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Le château d’Urfé n’est plus qu’une ruine, mais
c'est une ruine pittoresque. Situé au point culminant du territoire de
Champoly, ses tours éventrées, que l’on désigne sous le nom de Cornes
d’Urfé, dominent la plaine qui s’étend à ses pieds. Ces deux tours,
circulaires, sont envahies par une végétation luxuriante ainsi que le reste
des murailles, et le tout forme le tableau le plus impressionnant que l’on
puisse trouver. Du côté du Nord, les abords immédiats du château sont
abrupts et rocheux; à l’est et au midi, on remarque les vestiges d’un fossé,
et d’un ouvrage peu élevé, probablement pour le canon, et du XVIe siècle.
L'enceinte est quadrangulaire. Une grosse tour ronde, sans doute l’ancien
donjon, en occupe le saillant sud-ouest, sa circonférence tangente aux
prolongements des courtines, se relie avec elles par des murs en retour,
battant son point mort. Une tourelle, à l’angle nord-ouest, portait le nom
de Tour Rouge; l’angle nord-est était arrondi, et l’entrée, percée aux deux
tiers de la façade orientale, s’ouvrait en berceau ogival sous une tour
carrée, dont deux faces étaient intérieures, et deux extérieures au mur
d’enceinte, déterminant ainsi un angle rentrant qui battait les abords, de
face et de profil de la porte. Celle-ci était défendue, en outre, par un
assommoir percé dans la voûte, et sous lequel on passe aussitôt le seuil
franchi. Les appartements devaient s’appuyer à la paroi sud, ils étaient
reliés à l’entrée par une galerie. Outre le château proprement dit, il
existait au nord et à l’est, une enceinte extérieure ou vintain, renfermant
de nombreuses maisons qui abritaient les vassaux en temps de guerre.
"Urfé a été accommodé modernement, par Anne d’Urfé, de galeries, belles
salles, belles chambres, belle terrasse, beau jardin, et d’un verger duquel
on ne tire point de commodité que pour la vue, pour estre ce chasteau basti
en lieu si hault, comme le marque Belleforest, qu'il se voit presque de tout
le païs. Le plus beau qu’il y ait faict dresser, est un cabinet où il y a
beaucoup d’antiques, de beaux tableaux, belles tables de marbre et de
cèdres, et plusieurs aultres choses fort rares... Ce lieu est en si bon air
que je tiens du maistre que, depuis treize ou quatorze ans qu'il y a faict
sa résidence tous les estes consécutifs, il n’y a veu personne tomber malade
et, s’ils y sont venus malades d’ailleurs, ils y ont esté fort tôt guéris".
On croit que le château avait été construit, au début du XIVe siècle, par
Guichard d’Urfé. Anne d’Urfé, dont nous venons de citer la description de
son manoir, le fit restaurer car il avait été délaissé pour la Bâtie. Il
restaura également la chapelle, qui servait d’église paroissiale. On
retrouve les ruines de cette chapelle, en dehors de l’enceinte fortifiée, au
sud-est du donjon, au bas d’une pente. Elle se compose d’une salle
rectangulaire terminée par une abside semi-circulaire, moins large, à droite
et à gauche de laquelle deux autels étaient appliqués au mur. Elle était
dédiée à saint Etienne et avait été construite, en 1444 par Pi erre 1er d
Urfé. Lors de la visite pastorale de 1662, cette chapelle était déjà ruinée
et on dut faire une supplique à Charles-Emmanuel de Lascaris d’Urfé, qui la
releva. Elle fut de nouveau restaurée en 1764. Le 10 avril 1704,
d’importantes restaurations furent faites au manoir des d’Urfé.
Le premier seigneur fut Wlphe le vaillant, fils de Wlphe le Robuste, prince
en Allemagne, revenant avec le Roi Louis le Gros en 1125 épousa Aymée de
Viennois, parente du comte de Forez. "C’est ce qui l’obligea de s’establir
dans le pays, où il fit bastir avec permission de ce comte, au plus haut et
éminent lieu qui y soit, un chasteau auquel il donna son nom et parce que le
double V qui commençait alors son nom tenait de l’allemand, il le retrancha
et en sa place mit un accent sur la fin de son nom afin que sa prononciation
en fut plus française et au lieu de Wlphe, se fit appeler Ulphé". Raimbe (le
Bon) vivait de 1173 à 1200, père de Arnulphe Raybi, marié à Béatrix, vivant
en 1223 et inhumée à Bonlieu, dont Arnulphe, dit Raybi, vit en 1255, marié
en 1240 à Clémence de Mauriac, dont Arnulphe, qui suit; 2° Guy, qui eut
Saint-Marcel; 3° Marquise, mariée à Falconnet Verd, chevalier; 4° Bonissan,
mariée à Eustache de Chàteaumorand. Arnulphe d’Ulphé passa en 1324 une
transaction avec Girin de Roussillon, commandeur de Verrières; marié en 1278
à Marguerite de Marcilly, dont Arnulphe d’Ulphé épousa, en 1355, Falconne de
Montagny, fille de Guichard et de Sibille d’Albon, dont Guichard, qui testa
le 17 juillet 1412, seigneur d’Urfé, marié à Péronne de Cornon, fille de
Guillaume et d’Alize de Chalmazel ; 2° Arnulphe, qui suit; 3° Ithier.
Arnulphe d’Ulphé, d’abord seigneur de la Bâtie, puis d'Urfé, épousa d'abord
Antoinette de Paillard, morte en 1382 laissant ses biens aux d’Urfé, à la
condition que le puiné de la famille prenne le nom de Paillard; puis en
seconde noces en 1399 Guillemette d’Estrées, fille de Péronin et d’Aymée de
la Baume-Fromentes, dont Jean, qui suit; 2° Catherine; 3° Aymée; 4°
Gabrielle, mariée en 1428, à Jean de Brienc.
Jean d’Ulphé épousa en 1408, Eléonore de Lavieu dont Pierre d’Urfé, seigneur
d’Urfé, Rochefort, la Bâtie, testa en 1443; marié à Isabeau de Blot de
Chauvigny, dont Pierre d’Urfé testa le 9 août 1508, conseiller et chambellan
de Jean II, duc de Bourbon et comte de Forez, bailli de Forez en i486, marié
à Antoinette de Beauveau, fille de Pierre et de Marguerite de Montberon,
dont Claude d'Urfé, seigneur d’Urfé et Souternon, épousa le 6 août 1532,
Jeanne de Balzac d’Entragues. Claude d’Urfé fut nommé bailli de Forez en
1535, il fut aussi chevalier de l’ordre du Roi, gentilhomme ordinaire de la
chambre du Roi Henri II. Il eut Jacques d’Urfé, né à la Bâtie le 9 mai 1534,
chevalier de l’Ordre du Roi, bailli de Forez en 1558, épousa le 23 mai 1554,
Renée de Savoie-Tende, dont Jacques II d’Urfé, bailli de Forez en 1599,
marié à Marie de Neufville, dont Charles-Emmanuel d’Urfé, épousa le 25 avril
1633, Marguerite d’Allègre, dont Joseph-Marie d’Urfé, bailli de Forez,
épousa en 1686, Louise de Gontaut. Il testa en faveur de son petit-neveu
Louis-Christophe de la Rochefoucauld-Langeac, à charge de relever nom et
armes. Ce dernier fut bailli de Forez en 1724 et mourut le 7 janvier 1734,
ayant épousé, le 11 septembre 1724, Jeanne Camus de Pontcarré, dont
Alexandre-François (1733-1742); 2° Adélaïde-Marie-Thérèse, mariée le 7 mai
1754, à Alexis-Jean, marquis du Chastellet; 3° Agnès-Marie (1732-1796),
mariée en 1754 à Paul-Edouard Colbert, comte de Creuilly. Alexis-Jean,
marquis du Chastellet, qui devait relever à son tour le nom d’Urfé était
fils de Jean, comte du Chastellet et de Suzanne-Geneviève Talon, et
petit-fils de Jacques du Chastellet, chevalier, seigneur de Fresnières.
Le marquis du Chastellet qui prêta hommage le 6 septembre 1754 , eut trois
fils qui naquirent au château de la Bâtie: Alexis-Jean-Camille (1755-1756);
2° Arnulphe-Robert-Marie (1756-1757); 3° Achille-Francois, né le 3 novembre
1759 , qui s’empoisonna à la prison de la Force, le 20 mars 1794, vers 6
heures du matin. Le volumineux ouvrage que M. A. David de Saint-Georges a
consacré au lieutenant-général des armées de la République, n’a pas réussi à
blanchir sa mémoire. Ce travail n’est qu’un pamphlet contre la noblesse au
rôle de laquelle l’auteur n’a rien compris, un chant d’amour à la révolution
et à la démocratie dont il ne paraît pas avoir soupçonné la dangereuse
infériorité. François-Louis-Hector de Simiane, acquéreur, en 1765, du
marquisat d’Urfé et du comté de Saint-Just en prêta hommage, le 23 août
1768, et le renouvela pour le joyeux avènement du Roi, le 3 décembre 1776.
Il était fils d’Antoine-François et de Marie de Laire de la Tour-Goyon et
petit-fils de François et de Marie Pourroy. Le 16 octobre 1781,
François-Louis-Hector de Simiane, Marie-Esther-Emilie de Sévérac, sa femme
et leur fils, Charles-François, comte de Simiane (marié en 1779 à
Diane-Adélaïde de Damas), vendirent Urfé et Saint-Just à Durand-Antoine de
Meaux. Au début du XXe siècle, le possesseur était le baron Antoine de
Meaux. (1)
château d’Urfé 42430 Champoly, tel. 06
83 58 83 31, M. Eric Desèvre, ouvert au public, le site est pris en charge à
partir de 1979 par l’Association pour la Renaissance d’Urfé, qui tente d’y
faire revivre l’esprit d’un lieu, du haut du donjon, il offre un panorama
exceptionnel où une table d’orientation permet de se repérer facilement.
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Philippe Bucherer pour les photos qu'il nous a adressées pour illustrer
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