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La famille de Boyrac paraît originaire de la
paroisse de Saint-Vincent de Pertignas, près Rauzan, où existe un petit
château appelé Boyrac, maintenant le Petit-Boyrac. Celui qui se trouve dans
la paroisse de Pellegrue ne porte ce nom que depuis le XVIe siècle; il
s'appelait d'abord La Cave puis La Cave du Noyer, puis La Cave de Boyrac, et
enfin Boyrac. L'an 1351 et le 3 octobre, Arnaud de Boyrac, damoiseau, passe
contrat de mariage avec Marie de La Cave, fille de Benjamin de La Cave,
aussi damoiseau. Il est cité comme témoin d'une vente faite, le 4 avril
1364, par noble Hélias Andron, chevalier, fils de messire Arnaud Andron,
demeurant à Saint-Émilion, à noble Gaillard de Naujan, de tout ce que ledit
Hélias possédait à Mérignas, Saint-Vincent de Pertignas, Saint-Jean de
Blagnac, Blazimont, et autres lieux situés dans la juridiction de Rauzan. Le
27 juillet 1398, Amanieu de Boyrac, fils d'Arnaud, se trouve parmi les
témoins d'un bail à fief nouveau d'une terre sise à Mérignas, consenti par
Jean de Naujan à Pey Paulet. Dans un hommage fait par lui au seigneur de
Blagnac, il est qualifié damoiseau. En 1438, un Jacob de Boyrac, prieur de
Castillon, est témoin d'une vente faite par Jean de Naujan à Ayméric Peret,
prêtre; il était probablement fils ou frère d'Amanieu, qui, le 12 mai 1441,
fut témoin d'une transaction passée entre dame Jeanne de La Trau, Bérard de
Pomeys, Archambaud, seigneur du Cros, d'une part, et noble Amanieu de Naujan,
au sujet de l'hommage que leur devait le seigneur de Naujan. Amanieu, par
son testament daté du 6 octobre 1442, institue Jean et autre Jean de Boyrac,
ses enfants, ses héritiers universels. L'un d'eux, qualifié écuyer, passa le
3 juin 1473 contrat de mariage avec Jeanne de Barennes. C'était sans doute
un second mariage, puisqu'il y fait mention de son fils appelé Monot.
Celui-ci, qualifié sieur de Boyrac, teste le 26 janvier 1492; par ce
testament, il institue héritier Bernard de Boyrac, écuyer, son fils légitime
et naturel.
Ce Bernard eut un fils, qui prenait également le titre d'écuyer et qui porta
le même nom que lui. On voit, en effet, dans le testament de noble homme
Jean de Tournier seigneur de La Nause, habitant Saint-Vincent de Pertignas,
testament fait à la maison du Desos la Tour, qu'il avait épousé damoiselle
Clémence de Boyrac,-fille de noble homme Bernard de Boyrac, écuyer, présent
à la rédaction du testament. Le fils de celui-ci, Jean de Boyrac, écuyer,
passe le 30 juin 1533 contrat de mariage, en présence de Bonnefous, notaire
royal, avec Isabeau du Bosc, fille de Martin du Boys, écuyer, seigneur de
Canteloup, paroisse de Carignan. Bernard de Boyrac fit son testament, le 12
septembre 1 538, dans la maison noble de La Cave dont il était seigneur. Il
désire être enseveli devant le grand autel de l'église de Pellegrue, dans le
tombeau de ses ancêtres; ce qui paraît prouver que La Cave appartenait
depuis très longtemps à la famille de Boyrac. Il lègue à l'église de
Pellegrue une certaine somme, dont une partie devra être employée à sa
réparation. Il dit avoir marié Yzabeau, sa fille aînée, à Françoisde
Beaupoil; Clémence, sa seconde fille, à feu Jean Tournier, seigneur de La
Nause; Marguerite, sa troisième fille, à noble et discrète personne maître
Antoine de Malvoisins, procureur en la Cour du Parlement de Bordeaux. Il
leur fait à chacune un legs particulier. Il nomme enfin son fils unique,
Jean de Boyrac, son héritier universel. Feu son frère, Hélies de Boyrac,
auquel il a succédé, avait une maison à Pellegrue, dont il avait cédé le
revenu pour faire dire des messes à perpétuité pour le repos de l'âme de ses
ancêtres. Si Jean veut reprendre cette maison, il le pourra, mais à la
condition de faire dire les messes susdites. Jean de Boyrac avait eu pour
fils Martin de Boyrac, écuyer, seigneur dudit lieu en Rauzan et de la maison
noble de La Cave du Noyer en Pellegrue, ainsi qu'il appert par le testament
de sa mère, Isabeau du Bosc, daté du 12 septembre 1571.
Martin passa contrat de mariage par devant Desvignes, notaire royal, le 16
novembre 1564, avec damoiselle Lucie de Lacombe, fille de feu Jean de
Lacombe, écuyer, en son vivant seigneur des maisons nobles de Naujan et de
Semens en Bazadais. Elle agissait avec l'autorisation de son curateur,
Geoffroy de Lescours, seigneur dudit lieu en la juridiction de Saint-Émilion
et de la maison noble d'Esconasse. Ce contrat fut passé dans la maison noble
de Lescours, au lieu des Deffens, paroisse de Saint-Sulpice de Falleyrans,
en présence de Pierre du Bosc, écuyer, seigneur de Canteloup en Bordelais;
Hélies de Tournier, écuyer, seigneur de La Nause en Bazadais; Pierre de
Deux, écuyer, seigneur de Montignac en Bordelais; et de maître Arnauld du
Gua, avocat en la Cour, demeurant en la ville de Libourne. Une de leurs
filles épousa, le 14 janvier 1588, Guy de Puch. Par son mariage, Martin de
Boyrac devint seigneur de Naujan. Cette maison noble était sujette au ban et
à l'arrière-ban; néanmoins, le 24 mars 1602, les collecteurs des tailles,
par animosité, taxèrent les biens du seigneur à 3 livres 10 sous 6 deniers;
et quelques mois après, cette imposition n'étant pas payée, ils saisirent
dans la maison noble de Naujan une charrette ferrée. Ézéchiel de Boyrac, au
nom de son père, s'en plaignit, et le 15 janvier 1603, Henri IV, par lettres
patentes datées de Nérac, déclara exemptes de la taille les maisons nobles
de La Cave du Noyer et de Naujan, comme sujettes au ban et à l'arrière-ban.
Il faut supposer que ces lettres n'étaient pas encore connues des
collecteurs le 31 du même mois, puisque Martin de Boyrac se plaint encore
qu'ils lui ont enlevé cinq plats et quatre assiettes d'étain et une paire de
landiers de fer. Par son testament, daté du 12 février de la même année, il
fait certains legs à Daniel, son fils cadet, et nomme Ézéchiel son héritier
universel.
Le 6 mai 1606, Ézéchiel et Daniel de Boyrac frères, fils de Martin de Boyrac,
seigneurs des maisons nobles de La Cave de Boyrac, juridiction de Pellegrue,
et Naujan et Boyrac, juridiction de Rauzan, après avoir fourni la preuve de
leur ancienne noblesse, furent officiellement exemptés des droits de
francs-fiefs. Il n'est pas fait mention, dans l'enquête où l'on cite le
testament de Martin de Boyrac, des legs qui furent faits à Daniel; mais on
voit, par diverses reconnaissances et baillettes de 1606, 1624 et 1637,
qu'il avait eu pour sa part la maison noble de Naujan. Ézéchiel dut avoir
les terres et seigneuries situées dans la juridiction de Pellegrue. En 1614,
Daniel assistait au contrat de mariage de noble homme Jean Destrac. Son fils
ou plutôt son neveu, et par conséquent fils d'Ézéchiel, Daniel II, passa
contrat de mariage, le 30 novembre 1630, avec Isabeau de Tournier, fille de
noble Jean de Tournier, écuyer, seigneur de La Nause. Dans le contrat, il
est qualifié écuyer et seigneur de Naujan. Ses parents, présents au contrat,
étaient d'abord: sa mère, Jeanne de La Barde; Gabriel de Saintgassies,
écuyer, sieur de Lagnet; Jacques de Saintgassies, aussi écuyer, sieur de
Periton, ses frères utérins. Du côté d'Isabeau étaient présents: son père,
et damoiselle Hélène de Borie, sa mère; noble Louis de Borie, prêtre, prieur
de Rauzan et seigneur de Roquefort; noble Jean de Borie, écuyer, sieur de
Vilottes, ses oncles maternels, et noble Jean de Solmignac, écuyer, sieur de
Chaine, son cousin. Daniel de Boyrac eut un fils qui s'appelait François de
Boyrac, dont paraît avoir hérité François de Ségur, chevalier, qualifié
seigneur du Grand-Puch en 1703. Il avait probablement épousé une fille de
François de Boyrac. M. d'Isle de Lalande écrivait: "Je ne crois pas me
tromper en disant que la maison noble de Boyrac a passé par mariage de la
famille de Boyrac dans celle de Ségur". La branche qui possédait cette
maison noble prenait le nom de Ségur-Boyrac. Jean-François-Éléonor de Ségur,
chevalier, second fils d'Honoré de Ségur, écuyer, seigneur de Montbrun,
coseigneur de Pitray, prenait, en 1748, le titre de seigneur de Boyrac; il
eut pour fils Jean-François de Ségur-Boyrac, officier supérieur des
gendarmes de la reine. Ce château appartenait à la fin du XIXe siècle à
Madame la comtesse de Ségur Boyrac, chanoinesse, dont la mère le racheta
après la Révolution, pendant laquelle il était possédé par la famille des
frères Faucher, de La Réole.
Le château de Boyrac est bâti sur un promontoire qui s'avance dans le vallon
de la Durèze, à un kilomètre à l'ouest de Pellegrue. Son plan a la forme
d'un pentagone, dont quatre côtés sont garnis de constructions enveloppant
une cour de même forme; le cinquième est fermé par un mur crénelé. Au milieu
de la façade du logis principal s'avance, dans la cour, une tour octogone
couronnée de mâchicoulis et renfermant un large escalier. Une tourelle,
accolée à cette tour, renferme un autre petit escalier qui conduit dans une
chambre ménagée au dessus de la voûte qui recouvre le grand escalier. La
clef de cette voûte porte des armoiries sculptées, mi-partie un sautoir, et
un lion. D'autres armoiries, maintenant effacées, étaient également
sculptées sur le tympan de la porte de cet escalier, porte en cintre
surbaissé, surmontée d'une archivolte à contre-courbe, et encadrée de
pinacles terminés par des clochetons. On compte encore trois autres tours
rondes, une tourelle et une échauguette élevée sur un cul-de-lampe , qui,
jointes au pigeonnier bâti au coin d'une terrasse ménagée à l'extrémité du
promontoire, donnent à ce château un aspect très pittoresque. Les
constructions les plus anciennes ne paraissent pas remonter au delà du XVe
siècle. Il n'y a plus de fossé, peut-être n'y en a-t-il jamais eu. Les murs
n'ont pas été construits sur le bord du coteau; on a ménagé entre eux et la
crête du talus une terrasse assez étroite du côté de l'ouest, et fort large
au sud et à l'est. Tel qu'il est, ce château est une mince forteresse.
Depuis le XVe siècle, on a ajouté quelques constructions qui font de Boyrac
une fort belle habitation. On y remarque surtout une grande salle
communiquant avec une terrasse appuyée contre l'angle sud-est des
constructions, et de laquelle on jouit d'une fort belle vue sur le vallon de
la Durèze. Au commencement de la Révolution, les archives de Boyrac ont été
brûlées sur la place de Pellegrue. Lorsque Madame la comtesse de Ségur
racheta le château, elle n'y trouva plus que les vieilles murailles: tout le
reste avait disparu pendant la tourmente. (1)
château de Boirac-Ségur 33790 Pellegrue, propriété
privée, ne se visite pas.
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