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Malgré le souvenir
très vivace de Talleyrand, le château de Valençay n'est pas son œuvre, mais
celle de ses prédécesseurs, la famille d'Étampes de Valençay, qui pendant
cinq générations est propriétaire du domaine. Leur fortune, leur ascension
sociale par des alliances prestigieuses et leurs fonctions importantes ont
permis la construction d'une demeure monumentale agrandie au fil des
siècles. Le fief de Valençay dépend de la maison de Chalon-Tonnerre depuis
1268, jusqu'à son acquisition en 1451 par les frères d'Étampes. Louis
d'Étampes, gouverneur et bailli de Blois, épouse en 1512 une fille Hurault
de Cheverny; leur fils Jacques accroît encore la fortune familiale par son
mariage avec l'héritière d'un financier. Jean d'Étampes, né en 1548, épouse
la fille unique d'une riche famille picarde, Sarah d'Happlaincourt et leur
fils Jacques II, seigneur de Valençay et d'Happlaincourt est nommé
gouverneur de Montpellier en 1622. Son successeur, Dominique, marié à la
fille d’un Montmorency-Bouteville, accède au marquisat et ses descendants
maintiennent le prestige de Valençay jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Le
déclin de cette famille entraîne en 1745 une première vente du domaine,
racheté en 1761 par Legendre de Villemorien, fermier général. Son fils s'en
dessaisit au profit de Talleyrand en 1803. La famille du célèbre ministre
maintint, malgré plusieurs successions et ventes, l'éclat princier du
château. Le dernier duc de Valençay meurt en 1952, son héritier vend en 1977
à une association où le Conseil général de l'Indre est majoritaire. Le
château conserve une grande partie du mobilier d'exception acquis par
Talleyrand sous l'Empire, à défaut des 12000 hectare du domaine constitué
par le prince.
Le château, situé à l'extrémité d'un plateau naturel, surplombe au sud la
vallée du Nahon: il forme un quadrilatère autour d'une cour, dont les
bâtiments sont disparates malgré une apparente unité. L'aile nord-ouest,
dominée par un imposant pavillon d'entrée à l'allure de donjon, comporte
deux parties: à gauche un bâtiment inachevé terminé par une petite tour, à
droite un corps de galerie d'un étage, calé par une grosse tour d'angle.
l'aile ouest offre un aspect plus uniforme, avec côté externe une ordonnance
à pilastres superposés, identique à celle de la tour nord. Cette aile mène à
une autre tour, presque semblable à la précédente, mais les supports du
chemin de ronde sont des consoles de la fin du XVIIIe siècle. Côté cour,
l'aile ouest est bordée par un corps de galerie (à l'origine ouvert au
rez-de-chaussée) et rythmée par un ordre géant de pilastres ioniques; cette
élévation, différente des autres façades, date du XVIIIe siècle et montre
les travaux importants de cette période qui rendent difficile la restitution
du château du XVIe siècle. Toutefois, une vue de la collection R. de
Gaignières (1705) montre que la cour était fermée à l'est et au sud par des
portiques à arcades, mais cette vue ne représente pas la tour sud-ouest,
construite plus tard en même temps que l'aile ouest. D'autres
transformations datent de la deuxième moitié du XVIIIe siècle; sud et est,
ordonnées par Legendre de Villemorien qui a donné au château sa physionomie
actuelle. L'architecte est Joseph-Abel Couture, candidat à l'Académie en
1767, qui décrit "les augmentations, embellissements et décorations, faites
au château de Valençay, aux jardins, et au parc...".
Plusieurs parties de l'édifice posent aussi des problèmes qui remettent en
cause la chronologie. La tour nord-ouest, sans doute la partie la plus
ancienne, date de 1520-1530, car ses plafonds à caissons sont aux armes et
monogrammes de Louis d'Étampes et de Marie Hurault; mais le dôme à
l'impériale n'est pas antérieur aux années 1540-1550, car les travaux ont
été interrompus à la mort de Louis d'Étampes en 1530 et achevés par son fils
Jacques. On comprend alors mieux les parentés de cette couverture avec
celles de Chambord et du Gué-Péan (Loir-et-Cher) datées de 1543. L'aile
ouest, comme on l'a vu, est loin d'être homogène, car une partie est
contemporaine de la tour (XVIe siècle), tandis que l'autre, édifiée par
Dominique d'Étampes au XVIIe siècle, respecte l'homogénéité du parti
d'ensemble, mais ici les chapiteaux sont classiques. On discerne encore
d'autres reprises pour l'aile nord, avec un raccord des travées proches du
pavillon d'entrée, construit en 1599, date portée sur les côtés et confirmée
par les blasons d'Happlaincourt. Cet imposant pavillon à tourelles d'angle
s'apparente à un donjon par son plan carré et son crénelage "archaïque" à
coquilles et balustres de la première Renaissance, comme le corps de
moulures horizontal et la porte à arc surbaissé, mais ces réminiscences de
l'art ligérien sont contredites par des éléments classiques, pilastres
ioniques et corinthiens, qui rythment les façades. La façade ouest, côté
cour, n'est pas restituable, car cette aile a été entièrement refaite sur
les fondations d'origine. Elle était le corps de logis principal édifié vers
1540 par Jacques d'Étampes, précédé d'une galerie à portique au
rez-de-chaussée et desservi par un escalier monumental décrit par la Grande
Mademoiselle en 1653: "un corps de logis magnifique, le degré y est très
beau et l'on y arrive par une galerie à arcades...". Cet essai de
restitution montre le projet de l'édifice somptueux commencé par Jacques
d'Étampes et son épouse, mais resté inachevé.
Les autres parties du château construites entre la fin du XVIe siècle et le
XVIIIe siècle, ont respecté ses dispositions d'ensemble en créant un mélange
harmonieux de différents styles qui font l'intérêt et le charme de Valençay.
Talleyrand, qui a donné sa célébrité et son attrait touristique au château,
y a rassemblé un ensemble mobilier Empire unique par son homogénéité et
remarquable par le raffinement de ses bronzes, dont plusieurs sont dus au
fondeur ciseleur Thomire (1751-1843). À partir de 1808, au moment où les
princes d'Espagne sont en captivité à Valençay, il aménage un théâtre de
style Louis XVI orné de fresques sur le thème des neuf muses et en même
temps, il crée un superbe parc étendu sur les pentes de la vallée du Nahon
qui sera par la suite remanié par les frères Bühler vers 1860, puis par
Édouard André en 1906. Entre 1805 et 1808, l'architecte Renard y construit
un ensemble de pavillons de styles rustique et exotique à "la grecque" et à
"l'égyptienne". Le rendez-vous de chasse de La Garenne de Chantemerle, daté
de 1813, est l'œuvre de Charles Bonnard qui adopte un parti rustique à
l'italienne, inspiré de peintures (plan en demi-lune, appareil polychrome)
dans le style à la mode entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe
siècle, comme à Chanteloup (Indre-et-Loire) et à Jeurre (Essonne); mais ces
édifices détruits font du pavillon de Valençay un exemple rare et
exceptionnel. (1)
Éléments protégés MH : les parties suivantes du domaine du château de
Valençay, à savoir l'ensemble du parc, des jardins, des cours et des sols du
domaine avec leurs murs de clôture, les portails, les grilles et les
pavillons les accompagnant, les murs de soutènement, les bassins, les
escaliers, les fossés et les ponts ; certaines parties du domaine, à savoir
les façades et les toitures des bâtiments situés de part et d'autre de
l'allée d'accès et de la partie nord de la cour dite des Ronds : les
bâtiments de la ferme et le pavillon des gardien, d'autres bâtiments de la
basse-cour à savoir la forge, les bâtiments d'habitation et la construction
située en face du théâtre ; en totalité le château, le pavillon dit "de
l'horloge" et les écuries dites "espagnoles" y compris les cours, le
pédiluve, l'abreuvoir dit "fontaine d'Apollon" et le bâtiment dit "la
Vénerie", le théâtre et ses dépendances ainsi que les deux corps de bâtiment
des communs à usage de remise et orangerie (de part et d'autre de la partie
sud de la cour dite des Ronds), la glacière, la maison du potager et le
manège hydraulique : classement par arrêté du 8 mars 2011. Le pavillon de la
Garenne et ses dépendances, en totalité, incluant leurs terrains d'assiette,
leurs murs de clôture et de soutènement, leurs fossés et leurs grilles et
l'ensemble du parc de Chantemerle, y compris ses murs de clôture, ses
fossés, ses canaux et ses ponts : inscription par arrêté du 8 août 2013. Les
façades et les toitures du pavillon de la Garenne de Chantemerle, ses
dépendances, leurs terrains d’assiette et le parc en totalité : classement
par arrêté du 29 mars 2016.
château de Valençay 36600 Valençay, tél. 02 54 00 10 66, ouvert au
public, visites du 22 mars à fin mai de 10h30 à 18h, en juin de 10h à 18h30,
en juillet août de 9h30 à 19h, en septembre de 10h à 18h et du 1er octobre
au 9 novembre de 10h30 à 17h30.
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