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Château de Langoiran (Gironde)
 
 

    Le château de Langoiran est une des forteresses les plus considérables de la Guienne. Mais son histoire ne commence à sortir de l'obscurité qu'au milieu du XIIIe siècle. En effet, en 1262, Bernard d'Escoussan, seigneur de Langoiran, comme membre de la Cour de Gascogne, assemblée dans le préau de l'Archevêché de Bordeaux, signa les sentences rendues au nom du roi d'Angleterre, en procès avec Renaud de Pons et Marguerite de Turenne, sa femme, au sujet des terres de Bergerac et de Gensac. Vingt-cinq ans plus tard, en 1287, Bernard d'Es coussan, qui prenait le titre de miles (chevalier), était seigneur de Langoiran. Quelques années après, nous voyons que cette seigneurie ou du moins sa justice était divisée entre plusieurs personnes, puisque le 3 juin 1291, Édouard 1er est obligé de protéger Seguin du Puits, citoyen de Bordeaux, et sa femme, qui avaient une partie du droit de justice dans le château et la châtellenie de Langoiran, droit que le seigneur voulait vraisemblablement leur enlever. Le 12 juillet 1291, Édouard 1er écrivit à Bernard d'Escoussan de l'aider dans la guerre qui existe entre lui et le roi de France, et de faire en sorte que, dans cette circonstance, il ait à se louer, comme toujours, de ses bons services. Un Bernard d'Escoussan, peut-être le même, en était encore seigneur en 1315, car on le trouve, sous le titre de dominus de Logoyrano, dans la liste des seigneurs auxquels Édouard II écrivit, le 18 juillet, d'ajouter foi aux paroles de Jean de Bensted, chevalier, et de Thomas de Cantorbéry, clerc, qu'il envoie en Gascogne pour des affaires importantes. En 1324, Raymond d'Escoussan était seigneur de Langoiran. Le 30 septembre, le roi d'Angleterre, alors en guerre avec celui de France, lui écrivit pour l'engager à lui être fidèle comme par le passé. Cette lettre, qui nous fait voir en quels termes les rois d'Angleterre écrivaient aux seigneurs de leurs possessions d'outre-mer lorsqu'ils avaient besoin de leurs services ou qu'ils craignaient de les voir passer à l'ennemi, est trop curieuse pour n'être pas rapportée et dans le français écrit à cette époque:
"Le Roi a nostre cher et foial Reymound de Stossan, seignur de Logeyrak, salutz. Nous avoms bien oy et entendu coment vous, par voz grantz bountes et naturesces queles vous et voz auncestres, de toct temps, avetz entièrement monstre a nous, et a noz auncestres, come noz foialx et loialx et naturelx, estes ententifs et penibles d'eider, mentenir, et defendre nous, nostre estat, nostre honur, et noz droiturs celes parties, etc. Confortez-vous, et soiez de bon quer, come nous nous fioms de vous; qar nous vous aideroms enterement". Une lettre semblable fut envoyée le même jour à d'autres seigneurs du pays, parmi lesquels on trouve Eymeric de Bourg; Guillaume Amanieu de Madaillan, seigneur de Rauzan; Guillaume Seguin, seigneur de Rions; Guillaume Sans, coseigneur de Pommiers, etc. Elle fut aussi envoyée aux jurats et aux communes de La Réole et de Sauveterre. Le 18 mars de l'année suivante, le roi écrit à Bernard d'Escoussan, fils probablement de Raymond, pour le remercier de sa bonne conduite dans la guerre contre la France. Il lui annonce qu'il partira bientôt lui-même à la tête d'une nombreuse armée; qu'il a pris en considération ses bonnes actions, ses travaux, les pertes qu'il a éprouvées, et qu'il le récompensera de façon à le rendre content par la suite; il a déjà ordonné d'envoyer des munitions et des hommes pour défendre son château. Déjà, il a fait partir des troupes, de l'argent et des vivres, qui ne tarderont pas à arriver. Trois ans plus tard, le 10 mars 1328, le roi le remercia de nouveau de sa fidélité, l'engagea à persister dans la même voie, et lui envoya maître Pierre de Galician, chanoine d'Agen, porteur de lettres de créances. Guillaume Sans de Pommiers, Guillaume Amanieu de Madaillan, seigneur de Rauzan, et le maire, les jurats et la commune de Bourg, reçurent une semblable lettre. Le 27 avril 1330, Édouard III écrit à Bernard qu'il sait tout ce qu'il a fait pour lui et pour ses ancêtres, à combien de périls il a été exposé.
Le 25 juin 1337, Édouard III écrivit de nouveau à quelques seigneurs gascons, et entr'autres à celui de Langoiran, pour les louer de leur fidélité; il les remercia des peines qu'ils avaient souffertes pour sa cause; il ajoute qu'il fera en sorte qu'ils aient à se réjouir de lui être restés fidèles. Il leur recommanda en outre d'avoir pleine confiance dans ce que leur dira, à propos d'autres affaires, Olivier Ingham, sénéchal de Gascogne. Rymer ne donne pas le nom de ce seigneur, mais il est probable que c'est ce même Bernard qui, dans un titre du 19 septembre 1335, est qualifié noble baron Bernard d'Escossan, damoiseau, seigneur de Langoyran. A cette époque, il épousa noble Miramonde de Calhau, qui était dame de Podensac. Il est probable que pendant quelque temps cette dernière seigneurie fut possédée par le seigneur de Langoiran. Le roi d'Angleterre paraît avoir accompli à l'égard de Bernard d'Escossan les promesses qu'il lui avait faites, car il lui donna le 1er juin 1342 la haute et basse justice dans les paroisses de Saint-Étienne du Tourne, de Sainte-Marie de Tabanac, de Saint-Seurin de Beaurech, de Saint-Martin de Cambes; la juridiction sur celle de Saint-Martin de Cérons, située dans la prévôté de Barsac, et sur le lieu de Feyrère, située dans la paroisse de Cissac, dans les pins du Médoc. Il lui donna aussi le même jour les revenus sur l'exécution des jugements dans les causes criminelles, sur le ruisseau de Calemort, dans la juridiction de Saint-Magne, dans la paroisse d'Hostens. Les faveurs dont il était comblé entretinrent son zèle, et il fut un de ceux qui se rendirent en 1343 en Angleterre auprès d'Edouard III pour le prévenir que le duché de Guienne était mal gardé, que les Français couraient la campagne, et qu'il était urgent de pourvoir à sa défense. En 1315, au siége de Bergerac, il fut fait chevalier sur le champ de bataille; il partagea cet honneur avec plusieurs autres seigneurs gascons. Il suivit le comte de Derby dans son expédition en Guienne. Il paraît n'avoir eu qu'une fille, Mabile d'Escoussan, qui épousa Amanieu d'Albret, et lui apporta en dot la terre et le château de Langoiran.
Le roi devait ses gages à Bernard d'Escoussan; il écrivit le 1er juillet 1354 pour les faire payer à Amanieu d'Albret et à son épouse, fille de Bernard. Le même jour, il accorda au seigneur de Langoiran les privilèges dont jouissaient les habitants de Bordeaux. Le 11 du même mois, et le 5 août suivant, il lui rendit la paroisse de Saint-Martin de Fabro avec sa juridiction. Le 14 juillet, il lui donna mille livres de rentes à prendre sur certains châteaux, villes et terres. Le même jour, il lui fit restituer le château de Cadorte. En 1356, le sire de Langoiran assistait à la bataille de Poitiers; il avait suivi le prince de Galles dans sa chevauchée du Languedoc. Le 20 août 1360, un Amanien d'Albret, seigneur de Langoiran, et plusieurs autres, furent chargés par Édouard III de punir ceux qui violaient les trêves jurées entre lui et le roi de France. Bérard d'Albret, fils de Bérard II d'Albret et de Brunissinde de Gailly, fille du vicomte de Bénauges et de Castillon, et d'Assalide de Bordeaux, était seigneur de Langoiran en 1374. En 81, Théobald de Haut-Puy prétendait avoir des droits à la succession du seigneur de Langoiran. On avait des doutes sur sa fidélité au roi d'Angleterre: Bérard d'Albret répondit de lui, et ses terres lui furent rendues. Le château de Langoiran ne devait pas être compris dans ce que réclamait Théobald; et d'ailleurs, s'il l'était, il ne resta pas longtemps dans sa famille, car depuis 1374 Bertrand de Montferrand avait épousé Rose d'Albret, fille d'Amanieu et sœur de Bérard. En 1408, Bertrand de Montferrand est encore qualifié seigneur de Langoiran. Les seigneurs d'Albret, désirant rentrer en possession des domaines dans les localités soumises au roi d'Angleterre, passèrent avec le roi, le 16 janvier 1421, un accord par lequel ils renoncèrent à un appel fait contre lui par leurs ancêtres. Ils s'engagèrent, pour eux et pour leurs héritiers, à lui prêter hommage.
Le roi, de son côté, laissa aux Albret la jouissance de tous leurs anciens privilèges, et leur restitua toutes leurs terres. De leur côté, ils devaient remettre au roi les possessions qui lui appartenaient. Cependant des réserves furent faites pour le captalat de Buch, Vayres et Langoiran. Des contestations, à propos de ce dernier château, durèrent encore fort longtemps, puisqu'en 1427, Bertrand de Montferrand, fils de Bertrand de Montferrand, s'était pourvu auprès du roi d'Angleterre pour être mis en possession des biens et des droits qui avaient appartenu à Bérard d'Albret. Le procès n'était pas terminé en 1435. Le roi d'Angleterre, dans une lettre écrite le 9 juillet de cette année à l'archevêque de Bordeaux, au connétable de la même ville et à des hommes de loi. Jean de Veruha, homme d'armes, capitaine d'Ancory et de Gensac, expose comment Bertrand, seigneur de Montferrand et de Langoiran, le prie de reconnaître ses droits à la succession de son oncle Bérard d'Albret, chevalier. Henri VI les engage, en conséquence, à voir l'affaire, à l'examiner avec soin, à interroger les personnes qui pourraient bien les renseigner, et à lui remettre le résultat de leur délibération. Il paraît qu'ils jugèrent en faveur de Bertrand, car en 1451 il passa avec Dunois un traité par lequel, comme seigneur de Montferrand et de Langoiran, il s'engageait à lui remettre, une fois la ville de Bordeaux prise par les Français, ses forteresses les plus importantes. En 1453, il prit part à la révolte des Gascons contre le roi de France. Après la mort de Pétronille, veuve de Bertrand de Langoiran, ce domaine revint à la couronne. Monté sur le trône, Louis XI, par lettres patentes du 3 août 1461, le donna à Jean, bâtard d'Armagnac, seigneur de Lescun et comte de Cominges, gouverneur de la Guienne. En 1374, voulant s'attirer l'amitié des Gascons, il donna des lettres de grâce à plusieurs seigneurs dont les pères avaient été bannis lors de la conquête; il restitua à Gaston de Montferrand, fils de Bertrand, le château et la terre de Langoiran.
La famille de Montferrand conserva le château de Langoiran jusqu'à la fin du XVIe siècle. En effet, Gaston de Montferrand en était encore seigneur en 1 498, et Guy de Montferrand, en 1550. En 1577, Guy de Montferrand avait le commandement de presque toute l'armée protestante. De son côté, son frère était chef dans l'armée catholique; ils se trouvèrent plusieurs fois en présence sur le champ de bataille. En 1575, il reçut l'ordre d'arrêter Langoiran, qui ravageait le pays; l'ordre ne fut pas exécuté, et le seigneur de Langoiran continua ses déprédations. C'est au château de Langoiran qu'eut lieu, vers la fin d'août 1578, la rencontre du roi de Navarre et de Catherine de Médicis lorsque cette princesse vint en Guienne. Nous ne savons pas comment la baronnie de Langoiran passa entre les mains du président Daffis, qui la possédait en 1640. Neuf ans plus tard, le Parlement de Bordeaux se trouvant en guerre avec le duc d'Épernon, gouverneur de la Guienne, celui-ci, pour affamer les Bordelais et empêcher les denrées d'arriver, fit construire une citadelle à Libourne, s'empara du moulin du Ciron et du château de Langoiran. C'est un de ses écuyers nommé Beauroche qui fut chargé de prendre le château, "conqueste qui ne fut pas bien difficile à faire, n'estant gardé que par une vieille femme". Le château fut, si l'on en croit l'abbé Baurein, démoli et incendié vers cette époque, ce qui prouverait qu'il s'était quelque peu défendu. Depuis lors, il ne s'est pas relevé de ses ruines. Voici, à ce propos, ce qu'on trouve dans la réponse faite à la fin du XVIIIe siècle à un questionnaire envoyé par une personne qui voulait probablement acheter la terre de Langoiran: "Le château fut détruit par M. le duc d'Épernon; on pourrait le rebâtir à peu de frais, à cause de la quantité de pierres et matériaux qui y sont. Les seigneurs de Langoiran n'ayant plus habité ce château, les bâtiments, à l'exception des chais, cuviers, ont été négligés; il n'y reste point de meubles".
On voit dans le même manuscrit que la chasse appartenait de droit au baron de Langoiran, sans partage quelconque, et qu'elle s'étendait dans les paroisses de Langoiran et de Lestiac; que le roi était seigneur suzerain da ces terres; que le domaine, dans sa totalité, était noble et n'était sujet qu'aux impositions des vingtièmes; que ces terres n'avaient aucune servitude ni charge quelconque en faveur d'aucun seigneur particulier ni gens de main-morte; que six maisons nobles rendaient hommage au seigneur de Langoiran. Trois étaient situées dans la paroisse de Langoiran et trois dans celle de Lestiac; elles devaient un droit de lods en cas de mutation, puisque le droit d'échange était uni à la baronnie. On y voit aussi que la justice haute, moyenne et basse appartenait sans aucun partage au baron de Langoiran: il nommait le juge, le lieutenant de juge et autres officiers, mais il n'y avait point de conseil ni d'officiers municipaux; que les habitants de Langoiran et de Lestiac avaient une coutume particulière à laquelle ils étaient assujettis. Nous trouvons aussi que la baronnie de Langoiran avait à la même époque droit de litre et de banc dans les églises de Langoiran et de Lestiac, et que son revenu annuel était d'environ dix mille livres. Dans le XVIIIe siècle et jusqu'à ces derniers temps, le château et la terre de Langoiran appartenaient à Monsieur le marquis de Jumillac, qui les a vendus à Monsieur Roux, ancien négociant fort distingué. En sa qualité d'antiquaire, Monsieur Roux conserve précieusement les merveilleuses ruines de ce beau monument, ce qui nous fait espérer qu'elles ne tomberont pas de quelque temps sous les coups de la Bande noire. (1)

Éléments protégés MH : les restes du château : classement par arrêté du 19 mai 1892. (2)

château-fort de Langoiran 33550 Langoiran, tel. 05 56 67 12 00, ouvert au public, visites libres avec documentation, visites guidées sur demande. Ouvert tous les jours du 1er avril au 30 septembre de 14h à 19h, du 1er octobre au 31 mars de 14h à 17h, et aux vacances scolaires de 10h à 12h et 14h à 19h.

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(1)     La Guienne militaire : histoire et description des villes fortifiées, forteresses et châteaux construits dans le pays pendant la domination anglaise par Léo Drouyn (1816-1896). Éditeur: Didron Paris (1865)
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   source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

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