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Pendant le XIIIe siècle, la justice
haute et basse des paroisses de Portets et d'Arbanats relevait de
l'archevêque de Bordeaux. "Il fallait sans doute, dit l'abbé Baurein, que
l'archevêque n'eût que la suzeraineté sur ces deux paroisses, puisque, dans
un titre du 7 juillet 1277, Gaillard de Fargues, damoiseau, est qualifié
seigneur d'Arbanats et de Portets". Cependant, on trouve, en 1273, un Pierre
d'Arbanats, chevalier, qui déclare tenir du roi ce qu'il possède dans les
paroisses d'Arbanats et de Portets, à une paire de gants. En 1312-13, cette
seigneurie était au pouvoir de Guillaume de Goth, et de Gaiilard de Goth
quelques années après. En 1348, Éliede Pommiers et son épouse furent
autorisés par le roi d'Angleterre à construire une bastide à Poureit (Portets)
ou ailleurs, dans le district d'Arbanats. Il était encore seigneur d'Arbanats
en 1354. Trente ans plus tard, en 1384, cette paroisse était au pouvoir d'Arnaud-Bernard
de Preissac, soudan de La Trau, auquel le roi d'Angleterre accorda la
permission d'y établir un marché et quatre foires par an. Ce Soudan de La
Trau n'eut qu'une fille nommée Isabelle, qui épousa, en 1408, Bernard ou
Bertrand de Montferrand, et lui apporta en dot toutes les seigneuries qui
avaient appartenu à son père. Celle d'Arbanats, qui était de ce nombre, fut
probablement confisquée à cette famille après la conquête de la Guienne par
Charles YII. Jusqu'à présent, nous n'avons pas vu le nom du château de
Castelmoron situé dans cette paroisse, et cependant il existait depuis
longtemps. Nous devons supposer qu'il avait été possédé par les divers
seigneurs dont nous venons de parler. Au milieu du XVIe siècle, il
appartenait à la famille Daulède. Pierre Daulède, écuyer, qui épousa en
secondes noces Jeanne de Millac, ne prend encore dans son contrat de
mariage, en date du 22 novembre 1534, que le titre de seigneur du
Cros-sur-Garonne et de Virelade.
Ce n'est qu'après son mariage qu'il dut acquérir le château de Castelmoron
où il habitait, du moins par moments, puisque le 14 août 1545, il y fit son
testament, dans lequel il légua à son fils aîné du premier lit la seigneurie
du Cros, et à Geoffroy Daulède, fils aîné de sa seconde femme, celle de
Castelmoron. Le contrat de mariage de Geoffroy Daulède, qui épousa
damoiselle Marguerite de Gassies, dame de la maison noble de Pardaillan,
date du 28 juillet 1568. Il y prend le titre de seigneur de Castelmoron. Il
épousa en secondes noces Jacquette de Lestonnac. Dans ce second contrat, qui
fut passé le 13 janvier 1586, il ne se qualifie plus que seigneur de
Pardaillan. Dans les archives de M. Trapaud de Colombe, dernier descendant,
par sa mère, de la famille Daulède de Pardaillan, où ces derniers faits sont
puisés, aucun des enfants de Geoffroy ne prend le titre de seigneur de
Castelmoron; mais dans celle de M. le comte Henri de La Chassaigne du Cros,
on trouve encore, en 1566, un François Daulède, seigneur de Castelmoron,
fils de Raimond Daulède, aussi seigneur de Castelmoron, et d'Anne de Lusiers.
Vers cette époque, la terre de Castelmoron dut être vendue par les Daulède;
car, dans les deux collections d'archives que nous venons de citer et dans
leur généalogie, les Daulède cessent de s'en qualifier seigneurs. Pendant
les guerres de la Fronde, le château fut détruit par le duc d'Épernon.
Depuis lors, il ne s'est pas relevé de ses ruines.
Le château de Castelmoron est, en effet, tellement ruiné, qu'il est
impossible de reconnaître certaines parties de son plan; il est à peu près
carré, et deux de ses angles au moins ont été empâtés par des tours rondes.
Une tour carrée, précédée sans doute par une barbacane, et sous laquelle
devait passer la porte, s'avance au milieu de la courtine septentrionale.
Les fossés ont été complètement comblés, excepté une portion de ceux de la
barbacane. Les courtines ont deux mètres d'épaisseur, et leur hauteur est
encore,de six mètres environ. Ces courtines sont percées de meurtrières de
formes différentes, tant du côté intérieur que vers l'extérieur; ainsi, à
l'ouest, au nord et au sud, elles sont en plein-cintre, et s'enfoncent dans
le mur, en forme d'entonnoir, jusqu'à la fente verticale extérieure, qui est
pattée à ses extrémités, mais non munie d'un croisillon central; celles de
l'est sont à linteau droit sur consoles, et leur fente extérieure n'a pas de
pattes. Une des meurtrières du sud devait servir à deux archers. Son
archivolte en plein-cintre retombe sur des pieds-droits surmontés d'un
tailloir qui, se profilant dans l'intérieur de la niche, va former les
consoles du tailloir de la meurtrière elle-même. Cette disposition, qui
rappelle les arcatures romanes, est peu usitée dans les monuments militaires
de la basse Guienne. Ces meurtrières, sauf l'ouverture extérieure,
ressemblent assez à celles du Castera de Saint Médard-en-Jalles.
On trouve au sud, près de l'angle sud-ouest, une poterne qui était protégée
par la tour ronde qui empâtait cet angle, et dans laquelle on entrait par
une porte percée dans l'angle même. Cette tour, elle aussi, était protégée
par une meurtrière voisine qui en battait la base septentrionale. Le
bâtiment qui surmontait la porte au nord du château, et dont il ne reste
plus que la paroi orientale, se composait d'un rez-de-chaussée et d'un
premier étage, séparés par un plancher dont les solives reposaient sur un
retrait du mur, qui devenait ainsi un peu plus étroit au premier étage. Les
ouvertures de ces deux étages sont à linteau. Dans le plafond de l'une
d'elles existe encore une palmette peinte à l'époque de la construction de
cette tour carrée, qui a dû être bâtie, au commencement du XIVe siècle, par
Guillaume de Goth; tandis que le reste du château doit être du XIIIe siècle.
Si Élie de Pommiers construisit, au milieu du XIVe siècle, une forteresse
dans le district d'Arbanats, ce n'est certainement pas le château connu sous
le nom de Castelmoron. Sa position dans les terres d'alluvion de la rive
droite de la Garonne, qui pouvait remplir les fossés à toutes les marées, le
rendait d'un accès très difficile, et l'épaisseur de ses murs en, faisait
une forteresse presque imprenable avant la découverte de l'artillerie. (1)
château de Castelmoron 33720 Virelade, propriété
privée, visite des extérieurs, vestiges.
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