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Château de Vayres (Gironde)
 
 

      La Table théodosienne mentionne, sur la voie romaine qui reliait les villes de Bordeaux (Burdigala) et de Périgueux (Vesuna), une localité appelée Varatedo, comme première station. D'Anville et Jouannet pensent que Varatedo est Vayres; il existe, en effet, une route qui, pendant tout le Moyen Age, conduisait de Bordeaux à Vayres et portait, dans la paroisse de Caillau, le nom de La Lebade. Il y a dans le bourg de Vayres une maison sous laquelle on trouve des mosaïques. Dans le jardin du château, on a découvert une si grande quantité de vases de terre, qu'on a supposé, non sans raison, qu'il y avait là une fabrique de poteries. Dans le même endroit, on trouve assez souvent des monnaies et d'autres objets romains. Nous avons donc tout lieu de penser que si Vayres n'est pas Varatedo, c'est du moins une localité qui a été occupée par les Gallo-Romains, et dans laquelle il y avait une riche villa. Dans le courant du XIe siècle, des seigneurs du nom de Gombaud possédaient la terre de Vayres. L'abbé Baurein pense que ces Gombaud appartenaient à la même famille que les Gombaud, seigneurs de Lesparre, et à celle de Gombaud, archevêque de Bordeaux en 992. Entre les années 1060 et 1086, Raimond Gombaud, sa femme Audenodis, et leurs fils Clair, Vigoureux, qui se fit moine, et Géraud, firent des dons assez considérables à l'abbaye de Saint-Jean d'Angély. Ils lui donnèrent, entre autres, l'église de Sainte-Marie de Vayres (de Variis, ad varias), celles de Saint-Jean, de Saint-Pierre de Vaux (de Vallibus), de Saint-Martin d'Izon et de Saint-Martin du Boisset (de Busseto). Dans le courant du XIIe siècle, un autre Raimond Gombaud et son frère Clair, donnent un droit de pêche dans la Dordogne à l'abbaye de La Sauve-Majeure. Au commencement du XIIIe siècle, l'Entre-deux-Mers était infesté de brigands, et la justice royale se faisant probablement assez mal, Henri III accorda ou confirma, en 1238, le droit de haute justice aux plus grands seigneurs du pays, entre autres à celui de Vayres.

Le 25 mai 1242, le même monarque, en guerre avec saint Louis, roi de France, convoqua les seigneurs gascons. Il écrivit à Raimond Gombaud, seigneur de Vayres, de se trouver à Pons avec trois chevaliers, le jeudi après la Pentecôte. Le seigneur de Vayres prit probablement part à la révolte des Gascons contre le roi d'Angleterre, qui, s'étant saisi du château de Vayres, chargea, le 18 juillet 1253, Pierre Calhau, bourgeois de Bordeaux, de le garder jusqu'à nouvel ordre. Il enjoignit en même temps aux habitants de Vayres d'obéir à leur nouveau gouverneur. Pendant ce temps, Thomasse, fille unique de Raimond Gombaud, s'était mariée avec Guitard de Bourg, seigneur de Verteuil, fils de Jean de Bourg, et lui apporta la terre de Vayres; mais Amaubin de Barès, qui, pendant la révolte des Gascons, était resté fidèle au roi d'Angleterre, avait du se la faire céder en totalité ou en partie. Guitard de Bourg et sa mère Rose, veuve de Jean de Bourg, s'adressèrent au roi d'Angleterre pour régler le différend qui existait entre eux et Amaubin à propos du château de Vayres. Il est assez probable que déjà, à cette époque (1254), Guitard avait épousé Thomasse de Gombaud, avec laquelle il eut une fille nommée Rose, qui, le 30 juillet 1260, épousa, en premières noces, Eyquem Guillem, séigneur de Lesparre, et plus tard en secondes, Amanieu d'Albret, à qui elle apporta en dot Vayres et ses autres seigneuries. Il est dit, dans le contrat passé, le 1 5 janvier 1288, par devant RaymondGontier, notaire, que le sire d'Albret avait dégagé, à ses dépens, la terre de Vayres, sur laquelle il était dû 2,000 livres aux héritiers de Guitard de Bourg, et qu'il avait fait hypothéquer son château de Bore. Amanieu d'Albret, à peine marié, se fit rendre hommage par les tenanciers et les divers seigneurs de la juridiction de Vayres. Quelques-uns, entre autres Guillaume de Montravel, seigneur de Jabastas, s'y refusèrent, donnant pour raison qu'ayant fait hommage à Rose de Bourg, ils ne devaient rien tant que cette dame vivrait. D'autres, au contraire, s'y soumirent.

Nous trouvons, dans la liste qui fut dressée à cette occasion, les divers devoirs et les sommes que chacun d'eux devait en faisant l'hommage. Les hameaux de la juridiction étaient aussi chargés de certaines redevances, entre autres de fournir des pieux pour fortifier les fossés du château. Amanieu VII d'Albret tenait pour le roi de France; mais Bérard, son dernier fils, ne suivit pas sa voie politique; il se ligua contre lui avec les Anglais, s'empara de vive force des terres de Gironde et de Vayres. Amanieu, pour le punir, le déshérita par un codicile ajouté, le 21 septembre 1324, à son testament; mais, en vertu du dernier testament de Rose de Bourg, sa mère, fait le 6 juin 1326, il resta seigneur de Vayres. Rose de Bourg mit pour condition à ce legs qu'il donnerait à chacune de ses quatre sœurs: Mathe, dame de Bergerac; Jeanne, dame de Ribérac; Thomasse, dame de Surgères, et Salide, vicomtesse de Fronsac, 50 livres bordelaises de rente prises sur le péage de Vayres, et, si le péage ne fournissait pas assez, sur la châtellenie de Vayres. Bérard servit fidèlement le roi d'Angleterre, qui, le 30 juin 1326, fit fortifier le château de Vayres, et lui écrivit, le 10 mars 1328 et le 17 avril 1330, pour le remercier de ses services et l'engager à persister dans la même voie. Le 7 octobre 1341, il lui fit hommage pour raison du château de Vayres et de toutes ses autres seigneuries. Depuis longtemps les seigneurs de Vayres et ceux de Fronsac étaient en procès à propos de certains droits que chacun d'eux prétendait avoir sur le château de l'autre. Raimond, vicomte de Fronsac, disait que le château et la châtellenie de Vayres, avec toutes ses appartenances et dépendances, devaient tenir de lui; Bérard prétendait, au contraire, que, sauf une motte sans seigneurie et sans justice haute ni basse, qui était dans le château de Vayres, il ne tenait rien de lui, mais seulement du roi d'Angleterre. Le vicomte ajoutait que la grande salle du château de Puynormand mouvait de lui; Bérard prétendait avoir le même droit sur la grande tour du château de Fronsac.

Ces diverses prétentions, probablement justifiées par des actes, étaient fort gênantes pour les deux seigneurs et auraient pu amener des conflits fâcheux; aussi résolurent-ils, de l'avis d'amis communs, de déterminer les droits que chacun devait avoir. En conséquence, le 8 mai 1 341, ils passèrent la transaction suivante: Bérard tiendra à l'avenir, à hommage franc et gentil, du vicomte de Fronsac, le château de Vayres avec tous les fosses vieux qui l'entourent et certaines choses qui sont dans les paroisses de Notre-Dame et de Saint-Pierre d'Arveyres. Le reste de la châtellenie de Vayres demeurera en entier à Bérard, ainsi que la grande salle du château de Puynormand. De son côté, Raimond conservera, en toute propriété et sans aucun hommage, la grande tour du château de Fronsac. Le même jour, après la signature de la transaction, Bérard fit hommage au vicomte de Fronsac pour raison du château de Vayres. Bérard fit son testament le 9 janvier 1345; il avait épousé, en 1318, Guiraude de Gironde, fille d'Arnaud de Gironde et de Thalésie de Caumont; il eut un fils qui porta le même nom que lui, et qui épousa Brunissinde de Grailly, fille de Pierre II de Grailly, seigneur de Bénauge et de Castillon, et d'Assalhide de Bordeaux. Dans son contrat de mariage, Bérard II avait colloqué les droits de sa femme sur la terre de Verteuil; mais, par son testament daté du 24 décembre 1374, il les avait reportés sur la terre de Vayres. Après sa mort, Brunissinde demanda à Bérard d'Albret, neveu de son mari, seigneur de Langoiran, fils et héritier d'Amanieu d'Albret, la délivrance de Vayres; ce que celui-ci accorda, et, par acte daté du 29 janvier 1375, il ordonna à Penot de Birac, capitaine du château de Vayres, et aux habitants de la reconnaître pour dame et maîtresse. Brunissinde, à sa mort, laissa pour héritier son frère Archambaud de Grailly, dont le fils, Gaston de Foix, se mit en possession de la terre de Vayres.

Alors Marguerite d'Albret, sœur et héritière de Bérard, intervint et demanda que Vayres lui fût livré; mais Gaston répondit que cette terre étant hypothéquée à la dot de Brunissinde, il ne la retenait que pour garantie des droits qu'y avait son père; que, cependant, ne voulant pas que Marguerite fût dépouillée de ses droits, il consentait à lui donner 400 livres bordelaises la première année, 100 livres les autres années, avec le droit d'habiter le château de Vayres avec une suite de douze personnes, pourvu que ces personnes jurassent de ne rien faire contre les droits de Gaston. Celui-ci restait seigneur en partie de la terre de Vayres, sur laquelle il lui revenait, du droit de sa sœur, 10,000 écus d'or. La transaction fut passée au château de Vayres le 30 juin 1411. Depuis longtemps le sire d'Albret, connétable de France, et son frère Louis, avaient pris le parti du roi de France, ce qui leur faisait craindre la confiscation de celles de leurs terres qui comme Vayres, étaient situées au milieu des possessions anglaises. Ils ne trouvèrent rien de mieux, en 1406, alors que le duc d'Orléans allait entrer en Guienne à la tête d'une armée française, que de confier la garde de Vayres à Marguerite d'Albret, dame de Mussidan. Ils lui écrivirent, en conséquence, pour la prier de faire le serment au connétable d'Albret de lui conserver son château; de le lui rendre quand elle en serait requise; de ne faire supporter aucune taille aux habitants de la seigneurie de Vayres; d'employer une partie des revenus aux réparations dudit lieu; de ne faire aucun tort, pour quelque cause que ce fût, à ceux qui tiendraient le parti de la France; de ne garder dans le château que les gens de son hôtel et les habitants de la seigneurie, et surtout de faire avoir au connétable l'assurance, signée par le sénéchal de Bordeaux, le sire de Montferrand, et ses enfants, et les autres barons de la Guienne tenant le parti des Anglais, que, pendant tout le temps que Vayres serait en sa main, ils ne feraient aucun tort aux habitants de cette seigneurie.

Marguerite se trouvait ainsi dans une fausse position; elle prit le parti le plus raisonnable: ses neveux étaient loin, Vayres était au milieu des possessions anglaises, à quelques lieues de Bordeaux, centre de leur puissance; Gaston de Foix, son parent, en grande faveur auprès du roi d'Angleterre, avait une forte hypothèque sur la terre de Vayres. Ne voulant pas se mettre mal avec les jurats de Bordeaux, elle leur communiqua, le 6 août 1406, la correspondance de ses neveux, et, le même jour, elle fit soumettre à leur examen, par le cardinal-archevêque de Bordeaux, qui paraît avoir été son conseiller dans cette affaire, une pièce qui portait le nom des 21 hommes qu'elle avait choisis pour garder le lieu de Vayres: c'étaient, entre autres, Amanieu d'Anglades, Laurant de Sancta-Massa, Perinot de La Tour, Baudinot de Pommiers, Relies de La Campena. Nous avons vu plus haut que Gaston de Foix avait des droits sur la terre de Vayres. Le 15 mars 1417, elle fut confisquée au sire d'Albret par le roi d'Angleterre, et donnée à ce même Gaston, qui en devint ainsi seigneur en totalité. Peu de temps après, le 16 janvier 1421, une transaction fut passée entre le roi d'Angleterre et la famille d'Albret. Celle-ci devait remettre toutes les terres qu'elle avait prises au roi, qui, de son côté, devait rendre la pareille aux d'Albret, et leur restituer en même temps tous leurs privilèges. Des réserves étaient faites cependant pour Vayres et plusieurs autres terres que les d'Albret réclamaient. Cette dernière seigneurie fut de nouveau concédée à Gaston de Foix, le 28 juin 1426 et le 14 août 1433. Cependant, le moment arrivait ou tout allait être bouleversé en Guienne. Dunois, à la tête d'une armée française, après avoir pris Blaye et Bourg, assiégeait Fronsac (1451). A cette nouvelle, les Bordelais, voyant que la cause des Anglais était perdue et ne voulant pas irriter le vainqueur, promirent de livrer Vayres et plusieurs autres places importantes s'ils n'étaient pas secourus dans trois semaines.

On sait comment les Français s'emparèrent de la Guienne. Gaston de Foix, d'accord avec son fils Jean, vendit à Dunois et à autre Gaston de Foix, son neveu, qui commandait un des corps de l'armée française, ses terres de la Guienne, parmi lesquelles se trouvait Vayres, et se retira à Meille en Aragon, ou il mourut. Peu de temps après, Gaston racheta la portion de Dunois. Il paraît cependant, si l'on en croit un extrait informe de lettres patentes de Charles VII, que les terres de Vayres et de Verteuil furent restituées, le 21 décembre 1451, au seigneur d'Albret, dont les descendants restèrent seigneurs de Vayres, malgré les réclamations de Gaston de Foix et de ses héritiers. Le 18 octobre 1461, Charles d'Albret dit le Cadet fit hommage à Louis XI, pour raison de la seigneurie de Vayres, et à Charles, duc de Guienne, le 21 février 1469. En 1471, il recevait, comme seigneur de Vayres, les hommages de ses vassaux. Ayant pris le parti de Jean d'Armagnac, qui s'était révolté contre Louis XI, il fut fait prisonnier, conduit à Poitiers, jugé et condamné à mort. Le roi confisqua les terres qui lui avaient appartenu, et les donna, au mois de juin 1473, à Alain d'Albret, ne voulant pas, dit-il, qu'elles sortissent de cette famille. De 1474 à 1479, des reconnaissances étaient faites en faveur d'Isabeau de La Tour, dame d'Orval, de Lesparre et de Vayres, comme mère et tutrice de Jean d'Albret, son fils mineur, seigneur d'Orval. Alain d'Albret était cependant seigneur de Vayres en 1520, puisqu'il assista, en cette qualité, à la réunion chargée d'approuver les Coutumes de Bordeaux, et en 1521, puisque, à cette époque, il donna procuration au sieur de Lussan pour vendre la seigneurie de Vayres. Nous ne savons si elle fut vendue; mais, dans tous les cas, elle ne sortit pas de la famille d'Albret, car, en 1529, on trouve des reconnaissances passées en faveur de Henri, roi de Navarre, seigneur d'Albret, etc, et de la duchesse de Valentinois, tous deux absents; mais celle-ci avait donné, avec le consentement du roi de Navarre, le 12 septembre 1528, procuration à Jean Bonnet pour les recevoir.

Le 7 juillet 1541, Henri, et sa femme, Catherine de France, sœur unique du roi François 1er, donnèrent procuration à leur oncle, le sieur Rollet, bâtard d'Albret, sieur de Sauros, gouverneur de la terre d'Albret, pour recevoir, en leur nom, les hommages des prélats, gens d'église, gentilshommes et autres qui tenaient d'eux noblement dés fiefs et arrière-fiefs dans toute la seigneurie d'Albret. Ainsi aux mois de septembre et d'octobre suivants, les vassaux de la terre de Vayres firent hommage entre les mains de Rollet. En 1556, à la même époque où la seigneurie d'Albret fut érigée en duché, Antoine, roi de Navarre, et Jeanne sa femme, vendirent, à pacte de rachat de douze ans, la terre de Vayros à Jean de Pontac, notaire et secrétaire du roi, greffier civil et criminel en la Cour de Parlement de Bordeaux. En 1662, Jeanne, voulant retirer la terre des mains de Mre de Pontac, chargea Bertrand de La Vie, avocat au Parlement de Bordeanx, de la revendre, pour la même somme et à pacte de rachat de vingt ans, à François Monsieur de Foix-Candale, qui lui avait prêté 12,000 livres tournois, plus 500 livres pour les loyaux coûts. Cette vente fut faite, par acte passé devant Caslaigne, notaire à Bordeaux, le 25 février 1562. Le 19 mars 1579, Henri, roi de Navarre, racheta la terre de Vayres à François Monsieur de Foix, qui, depuis l'acquisition qu'il en avait faite, était devenu évêque d'Aire. Il la vendit, le 10 avril 1580, à condition de rachat de trente ans, à demoiselle Marie de Chaumont, femme de M. Me Bertrand Arnoult, seigneur de Nieuil, conseiller du roi en la Cour de Parlement de Bordeaux, moyennant 8,000 écus d'or sol. Marie de Chaumont étant morte, cette terre passa à son fils unique et héritier, Henri Jaubert, sieur de Barrault, sénéchal de Bazadais. Il ne la garda pas longtemps, car elle lui fut rachetée par le roi de Navarre, qui, par suite de quelques arrangements de famille, la revendit à Ogier de Gourgues, seigneur baron de Leige, La Rochechandry et autres lieux, conseiller, maître d'hôtel ordinaire du roi, et président au bureau de la trésorerie générale de France en Guienne, par acte passé devant Castaigne, notaire à Bordeaux, le 19 juillet 1583.

Cette vente fut faite purement, simplement, à perpétuité et à jamais, moyennant la somme de 50,000 livres tournois, à la condition seule "que ledit sieur de Gourgue et ses successeurs, seigneurs dudit Vayres, seront tenus recognoistre tenir, à foy et homage dudit sieur roy de Navarre et ses successeurs roys de Navarre inséparablement, ladite terre et seigneurie de Vayres et ses appartenances et dépendances, au devoir d'une paire de gans à muance du roy de Navarre ou de vassal, d'une part et d'autre". Le 30 août 1583, Ogier de Gourgues prit possession de son acquisition. A cette époque, les terres qui sont situées entre le château et l'église de Vayres appartenaient à divers particuliers. Ogier, voulant sans doute envelopper son château d'un parc, faire des jardins et des promenades, acheta, surtout en 1587, toutes ces terres. On le voit, dans les années suivantes, recevoir les hommages de ses vassaux et tenanciers, et faire de nombreuses acquisitions dans la juridiction de Vayres. Depuis 1583, la terre de Vayres était restée dans la famille de Gourgues; elle n'en est sortie que pour passer dans les mains de M. le baron Albert de Bony, par son mariage avec demoiselle Eugénie-Cécile-Jacqueline de Gourgues, fille d'Armand Dominique-Ange-Louis,marquis de Gourgues, et de demoiselle Albertine de Montboissier, petite-fille de l'illustre Malesherbes. Quoique appartenant à la famille d'Albret, et en dernier lieu à Henri, roi de Navarre, qui fut plus tard Henri IV, le château de Vayres ne joua aucun rôle pendant les guerres de religion du XVIe siècle; il n'en fut pas de même au XVIIe. En 1649, le château appartenait pour un tiers à Olive de Lestonnac, femme de Marc-Antoine de Gourgues, et pour les deux autres tiers à son neveu Jean-Jacques de Gourgues, dont le cousin, appelé le capitaine de Gourgues et avec lequel il était en procès depuis longtemps à propos de l'héritage de leurs ancêtres communs, s'en était emparé, après en avoir chassé le fermier.

Peu après, le duc d'Épernon, voyant que les Bordelais levaient sérieusement des troupes et équipaient une flotte, résolut de se rendre maître de ce château, qui était une des clefs de Libourne et dominait la Dordogne. Aussitôt que le Parlement eut connaissance de ce projet, il fit tous ses efforts pour mettre la place en état de défense. Il crut, sans doute, être assuré de la participation du capitaine de Gourgues, comme il était sûr de la fidélité du président, et il lui laissa le commandement du château. Des troupes éprouvées furent envoyées à Vayres; on dressa des barricades aux abords du bourg, en face des chemins qui se dirigeaient sur Libourne et sur Bordeaux, et une demi-lune fut construite devant le château. Quand les épernonistes arrivèrent, la désunion s'était mise entre les chefs; les barricades furent mal ou faiblement défendues; le bourg fut pris. La prise de Vayres fut une grande perte pour les Bordelais et favorisait, par contre, les projets du duc d'Épernon; aussi Pontac, seigneur d'Anglade, qui avait fortement contribué à la prise de Vayres, soit par les intelligences qu'il y entretenait, soit par des secours matériels, fut condamné à mort par les Bordelais et exécuté en effigie. Le château ne tarda pas à rentrer au pouvoir des parlementaires. Le cardinal de Mazarin, connaissant toute l'importance de cette position, et désirant surtout faire le plus de mal possible aux Bordelais, qui ne cachaient pas la haine qu'ils ressentaient pour lui et pour le duc d'Épernon, donna au maréchal de La Meilleraye l'ordre de s'en saisir et de l'assiéger dans les formes, s'il ne pouvait l'emporter autrement. A son arrivée devant Vayres, le maréchal de La Meilleraye fit sommer Richon de se rendre, le menaçant, s'il était pris l'épée à la main, de le faire pendre avec les hommes de sa suite. Richon répondit qu'on lui avait confié la place et qu'il tâcherait de la garder. Le maréchal ouvrit la tranchée du côté du bourg où la brèche était plus facile à faire, et donna, le 3 août 1650, un assaut qui fut repoussé. Après cette affaire, les assiégeants firent demander une trève. Elle leur fut accordée; mais un nommé Thévenin, cousin germain de Richon, et qui, en cette qualité, avait le commandement d'un poste avancé, se laissant séduire par les promesses que lui firent le marquis de Biron, trahit son cousin et introduisit les ennemis dans le retranchement. Richon, se voyant dans l'impossibilité de résister, se rendit à la condition qu'on laisserait la vie à lui et aux siens.

Le maréchal de La Meilleraye, le marquis de Biron et M. de Théobon, se portèrent garant de ce traité, qui cependant ne fut pas exécuté, car Richon, conduit à Libourne, fut pendu aux halles. Après ce siège, le château de Vayres se trouvait dans un état déplorable; les. murs étaient partout lézardés; les meubles, les portes, les planchers, les toitures, en partie enlevés, et, malgré toutes les réparations qu'on y fit, il ne put reprendre son ancienne splendeur En juin 1659, Louis XIII, en considération des services rendus par le président de Gourgues et sa famille, érigea la terre de Vayres en marquisat, et confirma tous les privilèges dont ses seigneurs avaient joui auparavant. Depuis cette époque, le château de Vayres n'a été le théâtre d'aucun fait intéressant. Le seigneur de Vayres avait le droit de haute, moyenne et basse justice; droit de litre et de banc dans toutes les églises de la juridiction; de lever quatre fourches patibulaires; droit d'amende et de sceau, et autres revenus et émoluments en dépendant; pouvoir de créer des officiers, procureurs, sergents et notaires; droit de baillage, prévôté, greffe, geôlerie; droit de tenir quatre foires par an et un marché par semaine au bourg de Vayres; droit de poids et mesure, de guet et garde, carnelage, boucherie et halle; les cens, rentes, dîmes inféodées et agrières, en blé, avoine, vin, deniers, chapons, gélines, pains, manœuvres et corvées d'hommes et de bétail. Tous droits de seigneurie directe et foncière; droits de lods et ventes, prélation ou retrait par puissance de fief sur les vassaux, tenanciers et hommagers de ladite seigneurie; droit de vinée pendant le mois de mai et aux quatre jours de foire; la quatrième partie de la dîme de Fronsac; dîme de cochons, d'agneaux, blé, chanvre, vin, millet et avoine, dans Vayres; droit de tenir justice au milieu de la rivière durant toute l'étendue de la terre; droit de pêche et de chasse, deux moulins banaux, garenne, parc, prés, vignes, bois taillis, forêt, glandage, lande, marais, grands et petits raux, vacants, paduensage; droit de petit péage et de grand péage dans la ville de Libourne; celui de lever cinq mines de sel sur cinq muids sur toutes les barques qui passent devant le château sur la Dordogne; droit de bac et passage au port de Saint-Pardon, au port de Vayres et à celui du Noyer.

La juridiction de Vayres s'étendait sur les paroisses de Saint-Jean de Vayres et de Saint-Pierre de Vaux dit d'Arveyres tout entières, et sur quatre demi-paroisses, savoir: Saint-Germain du Puch, Saint-Sulpice du Bernac, Caillau et Izon. Elle confrontait, du côté du levant, à la rivière de Dordogne, commençant en amont à l'estey appelé la Moulinasse, autrement de Barbeyrac, paroisse d'Arveyres, et descendant jusqu'à celui de Lamirau, paroisse d'Izon, et à la pierre de marbre qui était en 1686, dans le bourg d'Izon, devant la maison de Me Florent La Fargue, notaire royal, faisant séparation de ladite juridiction d'avec la prévôté royale d'Entre-deux-Mers; du couchant, aux portes des églises de Saint-Sulpice et de Caillau, allant au lieu appelé au Ruisseau de La Barède (La Barrade) qui conduit au moulin appelé de Canlerane, situé en la paroisse de Saint-Sulpice, faisant de ce côté la séparation de la prévôté royale d'Entre-deux-Mers d'avec la juridiction de Vayres; au canton de Lareille, paroisse de Caillau, et au ruisseau qui descend de Caillau au lieu de La Barède; du midi, à l'estey de la Moulinasse, qui fait la séparation de la juridiction de Vayres d'avec celle de Génissac et de la prévôté d'Entre-deux-Mers; au chemin de La Regue, paroisse de Cadarsac; dans les paroisses de Saint-Germain du Puch et de Nérigean, et au lieu appelé de Graveyron, où il y a une pierre plantée entre deux esteys, près du moulin du Graveyron; aux quatre chemins appelés de La Regue de Rey, et au pas du ruisseau appelé de La Gourgue, oil de son côté s'arrêtaient les limites de la prévôté royale d'Entre-deux-Mers. Parmi les hommages qui étaient dus aux seigneurs de Vayres, il en était un assez original et que l'on appelait l'hosanne; il se rendait tous les ans, le jour des Rameaux. (1)

Éléments protégés MH : le château, les dépendances et le moulin, à l'exception des parties classées : inscription par arrêté du 18 septembre 2000. Les façades et les toitures du château, du moulin et des dépendances, les jardins : classement par arrêté du 4 octobre 2001, modifié par arrêté du 9 avril 2002. (2)

château de Vayres 33870 Vayres, tel. 05 57 84 96 58, ouvert au public de Pâques à la Toussaint de 14h à 18h30.

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(1)      La Guienne militaire: histoire et description des villes fortifiées, forteresses et châteaux construits dans le pays pendant la domination anglaise. par Léo Drouyn (1816-1896). Éditeur: Didron Paris (1865)
(2)
 
      source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/

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