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Le château domine la vallée de l’Abloux, à
un kilomètre de l'ancienne route d'Argenton à Saint-Benoît-du-Sault. On y
entre par un imposant massif d'entrée au nord: faisant face à l'église
paroissiale, un portail massif avec grande et petite porte en plein cintre,
protégé par deux tours coiffées en poivrière et une couronne de mâchicoulis
(notez les canonnières rasantes pour couleuvrines ou arquebuses). Pour
accéder au corps de logis en équerre isolé par des douves, il faut traverser
la basse-cour délimitée par trois corps de bâtiment à usage agricole, et
passer le pont dormant et la tour carrée. Malgré l'aspect imposant et la
qualité de la construction (granit de la Creuse, moellons de schiste, brique
plate pour les parapets), les qualités défensives de l'édifice sont
médiocres: absence de recul sur les parapets pour manœuvrer, nombreux angles
morts, épaisseur des murs relativement faible (80 cm), largeur des tours
réduite. Il s'agit de montrer sa puissance et de déjouer les coups de main:
c'est plus un manoir qu'un château, ce qui lui vaut d'avoir été toujours
habité. On comparera cette construction en "paquet de chandelles" issue de
l'Auvergne aux constructions de Sarzay, Forges, et de l'église fortifiée de
Lourdoueix-Saint-Michel. Au premier étage de la tour-porte, un oratoire
assurait la protection mystique du château. Notez les bâtiments à l'écart du
massif: les échauguettes-latrines aux encorbellements en angle de la
terrasse, deux bâtiments ruinés au-delà des douves au sud, dont l'un est
peut-être antérieur au château actuel, du XVIe siècle. La chapelle
seigneuriale se trouve au nord de l'église, elle renferme la dalle funéraire
de Guillaume d'Aubusson et de Louise de La Trémoille (1624) recouvrant le
tombeau de la famille Pot, transporté de Chassingrimont en 1544: six
pleureuses égrenant leur chapelet sous des niches cintrées.
Un seigneur de Chazelet est cité en 1285. Aux XIVe et XVe siècles, le fief
appartient à la famille de Laage. René de Laage en 1539 déclare un "château
fort", mais échange la seigneurie en 1540. Elle passe alors à François Pot,
qui reçoit en 1544 du seigneur de Châteauroux l'autorisation de construire
"château en forme de forteresse et pont-levis". La propriété passe ensuite à
la famille de Reilhac, puis, de 1699 à 1728, à J.-B. de Verthamon qui unit
Chazelet à Luzeret puis Turpin de Crissé. En 1764, le château accueille
Louis-Joseph, marquis de Douhault, qui vient de se remarier à Adélaide-Marie
Rogres de Champignelles: le couple y mène une vie de hobereaux, qui serait
heureuse, si l'état nerveux du marquis de Douhault ne se dégradait
rapidement: le malade, violent (il porte à sa femme un coup d'épée au sein
droit), doit être interné à Charenton. Il meurt en 1787 et Madame de
Douhault, co-héritière de son père et de son mari, devient une riche
héritière: meurt-elle en 1788 au cours d'un voyage à Orléans ou est-elle
victime d'une machination, endormie à l'aide d'une poudre soporifique et
déclarée morte? Des témoignages contradictoires agiteront l'opinion publique
d'Argenton et d'ailleurs, romantiquement sensible à l'injustice vraie ou
supposée, "toujours amie des nouveautés et du merveilleux", comme le notent
d'austères magistrats de Bourges. Un enlèvement n'est pas invraisemblable:
on cite à l'époque un "gang des endormeurs" dans la région lyonnaise, et
cette méthode expéditive permettait de régler une succession épineuse.
Jusqu'à nos jours, un doute subsiste, M. Gledel voit une "intrigante" là où
M. Anatole, plus chevaleresque, décrit, après Georges Lenôtre, les
tribulations de "la femme sans nom". La famille Taupinard de Tillières
achète le château en 1825 et le fit restaurer dans les années 1860 par
l'architecte Dauvergne et dessiner le parc par le comte de Choulot. Pour
franchir les douves, Joseph Monnier construisit en 1875 le premier pont en
ciment armé de France. (1)
Éléments protégés MH : le château de Chazelet : inscription par arrêté du 26
octobre 1927.
château de Chazelet 36170 Chazelet, propriété privée, visite des
extérieurs uniquement.
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