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L'édifice
dépourvu d'unité stylistique est composé d'éléments du XVe au XXe siècle,
mais c'est là toute son originalité, mise en valeur au sein d'un beau parc.
La châtellenie dépendante de Preuilly-sur-Claise a pour premier seigneur
Turpin de Crissé vers 1250, puis son fils Guy, mais il ne subsiste aucun
vestige d'un château médiéval, malgré la date de 1303 ajoutée au XIXe
siècle. Il faut attendre le début du XVe siècle pour trouver mention d'un
nouveau seigneur d'Azay, Gilles de Preuilly, puis son frère Antoine,
chambellan du roi, dont la fille épouse Pierre Frottier. Son fils Prégent
est sans doute le constructeur d'un nouveau château dans les années 1490,
comme l'indique la date de 1496 sur la tour du même nom. Ensuite, la terre
échoit par alliance à Guillaume de Varie, seigneur de L'Isle-Savary, dont la
lignée s'éteint en 1542, puis à diverses familles: les Chamborant, César de
Vendôme, les Clermont d'Anjou et les Crevant, dont le dernier membre, duc d'Humières
et maréchal de France, meurt à Azay en 1695. Du XVIIIe siècle au moment de
la Révolution, le domaine connaît une succession rapide de propriétaires,
parmi lesquels on relève les Le Tonnelier de Breteuil qui effectuent
d'importants travaux. Objet de spéculation pendant la Révolution et sous
l'Empire, il est acheté par le financier Michel Jeune qui le revend en 1833
à MM. Aubertot et Luzarche. Victor Luzarche, maire de Tours, et ses
descendants redonnent un grand lustre à Azay. En 1950, madame Georges
Hersent, née Luzarche fait don de la propriété à la ville de Tours.
Le château comporte plusieurs corps de style différent qui offrent un
ensemble hétérogène: la tour Frottier, l'aile d'Humières, les pavillons
"François 1er" et de Breteuil, une galerie et l'aile des communs en retour.
La tour Frottier et celle dite de François 1er appartiennent sans doute à la
campagne de construction de la fin du XVe siècle. La tour Frottier, de plan
circulaire, présente des dimensions imposantes et un appareil militaire
démodé, toujours en vogue à cette date. Le gros œuvre du pavillon François
1er et son aspect massif semblent contemporains, mais les lucarnes ornées de
salamandres ne sont pas antérieures aux années 1530; le pavillon comporte
dans la salle du premier étage, côté parc, un plancher à assemblage
remarquable. Les façades de ce pavillon ont été reprises par Louis de
Crevant vers 1560-1570 (date portée 1572) dans un style maniériste, mais le
début de cette reprise est antérieur, si l'on en juge par le monogramme
d'Henri II, et la fin des travaux assez tardive comme l'indiquent les armes
de César de Vendôme, propriétaire entre 1607 et 1630, sur une cheminée du
rez-de-chaussée. L'aile d'Humières, située entre la tour Frottier et le
pavillon François 1er, porte sur une pierre de fondation l'inscription "Je
suis posée ici par Jacques, messire de Crevant, baron de Preuilly, le 26
juin 1638", qui donne la date du début de la construction.
À l'intérieur, les pièces sont desservies par un escalier droit rampe sur
rampe, couvert de berceaux inclinés, dans la tradition du XVIe siècle, mais
encore utilisés à la même date à Cheverny (Loir-et-Cher). Le pavillon de
Breteuil, aux armes de la famille Le Tonnelier de Breteuil, seigneur d'Azay
entre 1699 et 1739, porte en façade la date de 1714, qui ne convient pas
avec le style Louis XIII du bâtiment, comparable à celui de l'aile d'Humières
par son volume et par sa disposition intérieure. Les armes et la date
pourraient avoir été déplacées ou ajoutées après-coup, comme celles placées
à profusion sur les autres bâtiments, par un historiographe du XIXe siècle.
La grande aile des communs en retour appartient à la campagne des années
1640, avec une porte aux armes de César de Vendôme, mais le pavillon de
l'extrémité a été totalement repris dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Enfin une dernière tranche de travaux concerne la galerie qui relie le corps
de logis aux communs, édifiée en 1926 par Georges Hersent sur le modèle de
celle de Valençay. On doit aussi à la famille Hersent la remise en état de
l'édifice, le réaménagement du parc et du parterre à la française, et
l'aménagement intérieur: la restauration du plafond peint XVIIe siècle de la
grande salle, l'installation d'une salle de dessins d'architecture de L.-F
Cassas et une collection remarquable de meubles et de tableaux.
Les jardins sont constitués d’un ensemble de terrasses décoratives,
aménagées à l’arrière du château et des communs. Les parterres de broderies
de buis sont visibles au pied de la façade sud. Ils sont ponctués par des
ifs taillés en cône ou en pointe. La cour de graviers est bordée de
plates-bandes engazonnées accompagnées d’arbustes, d’arbres et de buis. Au
sud du pavillon Cingé, se développe un espace constitué de parterres
engazonnés rythmés par une collection de topiaires d’ifs aux formes
inspirées d’un jeu d’échecs. Le jardin fleuriste se situe à proximité sur
une terrasse supérieure. De forme carrée, deux allées pavées le coupent
perpendiculairement au centre où se situe un bassin circulaire avec une
statue. Des parterres de gazon et des banquettes fleuries de vivaces et de
rosiers agrémentent l’espace. Le jardin fleuriste mène à l’ouest à une
terrasse supérieure où est aménagé le potager. Son ordonnance classique se
décompose en plusieurs espaces: le verger conservatoire de vignes; la
roseraie composée de parterres ronds ou en arc de cercle; le jardin des
senteurs et le potager. Une allée de cèdres remarquable est toujours visible
dans la partie orientale du domaine. Le parc paysager se développe au sud du
château et des jardins. Il se compose d’une grande prairie ponctuée d’arbres
en groupes ou isolés, dont un verger conservatoire. Différentes promenades
concentriques ont été aménagées par Denis Bühler ménageant des points de vue
sur le parc, le château et une perspective vers le lointain. Celle-ci est
mise en valeur par deux bassins circulaires, dont l’un est complété par un
escalier et un buffet d’eau. Le parc agricole prolonge le parc paysager à
l’ouest et au sud. (1)
Éléments protégés MH : le château et son parc : classement par arrêté du 25
janvier 1950.
château d'Azay le Ferron 36290
Azay-le-Ferron, tél. 02 54 39 20 06, ouvert au public, visites en avril,
mai, juin et septembre tous les jours sauf le mardi, de 10h à 12h et de 14h
à 18h, en juillet et août tous les jours de 10h à 18h.
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