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La première mention du fief de Bouges date de 917, lors de la fondation de
l'abbaye de Déols. Au XIIIe siècle, il relève de la châtellenie de Levroux,
puis passe aux familles de Chauvigny et de La Tour d'Auvergne. Catherine de
Médicis, fille de Madeleine de La Tour d'Auvergne, en fait don, en 1547, à
son maître d'hôtel, Jean-Baptiste Segliso. Nous ignorons tout de l'histoire
du domaine avant son acquisition en 1759 par Charles Leblanc de Marnaval qui
exploite les forges de Clavières près d'Ardentes. Par son mariage, son fils
enrichit encore la famille avec la manufacture de draps de Châteauroux et
souhaite marquer son ascension sociale par la construction d'un nouveau
château en 1763: entreprise grandiose qui provoque sa ruine et la saisie
judliciaire de ses biens. À partir de 1781, le château connaît une
succession rapide de propriétaires: le marquis de La Rochedragon,
Talleyrand, le comte de Montalivet, Mahmoud Benaiad (fermier général du bey
de Tunis) et la famille Dufour. Au XXe siècle, Henri Viguier, propriétaire
du Bazar de l'Hôtel de Ville, entreprend avec son épouse la restauration de
l'édifice et son réaménagement extérieur: leur fortune et leur goût
redonnent à Bouges sa splendeur d'antan avec un mobilier exceptionnel et
raffiné. Mort sans héritier en 1968, Henri Viguier avait cédé le domaine à
la Caisse nationale des monuments historiques. L'architecte de ce
chef-d'œuvre néo-classique est inconnu et son attribution à Jacques-Ange
Gabriel (comme à son pseudo-élève Fayatti) n'est étayée par aucune preuve,
si ce n'est sa parenté avec le Petit Trianon.
L'édifice de plan massé est édifié sur un léger soubassement, plus élevé sur
un côté pour éclairer les pièces de service et les caves. Il comporte deux
niveaux surmontés d'une balustrade qui masque la toiture aplatie. Le plan
d'ensemble s'inspire du célèbre modèle, comme le traitement des façades,
très sobres: l'élévation verticale est rythmée par les hautes fenêtres, le
rapport égal entre les pleins et les vides et les angles à refends; le corps
de moulures entre les étages et la corniche soulignant l'horizontalité de la
composition. Le centre de chaque façade est marqué par un avant-corps de
trois travées, avec balcon sur consoles au premier étage, surmonté d'un
fronton triangulaire, aux armes des Marnaval et La Verdine, et côté façades
latérales ornés d'attributs rustiques. Ce motif d'avant-corps rappelle un
type des années 1730, retardataire si on le compare à la modernité de la
façade et de la distribution. Celle-ci, à profondeur triple, s'organise de
part et d'autre d'une enfilade centrale de deux vestibules et d'un grand
salon, sorte d'atrium à l'antique éclairé par un jour zénithal. Un large
couloir perpendiculaire dessert les pièces et donne accès à l'escalier
principal, deux escaliers secondaires menant au soubassement et à l'entresol
sont réservés aux domestiques. Cette distribution novatrice, inspirée des
hôtels parisiens des années 1760-1770 ne peut être l'œuvre de Gabriel, mais
d'un maître plus jeune, au fait des réalisations récentes.
La nouveauté est aussi sensible dans le décor néo-classique très sobre de
l'enfilade: les vestibules ornés de dessus de portes (avec scènes de chasse
dans le style d'Oudry et de Coypel) et d'un jeu de marbres colorés et de
stucs. Le traitement de l'espace central est plus spectaculaire encore grâce
à la lumière qui tombe de la verrière, pour souligner la composition rythmée
par des pilastres ioniques cannelés. L'unité de l'ensemble est renforcée par
le pavement de pierres blanches, de liais et de bouchons d'ardoise et par la
luminosité qui rend l'espace presque transparent. Plusieurs maîtres d'œuvre
et décorateurs, connus par les registres paroissiaux, permettent de préciser
la chronologie du bâtiment dont la construction s'échelonne entre 1763 et
1770. Le mobilier d'origine, totalement dispersé, a été remplacé par Henri
Viguier et son épouse qui ont rassemblé une collection aux estampilles
prestigieuses du XVIIIe siècle, dont la provenance est inconnue, sauf pour
le lit à la polonaise de la chambre d'apparat acheté au château de Marcheval
en Sologne. Henri Viguier a aussi enrichi sa demeure d'une belle collection
de tableaux où l'on relève les noms de grands peintres: Lajoue, Verdussen,
Drolhing, Caresme, Lautherbourg, etc. Les jardins et le parc restaurés par
Viguier sont l'œuvre du paysagiste Duchesne. Le château est précédé de
communs de style classique construits par Henri Dauvergne: près des communs,
le jardin bouquetier est planté d'espèces florales rares et côté château,
c'est un jardin à la française, avec bordures de buis taillés ponctuées
d'ifs et agrémentées de bassins circulaires. Alentour, un vaste parc boisé,
avec étangs, traversé par de larges allées, enserre le château dans un
superbe écrin de verdure. Bouges est un pur chef-d'œuvre du néo-classicisme,
qui illustre un art bien tempéré à la manière de Bach, où la justesse des
proportions répond au raffinement de la demeure et de son environnement. (1)
Éléments protégés MH : le château, ses dépendances, ses jardins et son parc,
y compris les bâtiments et les murs de clôture ainsi que l'allée d'arrivée :
classement par arrêté du 7 septembre 2001.
château
de Bouges 36110 Bouges-le-Château, tél. 02 54 35 88 26, ouvert au public,
visite libre du jardin et visite commentée du château : ouvert de mars à
novembre de 10h à 12h et de 14h à 18h (samedis et dimanches), en avril, mai,
juin, septembre, octobre tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h et de 14h
à 18h, en juillet et août, tous les jours de 10h à 12h 30 et de 14h à 18h
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