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Château de Landiras (Gironde)
 
 

 Le château de Landiras a cela de commun avec presque tous ceux de Guienne qu'on ne connaît quelques fragments de l'histoire de leurs possesseurs que depuis le XIIIe siècle. Le premier seigneur de Landiras qui soit venu à notre connaissance portait le nom de Rostang. Guillaume le Templier, archevêque de Bordeaux, lui acheta vers 1173 la quatrième partie de la grande dîme de Barsac, et la donna au chapitre de la cathédrale de Bordeaux. En 1235, un Rostang, peut-être le même, en était seigneur; il fit partie d'une assemblée de la noblesse et du clergé de la Guienne, tenue à Bordeaux dans le but d'élire des députés chargés de porter au roi d'Angleterre les plaintes des habitants contre ses officiers, qui ne cessaient de commettre en son nom des excès de tous genres. En 1243, Henri III, roi d'Angleterre, étant à Bordeaux, écrivit à Rostang de Landiras (Bustano de Landirans) et à plusieurs autres seigneurs des Landes de Bordeaux de se trouver à Bordeaux le dimanche des Rameaux pour lui rendre hommage; puis il ordonne à tous ceux des Landes de Bordeaux de se rendre à Belin le jeudi après la fête de Saint-Pierre-ès-Liens, bien armés et bien montés, pour le service militaire. Vers la fin du XIIIe siècle, Landiras appartenait à Gaillard de La Mote. Après sa mort, cette terre fut donnée à sa femme par le roi d'Angleterre, le 8 juin 1284. Elle n'avait eu, paraît-il, qu'une fille nommée Clairemônde de La Mote, qui, ayant épousé Jean 1er de Grailly, lui apporta en dot la seigneurie dont elle avait hérité, et qui, passa peu de temps après dans les mains de Jean Rossel, chevalier, qualifié seigneur de Landiras dans une lettre qu'il reçut du roi d'Angleterre le 18 juillet 1315. Comme presque tous les hauts barons de la Guienne, celui de Landiras donna à Édouard III des preuves d'affection, dont il fut remercié le 10 mars 1328. Gaillardde Saint-Symphorien, qui était deux ans après seigneur de cette terre, reçut, le 27 avril 1330, des remercîments du même monarque. Nouvelles félicitations et promesses de récompenses lui arrivèrent le 25 juin 1337.

Le 24 mars 1338, Gaillard de Saint-Symphorien, obtint du roi la terre et le baillage de Blanquefort. Le 21 juin 1340, Édouard III lui donna le droit de justice haute et basse sur les paroisses d'Illats, Lassats, Guillos, Brach et Saint-Michel de Rieufreit. Jean de
Saint-Symphorien, qui fort probablement était son fils, est, le 23 novembre 1341, qualifié seigneur de Blanquefort et de Landiras. Le roi lui rendit, le 16 juin 1342, le droit de justice que possédait son père sur les diverses paroisses citées plus haut, en y ajoutant celle d'Hostens. Depuis cette époque et jusqu'à la conquête de la Guienne, nous voyons les seigneurs de Landiras marcher à la tête de la noblesse du Bordelais et prendre part aux affaires les plus importantes. Peu de temps avant la venue du comte de Derby en Guienne, le sire de Landiras est au nombre des députés qui furent chargés de passer en Angleterre pour prévenir le roi que les Français étaient à peu près maîtres du pays; qu'il était urgent de pourvoir à sa défense, et d'envoyer des troupes et un bon général pour chasser l'ennemi. Il suivit le prince de Galles dans son expédition en Languedoc, prit part à la bataille de Poitiers, et accompagna le prince Noir lorsqu'il partit pour l'Angleterre, emmenant avec lui le roi de France et son fils, ses prisonniers. A la même époque, vivait un Élie de Landiras, probablement parent, peut-être frère de Jean de Saint-Symphorien. En 1354, il était capitaine de Tonnay-Charente et chargé par le roi de faire respecter, dans cette partie de la Saintonge, la trève faite avec le roi de France. Il eut une mission semblable en Poitou après la bataille de Poitiers. A la même époque aussi vivait messire Pierre de Landiras, autre frère probablement, peut-être même fils de Jean de Saint Symphorien; il était compagnon d'armes du soudan de La Trau, de Petiton de Curton, et de tous ces chercheurs d'aventures que l'on trouvait partout où il y avait des coups à donner, du butin à prendre, et, il faut le dire aussi, de la gloire à conquérir; il suivait, en 1372, le captal de Buch lorsque ce capitaine vola au secours du comte de Pembrock, qui venait d'être pris à La Rochelle par les Espagnols.

Le 21 juillet de l'année précédente, on le trouve parmi les témoins du procès-verbal constatant que Jean, duc de Lancastre, s'est démis de la lieutenance d'Aquitaine entre les mains du connétable et du sénéchal de cette province. Jean de Saint-Symphorien avait marié sa fille Isabeau de Saint-Symphorien avec Jean de Straton, dont le nom indique une origine anglaise. Il n'eut probablement pas d'autre héritier direct, puisque cette dame apporta à son mari la seigneurie de Landiras; il est, en effet, qualifié seigneur de Landiras le 18 août 1373, et gratifié, de concert avec son épouse, des biens et des héritages qui avaient appartenu à Arnaud de Camparian, bourgeois de Lordeaux. On voit par le Catalogue des rôles gascons, que le roi d'Angleterre ne cessait de le combler de bienfaits. Messire Pierre de Saint-Symphorien, autrement appelé de Landiras, qui était baron, chevalier et coseigneur de l'Ile Saint-Georges, qui peut-être avait des droits à la succession de Jean de Saint-Symphorien, ne vit probablement pas de bon œil la terre de Landiras passer entre les mains d'un seigneur anglais; aussi prit-il part, en 1375, à la conspiration qui finit par le supplice du seigneur de Pommiers. Il ne dut lui-même son salut qu'aux démarches que firent ses amis et au défaut de preuves positives. Le 17 septembre 1382, le roi d'Angleterre, oubliant la faute pour ne se rappeler que les services antérieurs, lui accorda une pension annuelle. Lorsque le duc d'Anjou et Du Guesclin vinrent en Guienne en 1377, le château de Landiras fut au nombre des cent trente trois places qui furent prises par les Français. Il appartenait alors à Jean de Straton. Ce seigneur prit part à la passe d'armes qui eut lieu à Bordeaux, en 1387, entre le seigneur de Larochefoucauld, français, et Guillaume de Monferrand, gascon anglais. Tout se passa à merveille, au grand plaisir des seigneurs et des dames qui assistèrent à ce spectacle, et auxquels Jean de Harpedane, sénéchal de Gascogne, donna à souper. Le lendemain, ils quittèrent tous la capitale et se retirèrent dans leurs propriétés.

Le roi d'Angleterre accorda, le 8 juillet 1389, à Jean de Straton, le privilège de jouir des mêmes libertés que les habitants de Bordeaux. Il devait être mort en 1408, puisque, le 28 août de cette année, le même privilège fut accordé à Isabeau, son épouse, qui ne laissa de son mariage avec Jean que deux filles, Marguerite et Isabeau. Cette dernière épousa Bertrand de Montferrand, seigneur de La Trau et de Langoiran, à qui elle apporta en dot la terre de Landiras, qui resta pendant plus de deux cents ans dans la maison de Montferrand. Elle appartenait, à la fin du XVIIIe siècle, à M. de Brassier, qui avait épousé Catherine-Delphine de Monferrand, héritière de son frère Armand, marquis de Montferrand, premier baron, sénéchal de Guienne, le dernier de cette ancienne maison, mort en 1760. Sa fille, Delphine de Brassier, l'apporta en dot à Michel de La Roque, baron de Budos, dont le fils, Charles-François-Armand de La Roque, baron de Budos, la possédait encore au moment de la Révolution. Ce seigneur ayant émigré en 1793, le château et le domaine qui en dépendait furent vendus en parcelles au profit de la nation. Le manoir fut dévasté par les sans-culottes, et servit pendant plusieurs années de carrière à la disposition du premier venu. Depuis lors, il a passé entre les mains de huit à dix propriétaires; il appartenait à la fin du XIXe siècle aux enfants de M. Dupuy, de Villandraut, membre du Conseil général de la Gironde.

Le château de Landiras s'élève au milieu d'une vaste plaine. A l'ouest et au sud s'étendent des landes rases ou complantées de pins; au nord, et surtout à l'est, on trouve des bouquets de bois, des vignes et des terres labourées. Son plan, dont la forme générale se rapproche de l'ovale, est un des plus considérables de la Gironde. Il se compose d'une enceinte principale défendue par un fossé, large en certains endroits de 15 mètres, et dont on ne peut connaître la profondeur parce qu'il est à peu près comblé. A l'extrémité septentrionale de cette en ceinte s'élève le château proprement dit, séparé de la grande basse-cour par un fossé particulier, mais se reliant par deux des extrémités au fossé principal. Dans la portion des fossés qui entourent la citadelle, et qui ont encore leur profondeur primitive, existent quatre sources abondantes, et ce sont probablement elles qui ont motivé l'érection d'une forteresse dans cette localité; l'eau qui en provient s'écoule dans le fossé de la basse-cour par une écluse. La contrescarpe de ce fossé était bâtie en pierres de taille. La porte est située à l'est; elle s'ouvrait sous une tour carrée en saillie sur le fossé. Le plan du château proprement dit est un heptagone irrégulier se rapprochant du carré, entouré de murs épais. Les angles sud, sud-ouest et ouest sont renforcés par des tours polygones et massives, espèces de contreforts qui devaient être creux dans la partie supérieure et concourir à la défense des courtines. Deux autres gros contreforts carrés flanquent les murs sud et ouest. La porte d'entrée, tournée vers l'est, était précédée d'un pont dont on ne voit plus que les arrachements. Elle s'ouvre entre deux minces tours octogones à demi engagées dans la courtine; sa forme primitive était ogivale; les sommiers et les premiers claveaux de sa voussure subsistent encore dans les murs des tours. Elle a été remplacée au XVIIe siècle par une porte à sections droites, dont les jambages surmontés de mascarons sont appareillés en bossages, et sur le linteau de laquelle ont été sculptées les armes des Montferrand, qui possédaient alors le château.

Après avoir traversé le couloir de la porte, on se trouve dans une grande salle, dont on ne retrouve plus que les fondations, et qui devait être une antichambre disposée comme celles de Roquetaillade et de Curton, et, comme elles, destinée à retenir entre deux portes les charrettes qui portaient des provisions dans le château. Les magasins devaient être d'un côté, la cuisine et les autres dépendances de l'autre. Tous ces bâtiments, dont il ne reste plus rien, enveloppaient une cour. Au sud de la tour massive de l'ouest, on voit une meurtrière percée dans un mur très épais, et si étroite, qu'elle devait n'être destinée qu'à donner du jour. Une poterne, placée au nord de cette même tour, permettait de sortir de la forteresse sans en faire le tour complet. Le puits est creusé dans l'angle intérieur de cette même tour. Si l'on en croit la Chronique bordelaise (et rien dans les caractères architectoniques ne s'y oppose), ce château a été bâti en 1306. Cependant qu'il aurait succédé à une forteresse antérieure, et qu'au XIVe siècle, on n'a fait que le reconstruire sur un emplacement plus ancien et ayant à peu de chose près le même plan. Après que le duc d'Épernon eut fait construire le château de Cadillac, la plupart des seigneurs de la province, séduits par la richesse de cette luxueuse résidence, firent subir à leurs châteaux de grandes transformations; ils voulurent avoir des portes, des fenêtres et des cheminées à la mode, c'est à dire dans le goût de celles de Cadillac. Celui de Landiras fit comme les autres, peut-être plus. Il rétrécit sa belle porte ogivale, et la remplaça par cette lourde ouverture carrée; couvrit ses cheminées de mauvaises statues, qui maintenant servent de bornes sur le bord des routes voisines; ouvrit de grandes fenêtres plus laides que la porte; enfin, dénatura son château, sans le rendre plus confortable assurément. Mais presque tout a disparu: les constructions du XIVe et celles du XVIIe siècle. Les tours de la porte et les soubassements de remparts donnent néanmoins, malgré leur état de ruine, une idée assez nette de ce que devait être cette forteresse au sortir des mains de l'ingénieur du moyen âge. (1)

château de Landiras 33720 Landiras, tel. 05 56 67 00 05, domaine viticole.

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(1)           La Guienne militaire: histoire et description des villes fortifiées, forteresses et châteaux construits dans le pays pendant la domination anglaise. par Léo Drouyn (1816-1896). Éditeur: Didron Paris (1865)

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