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D’abord nommés par les
souverains carolingiens Louis le Pieux et ses successeurs, les comtes de
Blois acquièrent une autonomie croissante au cours du IXe siècle et
s’accaparent un pouvoir désormais héréditaire. Au début du Xe siècle,
Thibaut l’Ancien est à la fois vicomte de Tours et Comte de Blois. Son
successeur Thibaut Ier, mort vers 975, surnommé le Tricheur par les
chroniqueurs favorables à ses adversaires, élargit son domaine par les
comtés de Chartres, de Dunois et tente de conquérir l’Anjou. Il jalonne ses
possessions par des forteresses et bâtit une "grosse tour" à Blois. Il
s’oppose à ses puissants voisins: Hugues le Grand, duc de France, son
suzerain, Herbert II, comte de Vermandois, ainsi qu’au duc de Normandie et
au comte de Bretagne. Eudes Ier s’oppose au Roi Hugues Capet et à son allié
le comte d’Anjou Foulques Nerra qui parvient à conserver Langeais et le
contrôle de la Touraine. Eudes II poursuit la guerre engagée par son père.
Mais il est battu en 1016, par les Angevins, lors d’une grande bataille à
Pontlevoy. Affaibli à l’ouest, Eudes II acquiert la Champagne en 1023,
enserrant le domaine royal des Capétiens. Son petit-fils Etienne Henri, 1047
1102, épouse en 1081 Adèle d’Angleterre fille aînée de Guillaume le
Conquérant. C’est l’un des chefs de la première croisade. Il participe à la
prise de Nicée, puis au siège d’Antioche en 1097. Il meurt en 1102 lors d’un
engagement contre les égyptiens. Thibaut II et Thibaut III héritent des
comtés de Blois et de Chartres. Thibaut IV Le Grand, 1093 1151, réunifie la
Champagne avec Blois en 1125, et apparaît comme le second personnage de
France.
Ses frères, Henri et Etienne deviennent respectivement évêque de Winchester
et Roi d’Angleterre. Louis de Blois, en 1191 et 1205, s’allie à Richard Cœur
de Lion pour combattre le Roi de France Philippe Auguste. Il est l’un des
chefs de la quatrième Croisade et participe à la prise de Constantinople en
1204. Il meurt à la bataille d’Andrinople le 14 avril 1205. Son fils
Thibault VI, 1205 1218, est le dernier comte de Blois de la maison de
Champagne, il élève la grande salle du château de Blois en 1214. A sa mort
le comté de Blois passe par les femmes dans la Maison de Châtillon, cette
grande famille bourguignonne n’a pas le poids de l’ancienne maison de
Champagne et le comté perd son influence politique dans le royaume de
France. Le comte de Blois, Jean Ier de Châtillon hérite des Seigneuries d’Avesnes,
Condé, Guise, Landrecies. Avec sa femme Alix de Bretagne, il fonde à Blois
de nouveaux établissements religieux : le couvent des Cordeliers en 1256, le
monastère de la Guiche à Chouzy en 1271 et le couvent des Jacobins en 1273.
Sa fille, la comtesse Jeanne (1280-1292) épouse en 1272 le comte Pierre d’Alencon,
fils de Saint-Louis. Devenue veuve Jeanne vend le comté de Chartres au roi
de France Philippe le Bel et cède la seigneurie d’Avesnes à son cousin
Hugues de Châtillon. Celui-ci hérite des Comtés de Blois et de Dunois.
Le dernier comte de la maison de Châtillon est Guy II. A la mort de son fils
et unique héritier Louis de Châtillon, il cède le comté de Blois à Louis de
France, duc de Touraine, fondateur de la maison ducale d’Orléans. En 1391,
Louis de France, fils de Charles V et frère de Charles VI, acquiert les
comtés de Blois et de Dunois du comte Guy II de Châtillon et en prend
possession à la mort de celui-ci en 1397. D’abord duc de Touraine, Louis Ier
échange en 1394 son apanage contre le duché d’Orléans, alors beaucoup plus
riche. L’influence qu’il exerce sur le Roi Charles VI, devenu fou en 1394,
et sa politique d’acquisition de terres, lui attirent la rivalité des ducs
de Bourgogne, Philippe le Hardi, puis Jean sans Peur. Ce dernier le fait
assassiner à Paris, dans le quartier du Marais, le 23 novembre 1407. Sa
veuve, Valentine Visconti, fille du duc de Milan, se retire à Blois où elle
meurt l’année suivante. A la faveur de la guerre entre Orléans et Bourgogne,
les Anglais reviennent en France en 1415 et triomphent à la bataille d’Azincourt,
l’aîné des fils de Louis Ier, Charles d’Orléans qui a hérité du château, y
est fait prisonnier. Revenu en France en 1440, et veuf de nouveau, il
épouse à 50 ans, Marie de Clèves agée de 14 ans. Pendant sa captivité, son
demi-frère Jean, bâtard d’Orléans, fils illégitime de Louis d’Orléans, gère
ses possessions et négocie sa libération. Compagnon de Jeanne d’Arc, il est
récompensé de sa fidélité en 1440 par le don du comté de Dunois, détaché du
comté de Blois. Charles d’Orléans abandonne ses ambitions politique après sa
libération, et fait du château de Blois sa résidence favorite. Il fait
abattre une partie de la forteresse et construire une demeure plus
habitable. Charles s’entoure d’une petite cour d’artistes et de lettrés et
protège le poète François Villon, son épouse Marie de Clèves donne
naissance, à Blois en 1462, à son fils Louis. A la mort de son père Charles,
en 1465, le jeune Louis devient duc d’Orléans et comte de Blois sous le nom
de Louis II. Afin d’empêcher qu’il ait une descendance et ne devienne un
rival politique, le Roi Louis XI le contraint à épouser sa fille, Jeanne de
France, difforme et stérile. Les fiançailles sont négociées dès 1464, et le
mariage est célébré en 1476. En guerre avec son cousin Charles VIII, et la
régence de la dame de Beaujeu, le duc s’échappe de Blois et se réfugie à la
cour du duc de Bretagne. Prisonnier du Roi de France à l’issue de la guerre
folle en 1488, Louis d’Orléans rentre finalement en grâce auprès de Charles
VIII avec qui il combat en Italie en 1494. Le 7 avril 1498, la mort
accidentelle, au château d'Amboise, du Roi Charles VIII, dont les deux fils
sont morts peu avant, entraîne la montée sur le trône de France de son
cousin, le duc d’Orléans, désormais Roi sous le nom de Louis XII. Suivant
son contrat de mariage, Anne de Bretagne accepte de se remarier avec le
nouveau Roi à qui elle donne deux filles. Le château de Blois devient alors
demeure Royale. En avril 1498, le duc Louis II d’Orléans (1462-1515) devient
Roi de France sous le nom de Louis XII. Il entreprend la reconstruction du
château où il est né 36 ans plus tôt. Paré d’une nouvelle aile construite en
brique et pierre qui porte désormais son nom. Louis XII séjourne le plus
souvent les mois d’hiver au château de Blois. Il obtient, du pape Alexandre
VI Borgia, l’annulation de son mariage avec Jeanne de France, Louis XII peut
épouser à Blois, en mars 1499, la duchesse Anne de Bretagne, afin de
maintenir la Bretagne dans l’orbite française. Se succède à Blois fêtes,
réceptions, mariage de César Borgia en 1499, réception de l’archiduc
Philippe d’Autriche vers 1501, noces du marquis de Montferrat et d’Anne
d’Alençon en 1508, fiançailles de Marguerite d’Angoulême, sœur du futur
François Ier, avec le duc d’Alençon en 1509, etc... Anne de Bretagne meurt à
Blois le 9 janvier 1514. Ses funérailles sont célébrées à la collégiale
saint Sauveur du château de Blois. Peu après, Louis XII donne le comté de
Blois à leur fille Claude et lui fait épouser François d’Angoulême, dauphin
et héritier du royaume. Le 1er janvier 1515, Louis XII meurt et François Ier
lui succède. Issu des comtes d’Angoulême, arrière petit fils de Louis
d’Orléans, François fait de Blois le premier chantier de son règne. Il
reconstruit de 1515 à 1519, un nouveau logis d’inspiration Renaissance
flanqué du célèbre escalier en vis. Claude son épouse, séjourne le plus
souvent à Blois où elle meurt en juillet 1524, à peine âgée de 25 ans, après
avoir donné à François Ier sept enfants en huit ans. Fait prisonnier par
l’empereur Charles Quint à la bataille de Pavie, François Ier passe un an en
exil en Espagne. Dès son retour, il lance le chantier du château de
Fontainebleau et préfère désormais séjourner en Île de France. Il
n’abandonne pas Blois des réparations entreprises en 1534-35 sur les
charpentes de la salle des Etats et de l’aile François Ier, attestent
l’intérêt du Roi pour le château. Le 18 octobre 1534, l’affaire dite "des
Placards", tracts protestants contre la messe affichés jusque sur la porte
de la chambre du Roi dans ses châteaux de Blois et d'Amboise, incitent le
Roi à réprimer les partisans de la Réforme religieuse. Si François Ier
transfère à Fontainebleau le mobilier puis la bibliothèque de Blois, le
château de Blois vit néanmoins toujours au rythme des fêtes de la cour.
A la mort de François Ier, lui succède son fils Henri II, après avoir été
sacré à Reims en 1547, Henri II fait son entrée solennelle à Blois, en 1550.
Henri II fait réaliser des travaux intérieurs dans le logis neuf, l'aile
François Ier. La mort du roi Henri II, lors d’un tournoi à Paris, le 10
juillet 1559, marque la fin du Beau XVIe siècle et prélude à l’entrée du
royaume de France dans le tourbillon des guerres de religion. Après la mort
de François II en 1560, Charles IX tente, avec Catherine de Médicis, un
rapprochement avec les protestants, mais les troupes catholiques du duc
François de Guise prennent la ville en juillet 1562. Durant l’hiver, les
chefs catholiques (duc de Guise) et protestants (Gaspard de Coligny) se
succèdent à la Cour de Blois. En mars 1572, on donne plusieurs fêtes pour
l’arrivée de Henri de Navarre en vue de ses fiançailles avec Marguerite de
Valois sœur de Charles IX, célébrées en avril dans la chapelle du château de
Blois. Le mariage célébré à Paris le 18 août constitue le prélude au
massacre de la Saint Barthélemy. Sous le règne de Henri III, l’activité
politique devient la plus intense, le Roi convoque les États Généraux à
Blois à deux reprises. En 1576, on réclame la suppression de la religion
protestante, tandis que le séjour de la Cour est émaillé de meurtres. En
1588, Henri III réunit pour la deuxième fois les États Généraux au château
afin de contrecarrer l’action de Henri de Guise, chef de la Ligue Catholique
et tout puissant à Paris. Sentant l’hostilité des députés, ralliés au duc de
Guise, Henri III décide d’en finir avec son rival après avoir feint de se
réconcilier avec lui. Le meurtre a lieu dans le château même, dans les
appartements du Roi, au deuxième étage, le 23 décembre 1588 au matin.
Convoqué au Conseil du Roi, Guise est informé que le Roi le mande dans son
cabinet vieux. Pour s’y rendre, le duc doit traverser la chambre du Roi.
C’est là qu’il est assailli par une vingtaine de spadassins. D’une force peu
commune, le duc entraîne 4 de ses assaillants, mais criblés de coups, il
meurt près du lit du Roi. Le lendemain, le cardinal de Lorraine, frère
du duc emprisonné aussitôt après le meurtre, est assassiné à son tour, leurs
corps auraient été brûlés. Huit mois plus tard, Henri III est assassiné
devant Paris par le poignard du "moine ligueur Jacques Clément". Après la
grande période des Valois, Blois perd son statut de résidence de la cour
royale. A la mort de Henri III en 1589, c’est Henri de Bourbon, roi de
Navarre qui devient Roi de France sous le nom de Henri IV. Le nouveau
souverain séjourne à Blois en 1589 puis en 1599 et il entreprend la
construction d’une galerie dans les jardins, elle est la seule partie
réalisée d’un projet plus vaste. Elle reste inachevée et s’effondre en 1756.
Au début du règne de son fils, Louis XIII, Marie de Médicis tente d’imposer
son favori le maréchal d’Ancre Concino Concini. Le jeune roi le fait arrêter
et exile sa mère au château de Blois. Après deux ans de captivité, Marie de
Médicis, lasse de la surveillance dont elle fait l’objet à Blois, s’évade
avec la complicité du duc d’Epernon. En 1626, Louis XIII donne le comté de
Blois à son frère, Gaston d’Orléans, il fut pour le développement des arts
en France et pour la grandeur de Blois au XVIIe siècle, un personnage de
première importance. Selon ses propres mots, "l’air de Blois le guérissait".
Chassé de la Cour en 1634, Gaston demande à l'architecte François Mansart de
reconstruire l’ensemble du château. La construction d’une nouvelle aile
classique est édifiée en trois ans, les entrepreneurs abandonnent le
chantier en 1638, inquiets du retard de paiement de celui qui n’est plus
l’héritier du royaume depuis la naissance le 5 septembre précédent, du futur
Louis XIV. S’il ne bénéficie guère des séjours de Louis XIV en Val de Loire,
le château reste visité par de nombreux voyageurs, les architectes André
Félibien, Claude Perrault, et La Fontaine. Désormais le château est loti en
appartements, affectés aux officiers de la Couronne et aux nobles
désargentés de la province. En 1788, Louis XVI souhaite alléger le budget de
la charge que représente l’entretien des anciens châteaux Royaux où la cour
ne séjourne plus : il aliène les châteaux de Blois, de Vincennes, de la
Muette, par un édit autorisant les acheteurs à procéder à leur démolition.
Faute d’acquéreur, le château de Blois accueille le casernement du régiment
royal Comtois, qui devient en 1791 le 73e Régiment d’Infanterie de Ligne. En
1843, la ville décide la restauration de l’aile François Ier et sollicite
l’aide de l’Etat. Pour assurer la restauration du château de Blois, Félix
Duban est alors nommé par la commission des Monuments Historiques. Il trouve
un monument dans un piètre état, les bâtiments de François 1er et de Louis
XII sont divisés et l’aile Gaston d’Orléans est toujours inachevée, et les
exactions révolutionnaires ont endommagé la sculpture, notamment les
emblèmes royaux. De même l’installation de la garnison en 1788 a également
fait des dégâts. Les travaux débutent en 1845 par la restauration de l’aile
François Ier. La révolution de 1848 interrompt les travaux, mais reprennent
de 1852 à 1865, avec l’aile Louis XII et la salle des Etats et se terminent
en 1870 par l’aile de la chapelle. Duban meurt pendant l’achèvement des
décors intérieurs de l’édifice. Jules de la Morandière, son adjoint et ami,
veille pendant dix ans à parachever la restauration de son maître. Une autre
restauration est entreprise depuis 1990 sous la conduite de Pierre Lebouteux
et de Patrick Ponsot. Elle a porté sur la restauration des toitures, des
façades extérieures, des planchers de l’aile François Ier... De 2003 à 2007,
près de 8000 m² de décors peints au XIXe siècle, ont été restaurés dans
l’aile François Ier et la salle des Etats.
Éléments protégés MH : le château de Blois en totalité et ses anciennes
dépendances : classement par liste de 1840.
château Royal de Blois, place du château, 41000 Blois, tél. 02 54 90
33 33, ouvert au public tous les jours sauf le 25 décembre et le 1er
janvier.
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