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La porte de Champagne est le dernier vestige visible des
fortifications dubpourg de Levroux. Deux tours en fer à cheval flanquent la
porte. Elles sont munies à leur sommet de deux grands créneaux, et, à
mi-hauteur, de trois archères, pouvant servir de bouche à feu. L'ouverture
de la porte, en plein cintre, est surmontée d’un mur dans lequel se voient
les rainures destinées au passage des chaînes de l’ancien pont-levis. Au
dessus, il y a un mâchicoulis couvert, une canonnière et deux grands
créneaux. Cette porte fut édifiée en 1506 par le chapitre de Levroux, à la
place d’une porte plus ancienne, la porte Chatel, mentionnée dans la
première moitié du XVe siècle. D’après plusieurs auteurs, la ville serait
demeurée ouverte jusqu’au XVe siècle. Mais une nouvelle lecture des textes
laisse penser qu’elle fut fortifiée bien avant. Au début du XIe siècle, le
Château-Vieux, partie de la ville donnée par Eudes de Déols au chapitre,
lors de sa fondation en 1013, a été entouré de fossés par le seigneur. Un
nouveau château a déjà été construit par le seigneur de Déols sur le site
stratégique de l’oppidum gaulois, appelé la "Colline des Tours". La ville
s’étend au pied depuis l’Antiquité, et l’enceinte du Château-Vieux renferme
l’église paroissiale primitive de Levroux, l’église Saint-Pierre, dont il ne
reste aucun vestige. En 1238, il est fait mention de maisons situées dans le
Château-Vieux et d’autres situées en dehors. On en a déduit que seul le
Château-Vieux était fortifié, et que le reste de la ville ne l’était pas.
Pourtant, un accord de 1217 entre l’abbaye cistercienne du Landais et le
chapitre stipule que le Landais ne peut rien acquérir ni "dans le vieux
chasteau", ni "dans le pourpris de Levroux", laissant entendre que la ville
était entourée d’une enceinte, suivant le sens courant du mot pourpris. En
1276, il est question, à propos d’une maison de la rue Pile Mile, des fossés
de la ville. En 1312, le seigneur de Levroux se plaint qu’on a comblé en
plusieurs endroits les fossés de la ville lui appartenant et qu’on a bâti
dessus. Enfin la mention de trois ponts, en 1341, confirme la présence de
ces fossés, qui semblent bien suivre le même plan que ceux attestés
ultérieurement: le pont du Landais se trouvait au sud, près de l’ancienne
Maison du Landais, à l’emplacement de la Porte de Champagne, le pont à
l’Alouette à l’ouest, à la Porte du Cimetière et le pont de Pillemiele au
nord, à la Porte de l’Étang.
Le site de Levroux se prêtait à de telles défenses, grâce aux travaux
d’hydraulique réalisés par le seigneur et le chapitre; la ville était
protégée, sur sa moitié est, par deux étangs attestés au début du XIIIe
siècle, rendant facile la mise en eau de fossés. En 1435, à l’époque où
Rodrigue de Villandrando et ses hommes sont en Touraine, puis en Berry, les
habitants de Levroux demandent l’autorisation de faire des fortifications.
Cette demande signifie qu’il est nécessaire de construire des
fortifications, mais non qu’il n’y en a Jamais eu. Par lettre patente du 15
janvier 1436, Charles VII autorise Bertrand de La Tour d’Auvergne, seigneur
de Levroux, et les chanoines du chapitre à "faire fortifier et emparer de
murs, fossés, palis, pont-levis, porteaux, tours, guérites et barbacanes et
autres fortifications pour s’y mettre à couvert eux et leurs sujets". Les
travaux durent une dizaine d’années à compter de 1436. La pierre est
extraite à la Perrière, carrière de grès située à une demie lieue au nord de
la ville. Les murs ont 60 cm d’épaisseur et 2 m de haut. Des tours rondes,
de 6 m de diamètre environ, renforcent l’enceinte, qui s’ouvre par trois
portes. Elles sont visibles sur l’Aflas Trudaine dessiné au XVIIIe siècle.
En 1450, Charles VII donne une ordonnance pour que Levroux soit clôturée. En
1465 a lieu une transaction entre le chapitre et les habitants "pour raison
des palis et clôtures de cette ville qui devaient y être mis où anciennement
étaient les fortifications de cette cité". À cette même date, le chapitre
concède aux habitants de "pouvoir avoir des portes dans les murs pour aller
à leurs jardins, à condition de remettre la clef des portes entre les mains
du capitaine en temps de guerre". En 1506, une convention est passée entre
le chapitre et les habitants "pour se clore de palis, faire les ruelles de
la Porte neuve et de la tour des Renardières qui sépare la justice de
Châteauvieux de celle de Levroux, pour aller à l’eau"; la Porte de Champagne
est construite par le chapitre. Dans son Histoire du Berry, parue en 1566,
Chaumeau dit de Levroux que la ville est protégée de "fortes murailles,
tours et fossez bien grandz, ayant seulement trois portes et pontz leviz en
tout son circuit". Des faubourgs, dont le plus méridional est appelé les
Arènes, à cause de la présence de vestiges d’un théâtre gallo-romain, se
développent au sud, le long de la route de Déols. Ils sont toujours restés
ouverts. Les seuls vestiges visibles du château de Levroux sont les
restes d'un châtelet du XVe siècle dont les deux tours encadraient le
pont-levis et l'entrée de la forteresse. Le château, édifié en premier par
Eudes de Déols, fut construit à l'emplacement d'un ancien oppidum gaulois.
Du haut de sa colline, il dominait la ville et la campagne environnante. Ce
château prit la suite d'un autre situé en contre-bas, là où se dresse la
collégiale Saint-Sylvain; le changement de site est antérieur à 1013. Il fut
pris par Philippe Auguste en 1188. Au traité d'Azay-le-Rideau, en 1189, il
revint à Richard Cœur de Lion. Il passa au roi de France lors de la réunion
définitive du Berry à la France en 1199. Il est mentionné à plusieurs
reprises, au XIIIe siècle. Le cartulaire de Levroux relate que des corvées
pour la fourniture de bois et de pierres sont organisées par le seigneur de
Levroux pour reconstruire la tour et agrandir la fortification en 1229. En
1413, Louis du Peschin, seigneur de Levroux, expose que le château de
Levroux est "une moult notable forteresse et spacieuse qui est assise en
très belle place et est une des plus anciennes forteresses du pays de Berry.
En laquelle moult de gens de la ville et de toute la chastellenie de Levroux
ont coustume de retraire eulx et leurs hoirs pour leur seurté et y font guet
et garde de tous temps et que ledit chastel et forteresse et muraille
d'icelle sont en très grant ruyne". Une description faite à la demande de
Charles VI indique qu'il "nécessite des réparations tant au regard des murs,
murailles et tours dudit chastel, comme des autres édifices".
Les réparations furent faites dans le deuxième quart du XVe siècle, par
Jacquette du Peschin et Bertrand de La Tour d'Auvergne, seigneur de Levroux
à partir de 1416. Les écus des commanditaires des travaux furent placés
au-dessus du portail d'entrée du châtelet. L'un porte une croix ancrée
(armes de la maison du Peschin), et l'autre un gonfanon à trois pendants
(armes des comtes d'Auvergne). Ils ont été mutilés. De nouveaux témoignages
des malheurs de ce château nous sont parvenus. En 1566, Jean Chaumeau en
donne la description suivante, dans son Histoire du Berry: "au-dessus de la
dite ville est assiz un viel et ancien chastel, et presque tout ruiné, au
milieu duquel y à une grosse et matérielle tour, outre deux grosses entre
lesquelles est assiz le portail du château". En 1653, dans son aveu de
Levroux, Anne Le Veneur mentionne "l'ancien château et grosse tour de Bonan
assis et situé au-dessus de la ville dudit Levroux, environné de fossés,
estant les murailles et bastiments d'icelluy entièrement minez à cause des
guerres passées". Enfin, en 1689, La Thaumassière le décrit ainsi:
"au-dessus de la Ville est un fort château de grande étendue, au milieu
duquel se voit une Tour de prodigieuse grosseur, accompagnée de deux autres,
entre lesquelles est assis le Portail du château". Il y avait encore des
vestiges de la tour Bonan, attribuée à tort à l'époque gallo-romaine par les
habitants, au XIXe siècle. Longtemps après la fin de son démantèlement, une
dépression circulaire de dix mètres environ de diamètre indiquait son
emplacement, au nord du châtelet. Les fossés qui passaient au pied du
châtelet et autour du château ont été comblés. La muraille d'enceinte a
disparu, elle couvrait une superficie de deux hectares. (1)
Éléments protégés MH : les vestiges du château de Levroux : inscription par
arrêté du 14 mars 1927.
château fort de Levroux,
avenue du vieux château, 36110 Levroux, propriété privée, visite libre des
extérieurs des vestiges, à voir également dans le bourg, rue des remparts,
la porte de Champagne. Elle est classée MH par arrêté du 1er juin 1944.
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Monsieur Bernard Drarvé pour les photos qu'il nous a adressées afin
d'illustrer cette page.
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de l'Indre" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
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