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La terre d'Argy, connue dès le XIIe siècle,
appartient aux seigneurs du même nom jusqu'à la fin du XIIe siècle; elle
passe ensuite à divers propriétaires jusqu'à son acquisition par Guy de
Brillac en 1444. Son fils Charles, écuyer et capitaine du château de Loudun,
puis maître d'hôtel de Louis XII, est le constructeur du château. Après sa
mort au siège de Milan en 1509, la terre revient à son fils aîné Jacques,
marié à Geneviève de Pizieux qui possède Argy jusqu'en 1584. La châtellenie
d'Argy est achetée en 1636 par Jean Phelippeaux et revendue peu après à
Jacques-Léon Bouthillier de Chavigny. Ses descendants la revendent à Paul de
Beauvilliers, duc de Saint-Aignan. Sa famille demeure propriétaire jusqu'à
la veille de la Révolution, où elle la cède à Isaac Douet de La Boullaye,
fermier général. Plusieurs propriétaires se succèdent ensuite, jusqu'à
l'achat du château, en 1970, par le club du Vieux Manoir qui entreprend sa
restauration. Il ne reste aucun vestige de constructions médiévales, ni de
l'église paroissiale Sainte-Anne située dans la basse-cour, détruite vers
1860 et reconstruite peu après dans le village.
Argy se compose de deux parties: la basse-cour et la cour. La basse-cour est
entourée d'un ruisseau avec un moulin et des communs construits au XVIIe
siècle. La cour du château, aujourd'hui ouverte, comporte trois corps de
bâtiments cantonnés de trois tours circulaires et d'une haute tour carrée
dénommée "donjon", qui tient lieu de châtelet d'entrée. Malgré ses
dimensions imposantes et son appareil fortifié, elle est contemporaine du
logis (années 1505-1509), comme l'indique la faible épaisseur des murs, la
voûte gothique du rez-de-chaussée et la présence d'appartements à chaque
étage, desservis par une tourelle polygonale qui monte de fond en comble,
les échauguettes d'angle servant de cabinets aux pièces supérieures. La tour
d'Argy, comparable à celles de L'Isle-Savary et du Bridoré (Indre-et-Loire),
est une survivance de la tradition médiévale qui symbolise par son
pseudo-appareil militaire la noblesse du lieu. l'aile nord est un étroit
corps de galerie ouvert sur deux niveaux par des portiques à arcades, qui
relie le "donjon" à la grosse tour d'angle dite de Brillac. Comme le donjon,
cette tour massive est couronnée d'un chemin de ronde à créneaux et
mâchicoulis, mais les appartements situés à chaque étage, accessibles par
l'escalier de la tourelle d'angle prouvent que cette tour était habitable et
non destinée à la défense. En fond de cour, un corps étroit abrite aussi une
galerie, ouverte au rez-de-chaussée par un portique, pourvue à l'étage d'une
longue salle à cheminée, éclairée par des lucarnes passantes dont les
frontons à décor aratoire datent du début du XIXe siècle. À l'origine, cette
galerie reliait la tour de Brillac au corps de logis principal, reconstruit
après 1830 par la famille de La Motte. Il n'en existe aucune représentation
qui permette de restituer son allure et ses dispositions, mais l'observation
archéologique montre un départ d'arcade qui prouve l'existence d'un autre
portique ouvert sur la cour. Cette restitution permet d'avancer qu'il
existait à Argy une disposition en péristyle, du moins sur trois côtés, qui
s'inspire sans doute de l'hôtel d'Alluye à Blois.
Avant le XIXe siècle, plusieurs documents indiquent que la cour était fermée
par un bâtiment bas dont on distingue la trace des toits sur une face du
donjon: il abritait à la fin du XVIIIe siècle, les communs (écuries, remises
et bûcher) et était surmonté d'une coursière reliant le donjon au corps de
logis. L'intérêt d'Argy réside dans le mélange de la tradition médiévale et
d'une nouvelle conception de la demeure seigneuriale, apparue dans la
seconde moitié du XVe siècle, largement diffusée par la suite. La
disposition des portiques s'inspire des réalisations contemporaines; le
verger, le logis neuf de Blois, Gaillon, etc. L'influence du "logis neuf" de
louis XII apparaît nettement dans le décor des portiques et des façades,
fidèle au style gothique flamboyant encore très en vogue, mais ici sans
aucune concession à l'italianisme, avec arcs à hautes accolades, pinacles et
fleurons, colonnes torsadées et voûtes gothiques. L'autre originalité de ce
château provient de la profusion et de la délicatesse du décor sculpté qui
recouvre totalement les murs, d'un semis de fleurs de lys et d'hermines qui
côtoie les initiales entrelacées de la famille de Brillac; motif que l'on
retrouve disposé en bandeau sur la paroi extérieure de la tour de Brillac.
Comme Amboise, Blois et Meillant, Argy appartient à un courant stylistique
ligérien que François Gebelin à si justement qualifié "d'architecture de
luxe". Dans les communs ont été réinstallés les rayonnages ou casiers en
bois dits "colombarium" de la section des cartes et plans des Archives
nationales. (1)
Éléments protégés MH : les trois tours de l'est à mâchicoulis avec les deux
corps de bâtiment qui les rattachent : classement par décret du 14 mai 1930.
château d'Argy, 9 place de la Mairie, 36500 Argy, tél. 02 54 84 21 55,
ouvert au public, les visites ont lieu de Pâques à la Toussaint. Propriété
du Club du Vieux Manoir. L'association a le souci environnemental depuis son
origine. Le parc du domaine sert de refuge à la nature autour d'un étang de
3 hectares. On y trouve, en rappel de son ancien usage de ferme, tous les
animaux de basse-cour.
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