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Avant le XIIIe siècle, la terre
sur laquelle est situé le château appartenait au roi, qui, l'an 1238, donna
la paroisse de Romagne à Hélie de Blagnac. Le château, qui fut construit
vers la fin de ce siècle ou le commencement du suivant, resta au pouvoir des
seigneurs de Blagnac jusqu'au commencement du XVIe siècle. Nous voyons, en
effet, que Léonore de Béarn Grammont, baronne de Blagnac, fit don, en 1 503,
de la maison noble de Sauvagnac et de ses dépendances à Jean de Castéja,
écuyer, son maître d'hôtel. Cette terre était encore cinquante ans plus tard
dans les mains de ses descendants directs. Charles de Castéja, fils de Jean,
paraît n'avoir pas eu d'enfants, car la maison noble de Sauvagnac passa à
Jeanne de Rebouillide, petite nièce de Jean, qui l'apporta en dot à son mari
Arthur d'Agar. Arthur avait eu de Jeanne de Reboullide une fille nommée
Louise, qui fut mariée, le 13 novembre 1649, à Geoffroy de Caries, écuyer,
sieur de Roquette. François d'Agar, fils d'Arthur, fut, le 6 juin 1650,
nommé par le duc d'Épernon commandant de la ville et du château de Cadillac.
Une des filles de François d'Agar, Louise, épousa, le 16 juin 1670, Arnaud
de Belcier, baron d'Arès, seigneur de Crain et de Belcier, et lui apporta en
dot le château de Sauvagnac, qui resta environ cent ans dans cette famille.
En 1774, M. Pierre-Jean-François de Rogier était seigneur de Sauvagnac; il
le laissa, par son testament daté du 16 mars 1807, à sa femme Pétronille de
Solminihac, qui, le 23 février 1817, le transmit à son second mari M. le
chevalier de Montault Saint Civier. Celui-ci n'ayant pas d'enfants, le
légua, par son testament du 29 juin 1831, à son neveu M. Amédée de Montault
Saint-Civier, qui le vendit en 1835 à M. Latapie, ancien inspecteur général
des douanes, qui habite maintenant le domaine de Retou, voisin du château de
Sauvagnac.
Le château de Sauvagnac s'élève sur l'extrémité d'un promontoire aigu et
abrupte, formé par la rencontre de deux ruisseaux, le Saint-Quentin et le
Riotor, qui, après leur réunion, vont se jeter dans l'Engranne, en face de
Jugazan. Une coupure, taillée à pic dans le rocher, sépare la forteresse du
plateau. Le plan général a la forme d'un triangle, et il a comme
disposition, une grande analogie avec celui de Roquefort, dont il est
voisin. Il se compose d'une tour barlongue bâtie sur le bord de la coupure,
à la fin du XIIIe siècle ou au commencement du XIVe. Plus tard, on a appuyé
d'autres constructions contre cette tour, et l'on a formé ainsi un château
complet. L'entrée primitive devait se trouver, comme elle l'est
actuellement, et un pont en bois, remplacé par un terre-plein, devait
permettre de traverser le fossé. Existe une petite porte remplaçant
peut-être une ancienne poterne. Pour arriver à la porte ancienne de la tour,
qui est tournée vers l'est, il fallait, après avoir franchi le pont et la
porte qui le suivait, s'engager dans un long couloir resserré entre la tour
et le mur d'enceinte, et tourner à gauche en passant sous les défenses
placées au sommet des murs. La porte, maintenant quelque peu défigurée, est
ogivale et très étroite. Elle donne dans une salle basse qui devait servir
de magasin, et dont le rocher tient lieu de sol. Ce magasin, fort bas, et
pour le service duquel on a percé une autre porte au sud, est recouvert d'un
plancher dont les poutres s'appuyaient sur de puissants corbeaux en pierre.
Il est surmonté de trois étages planchéiés et d'un comble très aigu à double
égout, renfermant deux greniers superposés.
Ces différents étages, qui ne contenaient chacun qu'une salle, étaient
percés de meurtrières cruciformes ouvertes à l'intérieur sous des voûtes
bombées, de fenêtres munies de bancs dans leurs embrasures, et de latrines
qui font saillie au nord-ouest. Toutes ces dispositions me paraissent celles
qui ont été adoptées au moment de la construction primitive: alors on
arrivait dans ces différentes salles par des escaliers en bois, mais des
modifications nombreuses ont été faites à la fin du XVIe siècle ou au
commencement du XVIe siècle, peut-être lorsque le château a passé entre les
mains de Jean de Castéja; on a construit, à cette époque, contre le flanc
nord de la maison forte, une tour renfermant un magnifique escalier à pente
très douce, par lequel on arrive sans fatigue jusqu'au troisième étage. En
pensant au luxe et à la commodité, on a pensé également à la défense, des
embrasures pour arme à feu garnissant les parois de la tour. La porte de cet
escalier est en cintre bombé, surmontée d'une contre courbe garnie de
crochets et de fleurons, et encadrée de pilastres à clochetons. Alors aussi
on a remanié extérieurement les fenêtres des second et troisième étages.
Elles ont pris des meneaux en croix et des moulures prismatiques. Une
carrière, qui donne dans les fossés et qui a été fortifiée à l'époque des
guerres de religion, a fait penser qu'il y avait là des souterrains. Le
château de Sauvagnac est entouré d'une riche végétation. Les arbres
magnifiques qui poussent sur les flancs du coteau qu'il domine ne cachent
que les étages inférieurs, et laissent voir les fenêtres cruciformes d'où la
vue, bornée à droite et à gauche par des coteaux boisés, s'étend au loin,
vers l'orient, sur le bassin de l'Engranne. (1)
Éléments protégés MH : le corps de logis avec sa tour ; l'enceinte
triangulaire avec sa porte ; le fossé ; le mur de clôture de l'avant-cour en
avant du fossé : inscription par arrêté du 13 octobre 1992. (2)
château de Sauvagnac 33760 Romagne, propriété privée, ne se visite pas.
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