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Présentation : L'origine du nom de Lillion, encore
écrit "l'Illion" sur le cadastre de 1812 est sans doute à trouver dans un
diminutif du mot île. La configuration des lieux dans une prairie inondable
au ras de la Vilaine, de même que l'existence d'anciens plaide pour cette
interprétation. Elle a toutefois changé et connu un aller-retour en l'espace
de trois ou quatre siècles. Le projet de canalisation de la Vilaine de 1543
représente le manoir franchement en retrait à l'est du cours de la Vilaine,
isolé au milieu d'une masse boisée, à peu près tel qu'il est aujourd'hui, à
l'instar du manoir plus en amont de la Prévalaye. Les deux cadastres du
XIXe, établis en 1812 et 1842, situent par contre l'édifice directement
implanté en bordure de la rivière. Cette différence de localisation qui ne
peut guère être mise au compte d'une erreur du dessinateur du XVIe siècle,
lequel utilise les édifices riverains de la Vilaine comme repère, est liée
au contraire à une modification du tracé de la rivière. Les anciennes
représentations du site confirment cette évolution en parallèle du tracé de
la Vilaine et de la répartition des différents bâtiments composant le
manoir. La chapelle de la fin du XVe en retrait vers le nord-est un peu à
l'écart n'a visiblement pas été construite pour être vue de la rive pas plus
que manoir primitif dont on pourrait trouver des vestiges près de l'angle
sud-est du château actuel. Tout change avec le début du XVIIe siècle. C'est
sans doute à cette époque que la canalisation partielle de la rivière et la
modification de son tracé, en particulier à la hauteur de Lillion,
entraînent un nouveau programme architectural, entièrement conçu par rapport
à la proximité de l'eau.
Le nouveau château de Lillion, largement ouvert sur la rivière dont il
inscrit le cours dans sa perspective s'apparente au modèle de la maison des
champs. Le mur ouest de la cour, joignant l'extrémité de deux corps de
dépendances plonge directement dans l'eau. Sur le cadastre de 1812,
l'édifice est encore représenté ainsi, interrompant le chemin de halage. Des
baux du XVIIIe siècle établissent la pratique des propriétaires de s'y
rendre depuis Rennes en barque et confient à la charge du fermier
l'entretien de l'accès du bateau. Dans la première moitié du XIXe siècle, le
prolongement du chemin de halage entraîne la création, de part et d'autre de
celui-ci, de deux escaliers, l'un qui monte de la cour vers le portail à
claire-voie percé dans le mur, l'autre qui descend jusqu'à l'eau pour former
embarcadère. Au fond de la cour, l'ensemble formé par les deux pavillons
construits au début du XVIIe siècle en symétrie de part et d'autre d'un
corps central, lui-même reconstruit au XVIIIe siècle, constitue un nouveau
logis parallèle au cours de la Vilaine et prenant vue sur lui. Le pavillon
sud dont le toit est orné d'une grande lucarne de calcaire est sans doute le
plus ancien. Les photographies du début du XXe siècle montrent encore son
articulation avec les vestiges probables de l'ancien manoir. Du côté du
jardin, les pavillons sont cantonnés d'oriels carrés reposant sur des culots
moulurés. Ces éléments ornementaux, construits en briquettes se rattachent à
une mode fréquente dans les logis nobles rennais de la première moitié du
XVIIe siècle.
Toutefois cette composition n'est symétrique qu'en apparence; d'une part, un
passage entre la cour et le jardin sépare le pavillon nord des communs,
d'autre part les niveaux d'élévation des deux pavillons sont sensiblement
différents. Celui de droite abrite un rez-de-chaussée enterré surmonté d'un
étage carré et d'un étage de comble qu'éclaire une belle lucarne de calcaire
restaurées dernièrement, celui de gauche, au nord, ne comprend que deux
niveaux habitables, un rez-de-chaussée et un étage. L'interposition du logis
central n'est pas moins étonnante. Malgré les importantes restaurations
effectuées au début du XXe siècle par la famille Huchet, alors résidant à
Lillion, on y reconnaît la marque du XVIIIe siècle. L'escalier à balustres
de bois tourné, les lambris qui garnissent les deux pièces du
rez-de-chaussée, un salon et une salle à manger, sont caractéristiques des
années 1730. Le bail de 1735, contracté entre les propriétaires indivis et
un jardinier fait état d'une pratique spécifique que reflète encore l'état
des lieux figuré sur le cadastre de 1842. Au nord de la cour principale du
château se trouve la basse cour. La ferme occupe l'angle sud ouest. Un autre
bâtiment du côté sud et attenant au jardin de la ferme, est probablement la
maison de la Closeraye que le bail de 1735 réserve comme habitation pour le
jardinier.
Historique : Le site est déjà occupé dès la Préhistoire: des vestiges
de l'âge du bronze ainsi que des monnaies gauloises, conservés au Musée de
Bretagne y ont été trouvés au XIXe siècle. Cette ancienneté est à relier
sans doute à une mention au XIe siècle, la plus ancienne pour le lieux
nobles de Rennes, celle de la maison noble des Bougrières, aujourd'hui
disparue, située juste en amont de Lillion, dans une zone encore isolée au
XIXe siècle entre un ancien bras de la Vilaine et un ruisseau. Une chapelle
est construite à la fin du XVe siècle au nord-est du manoir, apparemment en
dehors de son enceinte. La première mention du lieu noble de Lillion ne
remonte qu'à 1513, date à laquelle le manoir appartient à la famille Pofrais,
également présente aux Chalais. Les parties les plus anciennes de l'actuel
édifice, correspondant à la moitié orientale du côté sud de la cour
pourraient remonter à cette époque. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, Lillion
appartient aux Chauvel, auxquels il faut sans doute attribuer l'essentiel de
l'ensemble architectural visible aujourd'hui. Bail de Lillion le 2 août 1735
(archives d'Ille-et-Vilaine): "Le deuxième jour du mois d'Août 1735 après
midi par devant les notaires royaux à Rennes soussignés fut présent François
René Chauvel sieur de la Housaye demeurant à la terre de la Housais paroisse
de Cornus les Trois Maries évêsché de Rennes, de présent au dit Rennes et
écuyer Pierre François Guyot sr du Plessix, père et garde naturel de son
fils avec feue dame Françoise Scholastique Chauvel son épouse demeurant
place Sainte Anne paroisse de Saint Aubin, lesquels pour le temps de 2 ans
entiers et consécutifs qui commenceront au jour Saint Michel prochain et
finiront pareil jour le temps expiré ont loué et affermé à Yves Helbert
jardinier et Perrine Gérard sa femme laquelle le requérant de luy duement
autorisée ensemble demeurant près la perrière du Bourg l'Evêque paroisse St
Etienne présents scavoir est la Retenue de la terre de Lillion, consistant
dans le jardin principal, le verger, les deux petits prés du remondoir avec
un petit jardin derrière l'écurye, même le petit ilet.
En ce qui concerne les oziers sans espoir advenir de bois démonde, gros bois
et menu sur les ilets et ailleurs. Comme aussi auront les preneurs le droit
de pescher dans la grande rivière et regard en ce qui appartient à la dite
terre de Lillion, prohibitivement et à tout autres sans pouvoir le sous
affermer ni même donner des permissions d'y pescher, parce que néanmoins les
dits sieurs bailleurs se réservent la faculté de prendre le bateau et d'y
pescher lorsque bon leur semblera à leur préjudice. Et seront chargés
lesdits preneurs de l'accès du bateau dont ils seront responsables. Et
jouiront de la maison de la Closeraye près le four où ils feront cuire leur
pain. Si bon leur semble disposeront les dis preneurs de la chambre au
dessus de l'embas de la dite Closeraye comme aussi du grenier au même
superfice et cabinet joignant pour y mettre grains et oignons à leur
nécessité, disposeront pareillement de la petite tour qui est du même côté
de la dite maison et superfice pour foin, même des deux petites tables s'entre-joignantes
et superfice pour y mettre foin. Feront faire leur cidre provenant dessus
ladite retenue au pressoir de la maison principale. Et sera fait dès à
présent estimation de ce qui se trouvera dans le jardin de la ditte retenue
dans lequel lesdits sieurs bailleurs auront la faculté de se promener quand
ils le souhaiteront. Et leur sera donné sans diminution du présent bail les
légumes à potage lorsqu'ils seront sur les lieux".
Description : Les bâtiments organisés en symétrie autour d'une cour
forment un U ouvert vers l'ouest en direction de la Vilaine. Le logis
principal au centre, composé de cinq travées, est construit en moellons de
schiste pourpre destinés à être masqués par un enduit, aspect sous lequel il
se présente encore au début du XXe siècle. Les baies actuelles en pierre de
taille de calcaire avec arcs segmentés semblent être une restauration de la
fin du XIXe ou du début du XXe siècle. Les deux corps de bâtiments latéraux
au nord au sud et au nord sont en moellons de schiste briovérien, les oriels
d'angle sont en brique plate sur culots de schiste. Les communs disposés le
long des côtés nord et sud de la cour sont en partie en pan de bois, en
partie en terre. (1)
château de Lillion, route de Lillion, 35650 Le Rheu, propriété privée, ne se
visite pas.
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