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Les Grotteaux à
Huisseau-sur-Cosson a été aménagé pour Guillaume Ribier, président du
présidial de Blois, à l’emplacement d’un édifice plus ancien dont subsistent
les cuisines voûtées. Le château des Grotteaux est la parfaite illustration
de la maison aux champs que les honnêtes hommes de la Renaissance se font
construire à la campagne en complément de leur hôtel urbain. Le caractère
érudit du commanditaire y est revendiqué: des inscriptions latines ornent
les tables qui enrichissent le décor à l’antique des façades. Ribier y
installe sa bibliothèque qui est l’une des plus importantes de l’époque. On
attribue traditionnellement la construction des Grotteaux à Jean III Daguier,
du fait du millésime 1620 gravé sur le cadran solaire placé au centre de la
façade principale. C’est cependant bien à Guillaume Ribier, époux de Sa Sœur
Anne qui hérite le manoir en 1627, que revient l’essentiel des travaux à
l’origine de la maison actuelle. Élu du tiers état aux États généraux de
1614, Ribier est nommé l’année suivante par Louis XIII conseiller d’État.
Proche de la reine-mère Marie de Médicis, il s’éloigne peu à peu de la cour
au profit d’une vie consacrée à l’étude entre son hôtel Sardini à Blois et
les bords du Cosson. Les Grotteaux passent à sa mort, en 1663, à Nicolas
Chauvel, Intendant de la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d'Orléans.
Après 1760, Louis-Joseph de Lenfernat ajoute une aile basse dans le
prolongement du bâtiment principal. En 1846, Charles-Joseph Bagieu,
régisseur des vivres de la Grande Armée et botaniste passionné, engage une
restauration générale du bâti, des intérieurs et du parc. Il fait ainsi
aménager l’orangerie pour recevoir les plantes qu’il fait venir de
Louisiane. Sur le plan architectural, les Grotteaux reprennent l’esprit de
la composition du logis de Villesavin, et plus généralement des modèles
diffusés par les recueils d’Abdrouet du Cerceau. De dimensions modestes, les
bâtiments composés en élévation d’un simple rez-de-chaussée et d’un étage de
grands combles coiffés d’ardoises et éclairés par des lucarnes, sont
construits en moellons enduits rythmés par des chaînages en pierre de taille
au niveau des ouvertures et des angles; ils se composent d’un corps
principal encadré de deux pavillons carrés à peine saillants.
À l’intérieur subsistent certains éléments du décor de lambris muraux et de
plafonds à la française peints voulus par Ribier, largement repris lors de
la restauration du XIXe siècle. Dans la grande salle, les bas-lambris font
alterner les motifs de vases à bouquets reprenant la mode, venue de
Hollande, qui fait florès dans le deuxième quart du XVIIe siècle, et des
cartouches de cuirs meublés de paysages. Le registre supérieur comportait un
décor directement réalisé sur enduit en continuité avec le bas-lambris. Les
solives du grand salon comportent des devises dialoguant avec les portraits
de fleurs et qui les encadrent. La restauration conduite à partir de 2015 a
permis à la conservation régionale des monuments historiques de commander
des investigations complémentaires concernant les décors peints. Celles-ci
ont permis de mettre en évidence au premier étage, sous le grand comble, un
cycle fragmentaire sur le thème des dieux de l’Antiquité, qui ornait le
registre supérieur des murs d’une grande salle à voûte lambrissée, et avait
disparu derrière les plâtres au moment de la redistribution des espaces aux
XIXe et XXe siècles. Figurés en grisaille en manière de sculptures dans des
niches architecturées feintes, Zeus, Athéna, Apollon, Artémis, Poséidon et
Hestia s’inspirent en particulier de gravures de Polidoro da Caravaggio
d’après Hendrick Goltzius (1558-1617). Des cartouches armoriés à encadrement
de cuirs ont également été mis au jour. Cette découverte soutient sur le
plan stylistique l’attribution des décors peints du château des Grotteaux,
datable des années 1630, à l’atelier de Jean Mosnier (1600-1656), peintre de
Marie de Médicis originaire de Blois et formé en Italie ayant par ailleurs
travaillé sur les chantiers du palais du Luxembourg à Paris, du palais
épiscopal de Chartres et du château de Cheverny. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château : inscription
par arrêté du 12 avril 1954. Le parc paysager 4 rue des Grotteaux, y compris
l'ilôt sur le Cosson, les aménagements sur le Cosson (passerelle en fer,
embarcadère, écluse) et les éléments construits qu'il contient (glacière,
cave à légumes, mur d'enceinte), passerelle située sur le Cosson et écluse:
inscription par arrêté du 21 mai 1997.
château des Grotteaux, rte de Chambord, 41350 Huisseau sur Cosson,
demeure en location exclusive avec son domaine, capacité d'hébergement de 25
pers, organisation de séminaires et évènements d'entreprise, http://www.chateau-des-grotteaux.com
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