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Château de Luynes (Indre-et-Loire)
 
 

    Il est fort vraisemblable que, dès l'époque romaine, il y avait un castrum non loin de l'endroit où s'élève le château actuel. Ce fut l'origine d'une châtellenie, puis d'une baronnie, qui fut connue jusqu'au XVIIe siècle sous le nom de Maillé (Malleium, Mailleacum). Maillé était qualifié, ainsi que Preuilly, de première baronnie de Touraine. Dès le XIe siècle, il y avait donc ici un château redoutable. Sa situation stratégique en faisait une des places le plus souvent disputées dans les guerres incessantes qui mettaient aux prises les comtes d'Anjou avec les barons de Touraine, et dans lesquelles nous savons que Gilduin de Saumur, qui possédait Maillé, joua un rôle important. Une excommunication ayant été lancée par l'archevêque de Tours contre le châtelain Hardouin I de Maillé (et non Hardouin II, comme l'indique M. Chevalier dans ses Promenades pittoresques en Touraine), Foulques Réchin, comte d'Anjou et de Touraine, saisit le prétexte pour s'emparer du château et pour le détruire (1096). Le seigneur de Maillé releva sa forteresse vers 1106. On peut croire que la disposition générale était dès lors en partie ce qu'elle est aujourd'hui. Un élément essentiel toutefois du château primitif, le donjon, a dis paru en 1658. Le XIIe siècle fut encore, pour la Touraine, une période de batailles acharnées. Cette fois la lutte avait pris d'autant plus d'ampleur, que les comtes d'Anjou étaient devenus rois d'Angleterre, et que les barons de Touraine, qui ne guerroyaient plus seulement pour leur indépendance mais pour celle du royaume, avaient pour allié le roi de France. La prise de possession de la Touraine par Philippe Auguste, en 1204, mit fin aux coups de mains incessants, où le rôle du château deMaillé fut de premier ordre.

Dans tous les cas, le moine Jean de Marmoutier, dans la liste qu'il nous donne des forteresses très importantes qui protègent la ville de Tours, fait figurer Maillé. Il y eut ensuite une longue période d'accalmie. La guerre de Cent ans fit renaître la menace anglaise. L'heure n'était pas venue encore pour le château de Maillé de devenir une résidence d'agrément. Quand la paix fut rétablie, le seigneur de Maillé, Hardouin IX, ayant hérité de sa mère Perrenelle d'Amboise la terre des Montils, eut la bonne fortune de la vendre à Louis XI, pour y édifier son château du Plessis. Ce fut pour le château de Maillé une période de splendeur. On refit une partie des tours (eelon Palustre les tours d'angle seraient du XIIIe, les tours centrales à l'ouest du XVe siècle), et l'on construisit dans l'enceinte une demeure élégante, dans le goût du château royal. Comme le seigneur de Maillé était en veine de générosité, il fonda en 1486 un chapitre de chanoines, qui devint, au XVIIe siècle, chapitre de chanoinesses, dont on voit encore l'église, hors de l'enceinte, à quelques pas du pont-levis. Par le mariage de Françoise de Maillé avec Gilles de Laval, le château devint un fief de cette maison, et, en 1672, la terre de Maillé fut érigée en comté, en faveur de Jean de Laval. Enfin Charles d'Albert, seigneur de Luynes, en devint adjudicataire en 1619, et obtint, la même année, qu'elle fût érigée en duché-pairie, sous le nom de Luynes. Ce fut le signal de nouveaux remaniements dans les bâtiments d'habitation. Bientôt le donjon était abattu. Le château appartient encore aujourd'hui aux descendants du favori de Louis XIII. Nous remercions ici M. le duc de Luynes qui a bien voulu nous autoriser à visiter le château en détail, et le régisseur M. Gasnault qui nous en a fait les honneurs.

Le château de Luynes occupe un vaste parallélogramme sur un plateau qui s'avance en éperon entre la vallée de la Loire et un petit vallonnement creusé dans la colline. C'est de ce côté, sur le flanc ouest, auquel est adossé le corps de logis principal, qu'est la partie la plus imposante des défenses: quatre tours cylindriques, dont les deux du milieu, plus robustes et plus saillantes. Ces deux tours sont construites en un appareil bizarre fait de blocage, avec de grosses pierres de taille en bossages faisant parpaing, réparties à intervalles à peu près réguliers. Les autres parties de l'enceinte sont seulement en blocage. La courtine du sud ne présente, du côté de la Loire, qu'une terrasse, mais la défense comportait, en outre, sur ce flanc, un premier système de retranchement, défendu par deux petites tours rondes, dont une seule subsiste aujourd'hui. Le coteau dévale de ce côté-là en pente douce. Du côté de l'est, le château était défendu par un double fossé; par un seul au nord. A l'ouest, il était suffisamment protégé par les quatre tours et par un escarpement abrupt. Dès le XVe siècle, dans les tours, qui jusqu'alors n'étaient percées que d'archères, on avait ouvert de hautes et étroites fenêtres. On voit très distinctement les remaniements concernant les ouvertures à la tour d'angle sud-ouest. Deux étages de fenêtres en anses de panier reposant, aux retombées, sur des culots historiés, furent superposés au XVe siècle; mais la fenêtre du premier étage a été remplacée par une fenêtre moderne qui n'occupe que la moitié de la hauteur. La partie supérieure a été condamnée, ne laissant de vestige que son arc mouluré, tandis que le second étage est resté intact.

Les trois autres tours de l'ouest ont été percées au XVe siècle de trois étages de fenêtres à meneaux, sans compter, en retrait, des lucarnes plus petites, et les hautes et minces archères du moyen âge. En outre, un robuste contrefort épaule la muraille entre les deux tours centrales. Ce contre fort sépare trois étages de fenêtres à meneaux qui prouvent que, dès le XVe siècle, un corps de logis se trouvait adossé à cette partie de l'enceinte. Il fut détruit, au XVIIe siècle, pour être remplacé par un bâtiment moderne. Ce témoignage sera confirmé par l'examen des dispositions intérieures, où nous retrouvons, au dernier étage du logis XVIIe siècle, les sièges de pierre du XVe siècle, dans l'épaisseur de la muraille. Le flanc nord du château était défendu par trois tours cylindriques. Seule, la tour d'angle est coiffée en poivrière. On remarquera, au sommet de cette tour, près du pignon XVe siècle, les vestiges d'une bretèche. Au-dessous, est une mince et longue archère en croix, du même temps que la bretèche. De ce côté, l'on distingue très bien le raccordement qui a été exécuté au XVe siècle. En dehors des archères, aucune fenêtre n'a été ouverte dans les tours du nord. La courtine de l'est est également défendue par trois tours cylindriques, sans toitures et n'ayant d'autres ouvertures que les archères. Un corps de logis rectangulaire en saillie, du XVe siècle, vient s'adosser à la tour d'angle sud-est qu'il domine de sa masse. Entre la tour du milieu et celle du nord-est, se trouve la porte à arc brisé de l'ancien pont-levis. Un pont construit vers 1860 donne accès à la cour d'honneur aujourd'hui. Là, on a en face de soi, adossés à la courtine de l'ouest, les logis principaux.

Ils se divisent en deux parties très dissemblables, entre lesquelles s'avance une tourelle d'escalier briques et pierres octogonale du XVe siècle, qui supporte une autre tourelle d'escalier cylindrique en cul-de-lampe. A droite de ces tourelles, s'étend un corps de logis briques et pierres, très élégant, se composant d'un rez-de-chaussée, et d'un étage surmonté de combles ornés de lucarnes. La partie qui se trouve à gauche de la tourelle est un pavillon avec perron construit au XVIIe siècle, qui contraste, par sa sobriété, avec le logis du XVe siècle. Du côté opposé de la cour, un autre bâtiment du XVIIe siècle fait pendant à celui-ci, s'adossant à la tour d'angle sud-est. Le pavillon a pour voisin immédiat le corps de logis XVe siècle très élevé que nous avons déjà remarqué de l'extérieur et qui est accolé à cette même tour. Au côté nord, il n'y a pas de bâtiments, mais, à l'époque moderne, on a élargi le chemin de ronde en une terrasse demi-circulaire portée sur encorbellement. Au sud de la cour, il n'y a que le parapet de la terrasse, d'où l'on jouit d'un magnifique panorama sur la vallée de la Loire. Nous avons déjà remarqué que le corps de logis XVe siècle, à l'ouest, évoquait, avec sa tourelle octogonale, le souvenir du Plessis-lez-Tours. La tourelle n'a d'autres ornements que les choux-frisés du linteau en accolade, cantonné de deux pilastres. Elle n'est éclairée, ainsi que la tourelle cylindrique que d'un double étage de fenêtres étroites. Le corps de logis à droite est, en revanche, beaucoup plus orné; et cette décoration luxuriante, aussi bien qu'un goût tout nouveau pour le con fort et la symétrie révèlent les approches de la Renaissance. Il convient toutefois d'observer que le premier étage a été restauré en 1860. Quant à la corniche couronnée d'une balustrade à soufflets et à mouchettes, ainsi que les lucarnes des combles, ce sont des reconstitutions modernes. Seules paraissent authentiques les fenêtres du rez-de-chaussée, qui ont pour linteau un larmier rectangulaire reposant, aux retombées, sur des consoles représentant des animaux chimériques. A côté de cet élégant décor, le corps de logis du XVIIe siècle paraît singulièrement austère. Il ne comporte qu'un étage très élevé au-dessus du perron. Une aile de deux étages le termine au sud. La symétrie classique aurait exigé une aile semblable au nord, mais il eût fallu abattre la tourelle. Il est fort heureux qu'elle n'ait pas été sacrifiée. D'ailleurs, comme nous le constatons par une aquarelle de Gaignières datée de 1699, les deux corps de logis XVIIe siècle ne sont que les ailes en retour d'un grand château dont le corps principal occupait la courtine du sud.

Les appartements du château actuel ne se visitent pas. Les archéologues doivent s'en consoler. Nous ne trouverons à y signaler que le couronnement d'escalier de la tour du XVe siècle. Le noyau des emmarchements se termine par un chapiteau à feuillages délicatement sculpté, d'où partent les nervures divergentes qui supportent la voûte, semblables aux tiges d'un palmier. Près de la tour d'angle sud-ouest, dans une grande salle recoupée au XVIIe siècle, on remarque aussi les vestiges dégradés d'une fresque, sans doute du XVe siècle, représentant un chevalier d'une belle tournure, la lance en avant sur son cheval cabré, probablement un épisode de tournoi, encadré de motifs décoratifs où l'on croit distinguer les signes du zodiaque. M. Palustre pensait retrouver ici la salle où fut célébré le mariage de la bienheureuse Jeanne de Maillé. On n'oubliera pas d'admirer l'église des chanoinesses, fondée, comme nous l'avons dit, en 1486. C'est un beau vaisseau à nef unique, recouverte d'une voûte en bois en carène de navire, et terminée par un chevet à pans coupés. Le portail est de ce style flamboyant des bords de la Loire, dont l'harmonie n'est jamais alourdie par la profusion de richesses superflues. Entre deux pinacles décorés de niches finement ciselées, s'ouvre une double porte à accolades encadrée d'une archivolte inscrite elle même dans une accolade ornée de choux-frisés. Ce portail est surmonté d'une haute fenêtre à remplages flamboyants. A l'intérieur, nous remarquerons une litre de deuil aux armes des Maillé. Un encadrement de pierre du XVIIe siècle est tout ce qui reste d'un enfeu qui aurait renfermé le coeur du duc de Luynes et qui fut violé pendant la Révolution. (1)

Éléments protégés MH : le château de Luynes en totalité : inscription par arrêté du 17 juillet 1926 (2)

château de Luynes 37230 Luynes, au coeur du Val de Loire, inscrit au Patrimoine Mondial de l'UNESCO, surplombant la vallée de la Loire, l'édifice appartient toujours à la famille d'Albert de Luynes, propriété privée, ne se visite pas.

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(1)        Les châteaux de Touraine: Luynes, Langeais, Ussé, Azay par Henri Guerlin (1867-1922). Éditeur: H. Laurens, Paris (1922)
(2)         source :  https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/


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