reste totalement dégradé, de manière à ne pouvoir
servir d'aucun appartement, et qu'il n'y a que les matériaux de la
démolition déjà faite et à faire qui soient susceptibles d'estimation. Il
fut estimé mille quatre cents livres". L'examen du bâti fait apparaître que
divers aménagements ont été apportés au XVIIIe siècle: portails sud et est
de la cour principale, balustrade occidentale. Après l'épisode
révolutionnaire durant lequel l'ensemble a été pillé et endommagé, le
château appartient en 1820 à la famille Viaud, famille de carriers, qui
exploite les carrières de pierre de Mugron mais également des carrières à
Bayon-sur-Gironde. Ils possèdent dans cette même commune le château Eyquem à
partir de 1840. Après l'archéologue Léo Drouyn qui dessine en 1865 un plan
"des ruines considérables", Édouard Guillon qui visite les lieux en 1866
indique que ce château "fut enfin acheté par M. Viaud, père du propriétaire
actuel, qui le fit restaurer, rétablit ses charpentes, mit un peu d'ordre
parmi ses ruines, créa le nouveau vignoble et laissa le tout à son fils, le
propriétaire actuel". Ce dernier fait aussi construire en 1872 le château de
Banly à Gauriac, à proximité des ruines de Thau. La famille est également
mentionnée depuis le milieu du XIXe siècle dans les éditions successives de
l'ouvrage Bordeaux et ses vins, avec une production de 50 tonneaux en 1850,
60 en 1893, 80 en 1898. En 1963, le domaine est acquis par la famille
Schweitzer. Les bâtiments viticoles ont été en partie modernisés au cours du
XXe siècle pour répondre aux besoins de production des crus du domaine.
Le château est situé sur un promontoire rocheux, dominant la vallée du
ruisseau du Grenet au nord et à l'est, et la route départementale de Bourg à
Blaye à l'ouest. Une longue allée, au sud, donne accès à un portail et à la
cour principale. Celle-ci est délimitée au sud par des bâtiments de
dépendance et logements annexes de part et d'autre du portail, par une
longue balustrade à l'ouest, et les vestiges du corps de logis sous la forme
de deux ailes disposées dans l'angle nord-est; un autre portail au sud-est
de la cour donne accès aux dépendances agricoles et viticoles, avec le
colombier. Sur le flanc est, un fossé sec longe le corps de logis, doté d'un
pont en pierre d'accès à la porte principale sur la façade orientale. Au
sud-est se déployaient les jardins, dont seuls les éléments de terrasses
maçonnés et une fontaine sont conservés. L'aile orientale du corps de logis
est flanquée de deux tours rondes et d'une tour carrée à l'est. La façade
sur cour est percée de deux vastes baies cintrées ; la porte principale sur
la façade orientale, cintrée, est encadrée de pilastres à bossage et
surmontée d'un fronton cintré à tore avec sphères en amortissement et table
décorative. Les maçonneries entre la tour nord-est et celle flanquant au
nord l'aile nord du logis présentent un arrachement qui témoigne de
remaniements apportés; on remarque également des oculus (ouvertures de tir)
en partie haute. L'aile nord est dotée d'une tour au nord-est, tandis que
les vestiges de deux autres tours rondes flanquent le promontoire rocheux à
l'ouest. L'aile nord conserve un escalier intérieur tournant à jour. Une
porte est visible dans les parties basses du rocher (poterne). Les deux
portails d'accès à la cour, au sud et à l'est, présentent des formes
similaires: porte à encadrement mouluré, encadrée de pilastres, entablement,
fronton cintré avec table décorative encadré de volutes. Côté cour, les
portails sont agrémentés d'un œil-de-bœuf. Le portail est n'est pas sculpté
sur sa face est, côté bâtiments de dépendance. Le colombier de plan
circulaire a été restauré en partie haute: on retrouve le larmier en partie
supérieure, ainsi que des lucarnes donnant jour et accès aux oiseaux. Les
trous de boulins à l'intérieur sont en terre cuite, ménagés dans la
maçonnerie en moellon. Un long chai est situé au sud-est du colombier,
construit en moellon: il abrite des cuves en béton. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures de l'ensemble des
bâtiments, les deux cheminées du premier étage, la terrasse avec balustrade
et la terrasse du plan inférieur : inscription par arrêté du 22 novembre
1989.
château de Thau 33710 Gauriac, tel. 05 57 64 80 79, propriété viticole
(côtes de Bourg).
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
pouvez enrichir notre base de données en nous adressant un historique
détaillé et des photos pour illustrer cette page, merci.
A voir sur cette page "châteaux
de Gironde" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|