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Le plus ancien titre sur ce château
qui soit venu à notre connaissance est du 8 mars 1322 ou 1323: c'est un
hommage fait, pour cette terre, par Gassion de La Marche, damoiseau, à
Amanieu d'Albret, chevalier, seigneur de Verteuil. Gassion reconnaît tenir
cette terre en fief du seigneur d'Albret, comme ses ancêtres la tenaient de
ceux dudit seigneur, sous la redevance de cent sous bordelais d'esporle à
seigneur mouvant. Cent ans plus tard, au mois de février 1429, cette
seigneurie était possédée par Bertrand de Montferrand, seigneur de Langoiran;
il la tenait de son père, qui portait le même nom que lui. A la fin du même
siècle, le 14 juillet 1480, elle était au pouvoir de messire Jean de Lur,
écuyer. Le 4 avril 1517, Gaston de Foix, comte de Candale, était seigneur de
Semignan. Delphine de Brassier, veuve de Michel-Joseph de La Roque, baron de
Budos, était coseigneuresse de cette baronnie en 1789 el Le château et la
terre sont possédés à la fin du XIXe siècle par M. Bergeron.
Le château de Semignan, bâti sur un terrain parfaitement plat, se compose
d'une cour entourée de bâtiments protégés par des fossés toujours pleins
d'eau. En avant de cette enceinte principale, en existe une autre plus
petite et de la même forme, également enveloppée de fossés qui se relient
aux premiers, et qui ont été comblés à l'ouest et au sud. A l'un des angles
de cette basse-cour, mais en dehors des fossés, existait, il n'y a pas
longtemps, une motte peut-être un tumulus, dans lequel on a trouvé des
briques et des poteries. Pour entrer dans le château, il fallait traverser
un premier fossé. Au bout du pont, on passait sous une tour carrée
saillante, protégeant la porte; puis, à l'autre extrémité de la basse-cour,
on rencontrait le second fossé. Ici, les principales dispositions primitives
existent encore. Le pont, formé de deux arches en plein-cintre, a été refait
à une époque comparativement moderne. Il est suivi d'une espèce de terrasse
semi-circulaire, précédant une grande porte ogivale et une poterne en
plein-cintre. Cette terrasse se relie à des braies larges de 2 mètres
environ, qui font tout le tour de la base des remparts. Porte et poterne
s'ouvrent sous une haute tour carrée couronnée de mâchicoulis dont il ne
reste plus que les consoles. La porte donne entrée dans un couloir voûté en
plein-cintre, et la poterne dans un autre couloir recouvert par le plancher
du premier étage de la tour. On pouvait entrer aussi dans le château par une
seconde poterne ouverte au nord dans un corps de logis qui n'existe plus et
qui fermait la cour de ce côté. Les appartements ont été modernisés; les
anciennes fenêtres géminées et subtrilobées, si élégantes, si pleines de
style, et qui donnent la date du monument (commencement du XIVe siècle), ont
été murées pour faire place à des ouvertures carrées sans caractère; les
latrines saillantes ont été arasées; une échauguette perchée sur l'angle
sud-est a été démolie.
Il ne reste d'ancien que les trois courtines; encore a-t-on eu soin de les
recrépir et de les badigeonner à la chaux. Quelques meurtrières que l'on y
voit encore sont formées de simples fentes verticales, très évasées à
l'intérieur et recouvertes d'un linteau sur consoles. Tout le
rez-de-chaussée ne devait être éclairé que par ces étroites ouvertures. La
tour qui surmonte les portes jusqu'au dessus des consoles des mâchicoulis
est ancienne, ainsi que la base d'une tour saillante, à l'angle sud-est.
Cette première tour a trois étages au dessus du couloir, à côté duquel
existe une très petite meurtrière cruciforme dont je n'ai pas retrouvé
l'ouverture intérieure. Au premier étage, dans lequel on arrive par des
appartements situés à l'ouest, on trouve une cheminée dont le manteau est
appareillé à crossettes. Son tuyau est conservé dans son état primitif, ce
qui est fort rare dans le département de la Gironde. A partir du sommet du
chemin de ronde où son plan est barlong, il se rétrécit brusquement et forme
une pyramide tronquée sur laquelle s'élève un socle carré surmonté d'une
colonne plus mince que lui, et dont les angles légèrement biseautés lui
donnent une forme octogone; le tout est surmonté d'une pyramide tronquée sur
un larmier très saillant. On montait au second étage de la tour par une
échelle, et de là on passait sur les chemins de ronde. Les latrines se
trouvaient au bout d'un corridor coudé, à l'est, dans un avant-corps qui
élargissait la façade de la tour et dont le sommet supportait une
échauguette défendant le chemin de ronde. On parvenait dans le troisième
étage par un escalier en bois; on y trouve des fenêtres subtrilobées et un
évier. A la place des créneaux, on a bâti un mur plein pour établir un
pigeonnier. Ce petit château, malgré les mutilations qu'on lui a fait subir,
offre encore beaucoup d'intérêt; il donne une idée parfaite de ce que
devaient être les habitations des vassaux de second ordre dans notre
province. (1)
château de Sémignan 33112 Saint-Laurent-Médoc,
vestiges, l'association "La Croisade Sémignanaise" oeuvre à la rénovation du
château.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement
Monsieur Franck Noreille pour les photos qu'il nous a adressées afin
d'illustrer cet historique.
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de Gironde" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
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