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Le château de
Rigoulène est édifié à l'emplacement d'un ancien bâtiment mas signalé dans
un cartulaire au XIIe siècle sous l'appellation "Manso Rigolena". Il a été
dans la mouvance des seigneurs de Noblat jusqu'à la fin du XVe siècle.
Inventaire après décès de Pierre Dalesne écuyer, seigneur de Rigoulène,
président trésorier de France au bureau des finances de Limoges, devant
Gadaud notaire, le 12 mai 1688 : "et advenant le 17e jour dudict moys de may
1688 par devant nous notaire royal et tesmoings soubsignés cest presente, le
dict sieur Jean Dalesme lequel nous a requis, aux fins de la continuation du
sus dict inventaire, de vouloir nous transporter au dict lieu de Rigoulène
suivant l'assignation précise à ce jourd'huy, ce que luy avons accordé ; et
nous étans portés avec nos dicts tésmoings accompagnés du dict seigneur de
Rigoulène et parens susdicts au dict château de Rigoulène élogné de cette
ville de Limoges de trois lieux ou estants, nous aurions procédé à la
continuation du dict inventaire ainsi que s'ensuit. Ayant été conduits par
le dict seigneur de Rigoulène dans la chapelle du dict château, qui est à
main gauche en entrent, avons trouvé l'autel dicelle garni d'une nape fine
usée, et un devant d'autel de cuir doré à fleurs et audeseus du dict autel
un grand tableau, et un armoire qui est a costé y avons trouvé un devant
d'autel detabis à fleur une chasuble de la même couleur deux cuissins, une
bourse et voyle, le tout du même habit plus une autre chasuble de velours
noir avec garniture, plus un livre missel, une aube et deux burettes d'estaing
; et étant entrés dans la cuisine avons trouvé une maye à faire du pain une
table et deux bancs fort usez, deux ays sur lesquels y avons trouvé cinq
plats une douzayne d'assiettes deux assiettes creuses deux escuetlles d'estaing,
plus une paire chenets de fert, une crancalière, une broche, une petite
pelle, un gril, une poèlle deux pots de fert l'un de la contenance d'un
sceau et l'autre de demi, deux bassins de quatre sceaux l'un et l'autre de
demi et un seau de boys. Ce faict, ledict seigneur nous aurait conduict dans
la mesterie de la porte faicte valoir par Thoumieu Baille...".
Le 26
juillet 1718, extrait de mise en adjudication du domaine de Rigoulène. Ce
document imprimé donne un descriptif du château de Rigoulène. De par le Roi
et Nos Seigneurs de la Cour des Aides "on fait savoir à tous qu'il
appartiendra, que le mercredi 17 août 1718 il sera procédé à l'adjudication,
sauf quinzaine, suivant l'Arrêt de congé d'adjuger du 29 Janvier 1718, Et
enchère de quarantaine, expédiée au Greffe de la Cour et publiée en jugement
le mercredi 13 mars 1718, à la Requête d'Alexandre Lecrom, Bourgeois de
Paris, chargé du recouvrement des effets d'Henry Londeys fil et héritier de
Pierre Londeys, Receveur du Taillon de la Généralité de Limoges, Créancier
et poursuivant la vente et adjudication par décret du lieu et Fief noble de
Rigoulène, métairie, Bâtiments et Héritages en dépendant, tant en Fiefs que
roture, et situés dans les Paroisses de Saint Pierre du Queyrois, de Saint
Michel des Lions, de Saint Julien les Limoges, de Saint Etienne et Saint
Martial du dit Saint Léonard, et Pont de Noblat, et autres héritages
ci-après déclarés, sur Messire Jean Dalesme, sieur de Rigoulène, ci-devant
Conseiller du Roi, Président, Trésorier Général de France en la Généralité
et Bureau des Finances de Limoges, comme héritier par bénéfice d'inventaire
de Feu Messire Pierre Dalesme vivant, aussi Trésorier de France, son père,
dont teneur en suit: le château noble du lieu de Rigoulène, couvert à tuile
courbe et plate, ayant ses girouettes au-dessus roulantes et mouvantes,
rentes, métaires et biens en dépendants, et situé au lieu de Rigoulène,
paroisse de saint Etienne de Noblat, consistant en deux appartements où il y
a cave, cuisine, boulangerie, chambres, antichambres hautes, greniers,
galetas, écuries, basse-cour, confrontant d'un côté au jardin du dit lieu,
au chemin qui va au Bourg de la Chapelle, d'autre : et à l'étang ou canal
qui joint le dit château, d'autre part : un grand jardin renfermé de
murailles, ayant un cuvier dedans et un petit étang qui joint le dit
Château, le tout de contenance de quinze sestrées ou environ : confrontant
au dit château d'une part : au chemin qui va du dit Rigoulène au Village
Desbordes, d'autre : et au jardin des métairies du dit Rigoulène, d'autre
part : et une grande prairie de la contenance de 25 journaux à faucher ou
environ, joignant le dit château, d'une part : au chemin qui va du dit
Rigoulène à Saint Léonard, d'autre : et au chemin allant de Saint Léonard à
la Chapelle, d'autre part, y ayant un canal à la hauteur d'celle : et par le
haut un chemin qui va du dit Village de Rigoulène au Village Desbordes".
En 1885, le propriétaire de Rigoulène commande au paysagiste-horticulteur
André Laurent la création d’un parc à l'anglaise, André Laurent étant le
créateur de nombreux parcs paysagés en Limousin. Il est assez intéressant de
souligner que ce projet a été conçu strictement à l'intérieur de l'ancien
périmètre clos, ce qui est assez contraire même du parc paysagé généralement
sans rupture avec la campagne environnante. Au début du XVIIIe siècle, le
château de Rigoulène est agrémenté d'un jardin réguler situé au sud, dont on
ne connaît pas la période de création, XVIe ou XVIIe siècle. On remarque que
l'eau abondante sur le site de Rigoulène est présente dans la cour
intérieure mais participe aussi à la composition du jardin avec la pièce
d'eau située à l'ouest et les bassins d'ornement ou servant d'abreuvoir. Au
début du XIXe siècle, une partie de l'emplacement du jardin régulier
subsiste, et le mur de clôture est porté sur le cadastre. En 1885, le projet
d'André Laurent, tient compte de la pièce d'eau et des bassins et la
charmille participe à la composition. À partir de cette date, une allée
majestueuse est crée ce qui change l’accès principal au château et modifie
les systèmes de circulation usités jusqu'alors. En 1935, une nouvelle allée
rectiligne plantée de boules de buis est tracée dans l'axe du bassin
circulaire, ce qui recrée une perspective identique à celle du jardin
régulier. Cette allée droite coupe la composition d'André Lanrent. À partir
des années 1978, on observe avec différentes photographies aériennes que les
allées courbes ne sont plus entretenues ; dans les années 1990, elles ont
été peu à peu toutes gommées. Les massifs d'arbustes à fleurs plantés par
André Laurent ont disparu ainsi que de très nombreux arbres. En 1995, la
rangée de boules de buis a maintenant une empreinte très forte dans le
paysage, des arbres ou arbustes sont replantés sans projet concerté.
La
construction actuelle semble dater du XVIe siècle ou du premier quart du
XVIIe siècle. La chapelle a été transformée en salon. Une pièce a été
entièrement lambrissée et décorée de motifs peints au quatrième quart du
XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle, un panneau représente le château
entouré d'un jardin à la française. L'édifice se compose de deux corps de
bâtiment parallèles encadrant une cour intérieure fermée à l'est par un mur
percé d'un large portail et, à l'ouest, par une galerie faisant communiquer
les corps de bâtiment latéraux. Au nord, une tour circulaire renferme un
escalier en vis et, au sud, une construction rectangulaire servait autrefois
de chapelle. Les pièces de réception et de service s'ouvrent sur la cour
intérieure et se distribuent au rez-de-chaussée. Les deux étages abritent
les chambres. Au rez-de-chaussée, un ancien salon est entièrement recouvert
de lambris peints à la détrempe, polychrome sur fond gris, datant du XVIIIe
siècle. Une vaste cheminée Renaissance est déposée dans l'ancienne chapelle.
Elle provient de l'abbaye de Grandmont et a été ramenée par l'architecte
Brousseau chargé de démolir l'abbaye à la fin du XVIIIe siècle.
Éléments protégés MH : la salle à manger au décor peint : classement par
arrêté du 18 décembre 1989.
château de la Rigoulène
87400 Saint-Léonard-de-Noblat, propriété privée, ne se visite pas.
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