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Au sommet du coteau
de la rive gauche de la Creuse, dominant la ville d'Argenton, se trouvent
les vestiges du château dont la construction remonte à la période romaine.
Il fut détruit en 766 par Waifer (ou Waïfre), fils du duc d'Aquitaine, mais
rétabli peu après par Pépin-le-Bref qui en confia la garde à Remistanus. À
la fin du XIIe siècle, une deuxième enceinte fut ajoutée, que l'on nomma le
"château neuf". Ce nom de Châteauneuf est demeuré pour désigner ce faubourg
d'Argenton. Au Moyen Âge, le château qui constituait la clef de l'Aquitaine,
fut pris et perdu à diverses reprises. Philippe Auguste s'en empara en 1188;
les Ligueurs du maréchal de La Châtre l'assiégèrent en vain en 1577, Henri
IV le prit le 15 mars 1589, il y installa Gaspard Foucault, seigneur de
Saint-Germain-Beaupré en Marche. Le cardinal de Richelieu fit démanteler le
château en 1632. Louis XIV, prudent, ordonna d'en faire sauter les restes.
De cette importante forteresse dont l'enceinte était fortifiée de dix tours,
dominant la rivière à l'est, bordée de profonds fossés à l'ouest, il ne
demeure actuellement que des masses bouleversées dont l'antique tour d'Héracle,
Xe siècle, du nom d'un pro-consul romain de l'ancienne cité d'Argentomagus,
d'où la ville d'Argenton tire son nom.
La chapelle actuelle de "La bonne Dame" est un reste très remanié en 1899
par l'architecte Trolliet de l'ancienne chapelle castrale. Argenton
appartenait au Xe siècle aux vicomtes de Brosse, issus des vicomtes de
Limoges; vers 1020, Eudes l'Ancien, prince de Déols, s'empara du château
d'Argenton qui devint alors le chef-lieu d'une vaste seigneurie d'où
relevaient plus de quarante fiefs. À l'extinction du dernier Chauvigny, sa
veuve, Louise de Bourbon, consentit transaction avec les seigneurs de
Châteauroux qui se réservèrent droits de supériorité en fief, justice et
juridiction. Le fief échut ultérieurement, par droit de succession, à Louis
de Bourbon, duc de Montpensier. Gaston d'Orléans, qui avait épousé Marie de
Bourbon, fille d'Henri de Bourbon, duc de Montpensier, géra la terre pour sa
fille Marie-Louise, la "Grande Mademoiselle". Le comté d'Argenton qui avait
été réuni à la Couronne, en fut détaché en 1776, pour former avec
Châteauroux l'apanage du comte d'Artois.
On ne sait rien de précis sur l’allure de la forteresse du haut Moyen Âge.
Les vestiges en place du "vieil chastel" remontent à la fin du XIIe siècle.
À la base de l’éperon, un large et profond fossé, peut-être plus ancien,
isolait le château sur sa pointe rocheuse. Il était entouré d’une épaisse
muraille, flanquée de tours circulaires. La plus grosse (quinze mètres de
diamètre) est située à la tête de l’éperon et s’appelle la Tour d’Héracle;
elle portait une inscription, "veni et vici", surmontée d’une figure de
taureau sculptée dans la pierre. La tour du Donjon, proche, renfermait un
puits profond de 35 mètres qui approvisionnait en eau la place-forte en cas
de siège. La tour a disparu et seul le puits reste. Opposée à la tour d’Héracle,
au milieu du mur délimitant le Vieux-Château, se trouvait la tour des
Prisons, très élevée, de plan circulaire à éperon. La partie sud de
l’enceinte, appelée Le Château-Neuf, appartient au même projet de
reconstruction. La muraille de cette partie était aussi flanquée de tours.
L'entrée située au sud-ouest, du côté du grand fossé qui coupe l’éperon,
était protégée par les tours de Guyenne et du Midi, tandis que la Tour du
Guet gardait le sud-est. Au pied du château s’étend la ville d’Argenton. Sa
formation s’est faite en plusieurs étapes, dans lesquelles le rôle du
château a été déterminant.
La Vieille-ville se trouvait sur la rive droite de la Creuse, à
l'emplacement d’une nécropole gallo-romaine du IIIe siècle, au lieu de
franchissement par un gué et un pont d’une voie gallo-romaine très
importante. La première église du vicus d’Argenton, dédiée à saint Étienne
fut bâtie à cet endroit, à l’époque mérovingienne, Sur un bâtiment
gallo-romain dont on a retrouvé une mosaïque. L’agglomération mérovingienne
et carolingienne se développa autour de l’église paroissiale. Elle perdit
peu à peu son importance après la construction du château sur l’autre rive.
Une agglomération se forma au pied du château, la Ville-haute. Plusieurs
institutions importantes y étaient regroupées, et à la fin du Moyen Âge s’y
serraient l’auditoire, la chapelle Saint-Benoît, le collège, les boucheries,
les marchés aux grains et aux bestiaux, ainsi placés sous la protection
seigneuriale. Mais la zone occupée par la Ville-haute était située sur une
forte pente et très exiguë. L’agglomération grandissant, une nouvelle
traversée de la Creuse eut lieu, et la Ville-basse, où se situe le centre
actuel, fut construite de l’autre côté du pont, bâti au XIe siècle et refait
à de nombreuses reprises depuis, qui joint les deux villes. Le faubourg
Saint-Paul, faubourg de la Ville-basse, se situait entre cette dernière et
l’ancien emplacement du cimetière. Une autre extension de l’habitat eut lieu
au sud du château, où le faubourg de Châteauneuf fut construit avant le
début du XIVe siècle. L'histoire du développement du bourg castral
d’Argenton est complexe; elle commence par la gémination de l’agglomération,
consécutive au choix du site du château sur la rive gauche, à l’écart du
site primitif autour de l’église Saint-Étienne, et finit par la formation
d’une nébuleuse de cinq ensembles d’habitat, tous placés sous la domination
du château. (1)
château d'Argenton sur Creuse 36200
Argenton sur Creuse, visite des extérieurs uniquement, vestiges.
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