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Ce domaine s'élève sur la dernière terrasse de la
Garonne. Il prend ses origines au XVe siècle alors qu'il est la propriété de
la famille Deymier. Il passe au XVIe siècle entre les mains des Reynier à
qui il doit son nom. Il est acquis en 1781 par Guillaume Dubarry, époux
honoraire de la favorite de Louis XV. Ce dernier fit fortune grâce à la
généreuse compensation qu'il reçut en remerciement de sa complaisance dans
son mariage avec Jeanne Bécu en 1768, qui permit à cette dernière d'être
présentée à la cour du roi et d'en devenir la maîtresse officielle. Après
avoir obtenu une pension et le titre de Colonel d'Infanterie, le nouveau
propriétaire fut en mesure de transformer le lieu à sa guise. Lorsqu'il
acquiert la Reynerie, la propriété comporte un château et des communs. En
seulement deux ans, il fit bâtir ce véritable bijou d'architecture qu'est le
château. En juin 1783, il donna une réception dans sa toute nouvelle
demeure. Il semble qu'il ait fait réaménager l'ancien château en communs,
reliés à sa folie grâce à une galerie en bois. Il acheva d'embellir le
domaine en aménageant un magnifique jardin avec l'aide d'un paysagiste
parisien en 1790. Ses initiales, GB, sont gravées sur la clé de la baie
centrale de la façade sur parc. Plusieurs noms ont été avancé pour
l'architecte choisit par le comte. M. Mesplé a notamment cité celui de
Jean-Arnaud Raymond, qui pourrait selon lui être l'architecte de la famille
Dubarry (il se pourrait qu'il ait également édifié le château de Purpan et
l'hôtel Dubarry place Saint-Sernin). Le petit château est construit dans le
style du petit Trianon, comme en témoigne les balustrades des fenêtres et
leurs larmiers talutés. Son avant-corps circulaire, sa balustrade supérieure
et ses murs ornés de refends lui donnent en tous les cas l'apparence d'un
édifice parisien, briques exceptées. Les gracieux décors en stuc qui ornent
l'intérieur de cette folie ont été sculptés par Jean-Baptiste Julia. Par
chance, ce petit pavillon ne fut pas touché à la Révolution. Guillaume
décède en 1812 et sa "folie" est alors vendue. Les propriétaires se
succèdent au XIXe siècle, la partie supérieure du parc est réaménagée à
l'anglaise, les communs et la chapelle sont détruits en 1860, la ferme et
l'orangerie sont reconstruits. En 1961, le projet de ZUP du Mirail provoque
le classement parmi les sites pittoresques du site et l'inscription à
l'Inventaire supplémentaire de la façade de l'orangerie. Le domaine est
amputé de 55 hectares de terres et de parc, plusieurs corps de bâtiments de
la ferme sont démolis pour faire place aux parkings. Pour faire face aux
difficultés d'entretien du domaine, l'orangerie est reconvertie en
appartements. En 1985, la ville rachète la partie basse du parc, le jardin à
la française ainsi que le pigeonnier du XVIIe siècle et les parterres
attenants. Le 23 octobre 2008, au terme d'une vente à la bougie, la mairie
de Toulouse s'est portée acquéreur de la partie du domaine comportant le
château et son orangerie, qui appartenait à la famille Ricard depuis plus
d'un siècle. Le château de Reynerie est l'une des plus belles
réalisations architecturales de la fin du XVIIIe siècle à Toulouse. Le logis
forme un rectangle simple rompu côté jardin par une saillie semi-circulaire
formée par la rotonde du salon d'honneur. La symétrie des façades
occidentales et orientales rythmées par sept travées, dont trois centrales
en avant-corps, participe de l'élégance du bâtiment. Un décor de bossage
continu anime discrètement les élévations de ce pavillon, couronnées par un
entablement. Le toit à double versant est masqué par un mur d'attique
interrompu par des balustrades à l'aplomb des baies. L'influence de
l'architecture parisienne est bien visible, seuls les matériaux employés
rappellent le caractère toulousain de la construction. Côté cour, le
bâtiment présente une architecture assez dépouillée : un avant-corps peu
marqué souligné par un perron est ouvert par des portes-fenêtres en plein
cintre. En aplomb de ces baies, des tables accueillent un décor sculpté
représentant des angelots indolents au centre de feuillages sur lesquels
sont venues se poser des colombes. Les parties en renfoncement sont percées
sur deux niveaux par des fenêtres rectangulaires éclairant le
rez-de-chaussée surélevé et l'étage de combles. Côté parc, on accède à la
façade orientale par un escalier droit encadré de piliers gardés par deux
lions vigilants et ornés de vases. Une fois arrivé sur cette terrasse, on
peut aisément admirer la rotonde dont la forme circulaire est épousée par un
perron. Les portes-fenêtres de cette élévation sont en plein-cintre : la
baie centrale porte un écusson aux initiales entrelacées GB accompagné
d'attributs militaires ; les baies qui l'encadrent sont ornées de cornes
d'abondance et de palmettes. De part et d'autre de la rotonde, la façade est
percée de fenêtres rectangulaires couronnées d'une corniche et ornées d'une
balustre en allège. Les élévations latérales comportent quatre travées. Des
fenêtres rectangulaires éclairent le rez-de-chaussée surélevé et des petites
fenêtres allongées ouvrent l'étage de combles. Il suffit de franchir les
portes qui mènent au salon d'honneur pour constater que le rez-de-chaussée
est décoré avec le plus grand raffinement : des panneaux de stucs sculptés
aux cheminées en passant par les glaces et le mobilier, tout est sujet à
l'émerveillement. En descendant les quelques marches de l'escalier qui mène
au parc, on aboutit à une allée bordée de buis formant l'axe principal du
parc. Cette percée s'achève par un grand bassin circulaire. Une autre allée
en direction de l'ouest mène à un pavillon néoclassique d'ordre dorique au
fronton soutenu par deux colonnes. Dans cette fabrique semblable à un petit
temple est creusée une grotte rustique. Un petit bassin se déverse sur trois
marches dans une longue allée d'eau bordée de peupliers. Autres beautés de
ce jardin : un pigeonnier percé de niches plein-cintre du XVIIe siècle et
une serre en ferronnerie du XIXe siècle.
Éléments protégés MH : le château; le lavoir et le parc avec son décor
d'architecture : classement par arrêté du 13 août 1963.
château de la Reynerie, 160 chemin de Lestang, 31000 Toulouse, propriété de
la commune, propriété publique, visite des extérieurs uniquement. Label
Jardin Remarquable accordé par décision du Ministre de la Culture du 14 mai
2004.
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