|
Édifié au Moyen Âge sur
les marais de la Trégonce, le château de Villegongis fut reconstruit en
1531, par Avoye de Chabannes, petite fille d'un bâtard de Bourbon, et son
troisième époux, Jacques de Brizay, lieutenant du Bourbonnais qui bénéficie
de nombreuses faveurs royales. Leurs héritiers vendent la terre en 1570, à
Madeleine de Launay, épouse de Geoffroy de Neuchèze; puis elle passe à la
famille de Barbançois après le mariage de leur fille. En 1787, Charles-
Hélion de Barbançois fit abattre plusieurs parties du château ruinées; mais
à la Révolution l'édifice n’a subi aucune dégradation car son propriétaire,
physiocrate aux idées avancées, reste sur les lieux exerçant une influence
dans la région qui évite toute destruction. D'importantes restaurations,
commandées par les Barbançois dans les années 1880 à l'architecte Henri
Dauvergne ont modifié les façades, en particulier celles de l'escalier, mais
ont respecté le parti d'ensemble et le décor du logis. Le château, se
reflétant dans de larges douves alimentées par les eaux de la Trégonce grâce
à un système hydraulique très élaboré, ne comporte plus que deux corps de
bâtiment: le logis cantonné de deux tours et l'aile nord en retour remaniée
au XVIIIe siècle. La construction est due à la fortune de Jacques de Brizay:
sa date est confirmée par les influences de Chambord et par des chiffres
portés sur plusieurs chapiteaux (1536-1538) qui indiquent l'achèvement des
travaux. Le rang des commanditaires explique aussi le style de cette demeure
construite par une main-d'œuvre de talent. Villegongis n'est pas parvenu
intact jusqu'à nous, comme le montre le plan du village de 1771 où l'on voit
la cour encadrée de deux ailes fermée par un mur et un fossé, où se situait
l'entrée, face au logis. Cependant, le dossier de restauration d'Henri
Dauvergne montre que ces ailes latérales prévues au XVIe siècle n'avaient
été achevées qu'au XVIIIe siècle.
Au nord, on observe le départ d'un corps de galerie avec escalier d'angle,
dont la trace est encore visible dans les combles, et au sud le relevé de
Dauvergne montre l'amorce d'une aile qui devait être le départ d'une autre
galerie, restée inachevée. Ce plan avec logis en fond de cour et galerie
latérales, évoque celui de Villandry, presque contemporain. Le corps de
logis qui subsiste intégralement est flanqué aux angles supérieurs de
grosses tours rondes dont l'appareil militaire factice, n'a qu'une valeur
symbolique. Les deux façades sont marquées par l'escalier dont l'élévation
se distingue de l'ensemble; mais à l'origine il présentait un aspect
différent. Les deux portes jumelles étaient plus basses, comme à
Azay-le-Rideau et la hauteur de la tour se détachait au-dessus de la toiture
par une chambre haute couverte en pavillon et éclairée par une grande
lucarne comme à Bury. L'escalier de Villegongis reprend le type à volées
droites, rampe sue rampe, éclairé par des baies jumelées sur chaque façade,
suivant les modèles de Bury et d'Azay. Plusieurs restaurations sont
intervenues dès le XVIIIe siècle, en particulier pour les lucarnes, côté
cour, refaites d'après celles de la façade externe, elles-mêmes transformées
par Dauvergne, car à l'origine passantes, elles recoupaient la corniche,
accentuant ainsi la composition verticale des façades. D'autres détails,
plus ponctuels, montrent que les artisans du XIXe siècle ont accompli un
travail si remarquable qu'il est aujourd'hui difficile de discerner
précisément les restaurations. L'étude de Villegongis et de ses dispositions
originelles permet de placer l'édifice dans la lignée des grands châteaux de
la Loire de Bury à Azay et Chambord. Il emprunte aux deux premiers
l'escalier rampe sur rampe et l'élévation de sa façade sans toutefois
respecter leur composition symétrique. L'influence de Chambord est aussi
très sensible dans le répertoire décoratif, car on retrouve à Villegongis
les cheminées à colonnes et édicules sommitaux, les chapiteaux lombards des
façades et de l'escalier, les coquilles de la corniche et les incrustations
d'ardoises. Le décor intérieur de l'escalier, à cadres moulurés et
pilastres, prouve que le maître d'œuvre s'est inspiré de celui de la double
vis de Chambord en évitant cependant une copie littérale du modèle. Il a
ainsi créé une des œuvres les plus exquises des derniers châteaux de la
Loire sans abâtardir un style jugé démodé à cette date. (1)
Éléments protégés MH : le château, à l'exclusion des parties classées :
inscription par arrêté du 17 février 1928. Les façades et les toitures du
château et son escalier ; les façades et les toitures des communs ; toute la
superficie du parc, ainsi que les parcelles cadastrales : classement par
arrêté du 21 septembre 1949.
château de Villegongis
36110 Villegongis, tél. 02 54 36 60 51, ouvert au public sur demande, visite
des extérieurs uniquement.
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Propriétaire de cet édifice, vous
pouvez enrichir notre base de données en nous adressant des photos pour
illustrer cette page, merci.
A voir sur cette page "châteaux
de l'Indre" tous les châteaux répertoriés à ce jour
dans ce département. |
|