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Si l'on en croit M. R.
Guinodie, un Gaston de l'Isle, qui vivait en 1260, était seigneur de La
Rivière. Cette terre fut enlevée à ses descendants pour leur revenir plus
tard. On trouve, en effet, que le 30 mars 1354, Airin Alberd possédait le
droit de haute et basse justice dans cette paroisse. On trouve bien aussi
qu'en 1278, un Garcias de Salmund obtint la permission de construire une
forteresse dans sa terre de Rybeyroles; que, vers 1290, un Ayquart de La
Rivière devait hommage au seigneur de Vayres; qu'à la même époque, un W.
Aymon de La Rivière fait hommage à Bernard de Batbeu; que Perrot de La
Rivière et Jean de La Rivière obtinrent du roi d'Angleterre, en 1420: le
premier, un sauf-conduit pour voyager en France; le second, une sauve-garde;
qu'en 1422, le seigneur de La Rivière obtint le droit de présentation pour
la chapelle Saint-Michel et Saint-Maur dans son château de La Rivière; mais
nous ne savons si tous ces faits se rapportent au château qui nous occupe. A
cette dernière époque, le château de La Rivière était possédé par Gaston de
l'Isle, qui épousa, vers 1450, Catherine de La Lande, fille unique et
héritière de Jean de La Lande, seigneur de La Brède. Cette famille possédait
encore La Rivière en 1520, et noble François de Martemer, seigneur de
Vilemans, se présenta, pour assister à la publication des Coutumes de
Bordeaux, au nom de Gaston et Françoise de l'Isle, enfants de feu Gaillard
de l'Isle, en son vivant seigneur de La Rivière. Nous ne savons comment
cette seigneurie, qui était au XVIe siècle une des quatre baronnies du duché
de Fronsac, sortit des mains de la maison de l'Isle. Elle appartenait, en
1760 et en 1769, à M. le comte de Saujon, et avant 1778, le marquis de
Boufflers, son gendre, lui avait succédé et conserva la baronnie jusqu'à la
Révolution de 1789. Ce château et celui de Carle, dans la commune de
Saillans, dont il était aussi propriétaire, passèrent dans les mains de M.
Massé, procureur au Châtelet de Paris. Le fils de ce dernier en était encore
possesseur au milieu du XIXe siècle.
Lorsque château primitif de cette seigneurie fut abandonné, on le transporta
à 300 mètres à l'est, au pied d'un coteau et sur une étroite plateforme
rocheuse, où existaient deux sources abondantes. Cette position avait en
outre l'avantage de fermer entièrement l'isthme qui relie au coteau le
promontoire sur le bout duquel s'élève la motte, et qui devait être un
immense opidum. Si la place était bien choisie comme position stratégique,
elle ne l'était pas moins sous tous les autres rapports. Cette habitation
s'appuie, en effet, contre les coteaux qui dominent les immenses plaines de
la rive droite de la Dordogne. La vue, dont on jouit depuis la terrasse et
surtout du sommet des tours, embrasse une grande partie de
l'Entre-deux-Mers. C'est une des habitations les plus admirablement situées
du département de la Gironde. Ce château a l'aspect d'une forteresse du XIVe
siècle, et cependant il date tout au plus du milieu du XVIe siècle. C'est
une forteresse de parade, avec tours et mâchicoulis, chemins de ronde,
meurtrières, en un mot, avec tout ce qui constitue un château fort; mais la
faible épaisseur des murs, le manque de fossés, les dispositions
intérieures, indiquent suffisamment que ce n'était pas une forteresse
sérieuse. Le corps de logis principal, exposé au nord, est dominé par un
coteau, dont il n'est séparé que par un étroit chemin. Des contreforts
contre-boutent une voûte en plein cintre qui recouvre le rez-de-chaussée; ce
bâtiment relie deux tours carrées, sous l'une desquelles passe la porte
d'entrée, recouverte d'un arc bombé, dont la clef est ornée d'un écusson
soutenu par un ange. Dans l'autre tour, on a établi, peu de temps après la
première construction, un grand escalier communiquant à une galerie qui
s'appuie contre ce corps de logis du côté de la cour, qui donne accès dans
le premier étage et sert à passer d'une tour dans l'autre.
Cette galerie est sur des arcades en cintre bombé; le garde-fou est plein et
orné, en guise de balustres, de petites colonnettes ioniques. Le dallage est
fait avec des marches d'un escalier plus ancien, qui devait se trouver dans
une tour ronde saillante et accolée à un petit bâtiment carré recouvert
d'une toiture très aiguë à double pente. On monte dans les étages supérieurs
des tours par de petits escaliers renfermés dans des tourelles rondes. La
chapelle, construite en style ogival, ayant une porte à contre-courbe, est
située au sud de la tour. Elle est formée de deux travées à voûtes d'arêtes
prismatiques, supportant un grenier éclairé par des embrasures pour armes à
feu. A côté de la chapelle s'étend un grand bâtiment recouvert de voûtes
d'arêtes sans nervures. Un escalier, percé dans le sol de ce bâtiment,
conduit à une poterne, près de laquelle est un beau lavoir. Le grand
bâtiment, et le soubassement sont du même temps que le reste des
constructions. Outre la tourelle, qui empâte un des angles de la tour de la
porte, existe, au sommet de la même tour, une échauguette dans laquelle on
trouve une assez grande quantité de pierres sur lesquelles sont gravés
divers outils de maçons et de couvreurs, trop grands pour être pris pour des
marques de tacherons. On trouve également, dans cette échauguette et sur les
merlons des créneaux, diverses inscriptions. On pense que le château ne date
que de 1577. Tous les détails dénotent cette époque, et d'ailleurs la forme
de l'écusson que l'on voit sur la clef de l'arcade de la porte d'entrée, et
celle de celui qui est au dessous de la signature citée plus haut, sont
exactement les mêmes. Il est à noter qu'il dut subir de profondes
restaurations auxquelles le célèbre architecte
Eugène Viollet-le-Duc participa au XIXe siècle.
Aujourd’hui, le château de La Rivière, constitué d’un ensemble de bâtiments
regroupés autour de trois cours, se présente comme un édifice
néo-Renaissance. (1)
château de La Rivière 33126 La Rivière, tel 05 57 55 56 51, propriété
vinicole, chambres d'hôtes et location de salles pour réceptions.
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