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En 1331, Arnaut Guilhem de Grissac
reçoit l’autorisation d'Édouard III de construire une maison forte dans la
paroisse de Cazelles, sur les premières croupes dominant l’estuaire. Jehan
de Pis est dit écuyer et seigneur de Grissac en 1524. La maison noble de
Grissac est mentionnée dans un acte de 1540, détenue en partie par Charles
Achard, au nom de son épouse Marie de Pys. Selon Jacques Gardelles, un
château aurait été construit en 1652 pour Louis Montalier. La carte de Masse
de 1723 représente le "château de Grissac" selon un plan carré avec quatre
tours aux angles et entouré de douves. Les deux tours nord seraient des
vestiges de cet ensemble fortifié. En 1738, Pierre Montalier, seigneur de
Grissac, conseiller à la grande chambre du parlement de Bordeaux, demande à
l'archevêque de Bordeaux l'autorisation de construire une chapelle privée.
Après expertise, il est prévu de la construire au sud du jardin: "après
avoir examiné les lieux et la situation de la Maison avons choisi et marqué
un lieu yzolé séparé du corps de la Maison de trente toises ou environ au
bout et au coin de son chardin au Midi de la Maison, avons fixé le terrain
de seise pieds en quarré de sorte que selon la situation de la subsdite
chapelle le dos de l'autel sera au Midi, la porte d'entrée au nord et deux
vitreaux l'un au levant, l'autre au couchant". Elle est finalement
construite et bénite en 1749 (elle devait être située dans un des pavillons
d'angle du jardin, signalé encore sur le plan cadastral de 1819 comme
"bâtiment rural" et aujourd'hui détruit). Pierre Montalier de Grissac meurt
à Prignac-et-Marcamps le 22 novembre 1770.
Le site est indiqué sur la carte de Belleyme, dans la seconde moitié du
XVIIIe siècle, avec son allée principale reliant la route de Bourg à
Saint-André-de-Cubzac aux rives de la Dordogne et des bois au sud-est
parcourus d'allées en éventail. En 1819, époque à laquelle le plan cadastral
est dressé, la propriété appartient toujours à la famille Montalier de
Grissac. Le plan montre une grande allée reliant la propriété à la route et
au fleuve, formant un axe de symétrie entre les bâtiments, au droit du
centre de la demeure. Le corps de logis avec ailes en retour est précédé au
nord d'une cour elle-même précédée d’une autre cour avec en avant les deux
tours. Au sud, le jardin est doté aux angles de deux pavillons, alors
présentés comme "bâtiments ruraux". A la propriété de Grissac, s’ajoute
celle des bâtiments et des terres formant Port d'Espau et Brise Vin. Joseph
Montalier de Grissac meurt le 25 août 1820 sans descendant. Ses possessions
sont transmises à son frère, Thomas, qui meurt le 14 septembre 1822 léguant
ses biens à ses petits-enfants: le comte de Lur Saluces et sa sœur, Louise
Alexandrine Jeanne Amédée de Lur Saluces, épouse de M. Anne Auguste Jacques
comte de la Myre Mory. Le partage réalisé en 1836 attribue Grissac au comte
de Lur Saluces. En 1858, Thomas Joseph Henri de Lur Saluces vend le domaine
à Antoine Dubois. D'après les matrices cadastrales, la propriété passe vers
1861 à la famille Itey, Marie Dubois étant mariée à M. Itey.
Dans l'édition de 1868 de l'ouvrage Bordeaux et ses vins sont mentionnés le
Château de Grissac appartenant à la famille Itey, ainsi que le château de
Saluces détenu par les héritiers Giraud. La production est d'une trentaine
de tonneaux. Dans l'édition de 1881, le Château de Grissac est mentionné
deux fois, appartenant à la famille Itey et à la famille Gaignerot
(propriétaire du Château Grand-Jour). Dans l'édition de 1893, seul Itey fils
est indiqué comme propriétaire. En 1908, la production a considérablement
augmenté avec 150 tonneaux de rouge et 50 tonneaux de blanc. En 1949, la
propriété est entre les mains de A. Largeteau. Entre la fin du XIXe siècle
et le début du XXe siècle, d’importants travaux sont opérés, touchant
principalement les dépendances situées au nord, aménagées en chais et
cuviers modernes permettant de traiter une importante quantité de vin. Ainsi
la production annuelle de 30 tonneaux de vin, en 1893, passe à 150 tonneaux
de vin rouge et 50 tonneaux de vin blanc, en 1908.
Les bâtiments se situent au sud-est de la commune, légèrement surélevés au
milieu des vignes et dominant la zone de palus qui rejoint les rives de la
Dordogne au sud-ouest. L'ensemble est organisé selon un axe
nord-est/sud-ouest avec une voie et une allée reliant la route de Bourg à
Saint-André-de-Cubzac. L’entrée du domaine est marquée par les deux tours,
aujourd'hui arasées. Construites en moellons sous enduit avec la pierre de
taille réservée aux encadrements des baies et aux jambages, elles présentent
un bandeau médian sous forme de tore et une imposante corniche à modillons
traités à la manière de mâchicoulis. Leurs toitures et les aménagements
intérieurs sont détruits. En poursuivant l'allée, des murs délimitent les
espaces consacrés aux dépendances de part et d'autre. Ils sont composés de
logements d'ouvriers, des chais et des cuviers. L'allée débouche sur le
jardin de la demeure. Celle-ci est composée d'un corps principal marqué en
son centre par trois travées formant ressaut et couronnées d'un fronton
triangulaire. Le rez-de-chaussée, accessible par un escalier en pierre
évasé, est scandé de pilastres ménageant un entablement, tandis que les
baies de l'étage sont encadrées de tables étroites en renfoncement. Ce
niveau, plus étroit que le rez-de-chaussée, est encadré d'ailerons à
volutes. De part et d'autre de ces travées centrales, une travée en
rez-de-chaussée avec lucarne à fronton cintré et volutes supérieures percée
dans la toiture brisée, et un pavillon d'angle traité de manière concave
avec toiture et lucarne cintrée en pierre, complètent l'ensemble.
Enfin, deux ailes massives à étage, en retour, sont sommées de garde-corps
d'attique en pierre avec une série de pots à feu en amortissement. Les
angles de ces ailes sont soulignés de chaînes à bossage. La façade sud-est
se déploie sur treize travées, parmi lesquelles, les trois principales
formant avant-corps avec fronton triangulaire, trois travées latérales de
part et d'autre et les ailes en retour de deux travées chacune. Les fenêtres
du rez-de-chaussée sont en arc segmentaire mais ont été obturées en partie
supérieure. L'avant-corps présente les mêmes pilastres, cette fois à
bossage, le même entablement et les mêmes tables étroites en renfoncement.
Les lucarnes à volutes supérieures et frontons cintrés sont également
identiques. L'escalier d'accès au rez-de-chaussée surélevé est traité avec
deux volées droites et symétriques. Les façades latérales de trois travées
chacune disposent également d'escaliers à double volée. Au-dessus de l'aile
nord-ouest émerge une tourelle couverte d'un dôme en pierre avec sphère en
amortissement. Le jardin au sud-ouest est entouré de murs de clôture en
partie conservés. Les pavillons situés dans les angles, au sud, ont été
arasés mais le décrochement de leur emprise est encore lisible. A l'ouest et
au nord-ouest du domaine, au bord du Chemin de Port d'Espau, une ancienne
dépendance a été convertie en logement; un chai, construit en moellon, est
accessible depuis la route par une porte percée sur le pignon. Les
élévations latérales sont ouvertes de petites fentes de jour et d'une porte
cintrée (obturée sur l'élévation sud-ouest). (1)
château de Grissac 33710 Prignac-et-Marcamps, tel.
05 57 68 31 65, propriété viticole, à l'abandon,
le château serait en très mauvais état.
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