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Mentionné pour la première fois en 1260 dans un
acte faisant état du Bayle du château, le Castet-Nau d'Azun voit son
architecture se lier à ses occupants. On ne saurait donner une date précise
de fondation, mais nous pouvons faire un lien avec la commande de Centulle
III compte de Bigorre, qui en 1175 fait élever le château de Vidalos. Le
château d'Arras n'était pas encore érigé mais étymologiquement,
l'appellation Castet-Nau, pour "château neuf", y trouve sa justification en
tant que nouvel édifice. On peut donc présumer que le donjon central et son
enceinte sont les éléments alors en place en 1260 et que leur élévation est
postérieure à 1175. Ceci est confirmé par le style architectural adopté
ainsi que par les monnaies trouvées sur site et remontant à la seconde
moitié du 13e siècle. La documentation ne permet pas pour l'instant de
préciser le commanditaire du château. Quoiqu'il en soit, il est sous tutelle
comtale puis devient possession des rois de France jusqu'au traité de
Brétigny. En 1360, la forteresse est laissée au parti anglais et en sera la
propriété jusqu'en 1404, date du siège orchestré par Jean de Bourbon, comte
de Clermont. La deuxième phase de construction se situe alors à cette
bascule historique. Au tournant du XIVe et du XVe siècle, le château entre
dans un contexte militaire où sa défense jusqu'ici passive devient un enjeu
politique. C'est la phase de remaniement qui laisse le plus de traces
aujourd'hui. Il n'est cependant pas encore évident de pencher pour un
remaniement anglais ou français. La bâtisse est redevenue possession
française et en 1426 lorsque Jean de Foix Grailly en fait don à Bernat de
Coarraza, le Castet-Nau d'Azun obtient son premier seigneur particulier. Les
historiens Raymond Ritter et Gaston Balancie remarquent le remaniement de la
structure. La courtine est surélevée, le chemin de ronde est agrémenté d'un
crénelage et une tour carrée, massive, imposante et adossée à l'enceinte,
vient compléter le donjon primitif. Concernant la datation, il est difficile
là encore d'être très précis. Au vu de la morphologie du remaniement,
remonter à la fin du XIVe ou au début du XVe siècle est justifiable, ceci
dit, ce serait trop s'avancer que de choisir entre un aménagement opéré par
le parti anglais ou bien français. En effet, dire si le renfort de cette
structure sur le plan défensif se fait en prévention du siège de 1404 ou en
réponse est délicat, dans l'actuel des connaissances. Quoiqu'il en soit,
Bernat de Coarraza en devient le premier seigneur particulier. Vicomte de
Lavedan, sa famille en conserve la garde jusqu'en 1733 pour la laisser à
celle de Palarin. En 1757 c'est la famille de Palaminy qui reprend
l'édifice. Il faut alors souligner que cette famille, aussi à la tête du
château de Laloubère serait une branche descendante des Castet-Nau. La
forteresse médiévale se retrouve, dès la fin du XVIIIe siècle, exploitée en
propriété agricole, l'enceinte devient une étable et la tour carré un fenil.
Ruiné et abandonné depuis des siècles, des corbeaux et autres éléments ont
servi au XIXe siècle à la restauration de la tour de Vieuzac à Argelès. Il
avait disparu sous la végétation quand, en 1996, un archéologue de Lourdes a
décidé de le racheter pour le restaurer scrupuleusement. Beau travail sous
le contrôle des Bâtiments de France. Implanté à flanc de montagne, dans
la vallée menant d'Argelès-Gazost aux pentes du col du Soulor, le Château d'Arras-en-Lavedan
suit une politique d'occupation du territoire visant à protéger le passage
vers le Béarn et l'Aragon. En parallèle il borde la route empruntée pour
aller sur le Plateau du Bergons, véritable grenier nourricier de la vallée.
La bâtisse se caractérise par un donjon enclos d'une enceinte utilisant la
déclivité naturelle pour optimiser sa protection. Il s'agit d'un élément de
défense passive intégré à la logique de gouvernance du territoire.
L'enceinte, chaînée à ses angles par des pierres de taille, simplement
percée d'une entrée principale et d'une poterne, se compose d'un mur large,
en moyen appareil, utilisé de manière hétérogène. La maçonnerie, liée à la
chaux, emploie aussi bien de gros blocs de galets que du granit morainique
ou bien du tuf, comme en témoigne le pan de mur au-dessus de la porte
d'entrée. Le donjon primitif, de plan circulaire, révèle une utilisation de
blocs plus petits. Il s'élève sur quatre niveaux, un rez-de-chaussée
aveugle, voûté et muni d'un trou d'homme, un premier étage percé d'une porte
d'accès desservie par un escalier en bois dont le départ se trouve dans la
cour. Un deuxième est éclairé par une archère en pierre de taille à
ébrasement simple. Le dernier étage est ouvert par une baie rectangulaire en
pierre de taille au-dessous de laquelle se remarquent deux trous de boulins.
Une série de corbeaux couronne l'élévation. Elle est précédée d'une assise
uniforme de dalles de schiste qui confortent la maçonnerie. La partie
inférieure de la tour est datable du XIIIe siècle, les parties supérieures
sont le résultat d'une reprise. A l'intérieur, la circulation entre les
niveaux se fait par une succession d'échelles : résultat d'une restitution à
partir des sources. Dans l'angle sud-est de l'enceinte on remarque le
rehaussement de la courtine avec la mise en place d'un chemin de ronde
crénelé et le creusement d'un fossé en eau qui se prolonge tout autour des
fortifications. Au sud-ouest se tient la porte d'entrée principale, protégée
de mâchicoulis restaurés. Son encadrement est fait en pierre de taille et
forme un arc brisé. On remarque au niveau des piédroits chanfreinés les deux
seuls décors de la construction. Ils représentent des motifs végétaux. Des
marques de tâcherons sont réparties sur ces pierres de taille, elles sont
identiques à celles que l'on peut retrouver sur l'appareil constituant le
sas. Venant flanquer cette porte, une tour carrée est adossée à l'enceinte.
Cet élément de défense active protège l'entrée par la mise en place d'un
sas. Les deux angles extérieurs sont chaînés de puissantes pierres de taille
tandis que les maçonneries de la tour sont constituées d'un appareil de
blocage entre deux murs de parement. Le chaînage de la tour avec l'enceinte
est lisible au premier étage, la partie ruinée expose la technique de
maçonnerie employée et on constate la stratification opérée. De gros blocs
sont disposés en assises horizontales et encadrent un remplissage
hétérogène, permettant ainsi de lier la construction. Cette tour est à
rapprocher de celles de Montaner, Morlane ou Mauvezin.
Parmi les aménagements d'origine encore en place sur cette tour on note
l'encadrement d'une porte en arc brisé donnant sur le chemin de ronde par
une galerie couverte et voûté en berceau. On relève aussi une fenêtre à
meneaux restituée à partir de fragments en place. Les moulures prismatiques
de ces fragments pourraient confirmer une datation de la seconde moitié du
XIVe siècle, en raison de leur forme archaïque. Au nord, on trouve un
percement à 1,50 m au-dessus du sol actuel et à 30 cm au-dessus du lit de
corbeaux courant sur la face de l'enceinte. Cette ouverture possède un
entablement composé de deux dalles de schiste reposant sur un corbeau
central et deux latéraux. Le corbeau central repose sur une pierre taillée
prismatique divisant l'ouverture en deux partie qui se réunissent dans la
profondeur du mur et qui débouche à l'extérieur sur une pierre débordant de
l'enceinte. En façade interne, le sol de ce percement est fait d'une dalle
de schiste imposante et monolithe. La composition de l'ensemble laisse
penser qu'il s'agit d'un aménagement lié aux évacuations d'eaux, même si la
forme en est remarquable. A l'est, le mur d'enceinte est percé de trois
fenêtres à coussiège, leur encadrement est fait de tuf. Un conduit de
cheminée dont l'encadrement est nouvellement restauré est aménagé dans
l'épaisseur du mur, de même que des latrines. Ces dispositifs permettent de
restituer l'emplacement d'un logis dont les fondations sont encore visibles.
Au niveau du sol actuel, dans l'angle avec le corps de logis oriental, la
face sud de l'enceinte dispose d'une baie à ébrasement dont les piédroits
intérieurs en pierre de taille ont été réparés. Le couvrement est fait de
dalles de schistes qui reposent sur des corbeaux. Au niveau supérieur, on
retrouve une petite baie fermée d'une grille. Plus à l'ouest, une fenêtre à
coussiège imposante prend place. Au moment de l'enquête, la brèche
surmontant cette baie, était l'objet d'une restauration. La poterne, munie
d'un escalier traversant la largeur du mur, dispose d'un encadrement en
pierre de taille où l'empreinte d'une grille est marquée. La descente par
l'escalier est couverte de dalles de schistes alternant avec plusieurs
linteaux. L'ensemble forme une couverture disposée en degré et débouche sur
la porte donnant vers l'extérieur de l'enceinte. Cette élévation est
complétée par une fenêtre à double coussiège, une autre à coussiège simple
et deux cheminées. Ces aménagements constituent un autre niveau d'habitation
dont l'alignement des corbeaux nous confirme les limites.
château d'Arras, rue du château, 65400 Arras-en-Lavedan, vestiges, visite
possible l'hiver pendant les travaux.
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