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Cette forteresse qui
commande la vallée de l'Igneraie, fut construite à la fin du XIIe siècle, à
l'époque des guerres entre Henri II Plantagenêt et Philippe Auguste. Elle
était propriété des seigneurs de Déols. Denise de Déols la porta dans la
maison de Chauvigny et cette demeure devint l'une des résidences favorites
de ces puissants seigneurs. En 1218, Saint-Chartier passa, avec André de
Chauvigny, à une branche cadette possessionnée à Levroux et Saint-Chartier,
dont le descendant, Guillaume III Le Bouteiller, vendit la terre en 1452 à
la sœur du seigneur de Châteauroux, Marguerite de Chauvigny. Celle-ci légua
à son frère, à condition qu'elle soit pour toujours incorporée à la baronnie
de Châteauroux (1473). Reconstruit au XVe siècle, Saint-Chartier revint par
héritage, aux Maillé de La Tour-Landry, puis par alliance, à la maison de
Penthièvre. Le domaine changea souvent de maître, parmi lesquels le marquis
de Saint-May en 1680, la famille de Brécy en 1715, Henri de Gayault, prévôt
général des maréchaussées du Berry en 1740. La famille de Nicolaÿ en fut
également propriétaire ainsi que le chambellan de l'empereur Napoléon 1er,
le comte de Chabrillant. Ce dernier aurait fait enlever la toiture de
l'édifice en 1810 pour le rendre inhabitable et forcer le gouvernement à
chercher un autre asile aux prisonniers atteints du typhus afin de
sauvegarder les habitants de cette épidémie. Ce château, dans lequel George
Sand situe son roman Les maîtres sonneurs, est composé d'un donjon
primitivement flanqué de quatre tours d'angle avec une cour intérieure. Il
fut fortement remanié à la fin du XIXe siècle, la tour nord-est ayant été
supprimée. Dans le parc et le long de l'enceinte reconstruite au XVe siècle,
une série de colonnes à chapiteaux feuillagés, noyées dans la maçonnerie
furent dégagées en 1939, faisant apparaître un intéressant corps de galerie
du XVe siècle. Les communs, remarquables, dominant la place de l'église, à
l'allure du grand logis, sont agrémentés de belles lucarnes sculptées
gothiques. Devenu ruine romantique, il attire l'œil d'une châtelaine
voisine, George Sand, qui relate son acquisition par "un ancien corsaire où
un émissaire de Monte-Cristo" en 1858: "le riche Simons, un des gros
capitalistes de France, croyait le tenir à 220000 francs. Tout à coup
apparaît un personnage de comédie, sale et troué, que l'on prend pour un
mendiant, et qui regarde le manoir, sort 250000 francs de sa poche et achète
sous le nez du millionnaire ébahi". Alexandre Naud, "ex-marchand de bonnets
de coton qui s'est enrichi en Chine", vécut dans les communs du château. Sa
fille épousa un vendéen enrichi dans le commerce du textile en Syrie, Michel
Germain. Celui-ci confia en 1873 une importante restauration à Alfred
Dauvergne. Jusqu'en 2008, Saint-Chartier a accueilli chaque été les
Rencontres Internationales des luthiers et maîtres-sonneurs. (1)
La colonnade du jeu de paume est située dans un mur qui ferme sur sa face
est, un bâtiment situé à une centaine de mètres du donjon. Elle se compose
d'une suite en ligne de 19 colonnes ; 17 ont conservé leur chapiteau. La
base des colonnes, de plan carré, repose sur un entablement qui les place à
environ un mètre du sol. Disposition originale, en haut du fut et de chaque
côté sont ménagés deux appuis en saillie sculptés ou prennent appui des arcs
en bois, la moitié environ de ces arcs subsiste. Les chapiteaux sont décorés
de feuilles et de fleurs, un seul animal y figure, l'abeille, une seule
représentation humaine, une tête de Bacchus barbu qui orne discrètement
l'angle d'un chapiteau. Les remparts ferment actuellement les limites d'une
partie du parc actuel. Face au bourg court le rempart est-ouest, le grand
bâtiment des communs s'y appuie tout du long avec à chaque extrémité une
tour d'angle. Le rempart nord-sud gagne une troisième tour d'enceinte. Les
pieds de toutes ces parties étaient autrefois garnis de douves pleines
d'eau. Le bâtiment adossé au rempart du XIIe siècle est déjà protégé au
titre de l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques dans sa
partie ouest (vieille tour et courtine attenante, avec fenêtre du XVIe
siècle). La partie qui rejoint la tour sud comporte des fenêtres et des
lucarnes du XVe siècle. On y voit la trace d'autres lucarnes ruinées dont il
subsiste les soubassements richement décorés et la trace du surplomb de
l'ancienne courtine. La charpente en vaisseau date de la même époque. La
tour qui lui fait suite a perdu son chemin de ronde, mais conserve sa
basse-fosse voûtée avec ses deux canardières flanquant les murs. La
meurtrière de face a été remplacée par une fenêtre au XVe siècle. Côté parc,
la tour d'escalier dont les degrés ont été brisés s'orne de deux jolies
fenêtres et d'une porte du XVe siècle. Le mur nord-sud, en partie ruiné,
comporte une jolie suite de fenêtres du XIIe siècle. La tour sud a conservé
un corbeau et deux latrines intactes. Ses deux pièces ont leurs fenêtres du
XIIe siècle et leurs cheminées qui semblent avoir été refaites au XVe
siècle.
Éléments protégés MH : les remparts en totalité : les courtines Nord et Est,
les trois tours attenantes (Nord-Ouest, Nord-Est, Sud-Est) ; le bâtiment dit
des communs adossé à la courtine Nord ; le bâtiment abritant une galerie,
situé au Sud-Ouest du corps de logis, à proximité de la R.N. 718 et appelé
Jeu de Paume ; la cheminée de la salle à manger, au rez-de-chaussée du
château, dont le manteau est orné des armes de Marguerite de Chauvigny :
classement par arrêté du 14 février 1989. Le corps de logis du château (sauf
cheminée classée du rez-de-chaussée) : inscription par arrêté du 14 février
1989. (2)
château des Maîtres Sonneurs, place de l'Eglise, 36400 Saint Chartier,
propriété privée, visible de l'extérieur.
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