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Ancien moulin sur la Tournemine, cette
locature est transformée en maison de maître au XVIIIe siècle. Les
propriétaires sont alors Tabouet de Frapesle, conseiller de la ville
d'Issoudun en 1788, puis François Carraud, président au grenier à sel à
Bourges. Rémi Tourangin l'achète en 1803: c'est un bourgeois patriote qui a
acheté des biens ecclésiastiques, la sixième fortune de la ville. Il fait
planter, dans le prolongement de l'avenue de Chinault qui mène à la ville,
une allée de peupliers, compose un jardin anglais, ouvre son parc, appelé
"Tivoli" (les jardins de Tibur à Rome étaient restés célèbres, d'où un
Tivoli parisien sous le Directoire) les jours de fêtes républicaines. Il
possède également l'ancien couvent des Minimes et une maison dans la
Grand-rue. Il se compose une épitaphe: "j'ai traversé la Révolution avec
zèle. Le remords ne m'a jamais atteint ni l'avenir effrayé" qui disparaîtra
à la vente de Frapesle (le marbre aurait été utilisé pour l'église du
Sacré-Cœur). Sa fille Estelle-Zulma (1796-1889), épouse le capitaine Carraud,
fils de l'ancien propriétaire. Zulma Carraud, femme de lettres, auteur
d'ouvrages destinés à la jeunesse, se lia d'amitié avec Honoré de Balzac et
avec le dessinateur Auguste Borget. Le romancier séjourna à Frapesle en
avril 1838 (il insère Frapesle dans Le lys dans la vallée), en juillet-août
1835, en février-mars 1838. Il souhaite y retourner; "je ne passerai jamais
sans aller habiter ma chambre de Frapesle", mais son travail l'en empêchera.
Il connaît désormais assez Issoudun pour le peindre dans La Rabouilleuse. Et
les différences de caractère (Madame Carraud... est une probité antique, une
amitié raisonneuse qui a ses angles) expliquent l'éloignement croissant.
Zulma fait de grands aménagements à la mort de son père en 1833. Elle
détruit des bâtiments qui masquaient la cour et demande conseil à Balzac
pour l'aménagement de son salon. La topographie des lieux a changé avec les
propriétaires successifs. Balzac aurait occupé la chambre du premier étage à
l'extrémité de l'aile est, donnant sur le balcon. Cette chambre n'était
alors accessible que par un escalier extérieur donnant sur le jardin. Cet
escalier est plus tard supprimé et on aménage le reste de l'aile. Une
gravure d'Auguste Borget conservée à la maison de Balzac rue Rayouard à
Paris, montre Frapesle dans l'état où le connut Balzac. De ses origines de
locature, Frapesle a gardé une faible hauteur, et sans doute aussi un plan
classique en forme d'équerre. Le corps de logis est, plus court, se termine
par une balustrade de bois découpé, dans le genre chalet suisse, comme on
fit beaucoup dans la seconde moitié du XIXe siècle. Zulma Carraud vend
Frapesle en 1851. En 1868, Sylvain Jacques Deségjlise l'achète; son fils
Victor, industriel et collectionneur, y réunit une belle bibliothèque,
dispersée à sa mort en 1916. Ses héritiers vendent à M. Jean Luneau, dont
les descendants entretiennent de façon exemplaire cette demeure historique
et son très beau parc. (1)
château de Frapesle
36100 Issoudun, propriété privée, visite du parc sur rendez-vous, tel. 02 54
21 22 20, le parc paysager du XIXe siècle présente pièce d'eau, île,
kiosque, et un bélier hydraulique en fonctionnement.
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