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Le château de Leiniec, qui se dresse sur un mamelon au
sud d’Estivareilles, attire l’œil du voyageur par son magnifique donjon
carré et les restes imposants de son enceinte fortifiée. Il fut à l’époque
féodale le centre d’une vaste seigneurie, qualifiée plus tard de baronnie.
Ses tours crénelées commandaient les plateaux vallonnés qui s’étendent de
Saint-Pal-en-Chalencon à Saint Bonnet-le-Château. De plus cette forteresse
qui appartenait aux Rochebaron, de même que Rochebaron, Usson et Montarcher,
consacrait la domination de cette puissante race depuis les rives de la
Loire jusqu'au cœur de la montagne forézienne, et leur en assurait la route.
Bâti par les Rochebaron, puis rebâti luxueusement au XVe siècle par les
Châteauneuf de Rochebonne, le manoir de Leiniec était encore presque intact
en 1800; à cette date M. d’Assier le visita et se fit servir à dîner sur la
plate-forme du donjon. Depuis, le temps a fait son œuvre, mais Leiniec a été
particulièrement dévasté en 1871, lorsqu’il a servi de carrière à l’église,
au presbytère et aux écoles. Quand on arrive à Leiniec par le nord, on
rencontre d’abord une belle croix, très ancienne, abritée par un ormeau, au
pied d’un monticule gazonné, qu’entoure un modeste village et que dominent
l’église récente et les majestueuses ruines du château. Si on les contourne
à gauche et à l’est, le chemin suit une espèce de terrasse dominant un
vallon de prairies et qui devait être un mur d’enceinte, isolant la motte
fortifiée. Après avoir dépassé, à main droite, une antique chapelle
seigneuriale, qui a servi d’église jusqu’en 1871, on admire les restes d’un
très beau portail, autrefois cintré et de la meilleure époque du XVe siècle;
ce portail, décapité par son propriétaire, donne accès dans une cour, au
fond de laquelle subsiste une maison pourvue de deux fenêtres à croisillons,
du même style que le portail. Cette demeure, remarquable par le luxe de la
taille des pierres, était la résidence du chapelain.
On parvient, en escaladant un rocher, au-dessus de la chapelle, à la
plate-forme du château, d’où l’on jouit d’une vue merveilleuse. L’église
neuve, spacieuse, claire, mais sans style, s’ouvre au midi sur la cour bien
nivelée du château dont elle occupe l’emplacement. Son chevet s’appuie à
l’ancien donjon qui sert aujourd’hui de clocher. Pour affecter à ce nouvel
usage cette superbe tour carrée, on a dû crever les voûtes qui séparaient
ses trois étages et enlever les manteaux armoriés de ses antiques cheminées,
seules les fenêtres à meneaux font encore bonne figure. Une pierre armoriée
de la Renaissance, portant en relief le blason du Sénéchal de
Rochebonne entouré du collier des Ordres du Roi, a été fort intelligemment
tirée des décombres et placée en 1871 au-dessus de la grande porte de la
nouvelle église. A l’est de l’église, l’école laïcisée il y a quelques
années est installée dans ce qui reste d’une aile du château. Entre l’église
et cette école une tour d’escalier a été rasée au niveau du sol et l’on voit
encore les restes d’un escalier à vis qui s’enfonce dans des caves et
souterrains; un auvent en briques a été construit pour abriter l’entrée de
cet escalier. Dans la salle basse de l’école et au-dessus, dans la salle du
premier étage, deux belles cheminées du XVe siècle restent mutilées. Le
milieu du linteau blasonné a été enlevé. Celle du rez-de-chaussée portait
trois écussons sculptés, celui du centre écartelé de Châteauneuf de
Rochebonne et du Mas d’Usson de Leiniec était accompagné à droite et à
gauche du blason des Rochebaron et de celui des seigneurs de Chalmazel,
alliés aux seigneurs de Leiniec. Une autre cheminée du début du XVIIe siècle
a été retirée de cette partie du château et placée dans la cuisine du
presbytère. Le linteau est orné de trois blasons sculptés, celui du centre
porte les trois tours donjonnées des Châteauneuf, celui de gauche les armes
de Montdor d’hermines à la bande de gueules, celui de droite est parti, au
premier: coupé au 1 de Châteauneuf de Rochebonne, au 2 de Fougères d’Oingt
(losangé d’or et de gueules); au second des Serpens (v. Rochebaron). En
quittant le presbytère, si l’on descend la butte à l’aspect du couchant, on
admire encore deux tours rondes, découronnées, accolées à un reste de
l’ancien rempart, datant du château primitif.
Les plus anciens seigneurs connus de Leiniec sont les de Saint-Bonnet-Lavieu.
Encore en possession d’Henri de Châtillon en 1287, Leiniec est passé dès
1290 entre les mains de Briand de Rochebaron. Leiniec et Montarcher eurent
les mêmes maîtres pendant longtemps, mais Henri de Rochebaron étant mort
avant le 19 décembre 1367, sa succession fut partagée entre ses fils,
Leiniec advint à Henri. Henri II de Rochebaron, chevalier, seigneur de
Leiniec, Merle, Saint-Hilaire, etc, rendit hommage le 7 avril 1363; il
épousa Marguerite du Mas d’Usson, dont une fille, Isabelle de Rochebaron,
qui hérita de Leiniec, mais mourut en bas âge, laissant la seigneurie à sa
mère. Cette dernière l’apporta en mariage en juillet 1374 à Guinon de
Châteauneuf de Rochebonne, d’une vieille famille vivaraise...
Charles-François de Châteauneuf, marquis de Rochebonne, comte d’Oingt,
vicomte de Leiniec, etc, lieutenant-général des armées du Roi, épousa le 22
octobre 1668 Marie-Thérèse d’Adhémar de Monteil de Castellane de Grignan,
sœur du marquis de Grignan, gendre de Madame de Sévigné, et fille de
Louis-Gaucher et de Marguerite d’Ornano. Il mourut en mars 1721, laissant
huit enfants dont Louis, marquis de Rochebonne, exempt des Gardes du Corps,
colonel, maître de camp de cavalerie au régiment de Villeroy qu’il
commandait lorsqu’il fut tué à Malplaquet, le 11 septembre 1709. En avril
1708 il avait épousé Marie de Sève, fille de Guillaume-Pierreet de
Marguerite de Lévis-Châteaumorand; 2° Jean-Baptiste, chevalier de Malte, se
noya dans le Rhône en 1701; 3° Charles-François, comte de Rochebonne, né le
6 janvier 1671, chanoine-comte de Lyon le 22 décembre 1701, évêque et comte
de Noyon, pair de France le 25 décembre 1707, aumônier du Roi, en janvier
1715, archevêque de Lyon en 1731 et mourut le 28 février 1740; 4°
Louis-Joseph, comte de Rochebonne, chanoine comte de Lyon, en 1699, doyen le
23 mars 1713, évêque de Carcassonne le 1er mars 1725, testa le 28 décembre
1729, laissant des biens dont Rochebonne et Leiniec, aux hospices de Lyon
qui les vendit; 5° Françoise-Angélique, religieuse de la Visitation,
supérieure du 3me monastère de Lyon; 6° Marie-Christine, supérieure du même
couvent, morte le 29 mars 1738, à 56 ans; 7° Marie-Anne-Séraphique, économe
du même monastère; 8° Thérèse-Charlotte, religieuse. Leiniec fut acquis par
Bernardin de l'Hermusières. Il le revendit en 1747 à Charles-Benoît de
Flachat d’Apinac, dont la famille le possédait encore en 1789. (1)
Éléments protégés MH : le château de Leignecq (restes de l'ancien) :
inscription par arrêté du 1er octobre 1937. (2)
château de Leignec 42380 Merle-Leignec, église paroissiale ; presbytère et
maisons.
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