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La seigneurie de Talcy date au moins du XIIIe
siècle. Elle appartenait à des magistrats parisiens, les Simon, qui vendent
en 1517 à Bernard Salviati. Celui-ci obtient l’autorisation, en 1520, de
fortifier le manoir avec pont-levis et fossés. En fait, il se contente,
seulement, semble-t-il d’ajouter sur la tour-porche-donjon cantonnée de
trois tourelles polygonales en briques et pierres, du XVe siècle, un chemin
de ronde porté par son mâchicoulis. Il ne terminera jamais ses travaux de
fortification. Deux ailes de part et d’autre du donjon existaient (l’aile
ouest a disparu), qui déterminent la première cour intérieure et fermée.
Tout le charme du manoir se concentre là, devant la délicate galerie,
contemporaine de celle du château de Blois (aile Louis XII) et autour du
puits formé de trois colonnes qui soutiennent un très élégant dôme hexagonal
couvert d’ardoises taillées. La deuxième cour possède le colombier (1400
boulins, échelle tournante) et un remarquable pressoir qui a conservé sa
roue de fonctionnement faisant office de treuil. Au-delà, on découvre le
potager et le verger clos de murs qui ont été recréés, plantés d’arbustes
palissés selon des techniques anciennes. L'intérieur du château vous
transporte dans la vie quotidienne d’une famille de hobereaux protestants
aux XVIIIe et XIXe siècles à travers la cuisine et sa cheminée, le salon au
papier peint ancien, les tapisseries, les portraits et les meubles laissés
tel quel par les derniers propriétaires.
Bien loin de s’arrêter là, l'intérêt de ce château tient aussi largement à
ses propriétaires successifs et à leurs histoires. Bernard Salviati,
banquier florentin de François 1er fut le père de Cassandre. Cette dernière,
au cours d’un bal au château de Blois (elle était née rue Saint- Lubin, dans
l’hôtel particulier de la famille de sa mère, les Doucet, contigu au couvent
des Jacobins), le 21 avril 1545, fut courtisée par Pierre de Ronsard. Si
l’aventure tourna court, le poète ne l’oublia jamais dans ses odes. Un peu
plus tard, le 28 juin 1562, le roi Charles IX et Catherine de Médicis y
tiennent des entrevues courageuses pour trouver une voie modérée, entre
catholiques et protestants, mais l'accord est impossible. Les protestants
essayèrent un coup de force pour s’emparer du roi. Encore un peu plus tard,
après la Saint-Barthélemy, Agrippa d’Aubigné s’y réfugie et courtise, à son
tour, Diane Salviati, nièce de Cassandre. Fiancés officiellement, les
familles réussiront à empêcher le mariage. En 1704, Pierre du Candal,
capitaine de dragons vend à la famille Burgeat, protestante. André crée les
jardins fleuris, le potager et le verger. En 1780, le château est acheté par
la famille protestante des Gastebois dont une petite-fille fait passer le
domaine à la grande famille suisse et protestante des Stapfer. Philippe
Albert (1766-1840), ministre des Arts et des Sciences de la république
helvétique, ministre plénipotentiaire de son pays auprès de Napoléon
Bonaparte. Albert (1802-1892), fut le premier traducteur de Goethe,
pianiste, photographe, journaliste, il invitait Prosper Mérimée, Stendhal,
A. Thiers, J.-J. Ampère, F. Arago, David d'Angers, le baron Cuvier. Le
général Chanzy, y installa son quartier-général lors de la Guerre de 1870.
La famille Stapfer, abandonna château et domaine à l’État, le 16 février
1933, à condition que le mobilier y reste attaché. (1)
Éléments protégés MH : le château : classement par arrêté du 4 août 1908. La
garenne et son allée d'accès : inscription par arrêté du 27 octobre 2004. En
totalité, les parties bâties et non bâties du domaine appartenant à l'État,
comprenant les jardins clos y compris le vivier, les grilles du bois et de
la garenne, le bois, l'allée plantée devant le château, les murs de clôture
: classement par arrêté du 29 mars 2005.
château de Talcy 41370 Talcy, tél. 02 54 81 03 01, ouvert au public du 2
mai au 4 septembre, tous les jours, 9h30 à 12h et 14h à 18h du 5 septembre
au 30 avril, tous les jours (sauf mardi du 1er octobre au 31 mars), 10h à
12h et 14h à 17h. Fermé les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.
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