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L'histoire du Clos-Lucé est bien
connue. Les principales campagnes de construction eurent lieu entre le XVe
siècle et le début du XVIe siècle. Des réaménagements très importants ont
été entrepris aux XIXe et XXe siècles tant pour la distribution que pour
remettre en état façades, maçonneries et ornements. La bibliographie est
pauvre et si l'on fait abstraction des études de l'abbé Bosseboeuf ou de
celle de Marguerite Coleman, très poétique, le Clos-Lucé n'a jamais fait
l'objet d'une étude d'histoire de l'art. Ces deux auteurs se réfèrent
toutefois aux archives privées pour établir l'histoire du lieu. Les ouvrages
parus sont principalement consacrés à la vie de Léonard de Vinci qui y passa
les trois dernières années de sa vie avant de s'y éteindre le 2 mai 1519. Le
Clos-Lucé fut cédé à Estienne Leloup, maître d'hôtel et premier huissier
d'armes du roi Louis XI, par le roi lui-même, le 26 mai 1471. L'acte de
vente ferait mention du Clos-Lucé "avec ses maisons, caves, vignes, terres,
jardins, et toutes dépendances". Les travaux de reconstruction débutèrent
rapidement, les premières mentions d'archives datant de 1476. Une enceinte
clôt le parc, mais nous ne savons pas si elle fut restaurée ou créée en
cette seconde moitié du XVe siècle. Il ne reste de l'enceinte qu'une tour
carrée, située à gauche de l'entrée principale. Sur un plan en "L" avec une
tourelle d'escalier à la rencontre des deux ailes, le logis fut reconstruit
avec les matériaux à la mode sous Louis XI, à savoir la brique et la pierre
de taille de tuffeau pour les chaînages et les encadrements de baies.
Dès 1473, Estienne Leloup reçut la charge de garde de la forêt d'Amboise.
Ses gages devaient lui être versés par la ville qui n'en avait pas les
moyens. Elle tenta de négocier avec le roi longuement, si bien qu'en 1480,
la ville devait deux ans de gages à Estienne Leloup, soit 600 livres. Pour
se faire payer il menaça de faire tirer l'artillerie du Clos sur la ville.
En 1486, l'artillerie du Clos-Lucé fut vérifiée par des canonniers. Les
relations du château et du Clos-Lucé furent toujours étroites, même avant le
rachat du lieu par Charles VIII. Aussi, un chemin longé d'un garde-fou
conduisait-il du château au Clos. À la mort d'Estienne Leloup, ses biens
auraient été saisis et adjugés en 1490 à Pierre Morin, qui devint trésorier
de France et fit construire en ville l'hôtel Morin, actuellement situé au
10-11 quai Charles Guinot. Les archives privées du Clos-Lucé conserveraient
l'acte de vente au roi Charles VIII, passé devant Maître Mazenot à Lyon, le
2 juillet 1490. Le domaine aurait compris à ce moment: "22 arpents d'enclos,
183 arpents de terres labourables, 220 arpents de bois, 11 arpents de près
et 8 arpents de vigne". La description se poursuit: "L'ostel du Clou auquel
a plusieurs corps d'ostel contenant tant en édifices que jardins et viviers
deux arpents et demy de terre ou environ". Ainsi pour la somme de 3500 écus
d'or, le "Clou" devint domaine royal. Charles VIII aurait fait construire la
chapelle entre les deux ailes du bâtiment. À la mort de Charles VIII, le
Clos-Lucé revint à son cousin, le capitaine Louis de Luxembourg, comte de
Saint-Pol. Après Louis de Luxembourg, ce fut le duc d'Alençon, époux de
Marguerite de Navarre et soeur du futur François Ier qui devint propriétaire
du Clos. En 1516, le duc d'Alençon vendit le Clos à Louise de Savoie; l'acte
de propriété serait également conservé dans les archives privées du
Clos-Lucé.
En 1516, Léonard de Vinci s'installa au Clos-Lucé et il est possible que des
travaux soient menés pour son confort. On dispose finalement de peu de
détails sur la vie du grand homme à Amboise, et souvent les écrits à ce
sujet relèvent davantage du mythe que de la réalité. Léonard a toutefois
dessiné le château vu depuis le Clos-Lucé, soit ses façades méridionales. On
dit ce dessin réalisé à la demande de François Ier. Le testament de Léonard
fut rédigé le 23 avril 1519, soit quelques jours avant sa mort le 2 mai.
L'original a disparu mais il aurait été conservé à Amboise, rue Joyeuse, par
l'étude de Maître Bourreau chez qui le testament aurait été enregistré. En
1937, l'étude appartenait à Maître Gourdon. Léonard de Vinci fut inhumé,
conformément à son souhait dans "ladicte église Saint-Florentin, par le
collège de ladicte église". Il s'agit bien de la collégiale du château dans
laquelle, en 1874, après la destruction de l'église, Arsène Houssaye mit au
jour une pierre tombale avec une inscription à demi-effacée où il put
déchiffrer "Léonadus Vincius". Les restes présumés furent alors transférés
dans la chapelle Saint-Hubert du château. En 1523, Louise de Savoie aurait
cédé sa terre du Clos à Philibert Babou, argentier du roi François Ier. En
1583, le Clos serait revenu par héritage à Michel de Gast, gouverneur
d'Amboise. Au début du XVIIe siècle, les archives donneraient Jean-Gabriel
Polastron de La Hillière, comme dixième possesseur du Clos. Puis, autour de
1636, la terre serait revenue entre les mains de la famille d'Amboise par
l'intermédiaire du mariage d'Antoine d'Amboise avec mademoiselle de La
Frillière. À la fin du XVIIIe siècle, monsieur d'Amboise vendit tous les
fiefs relevant du Clos au duc de Choiseul pour 16000 livres. Au début du
XIXe siècle, il ne restait plus autour du logis que les communs, le parc et
les jardins. Enfin, Madame Jameron des Fontenelles céda le Clos-Lucé à la
famille Saint-Bris qui depuis l'entretient. C'est à la fin du XIXe siècle
que les travaux de restauration commencèrent. Le comte Hubert Saint Bris (le
père de Gonzague Saint Bris) décida d'ouvrir le Clos Lucé au public en 1954.
Il s'agit d'une demeure noble avec une fonction agricole, donc d'un manoir.
Les bâtiments du Clos-Lucé présentent un plan en "L", si l'on fait
abstraction des quelques dépendances adossées à la muraille longeant la rue
Victor Hugo qui, comme les autres bâtiments, n'ont pas été épargnées par de
multiples restaurations et dont le caractère original a disparu. Le manoir
est enclos dans un parc vallonné, au fond duquel coule la Masse. En bas, du
côté de la rue Léonard de Vinci, le pigeonnier a été conservé. Il est
construit dans les mêmes matériaux de construction que le logis, à savoir en
brique, la pierre de taille de tuffeau étant réservée aux chaînages et
encadrements de baies. Sa couverture en pavillon à quatre pans repose sur
une charpente à chevrons-formant-fermes avec une enrayure centrale (sans
doute XVe-XVIe siècles). Les bois, comme la disposition, semblent
authentiques. On pénètre dans la cour du Clos-Lucé par une porte cochère en
anse de panier surmontée d'une accolade à fleurons et choux. La façade
orientale du logis fait alors face au visiteur. L'aile principale est
construite perpendiculairement à la rue et deux ailes plus petites viennent
en retour d'équerre à l'ouest et à l'est. Cette dernière est une création du
19e siècle. Le bâtiment d'origine se limite donc à un logis en "L" desservi
par une tourelle d'escalier octogonale placée à la rencontre des deux ailes.
Cette tourelle constitue l'élément le moins remanié de l'édifice. Au-dessus
de la porte, on aperçoit un dais surmontant un heaume à couronne et
feuillages, un blason aux armes de France présenté par deux anges, et en
dessous, deux autres blasons aux armes de France et de Savoie. Ces armoiries
sont bien celles de Louis XI qu'Estienne Leloup apposa en signe
d'allégeance. La tourelle est couronnée d'un toit à huit pans. La
distribution originelle a été très modifiée, on peut toutefois penser que
l'aile secondaire en retour abritait les cuisines et dépendances, tandis que
l'aile principale recevait la grande salle au rez-de-chaussée et les
appartements au premier étage.
Le rez-de-chaussée a été réinventé au XIXe siècle, mais à l'étage on
remarque, dans une chambre appelée "la chambre de Léonard de Vinci", une
cheminée à hotte datant certainement de la première campagne de
construction, autour des années 1470. Le manteau repose sur des piédroits
composés d'une colonnette reposant elle-même sur une base octogonale
particulièrement haute (sa hauteur est égale à la moitié de celle de la
colonnette). Le chapiteau de la colonnette, simplement épannelé, est séparé
du fût par un cordon torique. Entre le manteau et le chapiteau, un petit
entablement prend place. Enfin, une corniche sépare le manteau de la hotte.
La chapelle fut construite devant la tourelle d'escalier. La balustrade
ajourée, d'après les clichés photographiques anciens, aurait été ajoutée au
XIXe siècle pour cacher la base du toit en terrasse. À une époque méconnue,
la chapelle a servi de cuisines. Aujourd'hui, les maçonneries sont neuves,
mais quelques vestiges de peintures ornant une partie des murs et la voûte
d'ogives étoilée, présentent les scènes de la vie de la Vierge, notamment la
Visitation et l'Assomption. Enfin, la galerie, sous laquelle on passe pour
accéder à la cour du Clos-Lucé a été jugée authentique lors des travaux de
restauration de Bernard Vitry, mais contenant des bois remplacés à une
époque "moderne", ce qui pourrait désigner les XVIIe ou XVIIIe siècles.
Cette galerie rejoint la tour d'enceinte carrée construite en moellon et
pierre de taille de tuffeau couverte d'un toit en pavillon en ardoise. En ce
qui concerne les ouvertures de cette tour, tous les encadrements sont neufs
et nous n'avons pas trouvé de documentations à ce sujet. Il est cependant
probable que leurs dispositions aient été autres, en particulier pour les
archères à visée du dernier étage. Si cette galerie existait en effet au
Moyen Âge, elle ne pouvait être reliée au logis comme aujourd'hui puisque
l'aile orientale est un ajout tardif. Elle devait constituer une sorte de
chemin de ronde et aboutir aux dépendances situées derrière le logis en L.
On notera par ailleurs que la galerie de l'hôtel Joyeuse est assez proche de
celle-ci, par sa mise en oeuvre et les moulurations gothiques de ses
poteaux. (1)
Éléments protégés MH : le château en totalité : classement par liste de 1862
et par Journal Officiel du 18 avril 1914.
manoir du
Clos Lucé 37400 Amboise, tel. 02 47 57 00 73, ouvert au public toute
l'année, visites en janvier de 10h à 18h, de juillet à août de 9h à 20h, de
février à juin et septembre à octobre de 9h à 19h, de novembre à décembre de
9h à 18h, fermé le 25 décembre et le 1er janvier.
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