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Beaurevert est cité comme fief à la fin du XVIIe siècle; il appartient en
1755 à Pierre Regnard de Saint-Ange, seigneur de la Boulaine et Beaurevers.
Le fief de Beaurevert est représenté sur la carte de Cassini (seconde moitié
du XIXe siècle), à la jonction de deux allées plantées d'arbres qui le
relient à la ferme de Château-Gaillard et au moulin de Beaurevert. Après la
Révolution, le domaine est acheté par Antoine Duguet: la matrice cadastrale
de 1821 l'indique comme propriétaire du château et de ses dépendances, mais
aussi de la ferme voisine de Château Gaillard, du moulin et ferme de Moulin
Neuf et d'un étang (en bordure du chemin de Mornand à Chambéon). En 1826,
Antoine Duguet revend Beaurevert à François Lucien Souchon du Chevallard (Duguet
réinvestit le produit de la vente dans l'achat du domaine des Granges,
également à Mornand). Ce dernier réside régulièrement dans son nouveau
domaine et se consacre à sa mise en valeur (il est président de la Société
d'agriculture de Montbrison). En 1896, son héritier Jules Souchon du
Chevalard revend Beaurevert qui reste quelques années en possession
d'Emmanuel Favre, rentier à Chaponost, puis passe au tout début du XXe
siècle à Jean Antoine Arbel, maître de forges à Rive-de-Gier (il a succédé à
son père à la tête des forges de Couzon). On sait peu de choses de
l'architecture du château avant la fin du XIXe siècle. Présent sur le
cadastre de 1809, son implantation remonte sans doute au XVIIIe siècle.
Il s'agit alors sans doute d'une demeure de plan massé, assez petite,
peut-être dévolue à de courts séjours pour la chasse; la porte d'entrée côté
cour, avec ses vantaux, ainsi que l'escalier en sont les vestiges les plus
visibles. Elle a été agrandie latéralement, peut-être dès la fin du XVIIIe
siècle ou au début du XIXe (plan rectangulaire en 1809), par l'ajout de
corps de bâtiments plus bas. Au tout début du XXe siècle, son aspect
correspond à l'état figuré sur deux cartes postales: un corps central de
cinq travées à deux étages, couronné d'un entablement masquant le toit
surmonté d'un petit belvédère avec clocheton, flanqué de deux petits
bâtiments à un étage, à toitures brisées, en ardoise, avec oeils de boeuf.
Le Plan de la propriété de Beaurevers établi en 1901 (conservé sur place),
sans doute à l'occasion de la prise de possession par A. Arbel, montre que
les abords du château ont déjà été aménagés, peut-être par Lucien Souchon du
Chevallard, avec un grand potager au nord de la cour et un parc en partie
boisé à l'ouest, qui s'étend sur l'emplacement de l'ancienne ferme du
granger (les dépendances, agrandies, se concentrent au sud-ouest du
château); la forme de la pièce d'eau qui en occupe le milieu a été modifiée.
La ferme de Saint-Ange, le moulin des Piars et la tuilerie située entre les
deux sont donc venus s'ajouter à la propriété, avec les étangs de la
Tuilerie et Sorlet; une féculerie est installée dans l'un des deux moulins.
Antoine Arbel fait d'importants travaux d'aménagement et de décoration,
installation de l'eau courante et de toilettes (grâce à un château d'eau),
du chauffage central et de l'électricité (produite par la turbine installée
à la scierie du moulin Neuf), plantation d'ormeaux le long de l'allée axiale
(avec portail en fer forgé à l'entrée de la cour), réfection des toitures en
toit à croupes en tuile plate mécanique. En 1923, la propriété est vendue
par Antoine Arbel et ses enfants (Edouard, Emma et Jeanne) à Louis Chatin,
directeur de la teinturerie Gillet-Thaon à Izieux (Loire). Le domaine
rassemble 260 hectares d'un seul tenant. Quatre fermes: Château-Gaillard,
fermier Larrue; environ 50 ha, 40 bêtes à corne; Saint-Ange, fermier Ducerf;
environ 50 ha, 35 bêtes à corne; Basse-Cour, fermier Garet; environ 40 ha,
22 bêtes à corne et La Tuilerie, fermier Girard; environ 30 ha, 10 bêtes à
corne. Des agrandissements et installations neuves ont été faites dans les
quinze dernières années: porcheries, granges, fenils, dépôts de pommes de
terre, pompes mécaniques. 24 hectares sont cultivés en réserve par du
personnel du propriétaire. Il y a un vaste potager, un verger (3000 arbres),
400 mètres de vigne en treille. La scierie comprend une scie à ruban et une
scie circulaire; elle est louée 3000 francs par an à Gatier. La dynamo
apporte l'éclairage au château, à ses dépendances, aux fermes, fait
fonctionner la pompe du château d'eau qui permet l'arrosage du potager au
jet. Il y a un puits dans chaque ferme. La chasse est giboyeuse; elle est
louée 4000 francs par an. Il y a deux étangs alimentés par le canal du
Forez, et une resserre à poisson.
Le château a 35 pièces (deux caves, trois WC, une chambre noire, l'eau
courante, le chauffage central, toiture neuve). Les dépendances du château
comprennent écuries, remises, garage et fosse, fruitier, serre chaude,
poulailler, clapier, chenils, porcheries, ruches, château d'eau, maison du
garde, nombreux logements pour le personnel. Le parc clos est de 30
hectares, avec jardin à la Française, pièce d'eau, potager, vigne, prairie
et bois. L'irrigation utilise le Vizézy et le canal du Forez. Louis Chatin,
le nouveau propriétaire, fait à son tour des travaux au château, qu'il fait
agrandir de deux pavillons latéraux pour y accueillir sa nombreuse famille,
modifier (création d'une salle à manger double) et redécorer (niche et
revêtement à faux appareil dans la cage d'escalier; nombreux dessins pour
des lambris de revêtement, des miroirs...). Plusieurs projets sont proposés
entre 1926 et 1928, par l'architecte lyonnais Georges Curtelin en
septembre-octobre 1926, par la Société de constructions civiles et
industrielle en novembre. L'aménagement des pavillons est finalisé en 1933
avec la création de loggias à colonnettes, dessinées par Claudius Girin.
Enfin, les portes axiales sur cour et sur jardin sont monumentalisées vers
1930 par l'adjonction de portiques à colonnettes. Beaurevert reste dans la
famille Chatin jusqu'au décès de l'épouse de Marc Chatin, héritier de Louis,
en 1996. Il est alors vendu et le château, avec ses dépendances (et une
quinzaine d'hectares alentours) est séparé du reste du domaine.
Le domaine du château se compose de la maison de maître, précédée à l'est
d'une cour de communs et donnant à l'ouest sur un parc, vaste étendue en
pente douce, en partie boisée, barrée par une pièce d'eau de forme
elliptique. La cour des communs est délimitée par deux bâtiments en équerre
reliés par un portail en fer forgé sur lequel aboutit une allée plantée qui
rejoint la route Feurs-Montbrison. L'habitation se compose d'un corps
central de cinq travées, à trois niveaux sur cave voûtée, agrandi
latéralement par deux petites ailes plus basses (deux niveaux), en léger
retrait côté parc, puis par deux pavillons en retrait côté cour et en
saillie côté parc. Le corps central est divisé en six espaces: dans l'axe du
passage, une entrée puis un salon ou vestibule de plan rectangulaire à pans
coupés (sol en granito, aux initiales d'Antoine Arbel), ouvrant sur une
terrasse côté parc; au sud, le grand escalier tournant à retours, avec jour
central, en granite, avec rampe en fer forgé, et salon; au nord, salle à
manger double. L'étage reprend une division similaire avec couloir axial,
trois chambres côté le parc, l'escalier et une chambre coté cour, avec en
plus des couloirs de distribution transversaux. Le rez-de-chaussée de l'aile
nord est occupé par la cuisine (cheminée en granite sur piédroits et
consoles, linteau à décor de rosaces et losanges) et des pièces de service,
le rez-de-chaussée de l'aile sud, par un appartement avec vestibule, deux
chambres, un cabinet de toilette et un boudoir. L'étage des ailes est occupé
par des chambres.
Les pavillons sont aménagés en unités d'habitation indépendantes, avec cave
en sous-sol, cuisine au rez-de-chaussée, escalier tournant à retours avec
jour, en bois, chambres et salle de bains à l'étage. L'édifice est en
moellon de granite enduit, avec des encadrements en granite (et en ciment
moulé). Les ouvertures ont des linteaux droits, sauf les fenêtres du
rez-de-chaussée des pavillons côté parc, qui sont en plein-cintre; la
fenêtre axiale du premier étage côté parc est surmontée d'un fronton
triangulaire. La porte d'entrée sur cour est précédée d'un portique supporté
par deux colonnes doriques, la porte sur cour, d'un portique sur colonnes
doriques géminées. Le pavillon nord a été doté d'un portique adossé au mur
de l'aile nord, qui supporte à l'étage une terrasse et une tourelle de plan
carré, avec un comble éclairé par un oeil de boeuf et un toit en pavillon.
Les toits sont à longs pans et croupes, en pavillon sur les pavillons, en
tuile plate mécanique, sur une corniche moulurée enduite. Des lucarnes
éclairent le comble sous le toit du corps central. Monogramme sur la grille
du portail de l'allée : AV. Initiales dans le pavage du vestibule du
rez-de-chaussée: A V (pour Antoine Arbel et Isabelle Jeanne Valette, son
épouse). (1)
château de Beaurevert 42600 Mornand-en-Forez, propriété privée, ne se visite
pas.
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Claude Moritel pour les photos qu'il nous a adressées afin d'illustrer cette
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source
de la photo par satellite :
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