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On accédait autrefois à L'Isle-Savary, en partant de l'église de Clion, par
une longue avenue qui permettait de découvrir progressivement le château
dans toute son ampleur. Cette allée a presque disparu, et le visiteur qui
découvre brusquement le château au détour d'une petite route est frappé par
l'aspect monumental de la construction, qui semble avoir été conçue pour
défier les siècles. Pourtant, à la fin du XXe siècle, L'Isle-Savary, sans
conteste un des plus beaux monuments de l'Indre, offrait un aspect pitoyable
jusqu'à ce qu'un nouvel acquéreur entreprenne une restauration qui, si elle
n'est pas encore terminée, a d'ores et déjà sauvé le château de la ruine. L'Isle-Savary
doit son nom aux premiers seigneurs connus au XIIIe siècle. En 1281 Jean
Savary vend son domaine de L'Isle qui passe ensuite à plusieurs familles
connues: maisons de Brabant et d'Harcourt, Boucicaut, avant d'être acquis en
1462 par Guillaume de Varye, premier commis et associé de Jacques Cœur.
Guillaume de Varye ne semble pas avoir souffert de la disgrâce de son maître
car, après une brève éclipse, il revient à la fortune sous Louis XI. C'est à
cette époque qu'il entreprend le monumental chantier de L'Isle-Savary,
rasant probablement les anciens bâtiments et faisant construire, ex nihilo,
la demeure que nous admirons aujourd'hui. Varye étant mort en 1469, ce fut
sa veuve, Charlotte de Bar, remariée à Pierre d'Oriole, plus tard chancelier
de France, qui fit achever la construction.
Les Varye et leurs descendants possédèrent L'Isle-Savary jusqu'en 1624, date
à laquelle le domaine fut acquis par Roger de Buade de Frontenac et revendu
peu après à sa belle-sœur, Anne Phélypeaux, comtesse de Palluau dont le
fils, Louis de Frontenac, comte de Palluau, premier gouverneur du Canada,
mena grand train à L'Isle-Savary. En 1653, Louise de Montpensier (la Grande
Mademoiselle) est reçue à L'Isle-Savary et écrit: "J'allai de là à Lisle où
est la maison de Frontenac, qui est assez jolie pour un homme comme lui. Il
m'y fit faire bonne chère; il me montra tous les desseins qu'il avait pour
embellir sa maison, et d'y faire des jardins, des fontaines et des canaux.
Il faudrait être surintendant pour les exécuter, et à moins que de l'être,
je ne comprends pas qu'on les puisse concevoir". Effectivement, après que
Louis de Frontenac a dû se séparer de Palluau, sa veuve dut vendre L'Isle-Savary
en 1680. Le château passa ensuite au XVIIIe siècle à Jacques-Louis de
Beringhem, premier écuyer du Roi (Monsieur le Premier) et à ses descendants
Vassé puis Jouffroy. En 1853, le comte de Jouffroy, ruiné, céda L'Isle-Savary
à Théodore Patureau, d'une famille berrichonne notable, banquier à Paris et
amateur d'art, qui fit reconstruire les communs et aménagea un vaste parc à
l'anglaise. Le fils de Théodore, Henri Patureau, dut à nouveau vendre en
1891 et son successeur morcela le domaine. Par la suite, le château, à
l'abandon, servit d'école et de grenier à grain avant d'être sauvé par le
propriétaire actuel.
Construit pratiquement d'un seul jet entre 1465 et 1475, L'Isle-Savary est
un intéressant exemple d'architecture de la fin de l'époque gothique, à une
époque où les châteaux deviennent des demeures de plaisance, mais gardent
dans leur structure et leur décoration des éléments de leur ancien rôle
militaire. L'ensemble présente un caractère d'homogénéité rare pour
l'époque. Entouré d'un large fossé sec, le château (y compris les murs du
fossé) est entièrement construit en pierres de taille, luxe réservé alors
aux constructions prestigieuses et qui témoignent des moyens financiers de
son propriétaire. Construit sur un plan carré qui préfigure les châteaux du
XVIe siècle, il est constitué de trois ailes d'égale hauteur, terminées par
quatre tours carrées, parti architectural très novateur à une époque ou une
tour est traditionnellement ronde. La plus haute de celles-ci, à gauche de
l'entrée actuelle, fait office de donjon. Entre le donjon et le corps de
bâtiment principal se trouve un double pont-levis, charretier et piéton.
L'ensemble des bâtiments est relié, au niveau supérieur, par un chemin de
ronde avec mâchicoulis, percé de hautes fenêtres à meneaux qui éclairent
également les combles. Les hauts toits d'ardoise, la symétrie des façades,
ajoutent à l'harmonie sévère qui se dégage de l'ensemble. Les façades
ont été très peu modifiées depuis l'origine, sauf dans la cour d'honneur où
les ouvertures ont été agrandies et où deux tours d'escalier polygonales ont
été abattues au XIXe siècle. Sur la façade nord, seules les fenêtres
surmontées de lucarnes sont d'origine, les autres ayant sans doute été
percées au début du XIXe siècle mais en harmonie avec l'ensemble.
L'intérieur a par contre été profondément modifié au XIXe siècle et au XXe
siècle et ne présente pas le même intérêt, à l'exception de la belle
chapelle gothique flamboyant des Varye au premier étage de l'aile ouest. Le
donjon, dont les étages se sont effondrés, rappelle aussi la double
conception du château: militaire et féodal par son aspect et ses défenses,
il contenait une série d'appartements bien éclairés, munis de cheminées et
de commodités, plus adaptés à la vie civile qu'à un rôle véritablement
défensif. À l'ouest du château, la longue orangerie du XVIIIe siècle qui
donne sur un jardin d'agrément et le vaste potager entouré de murs,
maintenant délaissé rappellent ce que purent être, dans les siècles passés,
les heures fastueuses de L'Isle-Savary. (1)
Éléments protégés MH : le château à l'exclusion des parties classées :
inscription par arrêté du 7 décembre 1925. Les façades, les toitures et les
douves ainsi que la chapelle située au premier étage du bâtiment de l'Est et
les escaliers des tours : classement par arrêté du 6 décembre 1932.
château et parc de L'Isle Savary 36700 Clion, tél. 06 73 35 50 12, ouvert au
public de 1er avril au 30 septembre. Visite guidée du lundi au vendredi :
14h à 15h (1 visite par jour). Parc de 10h à 12h puis de 15h à 17h. C'est le
lieu idéal pour accueillir vos réceptions.
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