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Le château de Chevrières, construit au
confluent de deux vallées, domine la plaine du Forez, dont une profonde
déclivité du sol le sépare au nord et au midi. Du côté du matin il était
défendu par un avant-corps, situé à près de cent mètres du château actuel.
Des nombreuses tours qui protégeaient le manoir deux seulement ont résisté
aux ravages du temps et aux méfaits des bandits. Leur propriétaire, M.
Chovet de la Chance, peu courageux en face des sourdes menées de la
maçonnerie triomphante, les fit même dépouiller de leurs créneaux et
mâchicoulis; aussi ornent-elles plus qu’elles ne défendent une belle porte
Renaissance du XVIe siècle, que des bâtiments entourent de trois côtés et
qu’une grille moderne ferme au matin. Ces bâtiments sont du XIVe et du XVe
siècles. Les murs ont quatre pieds d’épaisseur et sont ornés, à chaque
étage, d’un cordon de pierre, mais les fenêtres ont perdu leurs croisillons
et les barreaux de fer qui les protégeaient. Dans les murs intérieurs de
cette petite cour, notamment sur une tour circulaire à sa base et carrée à
son sommet, sont incrustés divers médaillons en demi-bosse,représentant
l’une une tête à trois visages, l’autre le buste d’une femme qu’accompagnent
des dauphins affrontés et couronnés. Dans cette même cour, on remarque une
pierre de 1,30 mètre de longueur qui a dû servir de frise à une porte du
château, qui porte les armes des de Cuzieu, alliés des Mitte vers 1474: Un
lion chargé d'un lambel à 3 pendants; une crosse est passée en pal, derrière
l'écusson. Au XVIe siècle le château de Chevrières subit une grande
transformation. Louis II Mitte de Chevrières fit détruire ses remparts,
raser ses nombreuses tours et construire le beau portail Renaissance,
flanqué des deux grosses tours, et ornés de deux élégan tes colonnes,
supportant un cartouche, en forme de vaste coquille, où s’étale l’écusson
des Mitte de Chevrières, écartelé de Miolans. A côté du vieux manoir, M.
Elysée Neyrand a fait construire, en 1860, un château moderne, relié à
l’ancienne construction.
Le premier possesseur connu de Chevrières fut un Malvoisin. Pierre de
Malvoisin figure comme témoin dans une charte intéressant le prieuré de
Randan, en l’an 1000. Guillaume et Jean de Malvoisin prirent part à la
première croisade, en 1096. Hugues de Malvoisin, chevalier vit en août 1279.
Les armes de cette famille sont d’or à une fasce ondée de gueules. La piété
des Malvoisin était légendaire; ils fondèrent cinq couvents et furent les
bienfaiteurs des abbayes de Savigny et Valbenoîte et de la commanderie de
Chazelles. Sa valeur guerrière était incontestable. Pierre de Malvoisin se
distingua à Bouvines, en 1214, et Robert de Malvoisin mena cent chevaliers
contre les Albigeois, en 1218. Joinville mentionne dans sa chronique, Guyon
de Malvoisin qui con duisit cent lances en Terre Sainte, en 1270. Le dernier
de cette maison fut Hugues de Malvoisin, seigneur de Chevrières. Le 12
janvier 1325 il reconnaît tenir en fief et hommage lige du comte de Forez
tout le mandement de son château de Chevrières, avec justice haute, moyenne
et appartenances, exceptant dans son hommage son château, qu’il dit tenir en
fief immédiat du seigneur de Roussillon, exceptant encore tout ce qu’il
tient en franc-fief du prieur de Saint-Médard, au territoire de Savigneu,
près Chevrières. De Guicharde de Roweys, son épouse, Hugues n’eut qu’une
fille, Catherine, qui épousa en 1331 Guillaume Mitte, seigneur de Mons et
Laval. Ce dernier appartenait à une vieille famille, originaire du manoir de
Mitte, près Saint-Bonnet, dont les armes sont d’argent au sautoir de
gueules, à la bordure de sable, chargée de huit fleurs de lys d’or.
Ogier, dit Albin, le premier de cette illustre maison, eut trois enfants,
dont Bertrand qui suit; 2° Landric, évêque duc de Langres; 3° Guillemette,
mariée en 1273 à Pierre. Querge. Bertrand, seigneur de Mons, épousa Alix de
Lignières, dont Pierre, qui suit;
2° Guillaume, abbé de Saint-Antoine de Viennois, mort en 1342; 3° Ponce,
comte de Lyon; 4° Emeric, évêque de Poitiers, de 1361 à 1369; 5° Bertrand,
prieur de Grazac. Pierre Mitte épousa, en 1312, Audette, fille et héritière
de Pierre de la Mastre, dont Guillaume, qui suit; 2° Bertrand, abbé de
Saint-Antoine, mort en odeur de sainteté, en 1389; 3° Ponce, qui fut du même
ordre et vivait en 1364; 4° Pierre, chanoine du Puy; 5° Alix, mariée en 1335
à Jacques de Laudes; 6° Vierne, mariée au Puy, en 1336, à Hugues de
Châteauneuf, seigneur de Rochebonne; 7° Poitevine, mariée en 1339 à Eudes de
Senueil; 8° Clémence, mariée à Geoffroy de Morans. Guillaume, qui épousa
Catherine de Malvoisin et mourut en 1350, eut Guillaume, tué en Afrique; 2°
Pierre, qui suit; 3° Bertrand, mort jeune; 4° Pierre, chanoine du Puy,
prieur d’Amas, mort en septembre 1395; 5° Odette, mariée à Girard de
Saint-Bonnet, seigneur de Bussière; 6° Guicharde, mariée à Arnaud de Nerpaut,
morte en 1384; 7° Jeanne, abbesse de Saint-Paul d’Izelles; 8° Alix, mariée à
François d’Izeron; 9° Marguerite, mariée à Robert d’Angérieu, seigneur de
Saint-Bonnet-les-Oules; 10° Poitevine, morte jeune. Pierre II Mitte,
chambellan du duc de Bourbon, Louis II, fut tué en 1391, guerroyant contre
les Sarrasins. De Marguerite de Séverac, il eut Jean, qui suit; 2° Dauphine,
mariée en 1389, à 16 ans, au seigneur de la Faye; 3° Jeanne, mariée en 1395
au seigneur de la Chaux, en Bourgogne.
Jean dit Mitton, seigneur de Chevrières, etc, épousa en 1391 Agnès Allemand
et mourut en 1394, laissant Jean, qui suit; 2° Robert, tué à Azincourt, en
1415; 3° Jacques, abbé d’Ambournay et de la Chassagne, mort en 1425. Jean II,
mort à 24 ans, le 8 septembre 1416, enterré avec ses aïeux à Chevrières. Il
épousa Isabeau de Montagny, fille de François et de Louise de Marzé, dont
Louis, qui suit; 2° Guillaume, seigneur de Mons et Laval, marié à Catherine
de Ri voire, fille d’Anne de Rivoire, seigneur de Pressin, en Dauphiné. Il
mourut sans postérité en 1478; 3° Pierre, qui rentra dans l’ordre de
Saint-Antoine et fut commandeur de Moningues, en Bavière, en 1452. Louis
1er, gentilhomme de la chambre de Louis XI et Charles VIII. Dévoué à nos
rois, il vit son château dévasté par le comte de Forez, Jean II. En 1438, il
épousa Françoise de Miolans, fille du comte Jacques et de Marie de
Sassenage-Tallard. Il mourut en 1489 à Paris et sa dépouille fut ramenée à
Chevrières. Il eut Jean, qui suit; 2° Louis; 3° Jeanne, mariée à Guillaume
de Rochefort, seigneur de la Valette; 4° Claude, mariée à Charles de Miolans;
5° Isabelle, qui s’unit à Jean, seigneur de Choizieu, en Forez; 6° Louise,
religieuse à Marcigny; 7° Françoise; 8° Claude, mortes jeunes. Jean III,
marié en 1475 à Anne de Layre, fille de Louis et d’Agnès de Chalus. Il
mourut à Riverie le 1er février 1500, ayant été dans l’amitié du roi Charles
VIII, au moment où il revenait de signer l’acte d’acquisition de Lignon, à
lui vendu par Jean de Rochebaron.
Jean III laissait neuf enfants dont Louis, qui suit; 2° Pierre, seigneur de
Cuzieu, marié à Perrine de Saint-Germaind’Apchon, sans postérité; 3° Hugues,
mort jeune; 4° Jean, comte de l’Eglise de Lyon et doyen en 1525, mort en
1533; 5° Jacques, chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem; 6° Marguerite,
mariée à Hugues de Marzé; 7° Béatrix, mariée à Jean d’Amanzé; 8° Louise,
mariée à Zacharie de Saint-Symphorien, seigneur de Chamousset; 9° Bénigne,
religieuse à Saint-Pierre de Lyon, puis abbesse de Chazeau, enfin prieure de
l’Argentière. Louis II, seigneur de Chevrières, Doizieu, etc, épousa le 20
novembre 1508 Madeleine de Crussol, fille de Jacques et de Simone,
vicomtesse d’Uzès. Ce fut lui qui écartela ses armes de celles des Miolans:
de gueules à trois bandes d’or. Il fut bailli du Gévaudan, en 1528, testa le
9 avril 1529 et mourut le 30 mai suivant. C’est à lui que l’on doit la
reconstruction de Chevrières. Il eut six enfants: Jean, qui suit; 2°
Antoine, seigneur de Cuzieu, chevalier de l’ordre du Roi, marié d’abord à
Anne de Saint-Chamond, puis à Michelle de Bouchavanes, veuve de Montmorency;
3° Gaspard, chanoine archidiacre et comte de Lyon, mort en 1605; 4°
Claudine, mariée le 1er mai 1524 à Louis de Talaru, seigneur de Chalmazel;
5° Jeanne, mariée le 13 mai 1542 à Philibert de Nagu, marquis de Varennes,
bailli du Beaujolais; 6° Françoise, prieure de Marcigny, morte en odeur de
sainteté en 1579. Jean IV, marié à Françoise Maréchal, fille et héritière de
Jacques et de Laurence de Luyrieu. Il mourut le 25 avril 1574 et sa femme le
1er novembre 1575. Ils eurent quinze enfants dont Jacques Mitte, seigneur de
Chevrières, Châtelus, Doizieu, etc, né le 28 août 1549.
Jacques Mitte se maria à Gabrielle de Saint-Chamond, fille unique et
héritière de Christophe et en secondes noces le 26 février 1601, à Gabrielle
de Gadagne, fille de Guillaume, seigneur de Bouthéon, et de Jeanne de Sugny.
Il mourut en 1606, ayant eu du 1er lit: Jean; 2° Claude, 3° Claude, morts
jeunes; 4° Melchior, qui suit; 5° Louis, mort jeune; 6° Gasparde, mariée le
24 décembre 1595 à Jean Timoléon de Beaufort, marquis de Canillac, en
secondes noces, à Claude de l’Aubépine, et en troisièmes à Henry de la
Chastre, comte de Nancey; 7° Anne, morte jeune. Du second lit: 8°
Jean-François; 9° Marie; 10° Claudine; 11° Jacques. Melchior Mitte de
Chevrières, dit le "Père de la Patrie", naquit à Chevrières le 19 septembre
1586. Il épousa le 30 janvier 1610 Isabeau de Tournon, fille de Just Louis
et de Madeleine de la Rochefoucauld. Il se titrait premier baron du Lyonnais
et mourut le 10 septembre 1649, à Paris. De sa femme, morte en 1662, il eut
Louis, qui suit; 2° Lyon-François, comte et doyen de l’Eglise de Lyon, en
1642; 3° Just-Henri, mort le 4 octobre 1694; 4° François; 5° Jean-Armand; 6°
Gasparde-Françoise; 7° Marie-Elisabeth. Louis Mitte de Chevrières de
Saint-Chamond s’attira par une affaire avec le duc de la Meilleraye la haine
de Mazarin, qui fit rompre son mariage avec Mademoiselle d’Alincourt, sœur
du maréchal de Villeroy. Il mourut sans alliance à 24 ans. Just-Henry Mitte
de Chevrières, marquis de Saint-Chamond, premier baron du Lyonnais, seigneur
de Chevrières, Châtelus, Trocésar, Fontanès, Doizieu, la Terrasse, etc,
épousa le 6 juin 1640 Catherine de Grammont, fille d’Antoine, maréchal de
France, et de Claude de Montmorency-Bouteville.
Il dut vendre Chevrières, en 1656, Châtelus, Trocésar, Fontanès et une foule
d’autres seigneuries pour acquitter les dettes faites par son père dans le
cours de ses 23 ambassades et autres emplois, pour lesquels la cour lui
devait 900.000 livres dont il ne fut jamais remboursé. Il mourut sans
enfants le 11 décembre 1664 et sa femme décéda le 30 juillet 1688.
Jean-Armand Mitte, son frère hérita du marquisat de Saint-Chamond. Il mourut
le 18 juillet 1685 ayant eu de Gasparde de la Porte deux filles: Marie-Anne
qui épousa Charles-Emmanuel de la Vieuville, et Marie-Hyacinthe qui s’unit
en 1690 à Guy-Henri de Bourbon, et un fils, Just-Henri-Melchior, blessé à
mort à Ensheim, le 4 octobre 1694. Just-Henry Mitte avait vendu Chevrières à
Laurent de la Veuhe, fils cadet de Jean de la Veuhe, seigneur de Collonges
et de Claude Grolier. Jean de la Veuhe dont la pierre tombale se voyait
naguère dans l’église de Saint-Rambert avait testé en 1624, mentionnant ses
deux fils, Aymé et Laurent, et ses deux filles, Anne et Claude, léguant
30.000 livres à chacune d’elles. Les armes de cette famille sont: d’azur à
l’aigle d’or, fixant un soleil du même au franc-canton. Le sceau qui figure
sur le testament de Jean porte le soleil en chef et chargé d’un lambel.
Laurent de la Veuhe, le nouveau seigneur de Chevrières, mourut en 1671. De
Françoise de Rochefort de Saint-Vidal d’Ailly il n’eut qu’une fille,
Françoise, mariée en 1680 à François Andrault de Langeron, seigneur de
Maulevrier, auquel elle apporta Chevrières. Cette famille, originaire du
Bourbonnais, et seigneur de Beaucresson, Minardière, etc, en Roannais,
portait: Ecartelé aux 7 et 4 d’azur à trois étoiles d’argent, aux 2 et 3 de
gueules à trois fasces vivrées d’argent et une bande ou baudrier de France,
brochant.
En 1698, Charles Andrault de Langeron était comte de l’Eglise de Lyon.
Françoise de la Veuhe fut mère de Jean-Baptiste Andrault de Langeron,
lieutenant général des armées du Roi, chevalier de la Toison d’Or,
ambassadeur d’Espagne, marié en 1720 à Elisabeth le Camus, fille ou sœur de
Gaspard, seigneur de Fontanès. De ce mariage naquit Charles-Claude Andrault
de Langeron, comte de Chevrières, dont il prête hommage en 1786 et qu’il
vendit en 1788 à Claude Çhovet de la Chance. Le nouveau seigneur fit enlever
les créneaux de Chevrières, fut plus tard maire de la commune et vendit sa
terre, en 1828, à André Neyrand, de Saint Chamond. Cette famille porte de
gueules au chevron d'argent accompagné en pointe d'un buis arraché d'or et
soutenu d’un croissant d’argent, au chef cousu d’azur chargé de trois
étoiles d'or. A la mort du nouveau propriétaire, Chevrières advint à M. de
Fraix de Figon qui l’échangea avec M. Elisée Neyrand, contre des domaines
sis à Fontanès. Elisée Neyrand, maire de Chevrières, bienfaiteur de l’école
libre, est mort le 7 avril 1891, et sa famille continue la possession de la
vieille et illustre demeure des Mitte. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures des deux tours et du
portail constituant la poterne d'entrée ; le médaillon représentant un buste
de femme encadré de deux dauphins : inscription par arrêté du 5 octobre
1964. (2)
château de Chevrieres 42140 Chevrieres,
propriété privée, ne se visite pas.
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