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Maleville, que l’on retrouve appelée parfois
mala villa dans les vieux titres,et quelquefois aussi fief l’Evêque, était
anciennement un fief seigneurial avec haute justice. Il appartenait en 1412
à Miles de Thouars, en 1440 aux Laval, en 1539 à Guillaume Gérault, en 1559
à Geoffroy Gauray, seigneur du Plessis-Gauray, en 1590 à Charlotte Gauray,
en 1609 à Prégent de Chevigné, en 1654 à Mercure Bardoul, et en 1660 à
Maurice Bardoul, qui le vendit à Antoine Rivière, seigneur de Vauguérin, qui
le revendit lui-même en 1671 à René de Sesmaisons. Les autres terres
importantes de celte commune étaient La Bourdinière, qui appartenait, en
1500, à François de la Lande, seigneur de la Haie-Maheas, puis à Catherine
Boutin,femme de Guydo Cleuz, seigneur du Gage, et enfin à Joseph Le Meneust,
seigneur de la Boisdrière. Mais la terre la plus importante était la
seigneurie du Goust. Il y a un peu d’incertitude sur la manière d’écrire ce
nom, de Goul, Gouz, Goust. Une lettre autographe conservée aux archives de
la mairie de Nantes, porte pour signature Le Goust, et Dom Taillandier,
continuateur de Dom Morice, pour le second volume du Texte de l'histoire de
Bretagne, a suivi cette leçon d’après le manuscrit de l’Histoire de la
religion réformée en Bretagne de Le Noir de Crevain. L'Histoire de là Ligue
en Bretagne écrit du Goust, véritable orthographe. Ce château était
autrefois un petit manoir, plusieurs fois remanié, augmenté et fortifié, et
considéré comme une place assez forte. Maintenant, on n’y voit plus que des
ruines couvertes de lierre, sur une motte peu élevée, entourée d’un étroit
fossé. Là, devait être le donjon dont il ne reste plus qu’un pan de mur, et
dans lequel on reconnaît encore les jambages assez bien conservés d’une
immense cheminée dont les moulures annoncent le XVe siècle.
Cette ruine est située dans une partie de l’enceinte murée de cette terre
qui était assez considérable, car elle englobe actuellement tout le village
du même nom, qui s’est élevé sur les débris et en utilisant, pour les
habitations, les dépendances de la forteresse. Dans ce village, existe
encore l’ancienne chapelle du château, assez bien conservée. On remarquait
autrefois aux environs quelques souterrains aboutissant au château, mais qui
ont été, depuis, détruits et comblés pour les besoins des terres, mises en
exploitation. Ces ruines sont situées sur le chemin de grande communication
de Savenay à Saint-Etienne de Montluc. A quelque distance et au nord du
village, on reconnaît encore les ruines du moulin à eau du château, situé
sur le bord d’un petit ruisseau, et à un kilomètre plus loin, la carrière
qui a dû fournir les matériaux avec lesquels fut construite cette petite
forteresse. L’enceinte du parc est encore visible par endroits, où, des
débris de murs de clôture se montrent encore de distance en distance;
d’après ce qu’on en voit, il est permis de croire que ce parc était d’une
assez grande étendue. Il n’est un peu parlé de ce château, qu’à l’époque où
il appartenait à Jeau de Montauban, celui qui sous le nom de chevalier du
Goust, s’empara du château de Blain et le commanda pendant le siège que lui
fit soutenir le duc de Mercœur! Lorsque nous serons arrivé, dans la
généalogie, à ce seigneur, nous en donnerons de plus amples détails.
Nous trouvons, comme première mention, que cette seigneurie appartenait à
Jeanne d’Ucé, dame de Thouaré et du Goust, femme de Brient de Montjean, qui,
par un acte passé en la Cour de Nantes et daté du jeudi après misericordia
Domini de l’an 1390, la vendit à Margot, femme de Guillaume de Commélan et
précédemment veuve de Brient de Montfort, seigneur de la Rivière d’Abbaretz.
Brient de Montfort, fils de Margot, en hérita de sa mère, et la transmit
ensuite à Eon de Montfort, qui la garda jusqu’en 1404. Elle passa alors dans
les mains de Moricette de Montfort sa fille, qui fut mariée à Robert
Brochereul, seigneur de la Sicaudais. De ce mariage naquirent deux filles,
dont l’aînée, Jeanne Brochereul, épousa Guillaume de Montauban, baron de
Grenonville, seigneur du Bois-de-la-Roche, et eut en partage les terres et
seigneuries du Cens, de la Plaine, de Pornic, de Sourgonne, du
Loroux-Boterel et le devoir du port de Nantes. C’est ainsi que la seigneurie
du Goust entra, vers 1500, dans la maison de Montauban, issue, au dire du
Père du Paz, de celle de Rohan, dont elle portait les armes, brisées d’un
lambel d’argent à quatre pendants. Après Guillaume de Montauban, la
seigneurie appartint à son fils Guillaume, deuxième du nom, qui épousa
Orfraise de Sérent, dont il eut un fils nommé Esprit de Montauban qui servit
le duc François II, sa fille Anne de Bretagne, et les rois Charles VIII et
Louis XI. Il mourut vers 1512. Le Père du Paz ne nous a pas conservé le nom
de sa femme, mais nous savons qu’il eut un fils nommé Louis de Montauban,
qui avait pour tuteur le chancelier Philippe de Montauban, frère consanguin
d'Esprit. Tout porte à croire que la terre du Goust fut donnée en partage à
Esprit de Montauban, car elle ne se retrouve plus que fort loin, possédée
par ses descendants.
Dans une note de la main de Dom Gallois, trouvée dans la collection des
Blancs-Manteaux, on retrouve un François de Montauban, vivant vers la moitié
du XVIe siècle, et qui semblerait être le fils de Louis et petit-fils
d’Esprit de Montauban. Ce François de Montauban, portait le titre de
chevalier seigneur du Goust: ce fut lui qui fit exécuter les premières
fortifications du château de ce nom. Il avait épousé, suivant Le Laboureur,
Marguerite de Plouër. Quant à Dom Gallois, il ne donne pas le nom de la
femme de François de Montauban, mais il lui donne pour enfants Louis, qui
mourut sans alliance; 2° Françoise, qui épousa Gilles du Bois-Riou et
probablement Jean de Montaubau, chevalier seigneur du Goust, ainsi que
Charles de Montauban, seigneur de l’Aujardière. Le Père du Paz ne donne pas
la généalogie des Montauban pour toutes les branches et n’arrive pas
jusqu’au commandant du château de Blain, son contemporain cependant; mais
après un examen attentif, nous croyons pouvoir affirmer que le seigneur du
Goust descendait de messire Esprit de Montauban, fils de sa seconde femme
Orfraise de Sérent. Jean de Montauban, chevalier seigneur du Goust, habitait
la petite forteresse de ce nom. Ce poste, dominé par le grand coteau
septentrional de la Loire, ne pouvait tout au plus le mettre à l’abri que
d’un coup de main. Il est probable que du Goust comptait au nombre de ces
gentilshommes bretons qui n’avaient pas été hostiles au duc de Mercœur, tant
qu’il était resté, en apparence au moins, fidèle au roi, mais qui jugèrent
que ce prince faisait acte de rébellion ouverte, en s’emparant du château de
Nantes, et en se fortifiant de deux redoutables bastions armoriés de la
double croix de Lorraine. Alors se forma le véritable parti royaliste,
composé non seulement des huguenots, mais encore de beaucoup de catholiques,
comme le chevalier du Goust, auxquels les fureurs de la Ligue avaient ouvert
les yeux sur les tendances anti-légitimistes, et qui, d’un autre côté,
commençaient à s’apercevoir que le duc de Mercœur avait beaucoup plus en vue
son affermissement dans la Bretagne, qu’il considérait comme le droit
d’héritage de sa femme, que la défense de la religion catholique.
La meilleure preuve qu’on puisse donner de ses ambitieux desseins, ce sont
les titres de prince et duc de Bretagne qu’il fit donner au fils dont la
duchesse accoucha à Nantes, le 21 mai 1589. Le 26 du même mois, suivant des
renseignements recueillis par l’abbé Travers à la mairie de Nantes, "il fut
fait rapport que le chevalier du Goust fortifiait sa maison située entre
Saint-Etienne-de-Mont-Luc et Cordemais, et qu’il y faisait amas d’hommes. Le
conseil ordonna l’attaque de la maison de du Goust avec canon. Mais le
lendemain, 27 mai, on apprit que le chevalier du Goust, assisté de
quarante-cinq hommes seulement, s’était emparé du château de Blain. Alors le
conseil commanda, pour le chasser de cette place, deux cents hommes, qui
reçurent chacun, par jour, une demi-livre de poudre et quinze sols de paie;
de plus, il obtint du capitaine Gassion une ordonnance qui obligeait les
paroisses voisines de Blain de s’assembler au son du tocsin, pour courir sur
les convois et les secours qu’on tenterait de faire entrer dans le château".
En effet, le 27 mai 1580, du Goust, avec son frère et six autres,
s’empressèrent de proiiter du peu de garnison que le capitaine La
Bouillonnière avait avec lui, ils se mirent en embuscade près de la
principale entrée du château, et pendant qu’on baissait le pont-levis pour
faire entrer des charrettes, ils s’élancèrent dans la place, et bientôt
renforcés au nombre de quarante-cinq hommes par quelques huguenots du
village du Pavé, ils purent résister et prendre possession définitive de la
place. Ils furent immédiatement assiégés par les troupes de Mercœur,
commandées par Guébriant, que le capitaine La Bouillonnière était allé
prévenir; mais sur une fausse alerte, causée par la nouvelle de l’arrivée du
prince de Dombes au secours de la place, Guébriant leva le siège en toute
hâte et abandonna le château.
Ces événements se passaient deux mois avant l’assassinat de Henri III, et ce
malheureux roi envoyait en Bretagne le prince de Dombes, avec lettres
patentes, "sur les advis des déportements mauvais du duc de Mercœur, etc".
Ces lettres furent lues, publiées et enregistrées au parlement de Rennes, le
14 août. A leur réception dans la province, tous ceux qui conservaient le
principe de la fidélité au roi durent abandonner le parti de Mercœur et se
ranger sous le drapeau du prince de Dombes. Il est bien à croire que dès
l’apparition du comte de Soissons, qui s’était si pauvrement laissé battre à
Châteaugiron, le parti royaliste avait songé â une prise d’armes.
L’expédition de du Goust sur le château de Blain en fut l’un des premiers
actes. Nous ignorons par les ordres de qui il agit, mais l’ordonnance dont
nous allons donner copie entière, parce qu’elle est encore inédite, prouve
qu’une fois son établissement fait au château de Blain, du Goust fut
pleinement reconnu pour serviteur du roi par le prince de Dombes, reçut son
attache formelle, et même que la place qu’il commandait fut considérée comme
centre d’approvisionnement pour les troupes du roi. Voici l’ordonnance du
prince de Dombes: "Henry de Bourbon, prince de Dombes, gouverneur du
Dauphiné et lieutenant-général pour Sa Majesté, en ses armées et pays de
Bretagne, salut. Comme pour empesclier les desseings et entreprinses des
ennemys et rebelles à sa dicte Majesté et retrancher les courses qu’ilz font
sur les bons et fidèles subjectz, mesme s’opposer aux sorties de la ville de
Nantes, pratiques et menées qu’ilz font pour s’emparer et surprendre des
villes et places fortes de cette province, nous ayons estably une bonne et
forte garnison au chasteau de Bleing, commandée par le sieur du Goust,
capitaine et gouverneur de la dicte place, composée de cent chevaux ligiers,
et troys cens harquebuziers à cheval; laquelle désirant entretenir et leur
donner moyen de faire la guerre contre les dictz ennemys, il auroit été
ordonné faire pour le peu de moyens qu’il y a de fournir au payement et
entretenement desdits gens de guerre des finances de Sa Majesté, pour n’y
avoir aulcun fond à présent, de faire lever la somme de huit mil escuz or
sol. sur les parouessiens du comté Nantois de ça la ripvière de Loire, à
scavoir depuis Ancenis jusques à Redon, Guérande et Nantes.
A ceste cause nous vous avons commis et député, commettons et députons par
cestes présentes, pour imposer et esgailler sur chacune des parouesses
dudict comté de Nantes de sa la ripvière de Loire, ainsy qu’il est dict
cy-dessus, le fort portant le faible et plus esgallement que faire se
pourra, la dicte somme de huit mil escuz, laquelle sera mise es mains de
Paul Grouard par nous commyns à cest effect, pour estre par ledict Groüard
satisfaict au payement desdits gens de guerre suyvant l’estât qui en a esté
cy-devant expédié, et desquels il sera comptable au trésor de
l’extraordinaire des guerres, ou son commis près de nous, et sera tenu de
rapporter, bons de quittances à sa descharge. De ce faire nous avons donné
pouvoir, auctorité et commission par cestes présentes, mandons à tous qu’il
appartiendra, que à vous en ce faisant ilz obeyssent, prestent tous
conseils, confort et ayde, et au premier huyssier ou sergent sur ce requis,
meptre entière exécution les mandements qui seront par vous faietz. Donné à
Rennes soubz nostre signe et scel de nos armes le seiziesme jour d’octobre
mil cinq cens quatre vingtz et neuf. Signé Henry de Bourbon. Plus bas par
mondict seigneur le prince signé Brunet. Par copie ainsy signé Pinel,
notaire royal. Pour copie ce que dessus et de l’autre part collationné à
l’original par Transzon. Videnimé par moy notaire soubssignant de la court
de Blaing, ce dernier jour d’aougst mil cinq cens quatre vingtz dix neuf.
Signé J. Maumeczon, notaire". Voilà donc le chevalier du Goust, bien et
dûment reconnu pour commandant du château de Blain, par une autorité
compétente, et investi, pour ainsi dire, d’un pouvoir discrétionnaire, pour
la levée des impositions de guerre, dans toute la partie du comté nantais,
au nord de la Loire, dont Blain était le centre. Il était difficile que du
Goust, muni d’un pouvoir presque absolu et au milieu d’une guerre civile,
conservât une juste mesure d’action.
Les choses n’en restèrent même pas là, du Goust obtint du roi Henri IV, le
30 août 1599, des lettres d’absolution pour tous ses faits de guerre. Avec
ces lettres du roi Henri IV, les deux frères de Montauban étaient blanchis
de toutes les peccadilles qu’ils avaient pu commettre. Nul renseignement n’a
pu nous donner l’âge de ces deux frères, seulement on peut supposer qu’à
l’époque de cette entre prise, ils étaient dans la force de l’âge, et
avaient peut-être de quarante à cinquante ans. Charles de Montauban,
seigneur de l’Aujardière, avait épousé Jacquette de la Haie-Mahéas, dont il
eut une fille, Charlotte, qui épousa le seigneur de la Bessardais, et qui
devint veuve en 1580 avec une fille, sur laquelle nous n’avons aucun
renseignement. Quant à Jean de Montauban, seigneur du Goust, nous ne savons
ce qu’il devint dans la suite. Pendant que le duc de Mercœur assiégeait le
château de Blain, il avait envoyé une petite troupe qui, s’étant emparée du
château du Goust, le démolit en parlie; c’est de cette, époque que date la
ruine de cctte forteresse, dont les quelques débris recouverts de lierre
sont, comme nous l’avons dit plus haut, encore visibles. Nous ignorons aussi
quelle fut la date de sa mort, et quelle descendance il put laisser.
Seulement, nous trouvons un petit renseignement dans un acte inscrit sur les
registres de la paroisse de Blain. Cet acte nous apprend qu’à cette époque
le chevalier du Goust était veuf, mais ne nous donne pas le nom de son
épouse. Faute de renseignements sur la descendance des seigneurs du Goust,
nous disons seulement que vers la fin du XVIe siècle , la seigneurie du
Goust appartenait à un La Moussaye, petit-fils de Françoise de Monlauban,
femme de Gilles du Bois-Riou , et sœur propre des deux frères du Goust et de
l’Aujardière, sans que nous puissions dire comment cette transmission s’est
opérée. En 1601, le château du Goust avait encore une pelite garnison. Il
appartenait en 1680 à Mercure Rardoul, seigneur de Maleville. Ce n’est que
depuis cette époque que cette seigneurie est tombée dans la maison de
Runefau, qui dut en jouir jusque vers le milieu du XVIIIe siècle; car nous
trouvons ensuite comme possesseur de ce fief la famille de Couëssin de
Keraude; nous en avons comme preuve des lettres de provision, donnant la
charge de procureur fiscal de leur juridiction à François Magouët de la
Trocarderie, notre trisaïeul maternel. A la fin du XIXe siècle, cette terre
appartenait à Madame veuve Cossin de Cravellon. (1)
Éléments protégés MH: le site du château, à savoir la totalité des vestiges
du château ainsi que des sols d'assiette de ce dernier, et les fossés,
l'emprise de la basse-cour et la contrescarpe : inscription par arrêté du 28
octobre 2008. (2)
château du Goust 44260 Malville,
propriété de la commune, visite des extérieurs uniquement, vestiges
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents
concernant ce château (architecture, historique, photos) ou si vous
constatez une erreur, contactez nous. Nous remercions chaleureusement M.
Jean-Louis Malpertu pour les photos qu'il nous a adressées pour illustrer
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