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Pendant tout le Moyen Age, on
rencontre souvent le nom des seigneurs de Savignac, mais sans aucun
renseignement qui puisse faire comprendre de laquelle des nombreuses terres
de ce nom ils étaient seigneurs. Cependant, on trouve que le 25 juillet 1363
un Arnaud de Faya, seigneur de Savignac, qui, en compagnie de celui de
Montbadon, vint dans le palais de l'archevêque de Bordeaux rendre hommage au
représentant du prince de Galles. Nous sommes maintenant obligé de descendre
jusqu'en 1491 pour trouver une indication à peu près certaine. Le 6
septembre de cette année, les enfants de Savignac furent convoqués, pour le
ban et l'arrière-ban de la sénéchaussée de Guienne, par Gaston de Foix,
captal de Buch, au nom du roi de France. A cette époque, la terre de
Savignac était au nombre des quatre baronnies du Fronsadais; les trois
autres étaient La Rivière, Cadillac-sur-Dordogne et Thomarelle. En 1521,
Pierre de Craoux, baron de Savignac, se trouve parmi les seigneurs qui
furent convoqués par François de Belcier pour approuver la rédaction des
Coutumes de Bordeaux. Pendant les guerres de religion, le baron de Savignac
suivait le parti des réformés. "Ayant fait, dit d'Aubigné, quelques 80
chevaux que Casenauve, Lachapelle et Aubigné lui menèrent, il fit une course
vers Libourne, où il deffit en Fronsadois deux compagnies qui se levoient
pour le régiment de Masbrun, puis fut chargé la nuit, dans un village nommé
Le Soldat, tant par ce régiment et garnison du pays que par les compagnies
de gens d'armes de Lozun et Vaillac, de ces 80 ne se sauvèrent que 5, savoir
trois des capitaines que nous avons nommez, un soldat et leur chef...
Savignac était tellement paralitique depuis les cuisses en bas, qu'il
n'avait touché du pied à terre il y avait dix ans, la fraieur le fit sauver
de vitesse; et son cœur le portoit à chercher à cheval, en tel estat, toutes
occasions de combattre; et c'est ce que nous avons senti de plus digne de
l'histoire de la grandeur du combat". En 1587, son fils commandait la
garnison de Castillon-sur-Dordogne.
En 1578, nous trouvons un Jean de Lambes, chevalier de l'ordre du Roi,
seigneur, baron de Savignac, qui vendit, le 2 mai de cette année, la terre
d'Anglade, sise en la paroisse d'Izon, à Étienne de Pontac. Si Jean de
Lambes était seigneur de notre Savignac, il est probable que la terre avait
été confisquée par le roi sur les anciens seigneurs. En 1601, messire
François de Lescours, seigneur, baron d'Oradour et de Savignac, vend une
terre dans la paroisse de Saint-Jean de Vayres. François de Lescours, qui
prend la qualité de seigneur de Savignac, épouse, le 26 juillet 1664,
Marie-Thérèse de Calvimont, fille de Léon de Calvimont. Au milieu du XVIIe
siècle, nous trouvons la baronnie de Savignac entre les mains de la famille
de Labat. Messire François de Labat, écuyer, qui épousa en secondes noces
demoiselle Thérèse de Spens d'Estignols de Lancre, fille de messire Étienne
de Spens d'Estignols de Lancre, chevalier, seigneur du Tilh, Loubens et
autres places, est le premier qui prenne la qualité de baron de Savignac.
Pendant la Fronde, le baron de Savignac prit parti pour le Parlement, et,
dans la première semaine de juillet 1653, son château et celui de
Laubardemont furent pris par le comte de l'Estrade. La famille de Labat de
Savignac a, depuis cette époque, possédé sans interruption la terre de
Savignac en Fronsadais. Elle était au milieu du XIXe siècle entre les mains
de M. Servidie de Labat, baron de Savignac.
Le plan du château de Savignac paraît être une réduction de celui de La
Brède. C'est un dodécagone irrégulier, dont l'un des côtés est occupé par
une grosse tour ronde. Il paraît évident que primitivement ce n'était qu'une
motte, sur laquelle on a bâti le château actuel au commencement du XIVe
siècle. Cette motte était enveloppée d'un fossé circulaire qui se reliait
par deux canaux à un autre fossé enveloppant une grande enceinte à peu près
carrée, au centre de laquelle s'élevait le château. Dans la même enceinte,
on a bâti, au XVIIe siècle, un autre petit château. Il reste encore, au
nord-ouest, une bonne partie de ce grand fossé. Le château est à peu près
rond. Ses murs, dont presque tous les angles sont garnis de contreforts
surmontés d'échauguettes rondes coiffées de toitures pointues. Ils
enveloppaient primitivement une seule salle, au milieu de laquelle était un
pilier carré en pierre destiné à soutenir le milieu de la toiture. Cette
salle ne devait être éclairée que par des meurtrières. Le premier étage ne
se composait probablement que d'une seule pièce, puis venait le chemin de
ronde crénelé et supporté par de simples corbeaux. Le premier étage était
éclairé par des fenêtres géminées et subtrilobées. Des portes et des grandes
fenêtres ogivales modernes ont partout remplacé les anciennes ouvertures. Le
donjon a également été métamorphosé. Il ne reste guère des anciennes
ouvertures que deux petits oculus quadrilobés éclairant une ancienne cage de
latrines. Ces deux grandes chambres superposées étaient fort incommodes;
aussi, M. le baron de Savignac, voulant habiter son château, y a fait faire
de grandes réparations vers le milieu du XIXe siècle. Un architecte, M.
Grelet, a admirablement distribué le rez-de-chaussée; il a trouvé moyen de
faire, dans une enceinte aussi irrégulière que possible, des pièces
régulières et suffisamment spacieuses dont le vestibule et la salle de
billard, le salon de compagnie, la salle à manger et la cuisine. Le reste
est occupé par l'office, la souillarde, la dépense, des cabinets et des
placards et par un escalier. Le château de Savignac, un des plus petits de
la Gironde, est un de ceux qui a le plus d'aspect. Il domine la rivière de
l'Isle, la vallée qu'elle arrose, et une partie du pays d'Entre-Dordogne.
(1)
château baronnial de Savignac 33124 Savignac,
lieu-dit Grand Jay, propriété privée, ne se visite pas.
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