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Le lieu de la lagune est mentionné dès le XVIe siècle comme un village de
quelques maisons. En 1627, le courtier Jean Dalies possède "maisons, grange,
courtieux, jardin, terre et bois", le tout acquis de son beau-père le sieur
Ayral qui aurait fait construire en 1567. En 1698, un acte notarié nomme
pour propriétaire le "Conseiller du roy et Controlleur des fortifications de
Guienne" Jean Lavaud. En 1719, son fils Jean-François muni d'une charge de
Trésorier de France, se marie à Marie Videau, fille d'un bourgeois
bordelais, qui lui apporte une forte dot et le domaine du Poujeau à Moulis.
Après la mort de son beau-père (1729), il entreprend la construction du
domaine. Trois dates portées peuvent correspondre à la fin du chantier :
1730, sur l'arc du passage de l'aile est et sur la cheminée d'un des
appartements de cette même aile ; 1734, sur l'arc du passage de l'aile
ouest. On peut supposer que la demeure est achevée entre ces deux dates.
Dans le grand salon, des toiles peintes ornent les dessus-de-porte, avec
notamment la représentation de l'Architecture, d'après la décoration conçue
par Carle Van Loo pour le Salon de Compagnie du château de Bellevue pour
Madame de Pompadour en 1753 (le modèle a été diffusé à travers la gravure
d'Etienne Fessard publiée en 1756). Les plans figurant les lieux vers 1740
puis vers 1770 montrent la connexion entre la demeure et les jardins qui
l'entourent. Dans l'axe de la façade sud et de la cour accessible par un
portail, des parterres sont disposés symétriquement de part et d'autre d'une
allée centrale ; à l'est se trouve un vaste verger, à l'ouest une "ormière".
Côté nord, une allée est dessinée dans le même axe. Y est mentionnée une
"plateforme" reliée à l'allée plantée d'arbres par un pont dormant qui
enjambe un chemin. En 1775, le neveu de Jean-François de Lavaud, Victor
Rozier, reconnaît tenir le domaine, bien qu'il revende avec ses frères et
sœurs l'année suivante à un conseiller et secrétaire du roi, Pierre
Seguineau. La vente concerne d'autres domaines dont certains au Pian-Médoc,
le tout pour 220 000 livres. En 1819, la succession des héritiers Seguineau
est actée en faveur de Jacques-Louis-Joseph Malherbes puis le domaine de la
Lagune passe dans les mains de la famille Piston. En 1855, La Lagune figure
parmi les troisième crus dans le classement des vins de Bordeaux ; le
vignoble produit 50 tonneaux en 1868 et s'étend sur 50 hectares. En 1886, la
vente de La Lagune est réalisée au profit de deux négociants : Nicolas Sèze
et Paul Clossmann. Sèze va s'occuper du domaine ludonais et agrandir le
vignoble. La famille Sèze possède à la fin du XIXe siècle plusieurs domaines
dans la commune (Lafitte-Canteloup, Pères-Pomis d'Agassac). Le château
est situé à l'écart du bourg au sud-ouest, entouré de son vignoble.
L'ensemble viticole est composé de la demeure et de ses dépendances
attenantes organisées autour de deux cours ; un jardin clos, une allée et un
parc forment les espaces d'agrément. Le corps de logis, en rez-de-chaussée
surélevé, est de plan allongé à double façade. Côté cour (sud), un escalier
en fer à cheval à garde-corps en fer est percé par une porte qui donne accès
au soubassement. Ce dernier est occupé par un vestibule qui distribue les
cuisines et un caveau. Au niveau supérieur, le perron précède la porte
centrée, encadrée par quatre fenêtres de même gabarit. La porte est traitée
en léger ressaut à bossage avec une agrafe moulurée interrompant l'arc
segmentaire. Elle mène au vestibule voûté en arc déprimé. L'espace intérieur
est séparé par un refend longitudinal séparant les pièces principales (au
sud) des espaces communs (au nord). Côté nord, une terrasse accessible par
un degré de plusieurs marches avec palier présente un garde-corps à
balustres et tables décoratives. Elle donne vers l'allée et les vignes ;
l'évacuation des eaux se fait par deux conduits maçonnés en forme de fût de
canon. Une pierre d'évier est encastrée à l'angle ouest de la terrasse. La
façade compte sept ouvertures, dont la porte centrée et encadrée de
pilastres est traitée en bossage continu et en léger ressaut. L'ensemble est
surmonté d'une corniche moulurée. Le pignon ouest donne sur une extension
qui forme une cour intérieure agrémentée d'un puits. La façade supérieure
comporte plusieurs ouvertures dont deux portes-fenêtres ; un pot à feu est
semi-engagé dans la maçonnerie du pilastre de l'angle sud-ouest. En
retour d'équerre de la demeure, deux ailes de dépendances, avec comble à
surcroît, encadrent la cour d'honneur. Au centre de chaque aile est ménagé
un passage ouvert par des arcs portant les dates : 1730 et 1734. Chaque
pignon possède un fronton chantourné et des pots à feu en amortissement ;
sur l'un d'eux est sculpté un cadran solaire fleurdelisé. L'aile ouest donne
sur un jardin clos et un hangar : à l'intérieur une cheminée d'appartement
porte la date de 1730 ; l'aile est donne sur la cour des dépendances et
abrite une partie du cuvier. Le passage de cette cour à la cour d'honneur se
fait par un portail aux extrémités semi-circulaires. La porte à imposte
marquée est surmontée d'une corniche à retour soulignant l'extrados de l'arc
en anse de panier avec succession de moulures ; des chasses-roues protègent
l'entrée de la grille en fer forgé. La cour des dépendances, à l'ouest,
distribue le cuvier-chai percé de ses baies de décharge, dans le
prolongement ouest du logis ; un bâtiment en retour, aveugle, est interrompu
par un fronton formant pignon avec porte et baie haute ; ces deux
constructions sont reliées entre elles par un cordon mouluré continu. Enfin,
un bâtiment avec ouvertures semi-circulaires (anciennes étables) vient
fermer l'ensemble au sud. Le jardin d'agrément est clos par un muret haut et
une grille. Cette dernière est ouverte par deux portails principaux dans
l'axe de la demeure ; un portail secondaire donne vers l'allée du parc à
l'ouest.
Éléments protégés MH : le château en totalité, les façades et les toitures
des communs (à l'exception des bâtiments modernes), le jardin, les portails,
les grilles et l'allée arrière : inscription par arrêté du 28 octobre 2011.
(1)
château de La Lagune 33290 Ludon-Médoc, tel. 05 57 88 82 77, propriété
viticole.
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