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Aux limites du Berry, sur la rive
escarpée de la Creuse face à un gué, se dresse Châteaubrun. La tradition
attribue sa fondation à Hugues X de Lusignan, comte de la Marche. Arguant de
droits, son père, Hugues IX, aurait obtenu de Richard Cœur de Lion cette
place qu'avait vendu Albert de Montgomery à Henri II. Le donjon date bien du
début du XIIIe siècle, mais rien ne confirme son érection par les Lusignan,
aucun texte n'étant antérieur à 1282. En 1290, il échoit à la puissante
famille de Naillac. Hormis Naillac, Pierre II possède la vicomté de Bridiers,
Le Blanc-en-Berry et Gargilesse. Son arrière-petit-fils, Guillaume II le
Preux, prend en 1369 l'abbaye de Saint-Savin, capture en 1377 le sénéchal de
Guyenne, combat à Roosebeke en 1382. Sénéchal de Saintonge, de Guyenne puis
de Nîmes et Beaucaire, il devient chambellan du duc de Berry en 1400. Son
fils, Jean, conseiller, chambellan du roi, sénéchal du Limousin et grand
panetier de France, est tué en 1429 à la "journée des harengs". Sa fortune
étant très convoitée, s'ensuit une succession difficile où Châteaubrun
revient à Raoul V de Gaucourt. Aussi illustre que son oncle et beau-frère,
ce compagnon de Jeanne d'Arc est premier chambellan de Charles VII,
gouverneur du Dauphiné, bailli d'Orléans. Charles 1er de Gaucourt est
seigneur d'Éguzon, Cluis-Dessus, vicomte d'Acy, mais aussi bailli et
gouverneur de Picardie, lieutenant-général de Paris et d'Isle de France,
conseiller et chambellan du roi, maréchal de France. Il aménage le château
après 1480 ayant obtenu du comte de Clermont et de la Marche, pour lui-même
et son fils, Charles II, de prélever "en les forêts de Fessot et Murat, du
bois pour bâtir et édifier en sa maison de Chateaubrun et Aiguson".
Au début du XVIe siècle, Châteaubrun passe aux seigneurs du Magnet, Jacques
de La Cueille puis Jean Stuart qui le vend en 1561. En 1572, Marie de Beaune
l'apporte en dot à Anne de Montmorency, cousin homonyme du connétable,
lequel construit un logis contre l'aile sud-ouest. Si Anne est baron des
Fosseux, marquis de Thury, premier chambellan du duc d'Anjou, son
petit-fils, François II, est gouverneur de Châteauroux et gentilhomme de la
chambre du prince de Condé. À la mort de Nicolas en 1746, Pierre de Forges
hérite du château où il s'abrite en 1789. Il meurt en 1802 laissant
Châteaubrun à son fils qui le cède, même s’il l'habite jusqu'en 1825, à son
beau-frère, Leroy de Lisa. En 1811, il est vendu à Sejeau des Cezeaux qui,
dès 1814, commence la démolition de la chapelle et du logis que poursuit
Claude de Bridiers, après 1826. De vente en vente, le château est restauré à
partir de 1877 par M. Sarlande puis par Gabriel-Nicolas Langlois. Les tours
et le porche sont affublés d'un crénelage, une tour est construite, une
chapelle est édifiée au-dessus de l'ancienne, le donjon est couvert d'une
terrasse. En 1909, le château revient à la ville de Saint-Gaultier qui le
vend en 1930 contre le vœu du défunt testateur. Jusqu'en 1986, aucune
restauration n'y est faite. D'importants travaux ont été réalisés depuis par
l'actuel propriétaire.
Si la vaste basse-cour a en grande partie disparu, le château construit en
granit demeure imposant. Bordée d'un côté par l'abrupt, son enceinte
trapézoïdale est cernée sur les autres faces par un fossé. Un peu partout,
canonnières ou vestiges de bretèches confirment son frêle défensif auquel
les croisées ajoutent l'aspect résidentiel. Le dispositif d'entrée du XVe
siècle, autrefois défendu par un double pont-levis et une herse, est
installé dans un puissant massif carré, flanqué sur un côté par une grosse
tour d'angle. À proximité et à cheval sur la courtine, se tient le donjon de
type philippien. Haut de 28 mètres, il renferme sept niveaux dont seuls les
deux premiers sont voûtés. l'accès, au premier étage, se faisait par un
pont-levis reliant une tourelle d'escalier située dans la cour. À
l'intérieur, la communication s'effectue par un escalier droit se
poursuivant en vis, ménagé dans l'épaisseur du mur. À l'inverse des
bâtiments détruits au revers des courtines, la plupart des tours subsistent.
À l'angle nord-ouest, la tour carrée dite George Sand (la romancière l'a
décrit dans Mauprat) propose, avec son léger décor Renaissance, une vague
évocation du logis des Montmorency. (1)
Éléments protégés MH : les vestiges du château de Châteaubrun : inscription
par arrêté du 27 mars 1926.
château de Châteaubrun
36190 Cuzion, ouvert au public, visites commentées en été par l’office de
tourisme d’Eguzon.
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