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Le château des Jauberthes appartenait, dans le XIIIe
siècle, à messire Gassier des Apas, coseigneur de Castets et des Jauberthes.
Ce fut un de ses successeurs, Bernard des Apas, qui fonda, le 8 avril 1418,
aux Jauberthes, la célèbre chapelle de Notre-Dame de Pitié, où les pieuses
châtelaines du pays allaient à certaines époques faire leurs oraisons. Dans
le XVe siècle, Jean de Lur, vicomte d'rza, qui tenait cette terre du côté
maternel, vendit à messire Jacques d'Escars le manoir de Castets, ainsi que
le château des Jauberthes. Quelques années plus tard, messire Jacques d'Escars
vendait à son tour à Jean de Fabas le château de Castets et tous les droits
qui pouvaient lui appartenir, comme il les avait acquis de messire Jean de
Lur. A la même époque, le même Jacques d'Escars, seigneur de Merville, de
Taillecavat et autres places, grand sénéchal de Guyenne, époux de Nicole de
Pontac, cédait le château des Jauberthes et la paroisse de Saint-Pardon,
avec tous droits de justice haute, moyenne et basse, à Madame Isabeau de la
Chassaigne, dame de Betaille, veuve de messire Raymond de Pontac, conseiller
du roi et président à la première chambre des enquêtes en la cour du
Parlement de Bordeaux, seigneur de Salles, Belin, Belliet et autres places.
Le château des Jauberthes, qui vit mourir l'illustre et saint évêque de
Bazas, Monseigneur Arnaud de Pontac, fut, d'un autre côté, le berceau d'un
grand nombre d'hommes remarquables dans l'ordre de Malte, dans la
magistrature et dans l'armée. Il y eut parmi les Pontac des premiers
présidents, des présidents et des conseillers. Plusieurs occupèrent les
grades de mestres-de-camp, de capitaines aux gardes-françaises, de chefs
d'escadre, de capitaines de vaisseaux, de colonels du régiment du roi et
d'officiers supérieurs des gardes.Le château des Jauberthes a donné
autrefois l'hospitalité à plus d'un noble visiteur. Au nombre des hôtes
illustres qu'a reçus cette belle résidence, on compte le cardinal de
Richelieu, Henri IV, et enfin Mademoiselle de Montpensier, qui, au retour de
son voyage à Saint-Jean-de-Luz, lors du mariage du roi Louis XIV, y vint
visiter, comme elle le dit dans ses Mémoires, la présidente de Pontac, "sa
parente et son amie".
Le château est constitué de deux grands corps de bâtiments disposés en
équerre, sur lesquels sont greffées à l'angle nord-est, une ancienne tour
rectangulaire contenant la chapelle et, dans l'angle intérieur sur la face
est, une tour hexagonale; au sud-est, une troisième tour rectangulaire. Sur
la façade ouest, une tour ronde placée à l'extrémité sud du bâtiment répond
à un avant-corps. La tour hexagonale est percée de trois fenêtres
superposées dont gâbles et pinacles moulurés sont décorés de choux frisés.
L'intérieur conserve un billard décoré de cuirs de Cordoue peints, provenant
du château Saint-Jean dans les Landes. Les peintures dateraient de 1720.
Encastrés dans des boiseries de cèdre spécialement réalisées pour leur
présentation, les cuirs représentent des personnages de la Comédie italienne
et sont décorés de guirlandes de fleurs. A l'est du château se trouve un
colombier dont le toit est percé de lucarnes à frontons semi-circulaires.
Autour du château, un parc aux épais ombrages, d'antiques char milles, de
vastes jardins en fleurs, des bassins et des fontaines, d'où les eaux
jaillissent en abondance, donnent à ce lieu l'aspect d'un de ces palais que
l'on rencontre aux environs de Paris, et où la foule aime à venir aux jours
de fête chercher un peu de fraîcheur et de repos. Nous ne disons rien ici
des orangeries des Jauberthes, si connues à Langon, à Bazas et à Bordeaux
même. Nul n'ignore qu'elles pourraient prêter aux jardins de Versailles
plusieurs arbres qui n'y seraient pas les moins dignes d'attention. L'un
d'eux, encore plein de sève, fut donné, en 1649, à messire de Pontac, jurat
gentilhomme de la ville de Bordeaux, par un homme dont il avait été
cependant l'adversaire, le duc d'Épernon, qui voulut ainsi reconnaître, la
querelle une fois apaisée, la loyauté et le grand caractère de M. de Pontac.
Celui-ci avait présenté, en effet, une requête et obtenu un arrêt du
Parlement de Bordeaux, qui ordonnait que, sans avoir égard à la décision du
duc d'Epernon, trois jurats d'alors continueraient l'exercice de leur
charge. (1)
Éléments protégés MH: les façades et les toitures du château et du
pigeonnier: inscription par arrêté du 4 août 1978 (2)
château des Jaubertes 33210 Saint-Pardon-de-Conques, tél. 05 56 02 61 50,
Emmanuel de Pontac, domaine vinicole, location chambres d'hôtes et une salle
de réception.
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