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Beauvais est un ancien fief relevant du château
d'Amboise. Au milieu du Xe siècle, le domaine appartenait à l'abbaye
Saint-Julien de Tours. Raoul de Beauvais est cité comme seigneur en 1234.
Vers 1490, Beauvais appartenait à Pierre l'Hermite, grand panetier de France
mais on ignore quelle construction s'élevait alors sur ses terres. A partir
de cette date, les propriétaires successifs sont connus. François Miron,
médecin du roi, acquiert Beauvais en 1501, puis le transmet à son fils
Gabriel, également médecin, propriétaire de la grange de Puits d'Arcé à Azay.
La première mention connue des bâtiments ne date que du XVIIIe siècle. On
sait que le château a été remanié entre 1765 et 1786 et les communs édifiés
à la même époque. Le 18 janvier 1865, Beauvais fut acquis par adjudication
par Denis-Louis Aubry, inspecteur général des manufactures et pépinières
royales de mûriers blancs de la généralité de Tours. Plusieurs acquisitions
à Athée et Azay lui permirent d’agrandir son domaine: Grand et Petit Mauny
en 1765, la Bonninière en 1770. A son décès le 14 août 1781, la liquidation
de sa succession fut l'occasion d'imprimer une plaquette de 36 pages donnant
une liste précise des immeubles à vendre: les articles 2 à 181 décrivent
toutes les composantes du domaine rural de Beauvais.
Le domaine est acquis en février 1791 par Dominique Clément de Ris, citoyen
actif de Saint-Germain-en-Laye puis sénateur, dont l'enlèvement en 1800
inspira à Balzac le roman "Une ténébreuse affaire". Le domaine fut ensuite
démembré en 42 lots qui furent vendus en 1853. Émile Gary, négociant à
Paris, acquiert alors le domaine qui couvre 47 hectares, et fait transformer
le château par un architecte dont le nom est inconnu. L'essentiel du décor
néo-gothique date de cette époque. Entre 1853 et 1869 une serre, aujourd'hui
disparue, est accolée au nord de l'aile ouest. Émile Gary entreprend
d'important travaux avec la construction de deux tours rondes sur la façade
nord, la reprise des baies et des corniches ainsi que la création d'un grand
escalier dans œuvre à rampes droites qui occupe le hall d'entrée. Il fait
redessiner le parc par le paysagiste Édouard André en 1869. A cette
occasion, les deux pavillons qui marquaient l'entrée de la cour d'honneur du
château sont supprimés. De multiples allées formant de grandes ellipses ont
transformé le parc en jardin anglais et c'est très vraisemblablement à ce
moment que fut construite la fausse ruine près de la pièce d'eau.
En 1890, Alfred Béranger hérite du château de Beauvais par sa tante, Madame
Gary. Il décide de rénover et d’agrandir l’aile ouest. Il possédait des
carrières de porphyre à Saint-Raphaël. Il fait appel aux architectes Charles
Guérin et Marcel Rohard, qui réalisent à partir de 1893 une série de plans
qui pour la plupart ne seront pas exécutés. Entre 1893 et 1911 les
modifications essentielles résident dans la transformation d’une croupe en
pignon et l’adjonction d’une tour d’angle polygonale abritant un escalier en
vis, ainsi que dans l’ajout d’éléments de décor "troubadour" sur l'aile sud.
Le pignon sud de l'aile ouest est remanié et de cette époque date la
création de la grande croisée qui surmonte les deux demi-croisées du
rez-de-chaussée. Le pignon à crochets à feuillages vient s’adosser à la
souche de cheminée. Il est coiffé d’un ménestrel, alors qu’on place à la
base du rampant de droite un personnage accroupi qui semble l’écouter.
L’horloge était auparavant dans le gâble de l’aile centrale. En 1930, le
beau-fils d’Alfred Béranger, Gaston Le Provost de Launay, hérite de
Beauvais. Pendant la débâcle, en 1940, le château fut attribué comme
résidence au Général de Gaulle, alors sous-secrétaire à la Défense
nationale. Il y résida quelques jours. La grande aile méridionale des
communs a été doublée vers 1810 pour abriter une orangerie. De nos jours,
les communs sont transformés en habitation.
Une allée bordée de tilleuls conduit au château qui présente un plan
asymétrique en U. Le corps de logis central, dont la façade sud donne sur la
cour et la façade nord sur le parc, en direction du Cher, est encadré par
deux ailes en retour d'équerre, aux angles cantonnées de deux tours rondes.
Côté nord la travée centrale est encadrée de deux tourelles circulaires
portées par des culs de lampes. La lucarne centrale est surmontée d’un
fronton triangulaire orné de crochets et cantonnée de pinacles. Les toit à
longs pans sur le corps de logis et coniques sur les tours rondes sont
couverts en ardoise. L’abondant décor sculpté néo-gothique s’apprécie
essentiellement sur la façade nord, où se développe un bestiaire fantastique
inspiré du Moyen-âge: crochets, pinacles, animaux fabuleux… Si une partie de
ces décors ont été réalisés à l’époque où Émile Gary était propriétaire,
d’autres furent ajoutés ou remplacés à la demande de M. Béranger entre 1893
et 1911. C’est le cas de la travée centrale nord. De même, côté cour, le
décor "troubadour" trouve sa pleine expression avec le petit page pensif
situé sur le haut d’une souche de cheminée du pignon de l’aile ouest, ainsi
qu’avec le joueur de mandoline qui l’accompagne. Ces motifs décoratifs
s’harmonisent avec le reste de l’édifice mais, à cette date, sont en complet
décalage avec les créations modernes de l’époque qui voit s’épanouir l’Art
Nouveau. (1)
château de Beauvais 37270 Azay-sur-Cher, tel. 06 42 81 34 89, propose la
location de chambres d'hôtes.
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